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Textes d'auteurs (2010)
Crise et Conscience
3e Millénaire, Hiver 2010, No 94

NB: De courts extraits d'articles de la revue, parfois légèrement adaptés.
Crise écologique, crise de l'illusion
Emmanuel Desjardins

- Quand la réalité ne me convient pas, qu'elle soit trop douloureuse ou trop menaçante, je la nie, tout simplement, et je la remplace par une autre réalité de mon cru, certes illusoire, mais beaucoup plus facile à vivre.
- Notre société a généré un profil psychologique assez répandu que l'on peut nommer "l'adolescent douillet et immature". Son cri du coeur peut se résumer en deux propositions : « Je ne veux pas avoir mal » et « Je veux être libre de faire ce qui me plaît ». Nous portons tous ce profil en nous, à des degrés divers et quel que soit notre âge. Parler de responsabilité, de long terme, de décroissance, de consommation éthique, de frugalité heureuse à un adolescent douillet et immature est très décourageant.
- Le contraire d'une attitude fondée sur le déni est une attitude fondée sur l'écoute. Il s'agit de renverser la perspective : plutôt que de tenir la réalité à distance, on plonge au coeur même du problème et on l'aborde dans toute sa complexité. A ce moment-là, il arrive plus souvent qu'on ne le croît que la situation, même difficile, recèle ses propres forces de guérison. L'action ne consiste donc pas à plaquer une solution toute faite de l'extérieur, avec tout ce que cela implique de fascination pour la toute puissance, mais à débloquer de l'intérieur une situation qui détient sa propre solution, pour peu qu'on se mette à l'écoute du réel.
- La confrontation avec la réalité est l'essence même de la spiritualité. Il s'agit de faire face, de "voir". C'est une attitude qui allie l'intelligence et le coeur, la lucidité et la vulnérabilité. Il s'agit de s'intéresser à ses propres illusions et de découvrir les sources où elles s'abreuvent : le désir, la dépendance, la mendicité affective, la souffrance, la peur.
- Pour Andrew Cohen, voir les choses telles qu'elles sont, sans le voile de l'illusion, nécessite deux conditions essentielles :
1- Nous devons être profondément ancrés dans un désir inébranlable d'être libres. Pour pouvoir nous libérer de la peur, de l'ignorance et d'une vie profondément égocentrique, la pratique spirituelle doit être animée par une passion ardente d'aller jusqu'au bout.
2-
Nous devons cesser de ne chercher que ce qui nous arrange ou nous sécurise : « Faire face à tout, ne rien éviter. Si nous voulons être libres, nous devons être prêts à faire face à tout et à ne rien éviter - à tous moments, en tous lieux et en toutes circonstances. »
- Swâni Prajnâpad (1891-1974) disait que l'être humain est en perpétuelle fabrication d'irréel, il crée son propre monde d'irréalité fait de pensées, d'émotions, de désirs. Il bâtit quelque chose d'autre que ce qui est, et batît sur ce quelque chose des espérances.
- Essayez de voir intensément, en profondeur, de manière pénétrante. Tant que vous ne faites pas face, vous ne pouvez pas voir.
- Etty Hillesum, morte à l'âge de 29 ans en 1943, devant affronter les persécutions antisémites nazies... Elle écrivait dans son journal: « Je continue à regarder tout en face... je ne fuis pas la réalité dans de beaux rêves... J'ose regarder chaque souffrance au fond des yeux, la souffrance ne me fait pas peur... Je connais l'air traqué des gens... la persécution, l'oppression, la haine et tout ce sadisme. Je connais tout cela, et je continue à regarder au fond des yeux le moindre fragment de réalité qui s'impose à moi. »
- Cette intention de lucidité n'est pas uniquement intellectuelle. Ne pas se protéger de la réalité, ne pas la fuir, c'est certes la voir, mais c'est aussi la ressentir, lui exposer son coeur. C'est un travail qui demande beaucoup de courage car la destruction de l'illusion est un processus douloureux. Elle nous amène à faire face à une immense souffrance, que nous serions normalement tenté de réprimer.
  La répression n'est pourtant pas la solution. Il s'agit de consentir à ressentir, d'accepter la souffrance intérieure. Nous connaissons tous l'expression « avoir le coeur brisé ». Qui souhaiterait avoir le coeur brisé ? Sur la plan ordinaire, c'est une blessure de l'ego. Un homme quitté brutalement par la femme dont il est follement amoureux aura le coeur brisé. Sur le plan spirituel, le coeur brisé correspond à tout autre chose. Il s'agit dans un premier temps d'accepter la désillusion, de ressentir la souffrance qui en découle, d'en faire la connaissance, de lui ouvrir les bras, de s'y abandonner... s'abandonner à la volonté de Dieu.... Si on poursuit sans résistance et sans déni cette démarche d'abandon, alors ce n'est pas le coeur qui se brise mais la carapace qui l'enveloppe, ce qui nous rend intensément vulnérable et intensément vivant. Le coeur est alors nu, certes sans protection, mais également sans aucune nécessité de se protéger. Comme il n'est plus emprisonné, il peut s'ouvrir et s'élargir à l'infini.

Modernité et civilisations traditionnelles
Érik Sablé

- L'homme moderne, coupé de ses racines temporelles, ne comprend pas l'origine de son malheur et tente de le résoudre par des psychothérapies ou, pire, par de la chimie. Alors que sa souffrance vient, de son absence d'ouverture spirituelle, de cette coupure au monde et à l'autre. Il est enfermé dans un espace de coquille, ignorant que le malheur vient de cet enfermement - car toute joie est dilatation et ouverture. Et si, demain, on supprimait toutes les drogues et tous les dérivatifs, aussi bien les drogues chimiques que l'alcool, le café, les fictions télévisées ou les romans, la situation de l'homme moderne deviendrait rapidement insupportable. Il ne pourrait faire face à sa vie telle qu'elle est, au monde tel qu'il est et aux autres tels qu'ils sont, et cette civilisation s'effondrerait.

