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Textes
d'auteurs (2010)
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Guérir l'âme
et le corps
3e
Millénaire, printemps 2011, No 99
NB: De courts extraits d'articles de la revue,
parfois légèrement adaptés.
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Retrouver
la Vie de la vie
Bernard Woestelandt |
- Saint Augustin
nous parle avec ardeur de sa Rencontre : « Et maintenant,
voici que je reviens tout brûlant et haletant vers ta source.
Que nul ne m'en écarte ! Que j'y boive et en vive !
En toi, je reprends vie. Parle-moi, instruis-moi. »
- "C'est la foi qui déplace les montagnes. C'est la foi
qui guérit."
- Nous ne sommes hommes que par la raison, disait Saint-François
de Sales et la guérison passe par elle, mais uniquement dans
sa collaboration avec la foi. C'est probablement ce qu'on appelle « l'intelligence
du coeur »..
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Guérir :
la mort du moi, l'arrêt du rêve
Betty |
- Le corps est
de nature paisible et fonctionne par lui-même... sans toi, le
rêveur. Il ne sait rien de ton histoire inventée. Il ne
sait rien de ton mental, de tes désirs de contrôler et
de planifier. Tu imposes tes croyances au corps pour qu'il te serve.
Prier, méditer, courir, faire du yoga... manger trois fois par
jour.. tu fais tout cela dans un seul but : obliger ton corps à
satisfaire ton désir de permanence. Pourtant le corps est impermanent
de par sa nature... Tu prends le corps en otage et expérimentes
sur lui, comme sur une grenouille de laboratoire, juste pour te prouver
que tu existe et que le corps est à toi.
Pourtant le corps est innocent ; il est impersonnel.
C'est une algue fragile et sans défense. Que reste-il sans les
automatismes nourris par le mental ? Un corps qui laisse à
la vie la capacité de s'exprimer à travers un individu
unique, comme la fleur qui se laisse caresser par le vent, l'espace
d'un moment.
- C'est simplement le mental, avec son rêve d'exister, qui nous
fait ressentir personnellement la souffrance physique et psychologique.
Car le corps, sans le mental, pourrait très bien fonctionner.
Il serait exactement ce qu'il est : une forme dans la matière.
- Le rêveur veut que la Vie s'exprime à sa façon,
pour arriver à ses fins. Vouloir guérir le corps à
tout prix est un but égotique qui amène le rêveur
à négocier avec le temps pour performer encore plus dans
son rêve d'individualité. Alors, comme l'individu croit
au corps, il a aussi l'obsession du corps, de sa guérison et
de sa prolongation. Avec ce désir, naît le désir
de continuité à travers un autre corps ; la roue
de la réincarnation est maintenue.
L'individu veut que le corps soit son serviteur, pour améliorer
son petit je et être perçu dans le monde.
Guérir, c'est arrêter de vouloir contrôler
le corps. C'est donc la libération de la croyance qu'il doit
survivre éternellement... La naissance et la mort sont le mouvement
naturel des grandes marées de cette algue qu'est le corps. Le
cycle est parfait. La Vie est plus intelligente que le rêveur,
et si elle a de la place pour l'inspirer, sans la dictature du mental,
le corps s'exprimera pleinement à travers la santé ou
la maladie, à travers l'immobilité ou l'agitation.
La Vie, de seconde en seconde, te montrera le rythme de
ton corps et ce dont il a besoin. Quand le corps reprend sa fonction
naturelle hors du rêve, il vit sans toi. Libérer le corps
de toi, c'est la vraie guérison. On fait vivre à son corps
un buffet de sens, pensant acquérir la liberté, dans le
but de trouver une zone de confort, un bien-être permanent. On
cherche à raffiner les sens, à satisfaire l'ego, à
calmer les émotions et à dompter le mental.
J'ai passé des vies et des vies à essayer
de calmer ce mental, cet ego ; mais en vain. Cela ne s'est jamais
calmé. C'était juste le reflet de qui je pensais être !
Le mental ne se calmera pas dans le rêve. Je croyais aux trois
piliers du rêve : les sens, le mental, les émotions.
Mon cerveau était en mode d'accumulation et avait emmagasiné
des milliers de vies d'expériences !
Les émotions creusent des sillons dans lesquels la
pensée s'installe et crée un nouveau plan, un nouveau
scénario, constamment et souvent.. inconsciemment. Après
avoir vu que j'étais prisonnière d'un système de
pensée individuel, j'ai constaté l'ampleur de mes dépendances
aux conditionnements social, parental et universel, qui maintenaient
fermées les portes de ma propre prison. Voir, c'est regarder
avec vigilance ce mécanisme.
Mon rêve était réflété
devant moi. À la surface, il y avait des tempêtes, de grandes
tempêtes : de la pluie, de la grêle, de la neige, de
la poussière, du sable fin, des blizzards. Il y avait l'agitation
perpétuelle qui durait, perdurait et aboutissait au vide. Une
évidence s'est imposée : je n'y arriverais pas !
Je n'étais pas outillée pour ça. J'avais pourtant
essayé de toutes mes forces. J'ai finalement abandonné :
les armes sont tombées ! Cela veut dire de simplement regarder
le lac agité, et voir ce que c'est. Qu'est-ce que ce monde qui
danse devant moi ? Se regarder, regarder son monde, ses relations
avec les autres, les animaux, la société, les objets,
c'est voir ses dépendances à ces mondes imaginaires.
Vivre dans un corps, s'y voir confiné, c'est donc
avoir la peur de perdre la Vie en perdant le corps. Le rêveur
cherche tout le temps dans son aquarium comment changer quelque chose
qui le soulagerait, comment guérir, comment améliorer ;
mais on ne se soulage pas du rêve, on le regarde se dérouler
en voyant que les attaches auxquelles on croit sont sensitives, émotives
et mentales. Nous ne sommes que le reflet de qui nous pensons être.
Nous nous trompons en nous identifiant à ce corps, à cette
algue qui apparaît et disparaît dans cet espace appelé
monde.
La Vie a le droit de s'exprimer dans la matière,
quand Elle le veut et comme Elle le veut. Elle n'a pas besoin de l'avis
d'un rêveur, qui a une perception fragmentée de son petit
monde. La Vie n'est pas régie par les lois du rêve. Elle
est le Mouvement Absolu.
Laisser le corps être, voilà la guérison.
La Vie peut s'exprimer dans le corps sans toi, sans ton ego.
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Premier
pas vers la guérison globale
Darpan |
- La superstructure
que nous avons créé et imposée à la terre,
avec ses complications, ses injustices et ses manques d'amour, n'est
que le reflet et le prolongement du monde qui vit en nous.
L'intelligence qui nous distingue des animaux s'est attachée
à dominer et à contrôler la nature, à développer
les sciences et les technologies mais, en dépit de toutes les connaissances
acquises, elle ne parvient pas à nous délivrer de nos complications
intérieures ni à nous libérer du malheur. Fragmentée,
encapsulée dans le mental, chevillée à des intérêts
égoïstes et orientée presque exclusivement vers l'extérieur,
cette intelligence supérieure semble oeuvrer contre nous-mêmes
à tel point qu'on se met à envier la simplicité et
la sagesse instinctive de nos amies les bêtes !
- Il est impossible d'accéder au bonheur tant que nous en faisons
un objectif à atteindre. Le seul pouvoir qui repose entre nos
mains est celui de nous défaire du malheur qui vit en nous.
Ce malheur est l'ignorance de la condition humaine, l'accumulation
des peines et des blessures accumulées en nous depuis la naissance
et que l'on préfère ignorer tant il est douloureux de les
reconnaître et d'y faire face. La course effrénée
dans laquelle le monde est engagé n'est pas la seule conséquence
de la mondialisation. Elle traduit avant tout une fuite devant nous-mêmes,
une fuite de la boîte de Pendore que chaque être humain porte
en lui. Nous courons après la sérénité, l'harmonie,
l'amour, le succès ou l'éveil à une conscience plus
large à partir d'accumulations douloureuses, en espérant
atteindre un bonheur qui nous glisse entre les doigts et nous laisse désenchantés.
Cette fuite devant soi-même, que l'on se plaît
à farder d'honorables prétextes ou à promouvoir sous
le couvert du progrès et du développement, nous coûte
énormément. Elle nous fait « brasser de l'air »
en vain, engendre de nombreuse abdications, et pousse à la consommation
excessive de médicaments, de drogues, de thérapies et de
divertissements. Si nos motivations semblent légitimes, elles puisent
néanmoins leur dynamique dans la peur viscérale d'être
ramenés à ce que nous avons remisé en nous-mêmes
et que nous préférons garder « sous le tapis ».
Notre quotidien est fait de hauts et de bas, de mouvements
d'humeurs et d'états d'âme, d'une alternance de plaisirs
et de peines, de bonheurs et de malheurs et.. nous passons généralement
d'un opposé à un autre comme le pendule d'une horloge. Si
cette façon de vivre nous paraît normale, elle n'a rien à
voir avec ce dont nous sommes capables ! Elle n'honore pas le potentiel
de joie, d'amour et de santé authentique qui vit en nous ;
elle ne fait que réfléter la grisaille de notre condition
humaine.
- La démarche de s'affranchir de ce qui nous encombre et de renouer
avec notre essence ne s'inscrit pas dans le devenir, car cette Vie à
laquelle nous aspirons tant vibre déjà en nous derrière
nos attachements au corps, aux pensées et aux émotions.
Elle ne relève pas d'un « développement personnel »
mais davantage d'un « dépouillement personnel ».
Nous devons nous défaire du malheur qui vit en nous, intelligemment
et adéquatement, en rassemblant notre courage, notre détermination
et tout l'amour dont nous sommes capables. Car c'est bien par amour pour
la vie et pour ce que nous avons de plus authentique qu'il est possible,
malgré notre déni, notre négativité et nos
résistances, de surmonter les obstacles.
