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Textes d'auteurs (2009)
Méditer
Un mode de vie  ?
3e Millénaire, Automne 2009, No 93

NB: De courts extraits d'articles de la revue, parfois légèrement adaptés.
3º Millénaire

- La méditation n'a pas pour vocation d'être une technique de plus au service de l'ego. Elle découle de la connaissance de soi, grâce à la lucidité ou la vigilance intérieures, qui est une attention libre de toute intention... Elle implique une observation honnête de nous-même... Au point de ne pas savoir, ou de ne plus savoir comment faire ou comment s'y prendre !

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Vimela Thakar

- Ne nous trompons pas. Si nous sommes pressés de changer... impatients d'avoir des expériences, vous pouvez en avoir. Mais les changements, les expériences, n'impliquent pas la croissance. Celle-ci s'établit dans la totalité de votre être, pas dans une partie ou un fragment.
- Quand l'égo-conscience se détend dans la non-action, là où se trouve la silence, alors l'énergie universelle, non conditionnée, agit sur l'être et les fonctions du corps, le remplit avec une vigueur et une vitalité nouvelles.
- Comment s'asseoir ? Vous le faites confortablement, la colonne et la tête droites, respirant correctement, pas avec énergie mais simplement tranquillement, avec grâce. En respirant profondément... Vous commencerez à remarquer que des parties de votre corps sont raides et rigides...
-
Une fois entré dans le silence, que faites-vous ? Vous ne faites rien. Vous pénétrez maintenant dans une réalité de non-agir, de non-expérience, de non-savoir. Maintenant vous êtes réellement vous-même, vous rejoignez la maison.
- Le piège du mental est de toujours interpréter le nouveau avec le vieux. Si vous ne tombez pas dans ce piège, les sons et les lumières dans le corps, qui ne seront ni interprétés, ni évalués, ni comparés, vont êtes notés pendant un temps, puis ne seront plus observés. Le mental ne les a pas créés ; ils ont leur propre mouvement.
  Vous commencez maintenant à remarquer le mouvement de la pensée. Le passé humain en totalité, l'expérience, le savoir, viennent à la surface. Où cela est-il, et pourquoi cela vient-il ? Cela apparaît parce que c'est une substance de votre être. Le passé est gravé en vous. La pensée humaine dans sa totalité est incorporée dans votre chair, vos os, votre sang et elle a sa propre impulsion.
  Le plan verbal est un niveau immense, et il est contenu en vous sous forme de vibrations - les pensées et les émotions existent sous forme de vibrations. Vous avez vu le corps que l'on appelle grossier, extérieur, mais vous n'aviez jamais vu le corps intérieur, le corps vibratoire... Vous pouvez remarquer que le corps intérieur subtil a beaucoup plus de pouvoir que le corps grossier extérieur.
- Si vous souhaitez poursuivre le voyage dans l'inconnu, vous n'engagez aucune action qui soit attachée au passé. Vous observez le mouvement des pensées et le mouvement de la respiration qui entre et qui sort, sans comparaison, sans jugement. Le conditionnement de la race humaine dans sa totalité remue en vous comme des formes mouvantes dans l'espace, mais elles n'interfèrent pas, elles ne sont plus les agents que gouvernent votre vie. Le mental, qui auparavant vous faisait danser sur sa musique, donnait des ordres à vos sens afin de gratifier ses sensations, ses besoins, ses désirs, perd sa tyrannie, et vous remarquez que l'ensemble de la structure vibratoire de la pensée perd de son adhérence.
  Quand la structure de la pensée perd de son adhérence, vous n'êtes plus là. Avant, vous étiez là comme un observateur. Vous étiez assis devant le miroir et observiez les mouvements de votre corps, de votre mental. Maintenant vous entrez dans une dimension différente. L'observation touche à sa fin, et il y a la dimension du silence, elle est indépendante de tout mouvement. Vous êtes alors immergé dans le vide de l'espace intérieur. Vous quittez l'orbite des énergies conditionnées, canalisées et de leur manière de faire pour aller dans votre être. Vous êtes immergé dans la conscience où rien n'a jamais été conditionné.
  Il n'y a plus de "ici" ni de "vous". Il y a seulement la totalité d'être libre de toutes les pressions, les tensions de la pensée, de la mémoire et de la réaction. La cessation de toute les identifications ouvre le panorama du silence.

Sa vraie nature
Jacques Vigne

- Dès que l'on tourne le regard vers le dedans, c'est la méditation. C'est donc un regard tourné vers les sensations, les intuitions issues du corps, plutôt qu'une analyse discursive qui procéderait plus d'une voie d'introspection psychologique.
- Certes, il n'y a rien à faire, mais il y a beaucoup à défaire.