Hommage à
Ramesh Balsekar

- ..vous comprenez vraiment que vous n'avez aucun libre arbitre, que vous n'avez aucun contrôle sur quoi que ce soit ; pourtant, ayant accepté cela, vour retournez à vos occupations dans la vie comme si vous disposiez d'un libre arbitre... faites tout ce que vous êtes enclin à faire en accord avec tous les critères de la justice sociale, de moralité, et de responsabilité comme si vous aviez un libre arbitre ; tout en sachant profondément que vous n'en avez aucun... Rien ne peut se passer si ce n'est la volonté de Dieu. Alors, avec cette compréhension, ce qui se passe, c'est que vous prenez vos décisions, vous agissez comme si vous aviez agi, mais le poids de la responsabilité, incluant tout sentiment de culpabilité éventuel ou de regret, ne demeure pas.
- Dieu a créé cet organisme corps-mental avec une programmation telle, que la recherche (spirituelle) s'y amorcera. Si Dieu a produit un corps-mental avec une programmation orientée exclusivement sur la recherche d'argent, cet organisme corps-mental-là recherchera de l'argent ! Il est donc inutile de dire : « Lui ne fait que chercher de l'argent alors que moi, je suis en quête de l'illumination. »
  À partir du moment ou l'égo, l'individu, pense qu'il est un chercheur spirituel, consciemment ou inconsciemment, il se situe au-dessus de quelqu'un en quête d'argent. Cela, en soi, renforce l'ego ! Quand cet ego cessera-t-il d'être renforcé ? Quand vous comprendrez véritablement qu'il n'existe pas de chercheur en quête d'illumination ! La recherche survient par la grâce de Dieu dans un organisme corps-mental que Dieu a programmé de telle façon que cette sorte de recherche se produise. Le processus se produira strictement selon la volonté de Dieu.
- Il y a un individu et il y a un désir. Que le désir soit pour de l'argent, le pouvoir, ou l'illumination, ne fait véritablement aucune différence à partir du moment où il pense être un chercheur... si vous comprenez véritablement qu'il n'y a absolument pas de chercheur cherchant l'illumination, mais que la recherche survient d'elle-même, n'y aura-t-il pas alors, à ce moment-là, une certaine compréhension du fait que si vous n'avez aucun contrôle sur la recherche... La recherche suivra son propre cours... Si vous laissez la quête suivre sont propre cours, il n'y aura pas de souffrance !
- Le sentiment d'une volonté personnelle a disparu. En fait, c'est ça l'illumination. L'illumination signifie qu'il n'y a pas de moi doté d'un sentiment d'agir personnel, autonome. Je ne peux rien faire. Tout ce qui survient est volonté de Dieu. L'acceptation de cela à cent pour cent - qui est l'abandon à la volonté de Dieu - est l'illumination. Cela ne conduit pas à l'illumination, c'est l'illumination.
- Salutations à Vous. Qui êtes l'essence de mon être.
Salutations à la Conscience qui imprègne et pénétre tout et à la Source de la manifestation entière.
Par votre Grâce je chanterai des hymnes de louanges à Votre adresse et serai en permanence dans l'allégresse.
Rien ne peut arriver, si ce n'est Votre volonté... il n'y a aucun sentiment d'être séparé de Vous. À Qui donc adresserai-je mes louanges, et au profit de qui ?

La crise, invitation à une nouvelle civilisation
Thierry Vissac

- L'humanité a peur de perdre ses repères et cette habitude de s'appuyer sur le connu plutôt que de prendre le risque de l'inconnu lui fait parler de crise (avec une connotation négative). Ceux qui tentent de ralentir l'effondrement, parce qu'ils ont des intérêts personnels à préserver, cherchent des moyens de contrôler la situation pour la ramener à ce qu'elle était avant la crise. Mais pour ceux qui sont las de voir dominer le mensonge et la violence, le désir d'accompagner cette mutation de conscience, voire de l'accélérer, trouve un tremplin dans cette situation.
- La crise est l'expression d'un processus naturel de guérison et de croissance que l'on retrouve autant au niveau individuel que collectif.
La crise est la manifestation d'un déséquilibre qui atteint des proportions excessives, comme l'indigestion est la réponse du système digestif qui a subi un excès de nourriture.
- .. le système a dérapé. Ayant perdu le fil directeur de sa conscience, les notions de partage de service et de respect sont devenues très vagues pour l'homme moderne car elles ne peuvent plus s'incarner dans son comportement formaté et conditionné par des décennies d'un matérialisme égocentrique qui se révèle tragique... nous avons laissé le singe dominer le sage...
- Ce grand écart de civilisation entre ceux qui consacrent leur existence à se gaver au-delà des besoins naturels (sans pour autant trouver plus de sens ou de joie à leur vie) et ceux qui ne peuvent même pas manger ou s'abriter est une dérive si flagrante et déjà si ancienne que beaucoup ont fini par perdre espoir en l'humanité.
  La dérive n'est pas nouvelle, elle se rapporte à la tendance de l'ego à se replier sur lui-même, ses propres besoins et ses illusions sans prendre en considération de qui se passe autour de lui. C'est une vision étriquée que l'on trouve à la racine de toutes les souffrances individuelles et collectives. Une société qui prospère sur la vision de l'ego peut subsister pendant un temps, mais doit tôt ou tard rencontrer une crise de grande ampleur.
- Les bouleversements catastrophiques de notre planète trouvent avant tout leur origine dans un déséquilibre spirituel. Si l'homme ne vivait pas sa vie dans une vision compartimentée de l'ego, il n'agirait pas à l'encontre de ses semblables et de la planète. Les méthodes pour "réparer la planète" ne seront durables que si les hommes qui doivent les mettre en place et les préserver élargissent leur champ de vision.
- Le message spirituel est "mal passé", il contenait sans doute trop d'abstraction pour la majorité des gens. Il faut un effondrement matériel, concret, pour que l'humanité prenne conscience de la menace que présente son comportement.
- Une crise est porteuse d'un enseignement. C'est l'intelligence de la àVie qui est à l'oeuvre.
- Cette crise est l'invitation à une nouvelle civilisation. Dans un monde désabusé et désenchanté, le projet est un défi. La crise.. s'adresse tout autant aux "spirituels" en les invitant à un nouveau regard sur leur vie... il nous est devenu impossible de dissocier nos démarches spirituelles, jusqu'alors individualites... de l'espace social... Nous sommes maintenant, tous, devant un projet qui devrait éveiller l'enthousiasme des pionniers. Nous en avons assez dit et tout reste à réaliser.