Pour mieux cerner les mécanismes qui nous retiennent prisonniers
dans les souffrances inutiles, commençons par jeter un regard honnête
sur notre histoire personnelle... Les peines que nous n'avons pas été
en mesure d'accepter et de surmonter, particulièrement lorsque
nous étions encore des enfants dépendants, se sont accumulées
les unes aux autres et logées dans notre subconscient.. Néanmoins,
elles continuent de fermenter dans le corps et dans la psyché,
affectant notre moral, notre vie de couple et notre santé. Elles
nous font payer un lourd tribut.. Nous ne parvenons plus à percevoir
le bien-être dans tout notre corps et à chaque instant, à
ressentir l'amour comme la sensation de nous-mêmes et à être
libres des dépendances qui nous poussent à fuir ces failles
que nous redoutons tant. Nous sommes constamment manipulés par
ce magma psychique ou « masse émotionnelle »
qui fait de nous de petits tourbillons assez douloureux et agités,
passant d'un désir à un autre, d'une occupation à
une autre, puisant dans ces oscillations le sentiment d'être en
vie. Cet encombrant bagage influence notre perception et nos choix, affecte
notre humeur et notre équilibre, engendre des conflits et nous
laisse peu de répit pour apprécier l'être libre de
problèmes et de complications que nous sommes réellement.
Nous redoublons d'habileté pour échapper à
ce passé encombrant, par exemple en nous coupant de notre corps
et de notre ressenti ou en nous accrochant à nos rêves, à
nos désirs et à nos espoirs. En réalité, nous
ne faisons que nous anesthésier et nous éloigner de la vie
et de l'amour pour nous rabattre sur l'excitation émotionnelle
et intellectuelle. L'ignorance de notre vraie nature nous pousse dans
la quête d'un bonheur imaginaire, qu'il soit d'ordre matériel,
émotionnel ou spirituel, et nous incite à « devenir
quelqu'un » dans le seul but de contrecarrer les blessures
du coeur et d'estime que nous portons en nous.
Cette fuite devant nous-mêmes nous fait même croire
que nous viendrons à bout de nos difficultés lorsque nous
aurons trouvé l'amour, le partenaire idéal ou un meilleur
mode de vie... pour nous rendre compte, une fois que nous y parvenons,
que tout nous quitte ou meurt et que nous ne pouvons nous accrocher à
rien. Aucun accomplissement extérieur ne saurait nous apporter
le contentement auquel nous aspirons, mais nos expériences de vie
sont néanmoins susceptibles de nous disposer plus favorablement
à faire volte-face et à nous confronter à l'épaisseur
qui nous sépare de la présence libre, joyeuse et aimante
que nous sommes.
Reconnaître et assumer ce qui vit en nous est le premier
pas permettant de prendre la responsabilité de ce qui se passe
dans le monde et de ce que nous infligeons à la planète...
- L'action première consiste à guérir nos blessures
d'enfants et à nettoyer nos terres intimes. Lorsque celles-ci sont
envahies d'émotions douloureuses, contaminées par les souffrances
du passé ou desséchées au point de ne plus rien laisser
fleurir, nous n'avons aucune chance, malgré nos sécurités
et notre confort, de trouver un contentement profond, la liberté
et l'amour. Le monde de complications, de violences et de souffrances
que nous avons créé à l'extérieur en est le
terrible reflet...
À l'image des pesticides et des poisons que nous avons
déversés dans la terre, notre corps et notre psyché
ont également été victimes d'une "décharge
sauvage" et inconsciente. Purger notre organisme des émotions
douloureuses et des nombreux schémas mentaux qui leur sont associés
relève d'un acte écologique fondamental...
Le premier pas vers cette guérison globale nécessite
de comprendre nos mécanismes intérieurs, et particulièrement
ceux de l'ego. Dans le langage courant, l'ego designe la propension, l'habitude
ou le défaut de se préoccuper uniquement de soi. En réalité,
l'ego est le mécanisme de protection de l'organisme, l'instinct
de survie. Sa fonction est d'en assurer l'intégrité, mais
nous l'avons détourné de son but premier en l'utilisant
pour protéger nos peines et la personne que nous pensons être.
L'ego est ainsi devenu notre meilleur allié pour nous préserver
de ce qui est douloureux, puissant, inconnu et effrayant ; mais il
se révèle également être notre pire ennemi
lorsqu'il s'agit de faire face au contenu malheureux logé dans
le subconscient.
À travers d"ingénieuses stratégies
d'esquive et de lutte, nous avons surmonté les difficultés
et les épreuves en gommant de notre vie les peurs et les douleurs
que nous ne pouvions supporter. Cette façon d'agir s'est peu à
peu transformée en une seconde nature et nous empêche aujourd'hui
de nous ouvrir pleinement à l'amour et à ceux que nous aimons
sans craindre d'être à nouveau blessés, trahis ou
abandonnés. Elle nous enferme dans des attitudes de méfiance,
nous pousse au calcul. Elle nous rend malins,
manipulateurs et rusés mais, en fin de compte, relativement peu
intelligents en ce qui concerne notre capacité à nous défaire
de notre maheur et à faire l'expérience d'une véritable
intimité.
- Nous nous blindons derrière la cuirasse de l'ego et des souffrances
qu'il protège.
- Nous choisissons de nous fermer, à différents degrés,
pour ne pas retomber dans les mêmes écueils et pour nous
éviter d'avoir mal sans nous rendre compte qu'en agissant ainsi,
nous perpétuons notre souffrance et nous préparons les difficultés
d'une future relation amoureuse, un problème de santé, une
dépression et parfois même un suicide.
- Quel que soit la nature des éléments que nous avons mis
de côté, le premier pas à poser nous invite à
nous détendre, à nous ouvrir à nous-mêmes,
et tout particulièrement à notre ressenti, en observant
nos façons d'esquiver et de combattre ce qui se passe en nous.
Une telle acceptation équivaut à contrer la tendance de
l'ego dans son effort permanent à fuir l'inconfort et à
rechercher le plaisir. Ne pas céder à cette impulsion n'a
rien d'un acte masochiste ni d'une complaisance dans la douleur, c'est
au contraire un mouvement responsable et courageux pour accéder
à ce que nous avons jeté aux oubliettes. C'est une approche
logique et intelligente pour ne plus retomber constamment dans nos vieilles
ornières et pour ne plus avoir à nous fuir ou à lutter
contre nous-mêmes.
Cette façon de s'exposer à soi-même est
un défi d'envergure et requiert la plus grande sincérité.
Elle concerne tout autant l'habitude d'argumenter avec notre partenaire
lorsqu'il met le doigt sur un point sensible, que notre manière
de fuir nos inconforts en nous jetant sur un livre, en allumant la télévision,
ou en nous perdant dans le travail et nos nombreuses occupations. Nous
devons procéder à un arrêt complet de nos stratégies
habituelles et cesser d'utiliser notre savoir et notre intelligence pour
repousser les sensations douloureuses et effrayantes, cesser de retenir
notre énergie en détournant notre attention du corps, en
bloquant notre respiration, en contractant notre musculature et en nous
réfugiant dans le mental.
- Lorsqu'une couche de peine ou d'autres sensations remontent à
la surface, le mental interfère constamment en voulant analyser,
poser des conditions, cerner le problème et tirer des conclusions
hâtives qui ne font qu'interrompre "l'accouchement" en
cours. En veillant à ne pas céder à cette habitude
et en acceptant de sentir pleinement tous les éléments de
notre vie intérieure, nous leur permettons de sortir de la boîte
de Pendore et d'être exposés à la lumière de
notre conscience, là où ils peuvent être dissous.
Cette relation à soi exige une adhésion sans
faille et une coopération consciente. Tout se passe dans le corps,
dans la vie sans forme, fluide et énergique dans laquelle nous
entrons lorsque nous fermons les yeux. Ce lieu est le berceau de notre
être et de notre Mystère, et ce n'est qu'en cessant de vouloir
contrôler en filtrant ses contenus indésirables qu'il nous
devient possible de traverser l'enfer que nous avons créé.
Accueillir, traverser et dissoudre une couche de peine est
un art dont voici les clés : Le premier point consiste à
ne pas nous faire de mal et à ne pas en faire aux autres, particulièrement
lorsque nous exprimons notre douleur... Il faut lâcher prise, cesser
de nous débattre et de nous obstiner. C'est un moment de vérité
qui ne laisse aucune place à la pitié ni au laisser-aller.
Nous devons être bienveillant avec nous-mêmes tout en étant
fermes dans notre intention de faire face à nos démons,
sachant que si nous n'allons pas à eux, ils viendront à
nous là où nous les attendons le moins.
En combattant la peine ou en nous complaisant en elle, nous
lui donnons l'énergie dont elle a besoin pour survivre. Après
chaque épisode cathartique, elle retourne simplement dans la masse
émotionnelle, forte de l'attention que nous lui avons accordée,
prête à rejaillir à la prochaine occasion comme un
virus incubé en silence. La meilleure façon de traverser
une couche de peine est de trouver un juste équilibre, en nous
efforçant de ne pas réprimer l'émotion mais en veillant
également à ne pas nous perdre en elle. Le déni de
notre peine est tout aussi redoutable que le fait de nous cramponner à
notre chagrin et à notre douleur.
Même si chaque millimètre de notre être
veut courir dans la direction opposée, il faut demeurer là,
car il n'y a pas d'autre moyen de se mouvoir au-dedans de nous. Pour nous
reconcilier avec nous-mêmes, nous devons apprendre à maintenir
notre coeur ouvert dans cet inconfort temporaire et à rester conscient
dans l'oeil du cyclone... La peine est là, et ça fait mal.
