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TEXTES D'AUTEURS 2004-2008
TEXTES D'AUTEURS 2010
 
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Quand la conscience s'éveille
Anthony de Mello

Dernier chapitre de ce livre intitulé: LA TERRE DE L'AMOUR
- Pour voir, il vous faudra abandonner vos drogues. C'est aussi simple que cela. Débarrassez-vous de votre dépendance. Déchirez les tentacules de la société qui vous enveloppent et vous étouffent. Vous devez les secouer. Extérieurement, tout va se dérouler comme par le passé : vous allez continuer à être dans le monde, mais vous ne serez plus du monde. Dans votre coeur, vous serez enfin libre, même si vous êtes totalement seul, et votre dépendance aux drogues disparaîtra.
  Il n'est pas nécessaire que vous vous retiriez dans un désert ; vous pouvez rester parmi les autres ; vous allez même apprécier immensément leur compagnie, car ils n'auront plus le pouvoir de vous rendre heureux ou misérable. C'est cela que l'on entend par solitude. C'est dans cette solitude que votre dépendance mourra et que naîtra votre capacité d'aimer. Vous ne considérerez plus les autres comme des moyens de satisfaire vos besoins. Il n'y a que ceux qui ont essayé de se débarrasser de leurs illusions qui peuvent comprendre les terreurs provoquées par ce processus. C'est comme s'inviter soi-même à mourir. C'est comme demander au pauvre drogué de renoncer
à la seule joie qu'il connaisse. Comment la remplacer avec le goût du pain, des fruits, avec le parfum de l'air matinal, avec la douceur de l'eau de source coulant des montagnes ? Lorsqu'on lutte contre les syptômes du manque, - quand le vide s'installe après que la drogue a cessé de faire son effet -, il n'y a que la drogue qui puisse soulager, il n'y a que la drogue qui puisse remplir le vide.
  Pouvez-vous imaginer une vie dans laquelle vous refuseriez de jouir d'un simple mot d'appréciation, une vie dans laquelle vous ne poseriez jamais la tête sur une épaule pour y trouver la consolation ? Imaginez une vie dans laquelle vous ne dépendriez de personne sur le plan émotionnel, une vie dans laquelle personne n'aurait le pouvoir de vous rendre heureux ou malheureux. Une vie dans laquelle vous refuseriez d'avoir besoin de quiconque, d'être cher à quiconque, ou de prétendre que quelqu'un vous appartient. Les oiseaux ont un nid, les renards un terrier, mais vous n'auriez, vous, plus aucun endroit où poser la tête au cours de votre voyage à travers la vie. Si vous arrivez jamais à cet état, vous saurez enfin ce que signifie avoir une vision claire et non obscursie par la peur ou le désir. Une vision claire, non obscursie par la peur ou le désir. Vous saurez ce qu'aimer veut dire. Mais pour arriver à cette terre de l'amour, vous devrez passer par les affres de la mort, car aimer les êtres signifie mourir au besoin que l'on a de ces êtres et se retrouver totalement seul.
  Comment y arriver ? À l'aide d'une conscience toujours présente, d'une patience infinie et de la compassion que vous ressentirez pour un drogué, et en développant cette aspiration pour les bonnes choses de la vie qui va vous aider à neutraliser votre besoin de drogues. Quelles sont ces bonnes choses ? L'amour du travail lorsque vous aimez accomplir celui-ci pour le simple plaisir de travailler ; l'amour de l'intimité et du rire partagés avec des êtres auxquels vous n'êtes pas accroché et dont vous ne dépendez par sur le plan émotionnel, des êtres dont vous aimez tout simplement la compagnie. Il est également souhaitable d'avoir des activités qui vous occupent corps et âme, des activités que vous aimez, tout en dédaignant le succès, la renommée ou l'approbation générale qu'elles apportent. Éloignez-vous de la foule, allez dans la montagne. Communiez en silence avec les arbres, les fleurs, les mammifères, les oiseaux ; avec la mer, le ciel, les étoiles, les nuages.
  Je vous ai expliqué que regarder les choses qui nous entourent, être conscient de l'existence de ces choses constitue en soi un excellent exercice spirituel. Il y a beaucoup de chance que les mots et les concepts disparaissent alors ; vous verrez alors la réalité, vous prendrez vraiment contact avec la réalité. C'est là qu'est la guérison de l'isolement. En général, nous cherchons la guérison de notre isolement dans notre dépendance émotive vis-à-vis les autres, dans notre esprit grégaire, dans le bruit de la foule. Quelle guérison est-ce là ? Revenez aux choses, revenez à la nature, allez dans les montagnes. Vous saurez alors que votre coeur vous a emporté dans le vaste désert de la solitude, et qu'il n'y a personne à vos côtés, absolument personne.