La transformation
José Reyes

- L'organisation actuelle, reposant sur le modèle des grandes entreprises mondialisées, n'est pas tenable... ce sera l'effondrement... Il faut donc avoir la possibilité de vivre de façon autonome, pourvoir couvrir ses besoins en énergie et en nourriture, gérer ses déchets. Il faudra apprendre à vivre plus simplement. Nous sommes devenus si compliqués ?
- Nous ne pouvons pas rester là où nous en sommes aujourd'hui. Peut-être y aura-t-il beaucoup de gens sacrifiés, mais de cela peut sortir un bien. Cette crise est au service d'un but : nous devons nous y préparer... pour nos fils. Les gens aujourd'hui veulent tant et plus, leur désir de consommer est sans limite, ils accumulent tout ce qu'il est possible d'accumuler. Si l'on sort de ce modèle de consommation, un niveau différent dans les relations humaines va s'établir.
- Établir un nouveau monde, renverser la tendance actuelle... nous ne le pouvons pas. Si nous sommes cristallisés dans une façon de vivre, qu'il est impossible de dissoudre cette cristallisation, que peut-on faire ? Vous avez grandi de cette façon, vos habitudes sont bien ancrées, et tout ce que vous faites, sentez, pensez, représente pour vous votre vie. Est-il possible dans ces conditions d'accepter le changement, de renoncer à ce qui est pour vous votre vie ? Ce sera très dur ! C'est pourquoi je pense que le monde va se détruire lui-même, car il ne peut se maintenir tel qu'il est.
- Ce que nous voyons dehors se passe dedans. Nous sommes des répliques miniatures de ce qui se déroule dans le cosmos. Nous sommes des microcosmes.
- Le chemin suivi par l'humanité n'est pas le bon... une dépendance excessive au pétrole, à l'essence. Notre vie repose sur le plastique... qui nous empoisonne.... Ce qui est à un niveau global possède son analogue en nous. Quelles sont nos dépendances, à quoi nous identifions-nous ? Si vous travaillez sur vous-même, vous allez rentrer dans un processus par lequel le vieux monde intérieur va s'effondrer pour être renouvelé. Nos états d'être sont comme les barreaux d'une échelle, du plus bas au plus haut. L'énergie, selon le degré sur lequel nous sommes sur l'échelle, sera plus ou moins organisée. Si l'énergie que nous produisons correspond au bas de l'échelle, nous sommes soumis à la loi de l'accident. Tout nous arrive, selon des lois s'appliquant mécaniquement. C'est le niveau de l'homme mécanique. Mais plus nous montons sur l'échelle, plus l'énergie devient organisée, et plus les événements semblent s'ordonner eux-mêmes de façon consciente... La question de l'énergie est fondamentale, en nous comme dans le monde, sur la planète.
  Il y a une loi selon laquelle l'énergie d'un niveau supérieur se mélange à celle d'un niveau inférieur pour donner un état intermédiaire. Ce dernier état est plus élevé que le niveau bas précédent, et plus bas que le niveau haut précédent. Vous disposez d'une énergie mécanique et d'une énergie consciente. C'est ainsi que se produisent des moments de rappel de soi. Ces derniers vous procurent une libre énergie sensitive. C'est le point de départ... Alors vous pouvez écouter, voir, toucher, sans être identifié aux objets que vous regardez ou touchez.
  Essayer d'aller directement à l'énergie consciente est très difficile. Il est donc préférable de commencer à un niveau plus simple, qui est celui de la conscience de soi. Monsieur Gurdjieff disait que la sensation, la sensitivité, était le chemin. C'est de cela que nous a coupé la civilisation occidentale. Et c'est là que commence le chemin pour devenir un être humain... Être attentif est le commencement...
- Une approche par la sensation corporelle permettrait de dissoudre cette cristallisation dans un mode de fonctionnement fait de pensées mécaniques (ça pense tout seul), d'émotions mécaniques (se levant en nous toutes seules selon les circonstances), et de gestuelles inconscientes... cette mécanicité, c'est comme du somnambulisme ?
  Au travers de la sensation, vous vous séparez du mode automatique. La cristallisation se forme au niveau de la mécanicité, de l'automatisme. Tout est automatique : les pensées, les sentiments, les sensations. En apportant de la sensitivité, en ayant la sensation de votre corps, vous vous séparez de tout cela. Le niveau automatique perd alors son pouvoir sur vous.
- Vous avez certaines pensées depuis si longtemps que ça coule tout seul. Notre comportement prend toujours le même chemin. Mais quand nous créons de la sensitivité, que nous devenons attentif à nos sensations, nous créons de nouvelles habitudes.
- Vivre de façon plus sensible, être attentif à la sensation corporelle, procure aussi un sentiment de joie... Il y a un contentement intérieur. Mais ce n'est pas comme le plaisir, car celui-ci nécessite un objet. Dans ce contentement, vous n'avez besoin de rien qui soit extérieur à vous-même pour nourrir cet état. Vous êtes bien. Comme ça. Rien ne vous soucie. Vous n'avez besoin de rien, vous ne cherchez rien, vous êtes simplement là où vous êtes. Cela vous offre un état de calme, le temps se ralentit, et vous voyez les choses comme au ralenti. Car là où vous êtes est un lieu qui n'est plus agité par les impressions qui vous arrivent... Vous devenez capable de prendre des décisions d'une portée plus profonde... Le processus de transformation vous rend capables de voir. Vous voyez beaucoup de choses sur votre comportement, vous commencez à percevoir des vues plus amples de notre vie. Vos centres sont équilibrés. Vous voyez vos réactions et êtes capables de les arrêter si nécessaire.
- La respiration aussi a une grande importance. Ou autrement dit, la conscience de la respiration, et la façon dont celle-ci va se lier à la sensation corporelle.
  Il existe plusieurs nourritures. La première est la nourriture physique, la seconde l'air, la troisième les impressions. L'air, s'il est respiré de façon consciente, se mélange aux impressions... Par la respiration, les impressions peuvent transiter à un niveau supérieur, là où elles vous pouvoir être utilisées comme nourriture pour notre être. Les impressions forment la nourriture la plus importante. Mais la plupart du temps, nous ne les assimilons pas.
- Revenons à la sensation corporelle. Vous sentez votre bras, votre poitrine. Les sensations se rassemble, elles deviennent plus substantielles... Vous pouvez sentir la totalité du corps physique ; c'est vous, et en même temps ce n'est pas vous. C'est au-delà du corps physique.