Cette douleur est celle que nous avons mise de côté si longtemps
parce que nous n'étions autrefois pas en mesure de l'assumer. Il
faut à présent l'accueillir comme un enfant blessé,
nous autoriser à la sentir pleinement sans nous y attacher. En
nous apitoyant sur nous-mêmes, nous ne faisons qu'entretenir notre
attachement à cette douleur. Bien qu'elle soit intime, il est temps
de nous en départir, d'en faire le deuil et de la laisser s'en
aller.
Chaque couche ainsi traversée libére la mémoire
des événements figés dans le temps, diminue un peu
la masse émotionnelle et permet à notre corps énergétique
de se reconstruire après les dégâts que cette douleur
a engendrés... ce processus s'effectue par vagues successives...
- Accoucher de nos peines les plus profondes permet non seulement de guérir
notre corps physique et énergétique, mais également
de casser les vieux schémas qui vampirisent notre énergie.
N'oublions pas que les événements traumatisants de notre
enfance sont à l'origine de décisions majeures dont l'impact
résonne à travers nos choix de vie, notre manière
de fonctionner et d'entrer en relation avec autrui. Celles que nous avons
prises autrefois, sur le coup de la douleur, peuvent à présent
être mises en lumière et contrecarrées tout en laissant
fleurir l'être vivant et aimant qui dort en chacun de nous.
Il serait erroné de penser que ce que nous retenons et réprimons
ne concerne que des éléments négatifs ou douloureux.
À travers notre éducation et nos conditionnements, nous
nous sommes également coupés de la puissance de notre vraie
nature, seule à même de dissoudre la masse émotionnelle
et d'exposer le faux en nous. Nous enrayons constamment l'expansion de
l'être en nous recroquevillant sur la personne que nous pensons
être, en nous essayant littéralement sur notre énergie,
nous confinant ainsi dans une antichambre de notre royaume. Ce n'est que
si nous nous ouvrons intérieurement, au bon comme au moins bon,
au vrai comme au faux, au joyeux comme au douloureux, que la pleine dimension
de notre plénitude pourra progressivement se dévoiler.
Nous libérer du malheur est notre responsabilité
première envers nous-mêmes. L'enjeu est primordial et dépasse
largement le souci porté à notre mode de vie, à notre
alimentation ou à notre santé. Nous disposer à cette
tâche nous entraîne dans une noble aventure, une Aventure
intérieure incontournable, seule capable de nous délivrer
du passé et de nous rendre à cette Présence majestueuse
dont nous ne sommes jamais séparés. Si ce voyage se révèle
parfois ardu, intense et remuant, il y a au fond de notre coeur un être
vivant qui nous crie son évidence et nous encourage sans cesse
à persévérer, au coeur de nos pires comme de nos
meilleurs moments.
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Oui,
la souffrance a une fin
Nicole Montinéri |
- Nous
abordons la vie en fonction de ce qui nous plaît et nous déplaît.
Cette attitude est à l'origine de toutes les formes de souffrances
psychiques, car elle génère un conflit entre celui qui vit
l'expérience et ce qui survient. Le désir de fuir l'événement
ou de vivre autre chose que ce qui est, crée une division entre
celui qui expérimente et la réalité des choses. Il
y a alors volonté de dépasser cette contradiction, en l'évitant
ou en tentant d'agir sur l'événement. Pour comprendre la
souffrance, nous devons découvrir ce conflit, cette dualité
entre celui qui rejette, contrôle, ou même accepte, et l'événement
tel qu'il est. Dans cette division, le temps intervient et la souffrance
commence à courir le long de cette distance créée
par la pensée.
Le contact avec la réalité de l'événement
est rompu, car c'est à partir de la mémoire que la pensée
surgit. Tout est alors regardé à partir de cette mémoire,
c'est-à-dire d'un savoir et d'expériences du passé,
et ce sont eux qui dictent leur loi à la réalité
du moment présent. Il n'y a plus de contact direct avec ce qui
est. Toute notre existence devient une suite de conflits entre ce qui
est et ce qui devrait être, de qu'il faudrait faire ou ne pas faire
pour satisfaire nos désirs de bonheur.
Cette agitation mentale nous empêche de regarder l'événement
tel qu'il se présente, la situation tel qu'elle est, mais aussi
la souffrance telle qu'elle a pris forme en nous, et qui n'est souvent
devenue qu'une idée que nous nous en faisons.
Nous nous voyons comme un paquet d'expériences accumulées
qui s'oppose à tout ce qui pourrait le perturber. Cette empreinte
mémorisée fait que nous nous pensons en termes de temps,
d'évolution, de devenir. Donc, la frustration et la peur sont là.
La souffrance est étroitement liée à
la peur. La peur nous emprisonne dans une structure mentale sécurisante
qui n'est pas digne de ce que l'être humain est appelé à
vivre. Chacun de nos actes est entaché d'anxiété,
accompagné d'émotions perturbantes créées
par une pensée qui s'affole devant l'inconnu. Notre esprit résiste,
bataille contre l'incertitude, se raccroche obstinément au connu,
se met en fuite de crainte de perdre ce qu'il connaît, par peur
de souffrir et... nous mène tout droit à la souffrance !
Nos vies sont sous l'emprise de nos esprits submergés
de bavardages, imprégnés de théories et de croyances
qui édifient et consolident nos détresses. Nous nous infligeons
à nous-mêmes de la souffrance en laissant le mental nous
diriger. Nous ne voyons plus que ce que notre esprit nous autorise à
voir, à travers le voile tissé du flot ininterrompu des
pensées... Notre mental vient sans cesse se surimposer au simple
fait de voir et de sentir... Il est incapable d'affronter l'incertitude
et fuit le présent à chaque instant renouvelé, dans
une perpétuelle et illusoire poursuite d'un devenir stable. Il
n'y a jamais de contact profond avec la vie, qui est ainsi traversée
sans que nous soyons véritablement conscient de sa beauté.
Elle est sans arrêt fragmentée, divisée par notre
esprit en bien/mal, bonheur/malheur, moi/autre. Toute notre douleur -
et celle de l'humanité entière - est contenue dans cette
fausse perception de la vie.
La cause principale de nos douleurs psychiques est la résistance
mentale que nous créons face aux changements proposés par
la vie. Notre souffrance se nourrit de nos réactions de fuite et
d'opposition, de nos angoisses et de nos espoirs, conséquences
de tous nos conditionnements. Elle repose sur la croyance que quelque
chose nous manque et qu'il faut l'obtenir, ou que quelque chose de mauvais
s'impose à nous et qu'il faut s'en débarrasser... Tant que
nous ne parvenons pas à laisser notre esprit en paix, à
observer simplement ce qui nous est proposé, sans implication mentale
entraînant jugement, résistance, fuite ou culpabilité,
nos souffrances nous apparaissent réelles.
C'est par le sentiment d'un moi solide, mais aussi vulnérable,
donc craintif, qu'apparaît la souffrance. Tant qu'il y a ce moi
rempli de peurs, qui se prend pour l'acteur de la vie, il y a division
et conflit.
- La première chose à voir est que notre petit moi veut
durer, à l'abri de toute insécurité, de tout changement,
alors que vivre c'est mourir à chaque instant à toute chose...
La mort à chaque chose vécue est la nature même de
la vie, qui ne peut être qu'en se renouvelant. Nous ne savons pas
intégrer ce mouvement continu, nous tenir prêt à mourir
à notre plaisir, à notre chagrin, à l'expérience
proposée, à notre histoire personnelle, à notre moi.
Vivre, c'est accepter la perte de nos proches, de nos biens, de notre
travail, de notre réputation.... la perte de tout, qui sera à
la fin inévitable. Nous devons consentir à vivre avec la
mort à chaque seconde afin que notre esprit ne soit pas entraîné
à donner une continuité aux choses, inéluctablement
emportées par le courant d'énergie.
- Tant que nous vivrons avec une représentation personnelle de
la vie à travers des pensées, des émotions et des
actes, nous connaîtrons la souffrance. Or, il n'y a rien de personnel
que ce moi puisse faire, si ce n'est s'insérer dans le flux de
la vie, accueillir le mouvement, consentir au changement. Tout est vécu
alors à partir d'un espace qui se révèle en nous,
paisible et libre... Notre essence est cette énergie de la vie,
cette réalité pure, immuable, infinie, vide et lumineuse
à sa source.
- Osons vivre, soyons passionnés, ressentons chaque chose intensément,
la beauté comme la misère, embrassons chaque occasion que
la vie nous donne de comprendre et d'aimer. Ainsi la vie prend son véritable
sens, qui n'est pas celui d'un progrès, d'un avantage ou d'un gain
quelconque.
Notre esprit trop rempli déborde d'idées, juge,
condamne selon d'innombrables fluctuations mentales qui sont autant d'identifications
réflexes. Mais si nous arrivons à nous placer dans une position
d'extrême attention à ces automatismes de la pensée,
si nous les observons, sans nous engager, sans chercher à nous
en débarrasser, les regardant simplement, notre mental s'apaise
peu à peu, de lui-même. Il calme son fonctionnement parasite
et ne nous emporte plus dans ces réactions amplifiées de
peur, d'agressivité ou d'abattement que nous connaissons habituellement...
Les pensées n'ont plus d'emprise sur notre conduite et se révèlent
pour ce qu'elles sont en réalité : des impressions
qui apparaissent dans le vide de la conscience... cesser de les entretenir
et de les considérer comme réelles, solides, permanentes.
Vivons avec attention. L'attention n'est autre que la prise
de conscience de l'apparition puis de la résorption de chaque chose,
à l'instant où cela se produit.