Personne ne médite
La méditation est-elle nécessaire ?
Steven Harrison

- La méditation a un usage technique. Elle paraît nous détendre, abaisser la pression sangaine, accroître la concentration. Mais je voudrais suggérer que cette méditation n'a aucune utilité pour ce qui est d'une transformation fondamentale. C'est là où toute technologie devient inutile, y compris la méditation ou d'autres techniques psycho-spirituelles... Si on ne renonce pas à la méditation en tant que technique, elle devient comme une drogue, et elle génère un état ressenti comme agréable, qui a un intérêt, qui construit une image sociale d'être spirituel... C'est mieux qu'une addiction à la drogue. Mais ce n'est pas vraiment différent sur le fond.
  La souffrance et les conflits sont des messagers. L'inconfort se transforme quand la résistance se dissout, et une écoute libre apparaît. Le message émerge, en même temps que la souffrance et le moi résistant s'effacent dans le silence.
- Vous avez l'idée que le moi peut faire quelque chose quant à sa condition. C'est l'illusion fondamentale... Celui qui fait quelque chose est en fait le problème.
- L'espérance d'être libre et la mesure de notre réussite créent elles-mêmes le conflit.
- Vous essayez constamment de vous corriger, et ce faisant vous créez le vrai problème... Il n'y a rien à faire... Soyez seulement avec ce qui est, qui n'est pas divisible, et ne peut être résolu - et est imparfait..
- Ne rien faire avec la douleur change la dimension dans laquelle elle se trouve. Ce n'est pas qu'elle disparaît mais elle ne condense pas l'énergie du "faire quelque chose". La fonction du faire ne reflète alors plus cette idée de "moi", qui est souffrance. Elle s'élargit en une relation avec la vie toute entière.

Méditation et reconciliation
Éric Edelmann

- Partez de l'intention de vous connecter à l'essentiel en vous-mêmes. Quelle que soit la manière dont vous pressentez cet exercice, il y a une impulsion qui fait qu'on est sur la Voie, une étincelle, une raison profonde qui fait qu'on est là maintenant, qu'on se retrouve ici, assis sur ce coussin.
- La paix est à quelques secondes, juste le temps d'opérer un branchement et de le maintenir... Est-ce que je crois, pressens, que cette paix m'attend au-dedans de moi-même ?

De la forme au sans forme
"Débancher l'attention du mental et la rediriger vers le corps intérieur"
Marina Borruso

- La méditation est de rester avec soi-même... Nous sommes présents, il n'y a rien à faire. Juste être. Il peut y avoir un niveau d'action très faible, comme par exemple suivre la respiration, ou percevoir le corps intérieur. Mais principalement, la méditation apparaît dans le non agir. Nous n'essayons pas de comprendre, de contrôler, d'arriver à un certain niveau. Vous demeurez, comme vous le pouvez, où vous êtes.
- Quand vous êtes identifié à la pensée, vous êtes identifié à la forme, le monde des formes, et le faire. Pour être avec vous-même, rester avec vous-même, pour sortir de l'identification, débranchez votre attention du mental. C'est vraiment comme une prise de courant. Vous débranchez et où allez-vous ? Dans le corps intérieur. Car quoi qu'il expérimente, cela se passe dans le moment présent. Si quelque chose vient du passsé, les sensations correspondantes arrivent dans le présent. C'est pourquoi le corps intérieur est si important. La respiration est une façon de se brancher sur le corps intérieur. L'action, si on peut l'appeler ainsi, est donc de se débrancher de l'attention du mental et de la rediriger vers le corps intérieur. L'attention est libérée du mental. Quand l'attention est branchée sur le mental, elle se perd dans les pensées. Quand l'attention est branchée sur le corps intérieur, elle est dans le Présent. Libre et vivante.
- Les pensées peuvent continuer à apparaître. Vous pouvez continuer à percevoir les pensées traversant le mental. Vous n'avez pas à arrêter le mental pour être présent.
- Le mental devient plus calme. Débrancher l'attention du mental, et la brancher sur le corps intérieur, c'est sortir du passé et du futur, c'est-à-dire du mouvement du mental. C'est en fait très simple. Ce n'est pas vraiment faire quelque chose. Mais au début, on doit le faire constamment, de façon à ce que le mental se détende. Nous pouvons alors rester dans le corps intérieur, par exemple avec la sensation de notre vitalité, d'être vivant, sans interférences. Mais le point n'est pas tant que les interférences mentales s'arrêtent, mais plutôt d'arrêter d'accorder de l'importance à ces pensées. Nous sommes dans le présent : il devient le moment présent. C'est le présent éternel. Ce n'est pas ce moment, puis le moment d'après, et le moment suivant. En essence, cela est le moment présent. Ce n'est pas seulement le temps qui change, c'est aussi sa qualité. Le temps devient espace, c'est un grand changement. Soudain, vous avez la sensation du temps qui s'élargit. Et l'espace intérieur se dilate en même temps que le temps s'arrête.
- Le mental est connecté aux formes... Cette relation avec les formes s'enracine dans le passé, directement ou indirectement, et projette ces formes vers le futur... Pour le mental, il s'agit d'une tâche impossible que celle d'être libre du passé. Ce fonctionnement du mental pensant s'est construit afin de protéger l'espèce, notre survivance, et celle de nos enfants. Grâce au mental, vous savez faire du feu, vous connaissez les formes culturelles adoptées par la société. Les informations de base, qui permettent de fonctionner dans le monde matériel, sont stockées là, avec tout un ensemble de principes, de croyances, d'idées communes. De beaucoup d'entre elles, nous ne sommes pas conscients. Et nous les mettons en application
directement dans notre vie quotidienne. Pour être libre de ce jeu, qui est un peu de répétition, être dans le présent est nécessaire. Si votre attention n'est pas ancrée dans le moment présent, vous continuez à répéter le passé. Le corps intérieur est une aide, car il est dans le moment présent, et y demeure. Il n'a pas de relation avec les formes... Votre rapport aux formes peut être différent quand vous êtes dans le corps intérieur. Par exemple, la souffrance est une forme. Les vieilles souffrances que nous portons en nous, sont des formes. Les émotions sont des formes. Les souffrances, psychiques, émotionnelles, ou corporelles, sont des formes. Au travers du corps, vous pouvez vous rendre libre de cela. Comment ? En vous rendant aux formes. C'est-à-dire déposer les armes, se rendre, capituler. C'est la seule façon de se libérer. C'est pourquoi tous les chemins spirituels parlent de cet abandon. Si vous ne vous rendez pas, le monde des formes vous piège. Mais quand vous dites oui à la forme, quelle qu'elle soit, donc si vous reconnaissez que cette forme est là, maintenant, par exemple telle ou telle souffrance - c'est cela, se rendre -, alors la forme libére son essence. L'essence de chaque forme, c'est la vie elle-même, l'éveil. En capitulant, on sort du passé, pour rentrer dans le présent, et l'essence des formes se révèle. En faisant un pas hors du monde des forme, vous entrez dans le monde du non-forme, l'essence. L'essence de qui vous êtes, l'essence de la vie. Il n'y a rien de nouveau dans cet enseignement. Jésus, Bouddha parlaient de la même chose. Tous parlaient de la même chose : sortir du mental, être dans le moment présent, se rendre à ce qui est. En essence, c'est très simple. Nous savons tous cela. Mais le savoir ne change rien.
  