Une économie altruise est-elle possible ?
Serge-Christophe Kolm

- La société occidentale repose sur la croissance économique, et celle-ci repose sur la promesse de satisfaction des désirs matériels. Les désirs, les attachements, ont un début et une fin. Vu par un boudhiste, l'homme "économique" est donc en perpétuelle ébullition ; il n'est maître ni de son esprit ni de ses processus mentaux. S'orienter vers la non-souffrance est donc un chemin inverse à cela.

Suivre humblement la nature
Albert Low

- Ne perdons pas de temps à savoir pour qui sonne le glas ; il sonne pour nous. Ne perdons pas de temps non plus à savoir qui sonne le glas ; la corde pour nous pendre est entre nos mains. Nous devons résoudre nos propres contradictions avant de chercher à résoudre les conflits dans le monde. Tant que les conflits en nous-mêmes et au travail ne trouveront pas un débouché dans la créativité, nous devrons... périr.
- Le total abandon à la volonté divine... Asseyez-vous face à un fait comme un petit enfant, préparez-vous à abandonner toute idée préconçue, suivez humblement la nature partout dans les abysses où elle vous mène, ou vous n'apprendrez rien... Être capable d'être dans l'incertitude, l'inconnu, les doutes, sans rechercher nerveusement des faits concrets et du raisonnable.

La crise bénie
Bernard Montaud

- Chercher à préserver la terre de toute pollution est louable, mais tant que l'on ne cherche pas à nettoyer le pollueur - l'homme - on continuera sans fin à essayer de nettoyer la terre.

Crise et mutation
Charles Antoni
- On n'est peut-être pas très loin d'une nouvelle arche de Noé. Il faut s'y préparer et ne pas fermer les yeux... Contrairement à ce que peuvent penser les humains, il est fort possible que peu de choses dépendent de nous. Nous ne sommes peut-être que des marionnettes manipulées par des forces qui nous dépassent... Il nous faut nous préparer au combat. Tel le samouraï, pratiquer un entraînement qui nous donnera la lucidité nécessaire pour affronter ces temps de très grande dépression.
- Ce temps de récession
est... la chance qui nous est offerte pour balayer ces vieux concepts surannés de profit, de consommation, de "toujours plus".
  Il est toujours question de cette éternelle lutte entre le "paraître" et "l'être". En tant qu'individu nous n'avons cessé de penser que l'avoir nous conduirait à un plus grand état de bien être. Il n'en est peut-être pas ainsi.
- Se coucher de bonne heure, se lever de bonne heure, c'est aller de bonheur en bonheur... il nous faudra faire preuve d'une grande froideur face à tous les événements qui ne vont pas cesser de nous surprendre... une grande lucidité face à l'événementiel et une plus grande distanciation devant toutes les manifestation qui ne vont cesser de déferler à une immense vitesse... se placer au-dessus de la mêlée.
- La vie n'est qu'un songe... tout n'est qu'illusion. Nous vivons, souffrons, mourons, et au final que reste-il ?
- Pour notre survie personnelle, je crois que la seule solution sera la recherche d'une "verticalité". Toute autre façon de voir nous ramènera qu'à une horizontalité soumise aux valeurs de profits de petits bourgeois lobotomisés, qui ne nous conduira qu'à notre propre perte.
 - L'accélération... Jules César avait cette grande habitude, avant de répondre, de compter un certain nombre de fois mentalement au rythme de sa respiration... De nos jours, dans les shows-télé, les meetings politiques... l'on peut voir certains individus parler à une vitesse folle sans prendre le temps de respirer... Rythme effréné qui à présent atteint son paroxysme.
- "C'est seulement le mortel en nous qui souffre, notre être immortel est toujours dans un état de repos bienheureux et immuable." Emerson
- Le combat de "l'être" est le véritable combat, lui seul peut nous imposer sa loi, car il est le grand organisateur : le hasard n'existant pas. Celui qui est proche de son "être" ne passe pas son temps à accumuler des richesses dans la peur de l'imprévu, il laisse ses idées créatrices y suppléer. Seul l'ego cherche à se protéger, l'infini lui, est dépourvu d'inquiétude.
- "Le fou est celui qui a tout perdu, sauf la raison." Chesterton
- Un monde où la "perte du sens" nous conduit à une complète désolation et où le nihilisme règne en maître absolu.
- La Crise engendre, de fait, la peur. Peur qui va sournoisement s'infiltrer dans chaque foyer, produisant perte de confiance et de combativité. Tous les moyens sont bons pour tenter de l'endiguer ; sécurité à tout prix ; s'assurer, se rassurer.
- Face à cet océan d'incertitude, les individus paralysés par la peur à tous les niveaux vont se constituer des "îlots de sécurité" qui finiront par les emmurer définitivement.
- "La guerre dans son ensemble n'est point une science mais un art... Tout ce que l'on peut nommer la poésie et la métaphysique de la guerre, influera éternellement sur les résultats." Général Henri-Antoine Jamori

- L'Homme Véritable : « Son regard peut sonder les profondeurs du ciel, les abîmes de la terre, et jusqu'aux plus lointains horizons, sans que son esprit s'émeuve. » Lie-Tseu
- Nous devons comprendre que nous sommes embarqués dans un processus irréversible, un point de non-retour. Peut-être s'agit-t-il d'une mutation comme cela a pu survenir à certaines périodes de l'histoire. Une sorte de saut quantique... L'homme devra s'inventer une autre post-modernité s'il ne veut pas succomber définitivement sous les larves du volcan.
  Pour s'armer face à l'inconnu qui nous attend, il nous faudra franchir deux obstacles de taille qui sont : la peur et l'indétermination de la volonté... Conscience d'une présence totale dans "l'ici et maintenant" aboutissant à l'acquisition du vide parfait... affronter ses propres démons.
  Dur combat à mener, soutenu par une volonté sans faille, que rien ne devra perturber. L'épée de la vigilance sera la seule arme qui nous est déchue dans cette quête de "l'instant présent"...
- « Le samouraï ne doit avoir plus aucun égarement d'esprit, ne jamais se relâcher à aucun moment, depuis le matin. Polir ces deux vertus : sagesse et volonté. Aiguiser les deux fonctions de ses yeux : voir et regarder. Alors les nuages de l'égarement se dissiperont, c'est là le vrai "vide". » Myamoto Musashi
Le message des Kogi
Shanti Mayi