- La réalité ultime est un espace silencieux, vide. Elle
est ce qui, en nous, accueille comme une coupe largement ouverte, ce qui,
affranchi du corps/mental, a la capacité de voir, d'intégrer
et de guérir. En ce lieux de paix, les peines et les angoisses
se dissipent d'elles-mêmes, sous l'effet de notre ouverture, de
notre vision intégrale, de notre conscience totale de ce qui est.
Il n'y a plus la moindre distance créée par la pensée,
mais contact direct avec les faits tels qu'ils sont proposés par
la vie. S'ouvre alors un espace immense de liberté où il
n'y a plus le moindre conflit possible entre ce qui est et ce qui devrait
être, et donc plus de souffrance possible.
- Aucun événement qui survient n'est en lui-même souffrance,
pas même la grave maladie ou le handicap. Toutes les circonstances
de la vie sont l'occasion d'une silencieuse découverte de la paix
inhérente à chaque expression de la réalité.
C'est notre regard alourdi par nos pensées et nos émotions
qui est porteur de souffrance. Nous sommes incapables de poser sur le
événements une attention profonde et aimante. Nous aimerions
tellement que la réalité soit autre ! Par exemple,
dès que notre corps devient faible ou douloureux, notre esprit
génère aussitôt une angoisse due à notre identification
au corps et à la peur de ne plus pouvoir contrôler notre
vie comme nous l'entendons. Nous regrettons l'état de santé
antérieur, nous imaginons le pire et nous nous infligeons une fuite
ou une bataille désespérée devant ce qui est.
Vouloir guérir à tout prix est signe que nous
refusons le changement, l'impermanence au sein de tout phénomène.
Pourquoi le corps, qui n'est rien d'autre qu'une forme apparente et limitée
de notre être véritable, ne connaîtrait-il que l'état
de santé ? Même dégradé, il est un moyen
par lequel la vie s'expérimente, avec une finesse de perception
qui va bien au-delà de cette forme. Il s'agit de l'accepter changeant,
d'admettre sa dégradation, de l'aimer aussi et, bien sûr
de le soigner. À notre mort, l'abandon de ce corps vient nous rappeler
que seule la conscience demeure de toute éternité.
- La lutte, l'attente obstinée de la guérison provoquent
tensions et angoisses. Allégeons-nous, apaisons ce qui en nous
recherche un but, ne nous attachons pas à notre douleur, nous ne
sommes pas elle. Il existe une dimension qui n'est jamais dégradée...
la maladie nous offre l'occasion d'avoir une générosité
d'abandon de soi, sans condition, sans exigence... il n'y a rien à
guérir.
- La maladie développe notre capacité de patience, de douceur,
de sagesse, de compassion envers tous ceux qui souffrent... La maladie
est toujours porteuse d'un message qui nous indique une voie de transformation,
de réajustement à ce que nous sommes ou de libération
de notre identification au corps.
- Il faut parfois de nombreux coups pour que nous acceptions d'être
dérangés et de nous interroger sur l'origine et la nature
de notre souffrance. Ce que nous appelons épreuve nous est proposé
pour nous sortir de notre torpeur, nous bousculer dans nos certitudes,
nous arrêter dans nos conquêtes extérieures et nous
placer sur la voie qui mène à soi. Les événements
sont parfaitement accordés à ce que nous devons vivre, à
notre intériorité, mais par notre incompréhension,
nous préférons fuir et nous isoler, nous replier sur nous-mêmes
ou nous révolter.
- Oui, la souffrance à une fin... elle se trouve dans sa rencontre,
dans son contact direct, sans l'intermédiaire d'un moi séparé
qui la rejette ou l'accepte. Si je peux comprendre ce qu'elle est véritablement,
c'est-à-dire l'intégrer totalement, la regarder sans division,
sans la verbaliser, sans émettre de jugements dessus, l'esprit
complètement vide à son sujet, elle se dissout.
- La vie nous manifeste sans cesse son amour, même à travers
le pire des malheurs. Mais nous, nous avons pris l'habitude de sélectionner
ce qu'elle nous offre, nous lamentant si elle ne satisfait pas nos désirs
égotiques... Il s'agit d'arriver à nous abandonner à
son énergie de compassion, avec une confiance absolue en tout ce
qu'elle nous présente. Il n'est pas d'autre intelligence.
|
L'approche
Quantique par l'Autoquestionnement
Prabhâ Calderon |
- Nous
sommes UN, solidairement UN, une seule conscience océanique...
Cependant nous croyons être "l'observateur" de "nous-mêmes".
Par cette vision duelle, de l'observateur qui se croît distinct
du sujet qu'il observe, notre "moi conceptuel" invente "une
réalité fragmentée" que nous prenons pour la
nôtre.
- Assujettis aux concepts du temps, de la naissance et de la mort, ce
"moi" lutte tout seul pour sa survie en utilisant toutes les
opportunités qui se présentent... Par cette activité
récurrente de survie, dans une illusion de séparation, la
Conscience Non-Duelle que nous ne pouvons pas ne pas être, est niée.
En nous confondant avec le « fantôme conceptuel »
nous ressentons une peur constante entretenue par nos conceptions inébranlables.
Cette peur prend le pouvoir sur nous.
L'oubli de notre véritable nature ineffable, nous pousse
automatiquement à chercher dans le regard des autres les signes
rassurants de notre importance, les signes tangibles de notre existence,
ou bien les preuves que nous sommes bien ce que nous croyons être.
Nous croyons être l'observateur qui s'observe lui-même être
regardé ou être menacé par le regard des autres, par
la vie... ; cela devient "notre réalité duelle".
Hypnotisés par les images duelles et par les concepts
entretenus par ce "fantôme" ainsi que par celui des autres,
nous nous condamnons, malgré notre intelligence, à répéter
inconsciemment, une histoire imaginaire fixée dans le temps...
- Observer le moi sans rien condamner et sans volonté de changement.
Énoncer clairement ce qui se passe nous donne la capacité
de discerner le faux du réel.
En écoutant nos réponses, nous pouvons constater
que nous ne sommes ni notre histoire, ni nos croyances de bases, ni
les fausses images de soi, ni les mécanismes de compensation,
nous demeurons dans la clarté de l'Être.
Cette clarté change en soi notre histoire, nous libère
spontanément de nos émotions réactives et en conséquence :
nos actions émanent de cette lucidité...
|
Spiritualité
et médecine de l'Âyurveda
Sylvie Verbois |
- L'Âyurveda
propose un chemin de santé où nous sommes responsables de
notre bien-être.
- Elle insiste particulièrement sur l'harmonisation de l'être
avec son milieu ambiant et l'univers, préconise le renforcement
des défenses naturelles... et souligne l'importance de la prévention...
prêter attention à l'énergie du souffle car c'est
avec lui que toute vie commence : il doit être protégé
afin de protéger la Vie... Être et demeurer en harmonie avec
l'ordre universel et avec Soi (conscience) ; viser la perfection
dans la gestion des richesses, entreprendre une activité ;
le confort matériel est utile, et le travail un moyen de subsistance
nécessaire à l'existence ; veiller à la juste
perception sensorielle, rester attentif aux sens et les contrôler
si nécessaire ; conserver une vie adéquate en fonction
des situations rencontrées ; se libérer de la dualité...
- Bien se nourrir, être attentionné à ce que l'on
absorbe, pense et ressent favorise la plénitude et suscite la cohésion
entre les différents composants de l'être. « Ce
que l'on considère comme salutaire ou sain se résume à
ce qui ne nuit pas au corps et se trouve en accord avec nos besoins, selon
le tempérament de chacun. » ...savoir attendre les
réels besoins du corps sans les réprimer, s'entretenir avec
attention, prendre plaisir à la vie et déguster ce qu'elle
offre, mener une existence saine en accord avec sa nature... « Celui
que mange sainement et contrôle sa vie vivra 100 ans... »
- Préserver l'immunité et renforcer journellement
les défenses naturelles du corps est l'un de ses impératifs
premiers. Pour ce faire, les aliments, notamment les épices, contribuent
largement à la protection et au soutien du système immunitaire...
Les excès en tous genres : exercice physique, jeûne,
réactions émotionnelles trop vives, trop manger, etc. sont
considérés comme néfastes et abîmant les défenses
naturelles... être vigilant sur les qualités nutritives des
aliments et l'état d'esprit avec lequel ils sont absorbés
par le corps.
|
La
bénédiction de la souffrance
Richard Moss |
- Le but
de ma vie n'est pas d'avoir un corps, mais d'être habité
par une conscience rayonnante. Je ne peux manifester un niveau de conscience
plus profond que si je vais plus loin dans mon expérience, plus
profondément en moi-même. Cela signifie que je dois être
capable de regarder mes pensées, mes sentiments, mais sans y être
identifié.
Donc parler de la guérison de l'âme, c'est parler
de la possibilité d'être de plus en plus présent et
capable d'être conscient. Être pleinement présent,
c'est être pleinement conscient. Être enraciné dans
le corps et présent, c'est être conscient et éveillé...
Je m'éveille chaque fois que je vois apparaître en moi un
fonctionnement-type, et que je prends du recul vis-à-vis de ce
mécanisme. C'est le don et la force de la conscience.
En terme d'évolution, nous sommes aujourd'hui au stade
de l'ego... C'est une façon de créer une auto-identification
avec les histoires que nous nous racontons et les idées que nous
avons sur nous-mêmes... aux images et aux histoires du passé
et à celles que nous transposons et projetons dans l'avenir..