Oui, le savoir ne change rien... Quand la souffrance est là, le mental essaie tout ce qui est possible pour éviter cela. À un moment donné, on réalise que l'on a tout essayé, que rien n'a fonctionné vraiment. Mais on recommence malgré tout à tenter les mêmes échappatoires, même si on sait ! On n'accepte pas qu'il n'y ait pas de solution autre que celle de capituler à ce qui est...
  Nous essayons de reporter à plus tard la rencontre avec la souffrance. En agissant ainsi, nous donnons un futur à la souffrance. Nous nous offrons plus de temps pour souffrir ! ... La souffrance est une forme intense, dense, dure... Se rendre à la souffrance, quand celle-ci se manifeste. Cela ne veut pas dire rechercher la souffrance. Seulement, quand la souffrance vient, vous prenez avantage de cela. En vous rendant, en capitulant devant la souffrance, vous la traversez... Nous portons en nous-mêmes tellement de souffrance : personnelle, collective, celle de l'humanité. Voyez ce que l'espèce humaine a généré en ce siècle. Tellement de souffrance. Tant que nous n'apprenons pas à traverser la forme dense pour aller dans le sans forme, nous continuons à souffrir. Parce qu'à chaque fois que notre souffrance intérieure va se réveiller, celle que nous véhiculons en nous, dans notre ADN, nous souffrons. C'est cela, le karma. Nous répétons la même scène, nous continuons à souffrir, et nous ajoutons de la souffrance à la vieille souffrance qui était déjà là... Nous essayons d'éviter le face à face avec la souffrance. Mais ça ne marche pas. Il est plus rapide de se rendre à la souffrance. C'est le sans forme qui nous amène à un autre niveau de conscience.
- L'égo se nourrit de la souffrance. Le corps de souffrance se nourrit de l'accumulation des souffrances. L'égo est dans le mental. Il y a un attachement à la souffrance... À l'instant où vous l'acceptez, vous allez au-delà du "non". En essence, il n'y a pas de choix. Car, quel que soit le chemin que vous prenez, si vous l'acceptez, vous êtes libre.
- Si vous voyez quelque chose sans étiquetter ou juger, sans l'activité du mental, cela c'est l'observateur. Le "je suis" est l
à.
- Le centre de la perception est la conscience elle-même. Vous buvez une tasse de café, et le goût du café vous traverse. Boire devient une méditation. Vous êtes là, juste parce que vous êtes en contact avec qui vous êtes vraiment. C'est la méditation. Être au centre, revenir à la source, à la racine.
- Bien souvent, plus on est avancé sur le chemin spirituel, et plus on manipule l'expérience afin d'atteindre un certain résultat. Afin d'éviter de se rendre, de se rendre vraiment.
- Sortir du mental, entrer dans le corps intérieur, se rendre. Tout cela est si essentiel, si simple en essence. Être avec ce qui est.

Un darshan de mots
Patrick Levy

- Darshan, on pourrait le traduire par regard, voir, voir autrement et rencontrer, voir et avoir vu et s'estimer bénit d'avoir été là, et en éprouver un souffle positif et bienfaisant... ce regard est ensuite profondément inscrit en soi... Une façon de se trouver devant le réel, d'y être présent. Sans l'influence du passé (qui n'existe plus) et de l'avenir (qui n'existe pas). Quelque chose comme la liberté.