- Les Kogi, seule tribu précolombienne existante.. non conquise par les espagnols... se désignent comme 'Frère Aîné' du monde, en appelant "Petit Frère" le reste du monde.
- Ils ont observés, dans la Sierra Nevada de Colombie, que la nature subissait des changements nuisibles à la Vie sur terre. Ils disent qu'à cause de notre comportement, de notre négligence et de notre obcession des biens matériels, nous étions à détruire le monde.
- Les Gardiens de l'Harmonie de la Terre se sont rencontrés dans ce lieu sacré qu'est notre Terre-mère pour convenir d'une décision ultime. La grande majorité pensait que nous avions déjà atteint un point de non-retour et que le plus souhaitable serait, étant donné le triste désastre produit par les Enfants de la Terre envers la Vie, d'encourager l'hécatombe une fois pour toutes.
  Quelques uns gardèrent le silence. Puis, lorsqu'ils furent autorisés à parler, ils exprimèrenet une vision des choses différente.
  Il est vrai que nous sommes au bord d'une cinquième catastrophe universelle - tous les signes naturels de la Vie le montrent - mais ce n'est pas à nous, les Gardiens de l'Harmonie de la Terre, de provoquer l'ultime catastrophe. Cette décision est un Plan Sacré des Etres Sacrés et c'est à eux qu'il incombe de poursuivre notre engagement pour harmoniser la Vie de la Terre-mère. La décison s'est avérée être de continuer, grâce à la vertu sacrée convenue pour eux en tant que Gardiens de l'Harmonie de la Vie sur notre Terre-mère.
  Afin d'atteindre leur but, les agents de l'ombre ont recours à toutes les méthodes et techniques possibles et imaginables : bio-politiques, médias de masse, économiques, technocratiques, virtuelles, militaires, religieuses, ritualistes... à la fois anciennes, modernes et post-modernes. Ainsi, un gigantesque dispositif d'angoisse est déployé, déclenchant des mécanismes qui servent à piéger l'esprit, le mental et le corps, afin de les faire fonctionner et agir selon leurs propres pouvoirs les plus sombres, entièrement persuadés d'avoir accompli ce qui est bon et approprié.
  Le plus curieurx, dans ce nouveau dispositif d'angoisse, c'est que la grande majorité des gens n'est pas consciente de la manipulation dont elle fait l'objet. Les conséquences ne sont rien de moins qu'un immense désastre causé à la Nature toute entière, à l'esprit, au mental, au corps, à la culture et à la société.
- Peut-être devrions-nous avoir honte de notre cruelle humanité... honte des vastes forêts dévastées... honte des eaux contaminées et de la vie qui y meurt... de la couche d'ozone dévastée, honte de la pollution de l'air... de tous les homicides...
- Serons-nous capables, avec le paragigme que nous avons essentiellement formulé, de réduire l'étendue du désastre écologique que nous avons provoqué ? Peut-être qu'avec ce paradigme humain, nous allons seulement trouver des palliatifs temporaires qui s'avèreront insuffisants pour la guérison et le rétablissement indispensables à l'Harmonie de la Vie sur note Terre-mère. Cette tâche urgente nécessite plus qu'un simple revirement de paragigme. Elle nécessite d'abandonner le paradigme humain de consommation. Elle nécessite la construction d'un nouvel esprit, d'un nouveau mental, d'un nouveau corps... bref, la construction de nouveaux modes d'existence. Nous sommes confrontés à un désastre mondial, à une catastrophe imminente...
  L'histoire de la Vie sur Terre est passée par 4-5 cataclysmes après lesquels la Vie fut entièrement renouvelée, de façon radicale... La période transitoire pour passer d'un Âge à un autre a toujours été marquée par un cataclysme mondial dû à une crise généralisée... La seule certitude que nous puissions avoir, c'est que la période que nous vivons actuellement est d'ores et déjà le vestige archéologique d'un passé sans aucun rapport avec les temps à venir.
- Il se peut que nous revenions sous une forme différente... nous réinventant nous-mêmes en tant qu'êtres humains. Afin de survivre pendant l'Âge présent, nous devons abandonner la condition humaine et sa nature dévastatrice ; si nous souhaitons survivre dans l'Âge imminent, nous devrons créer une condition post-humaine qui respecte toute vie et son environnement.
  Tout est possible, pour la force de volonté qu'a le corps ; un corps peut en effet réaliser tout lorsqu'il le veut, lorsqu'il aspire à une nouvelle perspective de Vie, et plus encore lorsque de nouvelles conditions de Vie l'exigent.
- Nous avons une responsabilité énorme envers nos enfants. Ils voient clairement tout ce que nous faisons et décident consciemment s'ils souhaitent reproduire ou pas ce que nous, leurs parents, avons fait... Chacune de nos actions a des répercussions sur les sept générations précédentes, ainsi que sur les sept générations suivantes. Et c'est d'autant plus prépondérant que dans cette période de transition, il y a beaucoup à faire et beaucoup à décider. Nous pouvons nous autoriser à être bêtement piégés par ce dispositif d'angoisse qui jette une ombre sur la Vie, cherchant à la détruire, ou bien nous pouvons, si nous le voulons, nous harmoniser avec l'énergie lumineuse qui émane du Coeur de la Terre-mère - avec la Lumière de la Vie qui émande de l'Être céleste - afin d'écarter la sorcellerie de la catastrophe et la traverser, pour aller vers l'éternité.
  Il ne s'agit ni d'une nouvelle pratique de résistance, ni de combat. Il s'agit d'un mode d'existence nouveau qui nous harmonise, tout en nous unissant à la nouvelle perspective d'Harmonisation de la Vie, dans le même contexte que la catastrophe à venir, suite à laquelle la Terre-mère donnera naissance à une nouvelle perspective pour sa Vie.
- Notre civilisation se meurt, et c'est peut-être une bonne chose. Elle était démodée... Lorsque nous ne prenons plus soin les uns des autres, ni de la vie, une civilisation doit s'éteindre, pour qu'une humanité intégralement illuminée puisse émerger, comme un phoenix renait de ses cendres. Il est temps de s'éveiller, et c'est maintenant qu'il faut le faire... Tout encourage l'Éveil de façon urgente. Nulle autre possibilité n'est envisageable, car il s'agit là de l'unique moyen de continuer ce chemin divin.