- Mandela de l'Être: il y a cet instant, qui est maintenant, auquel
vous pouvez être pleinement présent. Ou plus encore lors
d'une profonde méditation, ou lorsque vous faites du surf, écrivez
de la poésie et que l'inspiration jaillit, ou lorsqu'au lieu de
danser vous avez la sensation d'être dansé, etc. C'est dans
ce maintenant-là que nous avons l'expérience la plus profonde
du sens de la vie, que nous sommes connectés et en harmonie avec
elle. Dans ce maintenant nous apparaissent le sens de notre vie, son but,
et pourquoi nous nous offrons à elle. C'est la source de notre
passion pour la vie au sens le plus profond.
- Nous avons à évoluer vers l'éveil, vers un retournement
de l'attention vers soi qui soit véritable... Ce serait la guérison.
- L'état d'être dans le présent est paradoxal à
décrire. Du point de vue corporel, c'est être profondément
détendu et alerte à la foisk avec chaque sens en éveil,
chaque perception précise... Du point de vue mental, les états
les plus profonds sont ceux dans lesquels le mental est très concentré
et en même temps incroyablement rempli d'espace. J'utilise l'image
du soleil : il éclaire la terre et en même temps, il
brille partout dans l'espace. Ces états de concentration et d'ouverture
spatiale simultanés, de pleine vigilance dans un détente
totale, sont en fait ceux de Bouddha... Dans cet état, nous sommes
un avec le monde. Nous ne sommes pas observateur ; nous en faisons
partie. Expérimenter cela est la chose la plus importante qui soit...
Votre énegie rayonne littéralement et grâce à
ce rayonnement de la présence, vous influez sur la conscience des
gens autour de vous.
- Le plus important est d'apprendre à démêler les
schémas comportementaux à l'origine de mes souffrances et
de celles des autres, étape par étape. Nous avons à
faire cela dans un travail conscient... Il faut de temps mais c'est hors
du temps... La pratique de revenir au « maintenant »,
de se désengager de l'identification avec les histoires sur vous-mêmes
qui vous rendent singulier, celles qui diminuent les autres ou les rendent
trop importants, celles de l'avenir qui vous effraie ou vous rend faussement
optimiste, celles du passé qui vous noie dans une douce réminescence
ou dans la culpabilité et la honte, prend du temps... Il faut être
témoin, observer, pratiquer. Il n'y a pas de raccourci.
- J'enseigne une pratique qui consiste en seulement cinq respirations
longues, me je demande de le faire 20-30 fois par jour. Juste cinq respirations
qui prennent 20 secondes, ce qui donne en tout 400 secondes, donc moins
de sept minutes. Mais l'important est de le faire encore et encore, et
ainsi vous revenez à l'instant présent, très focalisé
et très spacieux à la fois. Vous revenez à votre
corps... Au bout d'un mois, l'aptitude à rester dans le présent
s'est tellement renforcée que vous n'êtes plus piégé
par les histoires et les tensions aussi fortement qu'auparavant. À
la fin de l'année, vous êtes plus fort encore : cela
signifie que vous avez gagné plus de maîtrise.
- Cela fait très longtemps que je m'exerce à accueillir
les sentiments difficiles et à me désidentifier des vieilles
histoires de mon ego, et j'ai de plus en plus de liberté vis-à-vis
de tout cela. Ne ne pense pas qu'il y ait une fin. ...nous rêvons
d'une solution magique comme une pillule ou un week-end intensif. Ce n'est
pas ce qui se passe. Si nous sommes vraiment sérieux dans notre
but qui est de dépasser le stade de l'ego, de nous éveiller,
si nous voulons vraiment passer de notre état de peur à
notre esprit naturel, qui est un état de paix, de clarté
et même d'amour qui va s'approfondissant, nous avons vraiment à
travailler.
Le défi est de se réveiller et de discerner
dans ce que vous faites ce qui crée la tension, puis de ne pas
se contracter. En le voyant, vous dites : « merci, merci.
Je vois cela et je vais me détendre, ne pas me punir si je me raconte
encore une histoire qui me rend singulier, négatif, ou blesse d'autres
personnes. Je vois cette histoire. » Cette sorte de générosité,
de douceur, de persévérance, de pardon envers soi-même,
pratiqués encore et encore, constitue une voie de guérison,
mais la guérison ne vient pas du jour au lendemain.
- Il s'agit de prendre conscience que l'observateur en vous est critique.
Lorsque vous voyez une partie de vous qui vous juge et vous critique,
c'est le moment d'être doux, indulgent envers vous-même et
détendu... Je vois le comportement, je vois la pensée, et
je me pardonne... Finalement je deviens si
conscient de mon critique intérieur qu'il cesse de me juger aussi
fortement qu'avant. La capacité à s'observer, à regarder
de plus en plus profondément dans les moments de grande confusion
ou de douleur.. est quelque chose à travailler. Cette pratique
guérit de l'intérieur et apporte au monde plus d'amour,
plus de tolérance, plus d'entraide... Nous avons juste à
faire de notre mieux.
- Lorsqu'il s'agit du chemin de l'âme, vous créez ce chemin
à chaque pas, à chaque pensée, à chaque réaction
à une pensée, à chaque façon d'écouter.
Vous le créez et vous êtes donc littéralement la création
de ce que vous créez vous-même... Il faut écouter
en profondeur... Pour ma part, je travaille beaucoup avec les rêves,
parce qu'à travers eux notre psyché nous parle... J'insiste
aussi sur l'expérience : vous devez expérimenter...
C'est grâce à l'expérience que vous pouvez connaître
le prochain pas à faire.
Mais en définitive, le chemin est un « chemin
sans chemin ». Nous développons une haute tolérance
pour l'incertitude, l'ambiguïté et le fait de « ne
pas savoir ». Il faut aussi apprendre à être dans
son corps et à écouter. C'est par la sensation que l'on
sait comment évaluer quelque chose. On « le sent bien » (ou
« on le sent mal »). On trouve un endroit en nous,
où l'on sait que ce que l'on écoute est vrai pour nous.
Souvent, ce sentiment va à l"encontre de notre conditionnement
social et de nos dynamiques familiales. Et c'est un dur labeur que de
commencer à se faire confiance sur un tel chemin. Comment pouvez-vous
vous guérir si vous ne vous faites pas confiance ? Et qui
vous a jamais appris à vous faire confiance ? Depuis le début,
on nous dit: « Attention, ne va pas là, ne fais pas
ça ! Apprends ce que les autres ont déjà créé.
N'apprends pas qui tu es vraiment. » Comme je disais, nous
parlons de la création d'être humains qui sont la création
de leur propre acte de création d'eux-même ! Vous construisez
votre vie pas à pas, une pensée à la fois, une façon
d'ouvrir un espace à une émotion à la fois au lieu
d'en avoir peur... Le plus important est d'apprendre à observer
vos pensées, à revenir à l'instant présent,
à relàcher l'identification aux pensées. C'est de
toujours repartir du moment présent, être aussi éveillé
que possible et avoir confiance en ce qui vous inspire, en ce qui parle
à votre coeur. Car d'où ce chemin viendra-t-il ? De
l'intérieur, par votre enthousiasme et votre inspiration. Il se
présentera parce que vous avez beaucoup souffert et que vous voulez
changer, ou que vous êtes inspiré par quelque chose ou par
quelqu'un. Vous avez à écouter. Beaucoup de gens commencent
à cause de la souffrance. La plupart d'entre nous. C'est la bénédiction
de la souffrance.
|
Guérir
de la blessure primale
Gangaji |
- Si vous
désirez la liberté, vous devez être prêt à
faire face à ce que vous avez fui en la cherchant. En
général, les gens fuient une douleur diffuse, souvent une
douleur ancienne provenant de besoins non satisfaits dans l'enfance. Elle
peut revêtir à la fois des aspects physiques et psychologiques.
Elle peut être associé à une histoire, ou n'être
qu'un champ énergétique, comme une impression négative
ou de l'appréhension.
Chaque vie contient de multiples blessures, même celle
des plus privilégiés d'entre nous. À moins que vous
n'arriviez à vous dissocier de la vie, tout l'éventail des
blessures humaines est présent en vous, sous une forme ou l'autre.
Certains réussissent à recouvrir leur psychisme ou leurs
blessures émotionnelles et physiques de pansements, tout en poursuivant
simplement leur vie quotidienne. Mais je doute que quelqu'un réussisse
à annihiler ses blessures totalement. Cet échec est en soi
une bonne chose, car il signifie que la blessure demande de l'attention,
à l'instar du gravier dans une chaussure qui gêne tant qu'on
ne s'en est pas occupé.
Bien entendu, nous cherchons à nous débarrasser
de cette douleur centrale de différentes manières, à
la fois mentales et matérielles. La plupart des activités
mentales servent en premier lieu à fuir cette blessure primale
en tout ce qui la concerne. Il arrive aussi que nous nous tournions vers
la vie spirituelle dans l'espoir qu'un enseignement ou une illumination
particulière nous soulagent de notre blessure. Nous cherchons à
faire ce que l'enseignement ou l'enseignant nous dit, et nous le répétons
inlassablement, en espérant que la souffrance sera éliminée.
Étonnamment, un vrai enseignant et un véritable
enseignement vous conduisent sans pitié et avec la plus grande
compassion directement au coeur de la blessure.
La blessure la plus profonde et la plus essentielle n'a pas
de nom. Vous pouvez l'appeler « condition humaine »
ou « existence conditionnée », ou le « fait
de souffrir ». L'instinct de fuite est puissant, mais c'est
pourtant lui qui vous ramène finalement au point de départ,
à la rencontre de votre blessure. Vous mûrissez au travers
de vos diverses tentatives de fuite, pour finalement constater que la
même blessure est toujours là, qui vous attend.
- La psychothérapie n'atteint pas le fondement de la souffrance.
Elle peut vous aider à découvrir que, malgré toutes
nos connaissances psychologiques ou mentales, le fondement de la souffrance
perdure ; et dans ce sens, c'est déjà une aide énorme...