Le but de la méditation
Edouard Salim Michel

- Le but de la méditation est d'arriver à dépasser un certain seuil en soi-même pour atteindre un état de profonde immobilité et de silence intérieurs, qui seul peut permettre au chercheur de reconnaître un jour l'Infini qui l'habite.
- Derrière l'écran épais de sa forme corporelle, derrière son individualité ordinaire, et derrière son petit monde et tout ce qu'il considère être lui-même, il existe en l'être humain un autre Univers d'une extrême finesse et d'une extrême transparence éthérée, un univers intérieur indicible et lumineux, qui est sa Véritable Nature, sa Nature Divine.
- Cette étrange absence à soi-même, dont les êtres humains ne réalisent pas l'effet dramatique sur leur psyché, signifie qu'ils vivent depuis la surface d'eux-mêmes, d'où ils ne peuvent que demeurer des êtres morcelés, coupés de la Lumière de sa Source Céleste qui seule peut les éveiller de ce tragique sommeil diurne dans lequel ils passent en vain leur existence.
- Le chercheur doit sans cesse lutter pour tenter de consolider en lui cet état d'éveil et cette manière inhabituelle d'être conscient de lui-même dans tout ce qu'il fait extérieurement - que ce soit regarder, écouter, marcher, manger, s'habiller, etc.
- Il peut recevoir une aide énorme pour affermir et consolider en lui cet éveil intérieur et état de conscience particulière s'il apprend à ralentir dans tout ce qu'il fait extérieurement... démarche délicate et difficile...
- Dans cet instant présent toujours renouvelé, il peut même découvrir, avec un émerveillement révérentiel, qu'en fait ce n'est pas lui qui est en quête du Sublime, mais que c'est le Sublime qui cherche à lui révéler sa Souveraine Présence enfouie au tréfonds de son être.

La vie en acte
Jacques Castermane

- Comme le dit un maître zen, on ne peut pas apaiser un océan démonté en frappant sur les vagues avec ses rames. Mais il suffit de plonger sous le niveau des vagues pour faire l'expérience d'un grand silence et d'un grand calme.
-
Nous pouvons distinguer deux niveaux d'actions : les actions fabriquées par le moi et les actions qui ne sont pas du ressort du moi mais des effets naturels de l'être. J'ai appris à faire beaucoup de choses avec mon corps : nager, rouler à vélo, courir, sautrer, enfoncer un clou... Ces actions sont fabriquées par le moi. Mais lorsque dans la pratique méditative je porte attention au va-et-vient qu'est la respiration, j'observe une action de l'être. Cette action, laquelle est un effet naturel de l'être en puissance et en acte, est infaisable par le moi.
  La pleine conscience du va-et-vient du souffle ouvre la porte sur le calme intérieur, la paix intérieure, ces qualités d'être qui sont déjà présentes au plus profond de l'être mais que le plus souvent j'ignore parce que je suis enfermé dans cet autre niveau d'être qu'est le moi inquiet, agité, stressé.
  C'est en renouvelant régulièrement l'exercice de la méditation que je vais pouvoir renouveler l'expérience de ce grand calme, symptôme de l'état de santé fondamental de l'être humain.
- L'homme a soif de sens. Il cherche le sens à l'extérieur, dans un monde qui serait différent, dans une société qui serait mieux organisés, une politique autre. Résultat, il se noie dans le non-sens que lui propose le monde extérieur. Cependant, s'il regarde au plus profond de lui-même il se sentira désaltéré, parce que le sens se trouve en soi.
  Si l'intellect et ses produits fabriqués pouvaient donner sens, cela se saurait. Consacrer un moment de la journée à un exercice qui permet de passer du "penser" au "sentir" est un cadeau que chacun peut s'offrir. Ce qui ne veut pas dire que la pensée serait l'ennemi à abattre.
- La pratique méditative, l'attention à la sensation, vous libère de cette activité mentale incessante. Tchouang Tseu dit : « si tu penses, tu ne perçois pas. Si tu perçois, tu ne penses pas. » La simple attention au va-et-vient du souffle, qui se présente à travers la sensation, vous libère instantanément de cette maladie mentale. C'est un moment de guérison.
- La pensée utile est celle qui peut être transférée dans une action.
- Pour le corps que je suis, il n'y a ni passé ni futur. Je ne peux être ailleurs qu'ici en ce moment. Le corps est notre "être de nature". Nous ne donnons pas à notre être de nature l'attention qu'il mérite.
- Je respire, je marche, j'entends ! Voilà bien des manifestations d'une Intelligence qui est avant l'intellect. Le zen nous invite à faire marche arrière, à revenir à un regard simple sur la réalité.
- C'est dans nos actions les plus simples, les plus élémentaires que nous pouvons faire l'expérience de l'être en puissance et en acte. Sur cette voie spirituelle, le zen, on ne vous impose pas des doctrines, des théories, des croyances. On vous invite à voir, à entendre, à sentir, à goûter ; on vous invite à exercer les actions les plus banales en pleine conscience.
  Un moine se promène avec son maître et lui demande ce qu'est le zen. Le maître lui répond : « Quand je marche, je marche. »
  La voie spirituelle tracée par Graf Dürkheim n'a pas pour but de se préparer pour une autre vie. Cette Voie spirituelle m'invite à ne pas oubliler que, en ce moment, j'existe !
  Exister est d'abord une expérience physique. D'où l'attention que nous portons à l'acte de respirer, à l'acte de marcher. La joie éclaire le visage de l'enfant qui marche, pour la toute première fois. Il marche sans autre destination que la joie d'être.
- Le vivant est la vie en acte ! Je suis ! C'est une expérience physique. Y-a-t-il une expérience spirituelle plus simple que celle-là ?