Éloge de la sobriété dans la solidarité...
Pierre-Jean Garel

- La chance de goûter la vie autrement, d'organiser sur d'autres bases, saines et équilibrées, une société frugale et solidaire.
- « Oui, lucides et attristés doivent être les yeux de demain devant le pillage institutionnalisé, l'apprauvissement des pauvres, avant que n'apparaisse enfin, au-delà du désordre, l'ordre de la dignité, de l'indépendance et de la fraternité. »
Han Suyin
- Exister au mindre coût global, pour d'autres profits, d'autres bénéfices qui ne s'exprimeront plus en termes financiers pour les seuls actionnaires, mais pour tous en qualité de vie, d'environnement, de mode relationnel plus solidaire, d'activités personnelles diversifiées.
- "La pauvreté seule sauvera le monde..." Michel Serres

Crise de conscience de l'ego-humanité
Serge Pastor
- "Un autre monde est possible, mais il est dans celui-ci." Paul Éluard
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Le concept Ego-Humanité est le concept d'unité de la race humaine. Il est devenu de nos jours une réalité observable et quantifiable.
- Quelles que soient les distances qui séparent les populations d'un continent des autres populations réparties ailleurs sur le globe, tous les ego individuels sont tissés et construits autour des mêmes besoins, des mêmes désirs, des mêmes émotions, des mêmes pensées, des mêmes souffrances, des mêmes stratégies face au danger et à la survie. Il n'y a aucune différence d'élaboration du « moi » d'un enfant africain que dans celui qui régit la création de l'ego d'un enfant européen ou asiatique. Ses peurs, ses pleurs comme ses joies, ses envies, ses croyances, ses besoins, sa soif d'amour et de vérité sont tissés sur les mêmes archétypes de base...
- Lorsque chaque être humain traverse une crise psychologique, mentale, émotive ou physique, majeure ou mineure, l'Ego-Humanité s'en trouve affecté dans son ensemble et croire que l'impact à l'échelle de la planète des crises d'un seul individu, soit mineur, est un leurre. Tout est dans tout et chaque partie résonne à l'infini dans le tout et inversement... On peut parler de résonnance énergétique et magnétique entre mon petit ego et l'Ego-Humanité. Il convient de voir ce dernier comme un vaste réseau complexe horizontal, vertical et transversal reliant chaque partie unitaire à l'ensemble du système planétaire... Rien en ce monde n'est définitivement séparé et isolé... Je suis le monde...
- L'identification de l'être humain à sa seule portion égocentrique est à l'origine de tout conflit et de toute crise contractée en ce monde. La recherche du profit personnel, le non respect de l'autre, du "différent", la cupidité, la quête de satisfactions personnelles, ne font qu'engendrer la colère, la dysharmonie, la jalousie et la haine, bref tous les ingrédients propres à générer de la crise au sein des relations humaines les plus élémentaires.
  Ajoutez à cela la perte des valeurs sociales et morales qui fédéraient les générations précédentes et leur remplacement par la seule quête de l'auto-satisfaction égotique, sans oublier l'indifférence et l'insoucience vis-à-vis de la misère du monde et vous aurez un tableau fidèle d'une partie de l'Ego-Humanité contemporain... les misères et la paupérisation des peuples frappés de plein fouet par la cupidité des minorités détenant les pouvoirs religieux, financiers, politiques ou militaires sans se préoccuper des besoins réels des populations...
- En y regardant de plus près, on s'aperçoit que la crise mondiale qui affecte l'Ego-Humanité n'est rien d'autre que l'écho de la même crise qui frappe tout ego individuel. Il est intéressant de faire un parallèle étonnemment parlant entre la "saturation" des réseaux de communication spatiales, aériennes, terrestres, maritimes et fluviales et les réseaux de communications et d'informations qui sont transmises via le corps énergétique, le cerveau, les nerfs, les fibres et les glandes à sécrétions internes et externes. La pollution mondiale qui engendre le réchauffement climatique avec une hausse de température inquiétante, n'est-elle pas assimilable sur le plan personnel à la montée de la fièvre lorsque notre corps individuel est soumis aux excès et obstrué par de mauvais choix en matière de nourriture physique ou spirituelle ?
  La gestion démentielle et anarchique des traitements de tous les déchets terrestres n'est-elle pas comparable à la mauvaise gestion des aliments que nous ingérons ? La crise mondiale qui terrasse l'Ego-Humanité depuis de nombreuses années ressemble à s'y méprendre à la crise cardiaque qui frappe un individu de plein fouet.
- Le petit moi que je suis ne serait-il pas en réalité "manipulé", drivé, orienté dans ses choix, ses opinions, ses pensées ? Lorsque cela est observable et évident pour moi, ai-je les moyens de me libérer de cela et puis-je voir par moi-même, autrement le monde qu'à travers les dire des uns ou des autres ?
  Ai-je le libre arbitre ? Et dans ce cas, l'arbitre est-il libre ? La pensée duelle peut-elle être libre de ses choix alors même que sa fondation est basée sur la répétition mécanique du passé.
- La manipulation de la conscience individuelle par l'Ego-Humanité est telle que le petit moi est littéralement enfermé dans la forteresse des croyances, des idées et des souhaits. On alimente le marché du rêve individuel - belle fortune, belle situation, belle voiture... On incite l'ego à vivre à crédit et à se placer ainsi sous la domination des banques... les mailles du filet de l'Ego-Humanité tiennent ainsi prisonniers les ego individuels.
- On peu assimiler l'ego à une solide forteresse à l'intérieur de laquelle il puise sa nourriture. Bien au chaud à l'intérieur des ramparts, les opinions, les idéaux, les passions, les désirs, les souhaits, les rêves, les contradictions, les pensées répliquées vont bon train et forment la vie de mon ego. Ce dernier est totalement hermétique à ce qui se passe derrière les ramparts... Les murs sont bétonnés, sans ouverture sur un autre possible. La lumière ne pénètre d'ailleurs pas en ce monde qui vit en vase clos, un monde strictement personnel en lequel les ténébres resplandissent...
  Au fil des crises de l'individu, quelques ouvertures se produisent, les murs se lézardent...
-  Cependant, les résistances internes sont là. L'ego ne veut pas disparaître. Il ne veut pas mourir. Il est à la fois le dernier rempart à l'éclosion de l'amour et l'ultime gardien du seuil...
  Le Penseur ne veut pas lâcher le morceau car il va de sa sécurité psychologique, de son identité propre... À chaque instant, le Penseur réplique, des pensées sans cesse répétées qui saturent et désorganisent notre esprit. Il n'est donc pas un instrument fiable de vision lucide face à toutes les crises humaines traversées.
  Son hégémonie prend peu à peu fin dans l'état de silence dans lequel l'être voit, sent, regarde et agit sans les filtres habituels de la pensée dualiste. Si je peux vivre dans l'être qui n'est pas crise mais qui observe la crise comme un processus inévitable permettant les expansions de la conscience nécessaires à l'émergence de la vision, il est impératif que je puisse regarder silencieusement et sans penser, chacune des milliers de pensées qui traversent mon esprit quotidiennement, sans m'y attacher, sans les saisir, sans les conserver ou chercher à les analyser. Il s'agit simplement d'un constat lucide et éclairant, d'une perception immédiate et non différée de ce que je suis dans mon quotidien d'homme et de femme. Ce constat même est action.
  L'émergence de "l'un" ne peut être qu'action et non réaction. Elle est un regard simple mais profond sur les processus psychiques conscients et inconscients qui traversent la forteresse de mon ego quotidiennement. De cet observation, sans qu'il y ait un observateur pour juger, trier, choisir, sélectionner ou chercher à modifier, naît la vision dépouillée de ce qui est.
  La vision de ce qui est est tel un laser sans concessions qui balaie tout sur son passage, emportant toute crise dans sa propre structure et offrant la juste attitude à adopter dans le quotidien... il s'agit d'un élargissement de la vision qui transcende le simple processus de la conscience duelle.
  Lorsque l'être humain abandonne la "saisie" du monde, lorsqu'il cesse de voir le monde à l'extérieur de lui-même, lorsqu'il tait l'agitation habituelle du grouillement de ses pensées parasites, lorsqu'il est silence, la vision est alors en chemin et toute crise peut être traversée avec sérénité et confiance. Il se produit parallèlement une mutation de la conscience qui devient regard lucide et bienveillant.
- Seul un esprit neuf et libéré des modèles et archétypes du passé peut voir la crise comme un bienfait, une opportunité et une chance offert pour enclencher le processus de tout changement.
  Il n'existe donc aucun monde imaginaire qui viendra "sauver" celui-ci. Si une ébauche de solution est possible, elle est dans la compréhension intime des mécanismes de ce monde-ci grâce à une vision éclairante de ce qui est et non dans un monde virtuel qui veut changer le monde existant.
Nous ne sommes rien, infiniment rien, et c'est une très bonne nouvelle !
Pierre Yves