Le traitement s'adresse à la blessure émotionnelle, physique
ou mentale : il ne s'occupe pas et ne permet pas de découvrir
ce qui est par essence entier, pur, libre et en paix. La vérité
est déjà là, indépendamment de l'état
de votre corps, de vos émotions, de votre esprit ou de vos conditions
de vie.
Je vous invite à cesser de chercher à vous libérer
de la souffrance pour un instant. Je ne vous demande pas de devenir insensible
à la souffrance, ou de glisser dans le désespoir. Je vous
invite à cesser de chercher quelque chose dans l'intention de vous
délivrer de vous-même. Stopper son mental... Stopper n'a
rien de rassurant. Il est de loin plus rassurant de réfléchir,
de chercher à comprendre, d'aller vers ce qui est garanti et d'éviter
ce qui est incertain.
- La vérité est d'une extrême simplicité. Les
complications proviennent de toutes les stratégies de fuite qui
ont été gravées dans nos esprits de différentes
façons... Vous pouvez reconnaître l'instinc de fuite, stopper,
vous retourner et affronter ce que vous cherchiez à fuir... Il
se peut que vous ayez à faire face aux idées que vous vous
faites, ou que vous ne vous faites pas à votre sujet.
Dès que l'instinct de fuite a été identifié,
vous avez le choix : dire non à la fuite et oui à la
confrontation de la cause apparente de la souffrance. Le pouvoir de choisir
est le pouvoir suprême du mental, mais le choix auquel vous êtes
confronté ici est d'un autre ordre que tous les choix effectués
jusqu'à présent. Dès que vous choisissez de vous
soumettre et de ne plus chercher à fuir, le trésor de votre
être se révèle à lui-même, avec intensité
et légèreté ; vous découvrez qui vous
êtes vraiment. Vous pouvez alors vous réjouir de voir guérir
les blessures qui peuvent l'être et pleurer celles qui restent.
Entre célébration et deuil, vous êtes invité
à rester tranquille dans la vérité toujours présente.
Cependant, tant que vous ne les avez pas examinés,
des débats subtils gardent une emprise sur le choix de vous soumettre :
les raisons pour lesquelles vous ne pouvez arrêter, ou celles pour
lesquelles vous ne devriez pas arrêter tout de suite, ou la manière
dont vous arrêterez plus tard. L'examen sérieux reprend dès
que vous vous demandez ce que vous voulez vraiment. Si vous voulez simplement
vous débarrasser de vos blessures, alors vous continuerez vos recherches
jusqu'à ce que vous trouviez quelque chose que guérisse
une blessure donnée, qui vous soulage momentanément. Mais
si vous cherchez réellement la vérité à ce
sujet, alors vous aurez toute l'aide nécessaire pour faire face
à ce que vous avez fui depuis toujours, à ce que votre structure
cellulaire vous enjoint de fuir, à ce que toute l'humanité
cherche à fuir.
Une force incommensurable et phénoménale utilise
chaque forme et événement de votre vie pour mous montrer
l'aide dont vous avez besoin. Le soutien nécessaire est déjà
présent ! Si vous voulez être aidé, vous devez
choisir de recevoir l'aide de manière totale et complète.
Je vous suggère de plonger profondément au coeur
de votre être. Je sais que l'expérience de la blessure peut
vous faire croire que ce qui est au coeur de votre être est vraiment
épouventable. J'ai eu le privilège extraordinaire de rencontrer
beaucoup de personnes avec de profondes blessures, allant de la psychose
aux névroses habituelles auxquelles la plupart d'entre nous devons
faire face. Mais je n'ai jamais rencontré quelqu'un, prêt
à dire la vérité et à affronter sa propre
souffrance, que ne trouve la beauté et la paix de son être
essentiel.
Pourquoi ne pas vous arrêter et examiner ce qui vous pousse
à fuir ? Non que ce soit la bonne chose à faire, la
chose sacrée, correcte ou éveillée ; cela n'a
rien à voir. C'est peut-être simplement quelque chose que
vous n'avez encore jamais vraiment vécu. Vous y trouverez une fraîcheur,
une innocence, vous découvrirez le potentiel et la puissance de
simplement être - sans aller vers le plaisir, sans repousser la
douleur, sans créer une autre vie, et sans éviter la mort.
En cet instant, soyez simplement. En étant simplement, vous découvrez
une révélation intérieure qui a le pouvoir de résonner
de plus en plus profondément à travers le corps et le mental,
jusqu'à ce que le mental ne se soucie plus de justifier sa recherche
de plaisir et sa fuite devant la douleur.
Il existe un trésor, la vérité de votre
être, qui vous dit « Viens, entre. » Comme
il a été longtemps caché, vous l'imaginez sombre,
laid et interdit, et on vous a fortement recommandé de ne pas le
regarder directement. Toute votre socialisation est centrés là-dessus.
Mais heureusement, grâce au pouvoir de choisir, vous pouvez laisser
tomber cette socialisation et répondre à votre immense désir
de savoir qui vous êtes. Nous avons la chance incroyable de pouvoir
nous soutenir les uns les autres dans cette découverte divine,
éternelle et au-delà de l'imagination. Cette possibilité
est sacrée...
Je vous invite à consacrer quelques minutes à
regarder honnêtement en vous et à examiner ce à quoi
vous vous éloigner, quelle blessure vous espérez guérir
afin d'être libre. Laissez votre observation vous en révéler
exactement le fonctionnement ainsi que les stratégies de fuite.
Laissez les réponses venir avec sincérité,
honnêteté, et de manière naturelle. Posez-vous la
question : « Qu'est-ce que je cherche à fuir ? »
Il ne s'agit pas de changer ou de mettre de l'ordre dans ce
que vous découvrez. Contentez-vous de reconnaître les shémas
de fuite. Expérimentez simultanément la dynamique de l'instinct
de fuite et la possibilité de ne pas suivre cette impulsion, de
l'accepter sans histoire, sans stratégie, et sans résultat
espéré. Soyez simplement là, sans rien faire. Pour
que le mental puisse se soumettre à la certitude qu'il n'y a pas
de fuite possible. Puis dites la vérité, à cet instant
précis : reste-t-il un espoir de fuite ? une recherche
de fuite ? une manière de nier qu'il est impossible de fuir
à cet instant précis ? Si oui, laissez tout cela s'en
aller. Abandonnez tout effort de fuite, et reconnaissez ce qui vous porte
vraiment. Soumettez-vous et reposez dans la paix de votre être.
(Gangaji donne des entretiens partout en Europe... avec
ce sentiment qu'elle ne peut jouer le rôle d'enseignante, sachant
que ce rôle n'est pas réel. Le véritable enseignant
est vivant en chacun de nous et il se révèle finalement
dans chaque chose, que cette apparence soit à l'intérieur
ou à l'extérieur.)
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Autres
pensées ou extraits |
Autres textes
de Richard Moss :
- Conscience et Relations :
Propos recueillis par D. Bacon
Comment les relations que nous entretenons avec nos
proches peuvent-elles faire émerger notre conscience ? Considérons
la relation comme un « espace » créée entre deux personnes selon le
« point de départ » de chacun. Ce « point de départ » est la nature
de notre psychologie personnelle et ce que nous apportons à la relation
à partir de cette psychologie. On peut avoir comme point de départ
un sentiment de sécurité ou d’insécurité intérieure, diverses peurs,
la dépendance ou la suffisance, la confiance ou la méfiance... Une
relation n’est pas une chose statique. Elle se construit et devient
saine ou malsaine, instant après instant. Lorsqu’une relation semble
être figée dans une énergie conflictuelle, c’est parce que les deux
personnes sont coincées dans des schémas qu’elles ne cessent de reproduire.
Notre conscience est portée sur la douleur et sur des attentes si
souvent insatisfaites ; on considère que c’est la relation, et non
pas nous-mêmes, qui est le « problème ». Une relation est plus que
les individus qui la constituent. Elle a sa propre qualité unique
qui peut nous permettre de nous sentir plus vivants ou plus désespérés
que si nous étions seuls. Mais ce n’est pas par chance ou par malchance
que les choses se passent ainsi. L’énergie de la relation dépend du
point de départ en nous-mêmes et chez l’autre. En règle générale,
nous ne nous connaissons pas aussi bien que nous l’imaginons. Nous
avons rarement conscience de notre propre psychologie. Nous amenons
donc beaucoup d’inconscience dans nos relations - croyances, protections,
réactivité, projections - venant de notre passé, et en particulier,
de notre enfance.
C’est ici où la relation peut nous aider à devenir plus
conscients. L’atmosphère de la relation nous renvoie en miroir notre
inconscience particulière, à savoir à quel point nous sommes déconnectés
de notre soi véritable au niveau de notre pensée ou de notre comportement
à un moment donné. C’est cette distance intérieure entre notre psychologie
et notre essence qui fait que nous voyons l’autre comme étant quelqu’un
en qui nous ne pouvons pas avoir confiance, qui nous met en colère,
ou qui nous blesse. Mais en réalité, si nous sommes malheureux ou
insatisfaits, l’autre n’en est jamais la véritable cause. C’est nous
qui avons peur de revendiquer et de vivre à partir de notre soi véritable,
et d’en accepter les conséquences. Si nous communiquons avec honnêteté
et nous exprimons nos vrais sentiments, cette authenticité et cette
confiance vont guérir la relation et nous amener vers une plus grande
plénitude, ou bien nous allons prendre clairement conscience que nous
devons la lâcher et en faire le deuil. Mais avant de nous précipiter
à mettre fin à une relation, nous devons être honnêtes avec nous-mêmes
: ce n’est jamais l’autre qui peut nous rendre misérables ni nous
sauver. Si nous nous sentons dépendants, en colère ou jaloux,
ou si nous imaginons que l’autre est notre âme-sœur, c’est à cause
de la distance entre nous-mêmes et notre propre soi authentique. Nous
avons envie de croire que l’autre est « la bonne personne » pour nous,
ou encore que c’est à cause de l’autre qu’il y a tant de douleur -
mais ce n’est jamais le cas. Une relation qui nous élève et nous met
dans un état de clarté, un sentiment de gratitude et de créativité
renouvelée signifie que nous prenons le risque de dépasser notre psychologie
d’enfance, et que notre point de départ est devenu quelque chose de
plus authentique et de plus essentiel. Parallèlement, une relation
qui nous appauvrit, dans laquelle nous nous sentons jaloux, en colère,
inconsidéré et plein de jugements, et dans laquelle il y a beaucoup
de conflits qui ne débouchent pas sur une compréhension approfondie
et une meilleure connexion, est une relation dans laquelle le point
de départ des deux personnes est faux, et elles ne le savent pas.