L'art de la méditation
Jean Klein

- La Méditation est, au fond, un laboratoire pour faire connaissance avec soi-même...
- Il faut surtout, ne pas avoir de but et constater constamment que nous avons l'habitude de « vouloir faire ». L'attitude juste c'est ne pas « vouloir faire » ni « défaire » .
  Il faut avoir cette profonde conviction que la Perfection est déjà là, en nous !
  Nous devons laisser se détacher ce qui n'est pas la Perfection. Il n'y a rien à diriger mais seulement constater, en nous, tout ce monde parasitaire.
  La simple constatation est transformation... élimination.
- Quand vous êtes assis tranquillement, vous devez voir ce qui se passe. Vous avez probablement ce corps qui vous gêne, des tensions, des crispations, des lourdeurs et, par la suite, il se produit un va-et-vient de pensées.
  Contemplez ce mental en mouvement, en constantes associations de pensées et ce corps en tension. Quand vous le contemplez, quelque chose se passe, il n'y a plus la complicité de maintenir cette agitation de pensées, ces réactions corporelles, alors automatiquement les activités entrent en non-action, étant donné qu'il n'y a plus de complicité, plus d'aliment pour le maintenir.
  À ce moment là, vous vous trouvez devant un corps et un mental apaisés, je ne dis pas tranquilles. Cet apaisement apparaît alors dans votre attention, votre conscience, votre présence et, un jour, cet apaisement se fondra dans votre Tranquillité.
- Cet apaisement est comme un désert sans objet... C'est un vide qui n'a pas de saveur, c'est un ennui épouvantable... Ce vide d'objet doit se résorber et il se meurt alors dans votre attention et là, il y a plénitude, extrême suffisance, joie !
- Nous ne sommes pas habitués à une attention sans intervention, nous voulons diriger, nous jugeons, nous critiquons, nous comparons. Tout cela c'est la nature de l'ego dont nous avons besoin dans certaines circonstances de la vie.
- Vous avez pris l'habitude de vous trouver, de vous sentir dans un corps et si votre attention est libre de toute intention, de tout but, de tout résultat projetés et que vous laissez vivre totalement la sensation corporelle, il n'y a plus alors de complicité avec l'image cérébrale et c'est cette lucidité non habitée, dans cette attention que le corps, l'image peut se libérer et trouver d'autres dimensions, d'autres perspectives.
  Le corps se vide complètement et lorsque vous voulez le trouver, il n'y a plus de corps, il est complètement vacant.
- Ce n'est pas par un raisonnement, mais en restant complètement dans la constatation que la conclusion, la compréhension se font en vous, vous ne pouvez que constater ! .. C'est une compréhension totale, instantanée qui ébranle toute votre structure.
- ..vous êtes toujours attiré par le charme des objets... vous fixez, vous saisissez l'objet et vous vous y cramponnez... Vous allez observer cette Tranquillité en présence des objets et, par la suite, en l'absence des objets. L'action se déroule, sans que la Tranquillité ne soit, en aucune sorte, affectée par le mouvement.
  Vous vous rendrez compte, dans la journée quand vous êtes dans le "Je Suis" et quand, de nouveau, vous reprenez la postion de l'homme. Vous vous placez alors sciemment de nouveau dans le "Je Suis" et vous pouvez observer comme il se fait une orchestration, une régénération, une harmonisation...
  Dans la position du "Je Suis", dans cette Tranquillité, il n'y a plus de peur, il n'y a pas d'anxiété. Les choses se déroulent selon leur nature... Cette compréhension vous laisse, à un moment donné, dans une vacuité totale qui n'est pas le vide... mais, au contraire, la Plénitude !
- Laissez-vous guider, ne cherchez pas celui qui vous guide ! Prenez seulement note que vous ne vous laissez pas guider et que vous vous opposez constamment au courant, par vos idées préconçues... C'est le schéma d'être une personne qui vous retient dans la mémoire.
  Dans le "Je Suis", dans la Tranquillité, la personne est inexistante. Là, vous êtes ouvert à Toute Possibilité.
  Ce qui est important, c'est d'être conscient dans ce "Je Suis". Le reste n'est, au fond, qu'un feu d'artifice !
- Vous ne pouvez chercher que ce qui est connu, la recherche est toujours une projection de ce que vous connaissez déjà, c'est toujours un mouvement excentrique qui vous éloigne de votre centre. Mais si vous acceptez la notion qu'il n'y a rien à chercher, rien à trouver, il n'y a plus de dynamisme en marche et un arrêt se fait.
  Lorsque l'arrêt se fait, il n'y a plus la moindre intention de projeter, de produire, mais un saisissement et vous êtes en identité avec de qui se saisit ; là il n'y a ni contemplateur, ni chose contemplée.
- La méditation n'est pas un état dans lequel on entre et on sort. La méditation n'est pas un état ni une activité. C'est un non-état en l'absence totale d'un méditant. C'est un lâcher-prise de toute intention, de toute fixation, de toute concentration parce que la concentration est tension et lorsque la tension quitte son état de fixation, il se crée un champ multidimensionnel, il y a un élargissement de l'attention qui ne se refère plus à quelque chose. C'est notre état naturel.