  Au début, cela vous paraîtra insupportable. Mais c'est uniquement parce que vous n'êtes pas habitué à la solitude. Si vous pouvez rester dans cette solitude pendant quelques temps, le désert fleurira soudain, et vous n'y verrez plus que l'amour. Votre coeur sera rempli de musique. Et le printemps sera là pour toujours ; la drogue se volatisera ; vous serez libre. Puis vous comprendrez ce qu'est la liberté, et l'amour, et le bonheur, et la réalité, et Dieu. Vous verrez enfin, vous saurez ce qu'est la vie, au-delà des concepts et du conditionnement, des besoins et des attachements.
- Ce n'est pas du manque de religion que souffre le monde, c'est du manque d'amour et de conscience. Et l'amour ne naît qu'à travers la conscience. Il n'y a pas d'autres moyens. Si vous prenez conscience des barricades que vous élevez sur le chemin de l'amour, de la liberté et du bonheur, celles-ci s'effondreront. Ouvrez la lumière de la conscience et l'obscurité se dissipera. On n'acquiert pas le bonheur, on ne fabrique pas l'amour. Onne possède pas l'amour, c'est l'amour qui vous possède. On ne possède ni le vent, ni les étoiles, ni la pluie. On ne possède ni les éléments, ni ces astres, on s'abandonne à eux. On ne peut s'abandonner qui si l'on prend conscience de ses illusions, de ses dépendances, de ses désirs et de ses peurs.
- On peut résumer les étapes de la prise de conscience comme suit :
1: Dans un premier temps, la psychologie peut constituer une aide précieuse. Je ne parle pas de l'analyse, l'analyse paralyse. La clairvoyance n'est pas nécessairement l'analyse.
2: Il est essentiel de comprendre votre dépendance.
  Vivre signifie qu'on a renversé tous les obstacles et que l'on vit le moment présent avec spontanéité.
  Nous perdons nos jeunes partout dans le monde. Ils nous haïssent ; ils refusent cette peur et cette culpabilité que nous faisons peser sur eux. Ils refusent les sermons, les exortations. Par contre, en apprendre plus long sur l'amour les intéresse. Comment puis-je être heureux ? Comment puis-je vivre ma vie ?
3: Il faut refuser de s'identifier.
  Je me sens déprimé de temps à autre. J'ai mes moments. Mais il ne durent vraiment pas. Ce que je fais ?
  *Je ne m'identifie pas... je comprends que je suis déprimé, ou désappointé.
  * J'admets que ce sentiment est en moi, pas dans une autre personne, pas dans le monde extérieur ; il est en moi. Car tant que je croirai qu'il est à l'extérieur, je me sentirair justifié de m'y accrocher.
  * Je ne m'identifie pas avec le sentiment. "Je" n'est pas le sentiment. "Je" n'est pas seul, "je" n'est pas déprimé... Le désappointement est là, on le regarde. Vous serez surpris de voir avec quelle rapidité ce sentiment se dissipe. Toutes les choses dont vous êtes conscient ne cessent de changer, comme les nuages. Tandis que vous vous livrerez à cet exercice, vous aurez une série d'aperçus sur les raisons qui ont permis à ces nuages d'apparaître.
- Chaque enfant a un dieu en lui. Mais en essayant de modeler l'enfant, nous transformons ce dieu en démon.
- Il n'y a aucune violence chez ces enfants, pour la bonne raison que personne ne se montre jamais violent avec eux.
- Cet homme laissait les enfants former leurs propres valeurs, et ces valeurs étaient invariablement bonnes et altruistes. Quand un enfant se sent aimé, il est pacifié. Il n'a plus besoin d'être violent. La peur ayant disparu, la violence est devenue inutile. Il commence à traiter les autres comme on le traite, lui.
- Montrez moi un individu en qui il n'y a pas de conflit intérieur et je vous dirai qu'il n'y a, dans ce même individu, aucune violence. Il peut y avoir un grand besoin d'action en lui, un besoin exigeant, mais il n'y a pas de haine.
- On ne blâme pas ces enfants, on les comprend et on se lance dans l'action. Mais lorsqu'on se lance dans l'action avec une haine et une violence diffuse, on aggrave l'erreur.
- "Les enfants qui arrivent dans mon école sont de petits démons ; ils haïssent tout le monde ; ils sont destructeurs, impolis, menteurs, voleurs ; ils ont mauvais caractère. Six mois plus tard, ce sont des êtres heureux, des enfants en bonne santé qui n'ont plus envie de se conduire mal. Je ne suis pas un génie, je suis tout simplement un homme qui refuse de guider les enfants pas à pas. Je les laisse former leurs propres valeurs, et ces valeurs sont invariablement bonnes et altruistes." Neill
- Nourrissez-vous d'une bonne nourriture substantielle... de couchers de soleil, de nature, d'un bon film, d'un bon livre, d'un travail agréable, d'une plaisante compagnie... Avec un peu de chance, vous vous débarrasserez du besoin que vous avez des sentiments inutiles... et vous vous transformerez.
- Un grand nombre de gens sont vides, sans âme, car ils se nourrissent de popularité, de louanges, de félicitations... de regarde-moi, de soutiens-moi.. de je suis au pouvoir... Si c'est de cela que vous vous nourrissez, vous êtes mort. Vous avez perdu votre âme.