Une fois que nous avons compris que ce n’est pas par hasard que la
relation est malheureuse, et que nous sommes prêts à accepter que
ce n’est jamais complètement la faute de l’autre, nous pouvons commencer
à la faire évoluer. Pour ce faire, il faut, bien entendu, travailler
sur nous-mêmes et sur la relation, et spécifiquement sur notre manière
d’écouter et de communiquer. Il faut prendre conscience du faux
soi - la manière dont, enfant, nous avons refoulé certains sentiments
menaçants, créant ainsi une persona plus ou moins positive pour déguiser
notre insécurité et la cacher non seulement aux yeux des autres, mais
surtout, aux nôtres. Le faux soi n’est pas réellement capable de vivre
une vraie intimité. Il se manifeste inéluctablement à un certain
stade de notre vie ; c’est lui qui crée les schémas destructeurs dans
les relations. C’est notre faux soi qui nous fait croire que nous
pouvons sauver l’autre ou que nous sommes indispensables, et c’est
lui qui nous fait attendre la perfection, chez nous-mêmes ou chez
l’autre. Il peut nous amener à créer une image héroïque de nous-mêmes
qui nous pousse à être rebelles ou non-conformistes, ou bien stoïques
sans avoir accès à nos vrais sentiments. Parfois il nous pousse à
vivre dans un monde personnel fantasmé, ce qui nous amène à nous retirer
ou à être distants et détachés. Lorsque nous vivons à partir de quelque
chose en nous-mêmes qui n’est pas réel, nos relations ne peuvent pas
vraiment réussir, et elles deviennent des relations malheureuses,
tendues ou anesthésiées. Lorsque nous devenons suffisamment matures
pour nous rendre compte que « l’homme ou la femme parfait » qui va
nous sauver n’existe pas, nous pouvons commencer alors à travailler
sur nous-mêmes et faire évoluer des relations qui peuvent vraiment
devenir merveilleuses. Faire consciemment évoluer nos relations est
une des choses les plus créatives que nous puissions faire dans notre
vie.
La présence d’un instructeur est-elle essentielle à
la compréhension de nos mécanismes relationnels ?
Je ne pourrais pas dire que la présence d’un instructeur
soit essentielle dans le sens absolu du terme. Il existe peut-être
des personnes qui ont suffisamment travaillé sur elle-mêmes afin de
comprendre théoriquement leurs mécanismes relationnels pour arriver
à créer une relation saine sans guide ou tierce personne pour les
aider. Mais si votre relation est déjà en difficulté et vous souhaitez
vivre autre chose qu’une vie malheureuse, être en colère ou anesthésié,
et si vous vous aimez suffisamment l’un l’autre pour vouloir découvrir
si votre relation peut évoluer et changer, alors la présence d’un
guide ou thérapeute compétent, mature et expérimenté devient presque
essentielle. Nous ne pouvons pas vraiment nous connaître nous-mêmes
sans comprendre nos mécanismes relationnels, et nous ne pouvons pas
vraiment comprendre nos mécanismes relationnels sans nous connaître
nous-mêmes. Avoir un guide est très important car il est très
difficile de nous mettre à l’extérieur de notre propre psychologie
et voir nos propres mécanismes relationnels lorsque nous sommes enlisés
dedans. Nous protégeons notre ego, notre orgueil. Nous obéissons à
notre faux soi sans pouvoir facilement le voir par nous-mêmes. Lorsque
nous sommes dans une relation en difficulté, nous ne faisons pas confiance
à notre partenaire pour nous faire miroir et nous dire ce que nous
devons changer. C’est alors que la présence d’une tierce personne
devient quasi-essentielle. Il faut quelqu’un de l’extérieur, pas seulement
un bon ami, mais quelqu’un de mature et d’expérimenté qui peut aider
le couple à créer un environnement sécurisant et éclairant qui leur
permet de regarder comment ils fonctionnent et quel est le point de
départ (inconscient) de chacun.
Par opposition à la relation, la solitude est-elle
souhaitée pour asseoir notre Etre spirituel ?
Nous avons tous besoin d’avoir un sentiment de solitude
en nous-mêmes. Il ne s’agit pas de l’isolement, de la séparation ou
du fait d’être à part, mais d’un endroit où nous contactons une partie
essentielle de notre être. Sans cet endroit, nous n’avons pas de repère
substantiel pour nous permettre de nous connaître nous-mêmes, et nous
risquons alors de nous chercher toujours chez l’autre. L’individu
qui connaît véritablement la solitude, qui est entré profondément
en lui-même, connaît son propre point de départ. Il est plus apte
à entrer profondément en relation avec les autres sans perdre la connexion
avec lui-même. Je pense que la solitude n’est pas la même chose qu’une
vie solitaire. Il existe un petit pourcentage de personnes pour qui
le fait de vivre seules est leur manière d’approfondir leur connexion
intérieure avec la Source. Il y a, bien entendu, beaucoup de personnes
qui vivent seules, mais c’est souvent à partir d’un mécanisme de protection
de soi et de l’incapacité à vivre la douleur et le défi d’évoluer
dans une relation engagée. En revanche, je crois que du point de
vue de l’évolution, la plupart d’entre nous sommes appelés à vivre
la voie de la relation. Dans ce cas, c’est la relation qui devient
le moyen par lequel nous devenons plus conscients, plus ouverts et
disponibles à l’autre, tout en nous ancrant de plus en plus dans notre
propre capacité à être seuls. Si nous n’avons pas la capacité
à être seuls, nous ne pouvons pas vraiment être avec les autres, et
l’inverse est également vrai. Ce paradoxe fait partie de la nature
même de la conscience. Du point de vue pratique, choisir intentionnellement
des périodes de solitude peut être très riche pour cultiver une écoute
profonde et pour apprendre à rester avec nos propres sentiments afin
d’arriver à une clarté intérieure. Nous pouvons apprendre à goûter
la saveur de notre propre solitude afin d’apprécier davantage le goût
de nos connexions avec les autres.
Pour ouvrir les portes de notre trésor intérieur, des
clefs sont nécessaires. Pouvez-vous en livrer quelques unes ?
A mon sens, la clef la plus importante, telle que je l’exprime
dans mon travail est : « Qui nous sommes vraiment - notre soi véritable
- commence Maintenant. » Nous ne sommes pas seulement le produit
de notre passé. Nous ne vivons pas non plus pour un futur imaginé
où nos rêves seraient comblés ou dans lequel nous éviterions telle
ou telle souffrance. Nous ne sommes pas les idées que nous avons sur
nous-mêmes - tous nos jugements, nos « il faut » et nos « tu devrais
» - les idées qui nous traversent constamment l’esprit lorsque nous
vivons à partir d’un faux soi. Qui nous sommes vraiment, maintenant,
dans « le maintenant de nous-mêmes », n’est pas déterminé par ce que
font les autres, ni par ce qu’ils pensent de nous, ni par nos croyances
concernant qui les autres devraient être ou ne devraient pas être
- des pensées qui ne font que nous faire ressentir de la colère et
la douleur. Nous devons apprendre à nous tenir debout par nous-mêmes,
à nous « revendiquer » nous-mêmes - notre soi véritable. Ce soi véritable
n’est pas une chose concrète ; c’est notre capacité à être conscients.
Central à toute spiritualité est le fait de réaliser ce véritable
cœur de nous-mêmes au lieu de vivre à partir des idées que nous avons
sur nous-mêmes. Une autre clef est de pouvoir mettre de côté notre
propre « monde du moi », c’est-à-dire la manière dont nous voyons
les choses, dont nous rationalisons, défendons et jugeons à partir
de notre point de vue personnel, notre intérêt personnel. Quand
nous laissons notre « monde du moi », nous pouvons nous tourner vers
l’autre avec notre conscience profonde afin de faire l’expérience
de l’autre tel qu’il se sent en lui-même. Nous pouvons apprendre à
avoir la volonté de vraiment voir l’autre tel qu’il est : ce qu’il
ressent, ce qu’il dit vraiment, et qui il est indépendamment des besoins
et des peurs de notre « monde du moi ». Une troisième clef : « Le
cadeau le plus important que nous puissions offrir à nous-mêmes ou
à l’autre est la qualité de notre attention. » Nous pouvons apprendre
à être vraiment présents, à vraiment écouter profondément, sans jugement,
sans réactivité, sans défense. Voici l’essence de la compassion, que
ce soit pour nous-mêmes ou pour autrui. Enfin, nous devons apprendre
à traduire tout ce que je viens de dire en une capacité à dialoguer
efficacement avec l’autre. Nous empoisonnons sans cesse nos relations
par notre manière de penser car nous ne savons pas vraiment comment
écouter et parler à partir de quelque chose de vrai en nous. Nous
devons apprendre à créer un environnement sécurisant pour pouvoir
vraiment entendre et être entendu, surtout lorsque nos points de vue
sur le sujet de discussion sont très différents et nous risquons de
nous sentir menacés par les propos de l’autre. Ainsi, des capacités
d’écoute et de communication doivent évoluer avec notre propre croissance
spirituelle. Ces capacités peuvent nous amener à entrer dans une vie
spirituelle plus profonde.