La méditation ou l'art de l'abandon sacré
Sylvia Garance

- La méditation, ainsi que toutes pratiques dites "spirituelles" n'ont de sens que si elles nous aident à pacifier notre histoire personnelle et à favoriser l'expression du meilleur de nous-même dans tous les domaines de notre existence.
  L'expérience de la reconnexion à l'être, la quiétude, la joie profonde que l'on peut ressentir dans l'espace méditatif, quand le mental et les pensées n'occupent plus le devant de la scène, doivent trouver une continuité dans le quotidien.
- Nous abordons un domaine très complexe qui est celui de l'appropriation de l'ego qui manipule notre quête intérieure à notre insu. Trop d'investissement de sa part, trop d'énergie mentale obstruent radicalement l'ouverture de l'être.
- Le Tai-chi, le Yoga, et autres approches énergétiques, parfois la danse sont, en principe, des supports de méditation... pour autant qu'il n'y ait personne pour danser, pour "faire" mais juste devenir l'espace dans lequel émerge le mouvement. Dans un total abandon, tous les sens en éveil, le corps mû par ce qui le traverse.
- La mode est aux formations de tous types. Il est intéressant d'observer combien l'attention du chercheur est facilement absorbée par le désir de maîtriser des techniques, des méthodes ou encore l'énergie. D'acquérir davantage de connaissance spirituelles, métaphysiques. Il sera cependant beaucoup plus réticent à faire le choix de se mettre à nu. Patiemment, avec humilité, laisser la carapace se fissurer. Oser aller aborder les protections, les peurs, les blessures, les systèmes de défense, les stratégies pour obtenir la reconnaissance, l'amour, prendre le pouvoir ou fuir. Oser rencontrer cela avec amour et compassion pour soi.
  Le fondement de la méditation consiste à réorienter l'attention dans le présent et se rétablir dans l'axe Corps-Coeur-Conscience... La véritable connaissance, l'amour, la vitalité proviennent d'un espace de paix très profond se révélant à mesure que le personnage, l'image-moi, lâche son emprise. Quand il n'y a plus rien à revendiquer !
- La bienveillance envers soi invite à ne pas s'imposer de disciplines rigides, d'attitudes proches de l'austérité, de rituels sans joie... L'âme n'y trouve pas d'espace où s'exprimer et révéler son essence intacte.
  L'écueil consiste à méditer pour obtenir quelque chose, parvenir à être quelqu'un d'autre, fuir certains aspects déplaisants de soi-même ou de son environnement. Alors qu'il est juste question de se tenir là, ouvert, réceptif, contemplatif, se donner à l'instant présent et goûter ce qui est déjà là : notre nature essentielle.
- Pour autant, n'allons pas trop vite à la conclusion qu'il ne faut rien mettre en oeuvre pour sortir de son endormissement ! ... ce sommeil est si profond qu'un élan puissant est nécessaire pour en émerger, et surtout pour se maintenir en éveil !
  Quelle que soit la pratique sur laquelle notre choix se porte, il y a un appel profond à s'y donner pleinement, le coeur ouvert, dans l'acceptation totale de ce que l'on est, de ce qu'est notre vie ; au-delà de tout jugement sur celle-ci.
  Parvenir à nourrir cet élan, cette impulsion à vivre et à aimer, comme une force directrice dans l'ordinaire du quotidien devenant sacré. C'est la seule façon de se laisser saisir par l'être et savourer l'intense paix que l'on ressent en soi quand on ne résiste plus.
- Apprendre à cultiver l'art du sacré... Quand le corps devient peu à peu cet espace de vacuité où la grâce peut agir !
  La grande qualité d'attention perceptive développée va susciter un ancrage puissant dans le corps. Ce sera un appui précieux pour soutenir, au sein même des turbulences de notre vie, une vigilance alerte et joyeuse.
  Il serait si naturel de s'asseoir dans une totale ouverture au moment présent. Et même de ne pas avoir besoin de s'asseoir pour être intensément là. Puisque nous avons oublié cette aptitude, la sagesse nous suggère de se réserver chaque jour un moment de calme propice au vide mental, à l'intimité avec soi et à l'expression de notre union avec notre essence divine, dans la simplicité de notre être.