- Il n'y a pas d'individu, si le travail doit se faire, il se fait. La réalisation se produira si elle doit se produire.
- Le Divin est TOUT et peut donc prendre X chemins...
- Le Divin, la Vie étant toute chose est aussi bien entendu notre ego.
- Il m'apparut soudainement, de façon claire et évidente, que nous n'étions pas ce que nous croyions être, mais qu'en réalité nous sommes quelque chose de beaucoup plus vaste... une vastitude ouverte... la Vie.
  Cette Vie est en temps ordinaire masquée par notre mental et son attirail de pensées, mais en réalité que l'on en ait conscience ou pas cette Vie est tout le temps là à l'arrière plan. Elle ne demande rien, n'exige rien, ne veut rien, elle est juste là : absolue Présence.
  Par la suite, le "moi" est revenu, mais à présent lorsque celui-ci est trop présent, une faculté de "descendre du vélo pour me voir pédaler" apparaît.
  L'ouverture est pure grâce, c'est la connexion soudaine avec l'arrière plan, on vient de là, et on naît avec la nostalgie de notre origine chevillée au corps.
- « Je crois que Dieu ce sont les hommes, mais ils ne le savent pas. » Jacques Brel
- Des sommités en leur temps ont défrayés la chronique de la spiritualité (Moïse, Mahomet, Jésus, Krisna, Gouddha...) et nous ont transmis un message toujours d'actualité. Mais d'autres, bien qu'ayant connecté aussi cet arrière-plan vont rester d'illustres inconnus, et bizarrement ils oeuvrent tout autant.
  Au niveau de la Vie, il n'y a pas de passage obligé, de hiérarchie, de crescendo... De ce fait, il n'y a pas non plus de fourvoiement, de mauvaises pistes, de voie sans issue... Le bon chemin c'est celui que tu prends et même si à un moment il te paraît être une impassse. Un des paradoxes de la vie, c'est que l'on apprend bien plus de loupés que de nos réussites.
  La vie est comme elle est, elle a une hamonie qui lui est propre... Et nous minuscule rouage, nous voudrions comprendre le sens et le but de tout cela. Lorsque cette immensité nous connecte, on l'accueille, sans chercher à expliquer. C'est un plaisir que l'on goûte dans l'instant. Après, ce que l'on va élaborer autour n'est qu'une vaine tentative d'explication de quelque chose qui est juste à vivre.
Autres extraits de Pierre Yves (Pour une conscience ludique)
- La clé est là. Oublions ce que nous savons ou croyons savoir. Abandonnons nos certitudes figées. Nous étouffons le Réel. Retrouvons une candeur...
- Il existe en l'humain une autre dimension. Accepter ce divin désordre qui est un ordre qui nous dépasse. Laisser la vie se révéler en restant totalement disponible. Quelque chose d'inattendu nous attends...
- On naît où l’on EST.