La transformation individuelle est-elle utile pour
la collectivité ?
La transformation individuelle est essentielle pour la
collectivité. L’esprit de la collectivité est essentiellement celui
du troupeau - des schémas de pensées, de réaction et de défense,
des schémas d’acculturation qui définissent ce qui a de la valeur
et ce qui n’en a pas, des schémas de moralité catégorique. Ces schémas
sont reproduits génération après génération. Si nous n’arrivons pas
à dépasser ces schémas, à nous libérer réellement de la peur et trouver
une vraie moralité à l’intérieur de nous-mêmes, nous resterons le
produit de cet esprit du troupeau et ne deviendrons pas vraiment des
êtres conscients. La collectivité ne va jamais nous demander de faire
le travail nécessaire afin de devenir un être conscient. Aucune institution,
aucun système d’éducation publique, aucune église ni parti politique
- ni même, en général, notre propre famille - ne veut vraiment que
nous nous connaissions nous-mêmes, que nous pensions par nous-mêmes.
L’avenir de l’humanité, quel qu’il soit, commence par chacun de nous
individuellement. Cet avenir commence à cet instant même, maintenant,
dans notre capacité à être présents. Le seul moment où quelque chose
de réel puisse exister est maintenant. Nous devons apprendre à cesser
de rêvasser.
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Richard Moss
(Par Marie de Hennezel):
- « Le plus grand cadeau que nous puissions
nous offrir les uns aux autres c'est la profondeur de notre présence
et la finesse de notre attention ».
- "Psychologue, appelée au chevet de personnes angoissées, révoltées,
ou tout simplement infiniment tristes d'avoir à mourir, j'avais appris
que je ne pouvais rien pour soulager cette souffrance de l'âme. Rien,
sinon rester là « au seuil du mystère ». Dans ma peine et mon impuissance.
Consciente que c'était peut-être de la qualité de la présence, de
l'attention et de la confiance que je pouvais offrir en de tels moments,
que dépendait une éventuelle transformation de cet état de souffrance,
une traversée, une libération. Mais rester présent, laisser être,
faire confiance au réel sous toutes ses formes, n'est pas chose facile.
Nous le savons bien pour nous-même. Nous connaissons ces exigences
de l'ego, ces impatiences qui font naître en nous tant de contractions,
de refus. Nous savons combien il est difficile d'accueillir ce qui
est. A fortiori, quand tout va mal pour l'autre, et que nous sommes
là pour l'aider. J'avais découvert que l'acceptation de sa propre
impuissance face a la souffrance d'autrui ouvre un espace de rencontre
situé bien au-delà des mots. A condition d'être présent.« Just care»
« prêtez seulement attention »... honorer l'instant présent...
Il ne se posait pas en "maître", mais humblement comme faisant partie
d'un «être ensemble »au service de la vie. Nous sommes
tous des débutants..."
Cet homme n'avait d'autre objectif que
de m'aider a aller vers moi-même, au sens où Dieu nous y invite, quand
il dit a Abraham: « Va vers toi-même ! » Va vers ton
« Je suis ». Va vers la Réalité qui est déjà présente en
toi, et dont tu traduiras la perception à ta façon. Je suis convaincue
que notre destin spirituel ne se joue nulle part ailleurs qu'en nous-même.
Tout au plus pouvons-nous rencontrer des précurseurs, qui, en éclaireurs,
nous font partager leur expérience.« Aucun homme ne peut rien vous
révéler sinon ce qui repose déjà a demi endormi dans l'aube de votre
connaissance »,dit le poète Khalil Gibran.
Richard fut pour moi un éclaireur. Et qu'a-t-il
éclairé en moi, qui s'y trouvait déjà ? La capacité de s'abandonner
avec confiance, qui n'est rien d'autre que la Foi. Car ce qui m'a
le plus touchée chez Richard, c'est sa Foi. Une Foi communicative
en la Vie. Et comment nous la communiquait-il ? Jamais par des discours.
Simplement en nous invitant à entrer dans l'expérience. Entrer dans
nos peurs, dans notre manque de confiance, jusqu'aux limites de nous-même,
jusqu'à ce point où l'on ne peut plus faire autrement que de lâcher
la contraction de l'ego, pour s'abandonner a ce qui est. C'est ainsi
qu'il nous aidait: en nous communiquant sa propre confiance dans la
capacité que nous avions de découvrir la foi par nous-même. Les paroles
qu'on lira dans ce livre sont une constante invitation a la confiance.
Ce ne sont pas de «bonnes paroles», mais des paroles inspirées.
Des paroles qui viennent de plus loin que celui qui les prononce.
On sent qu'elles le traversent, tel un vent d'inspiration semant des
graines dans nos coeurs ouverts. Certaines de ces paroles m'ont habitée
et m'habitent encore. Ainsi celle-ci qui revient comme un mantra quand
ma propre confiance dans le déroulement des choses flanche :
« Nous sommes dans les mains de quelque chose qui ne nous laissera
jamais tomber ».
Quand nous étions aux prises avec nos peurs, il nous invitait
a l'humour, a rire de nos peurs, a chanter notre désespoir. L'été
dernier, au cours d'une grande randonnée dans l'immensité des montagnes
californiennes, prise par le vertige sur une pente assez raide, il
m'a tendue la main et tout en avançant avec moi, il s'est mis a chanter
«j'ai peur !, je vais tomber !, je vais mourir ! ». Je n'ai pu m'empêcher
de rire, et ma peur est tombée. « Tout ce dont nous pouvons rire n'a
plus aucune emprise sur notre âme »
J'ai médité longtemps sur cette idée chère a Richard,
que nous ne sommes pas là pour chercher le bonheur, mais pour vivre.
Pour étreindre la vie, toute la vie. Une vie faite de contraires car
«la psyché aime les contrastes ». Cela aussi nous aide a rester présents,
impuissants que nous sommes devant la souffrance et la mort. Sinon
comment ne pas être tenté de fuir ou de détruire? Souvenons-nous de
cette jeune femme juive, au seuil du mystère de sa propre destruction
si proche, Etty Hillesum disant: « La vie est belle et pleine de sens
dans son absurdité, pour peu que l'on sache y ménager une place pour
tout et la porter tout entière en soi dans son unité».
Accepter le réel sous toutes ses formes, avoir une confiance
profonde et absolue dans la vastitude que nous sommes, rester présent
et attentif a ce qui est, tout cela se vit d'abord dans le corps que
nous sommes. Les contacts que Richard a eus avec l'Orient, et notamment
l'Inde, ainsi qu'avec la culture amérindienne, l'ont ouvert a cette
attention au corps, lieu d'incarnation de la conscience.
C'est a une conversion qu'il nous invite, soit à
changer notre perception du corps. Depuis des millénaires, en Occident,
nous vivons avec cette notion que l'homme doit utiliser, maîtriser
le corps, comme un objet que l'on possède. Il nous faut découvrir
ce que c'est que « d'être un corps », que d'habiter un corps, et par
la-même apprendre a aimer notre corps, a respecter ce niveau d'organisation
qu'est notre corps, a aimer nos cellules, a sentir ce que nous pensons,
et a penser ce que nous sentons... approcher le corps de l'autre comme
un mystère vivant, avec respect, avec tendresse, véritable célébration
du divin présent en chacun de nous.
A quoi Richard nous invite-t-il ? S'il parle de l'Éveil,
il ne s'agit pas d'une expérience exceptionnelle ou extraordinaire.
Il s'agit d'accepter la vie que nous avons dans ce qu'elle a de quotidien
et d'ordinaire, de « tout simplement humain ». Il s'agit d'entrer
en intimité avec soi-même, avec l'autre, avec ce mystère ou cette
« infinitude » qu'il nomme aussi « Dieu ». Pour cela un seul chemin,
aussi simple qu'exigeant, celui de devenir « disciple de la Vie »,
de la servir avec présente, confiance et attention.
Marie de Hennezel
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- « La maladie est en
toi, et tu ne vois rien.
Le remède ne peut venir que de toi, et tu n'en sais rien.
Tu crois que tu n'es rien de plus qu'un corps minuscule,
Alors qu'en toi se trouve le Macrocosme avec une majuscule. »
Traité du soufisme, La Caravane, 2007
- Ce que tu crois, ce que tu croyais, ce que
tu croiras...
ce que tu ne crois plus vraiment.... ce que tu croiras dorénavant...
jusqu'où et jusqu'à quand peut-on croire ?
- L'empressement. Besoin de se rassurer,
de se justifier.
Vouloir savoir où l'on va. Vouloir commander aux événements.
Besoin de croire à une explication, avant l'heure, au mauvais
moment.
Ne pas savoir attendre la tombée du jour ou le lever du soleil...
Empressement !
Dans mes petits gestes maladroits aux conséquences décuplées...
Dans l'assouvissement à mes émotions...
Dans l'adhésion mentale aux conceptions qui se formulent
mécaniquement en moi sans être vraiment remises en
question.
Voir l'empressement constant à l'oeuvre en soi.
On le nomme souvent "stress", sans aller voir ce que recèle
ce mot.
- « Il ne fait pas de doute qu'un être vivant ne
peut pas jouir de la santé s'il est malade dans ce qu'il
y a de plus élevé en lui (l'Esprit). »
Apollonius de Tyane
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