À l'écoute de nos sensations
Francis Lemaire

- Une certaine forme de "revécu sensoriel' permet de venir à bout de troubles émotionnels tels que phobies, angoisses, inhibitions, irritabilité et états dépressifs.
  Le principe est simple : à partir d'une situation concrète dans laquelle une difficulté émotionnelle se manifeste, il s'agit de porter l'attention sur les sensations corporelles présentes, puis de laisser se dérouler de lui-même le tapis de l'ensemble des sensations qui remontent à la surface de la perception. L'expérience se termine spontanément par un sentiment de paix retrouvée.
  L'étude de noubreux cas observés sur un an a montré que le trouble particulier dont se plaignait la personne ne réapparaissait pas, comme si le simple fait de vivre consciemment ces sensations permettait de désactiver durablement, voire à jamais, les peurs inconscientes inscrites dans la mémoire corporelle.
- Si l'on suppose que cette capacité de mettre à distance - ou l'introduction du mental entre nous et la vie qui ne cesse de se déployer - nous éloigne de nous-même, alors il est facile d'admettre le chemin inverse : la reconciliation avec nous-même nécessite d'en finir avec la peur, c'est-à-dire de réduire à zéro cette distance qui nous sépare du vécu.
- Qu'est-ce qui nous empêche habituellement de porter attention à nos sensations ? On pourrait dite un réflexe et peut-être une capacité de sauvegarde, celle de nous retirer, de nous absenter. Pour moi, le mouvement intérieur est très proche de celui de l'haptonomie (science des interactions et des relations affectives humaines, contact tactile, accolade...). Que faisons-nous lorsque nous nous sentons vulnérables ? Nous nous contractons, nous réduisons notre espace sensible, notre étendue d'être. Et l'haptonomie nous apprend par l'expérience vécue la possibilité inverse : nous prolonger vers, aller à la rencontre.
- La mémoire sensorielle se met en mouvement d'elle-même dans les situations "réactivantes". Pour peu qu'on lui porte attention dans une position d'observateur impliqué, elle se déroule jusqu'à l'apaisement. Et si pendant ce déroulement le mouvement s'arrête, si la peur apparaît sous forme de pensée « je n'y arriverai pas » « j'ai peur de mourir » etc, alors, c'est à cet observateur de reprendre le mouvement, de se prolonger vers ce qui fait obstacle, vers cette peur pour la connaître et en connaître les sensations. Finalement il s'agit d'un exercice de curiosité. C'est comme si vous achetiez le journal, c'est pour le lire et savoir ce qui se passe dans le monde. Vous vivez des sensations et constatez leur existence tout à la fois. Et si vous n'avez pas envie de lire qu'il y a eu un tsumani ou une guerre, alors soyez curieux, car que vous le vouliez ou non, ils ont eu lieu.
- Tout l'intérêt de cette manière d'être à l'écoute de ses sensations et de les laisser se dérouler chaque fois qu'un malaise intervient dans votre vie, c'est qu'elle est portable... vous pouvez l'emmener partout dans le monde... comme un outil de changement intérieur toujours à votre disposition.
  Utiliser cet outil pour de simples désagréments de la vie courante, un mouvement d'irritation, la crainte d'aborder un problème... comme pour des situations plus difficiles ne pourra, si vous laissez aller le processus à son terme, que vous soulager de peurs ignorées consciemment mais qui envahissent néanmoins la vie dans tous les domaines... D'autant que spontanément de nouvelles peurs viennent s'empiler sur les anciennes, finissant par restreintre la sensibilité et faire perdre la saveur et les couleurs de la vie.
  .. cette pratique.. est contraire à nos habitudes : sentir ce qui se passe dans notre corps alors que justement, en cas de difficulté émotionnelle, toute notre énergie est orientée à éviter ou à circonscrire la sensation.
- ... trouver au coeur de la tempête la planche de salut qui va nous ramener au calme relatif : porter attention aux sensations présentes permet de tenir à distance l'amplification mentale de la peur. De là, faire le curieux et voir où ça nous mène !