Les trois dimensions de la crise
3º Millénaire
- Il faudrait 3 à 8 planètes Terre pour que l'ensemble de la population mondiale accède au niveau de vie de l'européen moyen. À la fin de sa vie, Jacques-Yves Cousteau voyait dans la croissance démographique le premier fléau planétaire.
- Le problème insurmontable, c'est que nous ne savons pas voir ce qui est : voir mes désirs et mes peurs, ma pollution, mon comportement antisocial... je me fous de la crise écologique, des peuples démunis loin de chez moi... L'absence de Conscience morale ne permet pas à l'homme actuel de voir sa situation ou la vérité en face.
- Où est la sortie ? Nous sommes dans l'impossibilité de répondre concrètement... Les théories portant par exemple sur la décroissance ou autre ne sont pas intégrables dans le cadre des règles actuelles du système économique mondial qui prend racine dans les siècles passées, c'est-à-dire dans une vision de l'homme ramenée à l'ego ; et, plus exactement, à une entité qui se sent séparée du monde et des autres, et qui s'évertue à croire qu'elle ne l'est pas.
- La sortie de crise est en nous : dans la compréhension directe que nous pouvons avoir de nous-même, suivant l'approche méditative de l'observation globale et non-duelle de soi.
- Travailler pour gagner notre vie ! N'est-ce pas plutôt la perdre ? Travail qui va devenir en Occident une activité en voie de disparition. Travail devenu un épouventable pensum, aliénant et abrutissant, avec ses aspects mécaniques, robotisés et irresponsables. La relation de l'homme avec le travail est devenu tragique, parce que le salarié ne s'y retrouve plus tant il s'y sent extérieur. L'homme se sent divisé tant il semble inapte à se percevoir comme appartenant à un tout. La division du travail sclérose l'intelligence et l'imagination des ouvriers.
- Il est désormais impossible de revenir à une société de plein emploi. L'autre étape
incontournable qui nous attend sera le partage du travail. Or elle s'avère aujourd'hui totalement inapplicable à grande échelle sans engendrer des crises d'ego en tout genre.
- Dans sa forme actuelle, l'éducation sur le mode occidental est un échec. Son but est de sélectionner les plus aptes pour suivre des études supérieures, condamnant les autres à faire un travail manuel peu valorisé ou à décrocher.
- Cette crise de l'économie, de l'écologie et du travail résulte de notre incapacité à voir et à penser réellement.
  Ce que nous appelons habituellement "penser" se déroule en mots, en images, souvent floues et sombres, en impressions vagues, c'est-à-dire en mémoires... Ce mode de penser est totalement séparé de notre capacité à agir, ou de notre volonté.
- Penser réellement n'est pas un acte mécanique qui relève du conditionnment cérébral. C'est un éveil de notre totalité (sensibilité + amour + intelligence). Il n'y a pas de penser réel sans amour et sans présence de notre globalité (corps x âme x esprit).
  Ce n'est pas dans le brouhaha mental que nous pouvons penser.. c'est dans la vision pénétrante de ce brouhaha, de l'illusion de penser, que la lumière de la raison peut s'éclairer d'elle-même. Penser est alors l'acte pur du silence qui touche aux fibres de la volonté, procédant d'un niveau vibratoire beaucoup plus conscient que l'état de veille ordinaire dans lequel nous croyons penser alors que nous dormons. C'est d'ailleurs parce que nous ne pensons pas réellement que nous n'agissions plus.
 
Autres pensées ou extraits
Satya Narayan Goenka - Pénétrer dans la sensation par l'observation... Un exercice de base est de se concentrer sur la respiration et par ce moyen, d'observer l'interdépendance de l'esprit et de la matière. Le pas suivant consite à observer les sensations qui, comme le souffle, sont intimement liées à l'esprit et ofrent un reflet de l'état mental présent... La technique consiste uniquement à observer, à demeurer un témoin silencieux de la réalité telle qu'elle est, et non pas telle que vous aimeriez qu'elle soit.
- C'est dans la sensation que réside la racine de la souffrance et dont il faut venir à bout. Observez-vous vous-même, observez votre esprit et votre corps. Au fur et à mesure que vous approfondissez votre observation, vous ne trouvez que des sensations, rien que des sensations... Si la sensation est agréable, la réaction devient l'avidité, si la sensation est désagréable, elle devient de l'aversion... Vous faites l'expérience de cette succession d'apparition et de disparition dans toutes vos sensations, et alors vous observez de façon juste. L'origine de la souffrance réside donc dans cette succession d'avidité et d'aversion. Seule l'observation non-duelle, donc hors de la dualilté observateur -chose observée, peut permettre de sortir de ce cycle infernal.
Don Miguel Ruiz - Il est possible de vivre autrement que dans la peur, la frustration, la colère, le déni de soi. Il va falloir apprendre la chasse : jusqu'à présent, nous sommes la proie de l'ego qui se nourrit des émotions négatives, de notre image illusoire. Nous pouvons devenir chasseur, par un renversement de notre attention vers nos réactions, de façon sentie : « c'est une guerre destinée à vous libérer du rêve qui contrôle votre vie ». Traquer ses réactions, sans relâche, devrait mener à leur contrôle. L'étape suivante sera celle du pardon.
Osho - Il décrit son illumination qu'il rechercha ardemment depuis l'enfance. « Je ne faisais rien ! Désormais, cela me dépassait. J'avais médité pendant des années, assis en silence, sans rien faire, et peu à peu j'arrivais dans cet espace où vous êtes, et vous ne faites rien ; vous êtes simplement là, une présence, un observateur. Vous n'êtes même pas un observateur parce que vous n'observez pas - vous êtes juste une présence. C'est arrivé dans un état de totale relaxation. J'avais tout essayé. Puis voyant la futilité de tout effort, j'ai abandonné ce projet. J'ai arrêté de travailler sur moi. Il arrive un moment où vous vous voyez la fulilité de l'effort. Une nouvelle énergie se manifesta. Elle venait de nulle part et de partout. Cette nuit-là, je mourus et naquis à nouveau. J'ai connu bien d'autres morts, mais elles n'étaient rien comparées à celle-ci, elles étaient des morts partielles. Parfois le coprs meurt, parfois une partie du mental meurt, parfois une partie de l'ego meurt, mais en ce qui concerne la personne, elle subsiste. Cette nuit-là, la mort fut totale. Ce fut un rendez-vous avec la mort et avec Dieu simultanément. »