Être saisi
Jean Bouchart d'Orval

- Méditer, est-ce que c'est mettre un terme à tout ce que l'on a fait dans notre vie, et faire autre chose ? Non, c'est continuer dans la direction que nous suivons, mais aller jusqu'au bout. Arrêter de se contenter d'un maigre compromis. Aller jusqu'au bout. Quand nous étions très jeunes enfants, nous jouions tous, totalement, pleinement. Nous allions au bout, saisis par le jeu. Nous étions dans le ravissement, l'étonnement. Ce que nous faisions, c'était par amour, par jeu. Nul besoin de méditation, ni de concentration. C'est seulement après que la mémoire s'est remplie. Il y a accumulation et finalement agitation. Or. la méditation est la vraie nature de l'existence, qui est pure tranquillité et pure joie. Cet état a été enseveli sous toute l'agitation, les désirs, les peurs, tout ce qui s'est cristallisé autour de ce qu'on appelle la personnalité. Mais ça n'a pas été perdu. Pour les êtres humains qui, dans un instant de grâce, d'ouverture, retrouvent cet état-là, nous dirons qu'ils sont en contemplation ou en méditation.
- La méditation, c'est la seule chose que l'on ne peut pas "faire", c'est-à-dire celle qui se fait par amour, avec enthousiasme. La réalité est que c'est le seul moment où nous ne faisons rien. Il n'y a plus de direction délibérée, volontaire. Tant que je veux faire des choses, ça vient de ma mémoire. Qu'est-ce que je peux vouloir, si ce n'est ce qui est déjà dans ma mémoire ? Vouloir, c'est vouloir refaire le connu. Le genre de vie dans lequel nous nous sommes laissés enfermer est volontariste, concentrant tout le soi-disant individu qui accomplit, et va récolter un fruit après l'action. La peur, c'est vouloir refaire le connu. La méditation n'a rien à voir avec cela. C'est un saisissement. Peut-être est-ce le seul moment de la journée où le mécanisme de vouloir attraper, prendre et comprendre est au repos. Car le mécanisme de préhension, et la compréhension, participent du même mouvement, qui concerne le "je" fabriqué.
- L'égo n'existe pas. C'est une illusion. Pas un seul égo n'est capable de lever une tasse de thé. C'est la vie qui le fait. L'égo est une fiction, un concept très pratique pour les mondanités. Mais dans la vie, il n'y a que la vie. Bien sûr, la méditation semble venir d'une décision. On se dit : « je vais faire de la méditation ». Mais en réalité, à ce moment là. on n'a pas le choix. On est pris. De même qu'auparavant, nous n'avions pas le choix de ne pas en faire ! La méditation véritable, c'est réaliser que nous n'avons jamais eu le choix... et finalement, réaliser que nous n'avons pas à méditer. Quand nous réalisons cela, nous prenons soudain conscience de l'urgence de ne rien faire immédiatement.
- Question: Lorsque je me dis que je vais faire de la méditation, je cherche à retrouver un état connu dans le passé... Il y a une mise en scène... Quel processus me mène à la méditation véritable ? Réponse: Profondément, il n'y a pas de processus, pas de chemin, rien à atteindre et personne pour l'atteindre. Voilà la pure vérité sans compromis. Nous décrivons donc ici ce qui se passe dans la tête de quelqu'un qui se croit encore quelqu'un.
  La première chose qui se passe est que les directions multiples de la vie se réduisent à une seule. Nous ne sautons plus d'un objet à un autre. Quand la nostalgie de la tranquillité me revient, je vais écouter, regarder. La tranquillité qui vient est naturelle. Evidemment, à ce moment-là, j'ai encore l'air d'avoir une direction. Car tant que je me prends pour quelqu'un, je ne peux pas faire semblant de ne pas avoir une direction alors que j'en ai une. Même si nous voyons cela couramment, par exemple lorsque l'on prétend ne pas avoir de but, que l'on prétend laisser faire, alors qu'il y en a un : celui de ne pas avoir de but ! Un oeil ne peut pas se regarder lui-même. Nous ne sommes rien d'autre que pur regard, pure attention. Cela est d'une totale simplicité, et c'est pourtant le plus difficile à comprendre. Car ce n'est pas de l'ordre de la pensée rationnelle. Tant que je cherche à regarder, tant qu'il y a en moi quelqu'un qui cherche à regarder, je suis à côté de la méditation. Il y a toujours un sujet regardant un objet, avec un regard entre les deux pour faire la liaison. Il y a méditation lorsque l'objet s'efface, en même temps que le sujet qui regarde. Il n'est plus question d'un regard ou quoi que ce soit d'autre entre les deux. Que reste-t-il ? Le Regard véritable, le Je, dans lequel surgissent le sujet, l'objet et la perception qui les relie. Bien sûr, ce Regard n'est pas objectivable. Si l'on cherche à le décrire, on le restreint à nouveau à un objet, et on redescend dans la mondanité.
- Question: Quand il y a nostalgie, être attentif à cette nostalgie paraît nécessaire. Car si je ne suis pas attentif à cela, si je ne reconnais pas la valeur de cette nostalgie, le mental va chercher à combler le manque de façon ordinaire, par exemble on ouvrant le frigidaire, en mettant la télévision, ou en écoutant de la musique. Il cherche à remplir le vide avec ce qu'il connaît. À un moment, quelqu'un va sentir l'état de nostalgie, se tourner vers elle, lui accorder son attention, reconnaître sa valeur...
  
Réponse: Il y a un travail qui se fait autour de l'idée que je suis quelqu'un de séparé. Cette séparation à laquelle je suis habitué me détourne de la reconnaissance de la valeur de cet instant où je suis appelé. Elle repose sur des noeuds qui se sont formés en moi. Mais ces noeuds peuvent se dénouer en demeurant là où l'on est. Quand le regard se pose, le sujet et l'objet s'effacent très vite. C'est un simple phénomène de l'attention.
- L'apaisement vient quand tout ce qui se présente est l'objet de la méditation. Au contraire, si j'essaie de m'apaiser par la pensée, que se passe-t-il ? Si je suis au fond du lac et que je vois su sable ou de la vase se soulever, et si j'essaie de rabattre cela au fond avec les mains, je ne ferai que soulever plus de sable. Si je reste passif, en faisant que regarder, tout va rejoindre le fond. Je commencerai à voir plus loin, plus clair, plus précis. Les choses se posent, se déposent. Même si cet apaisement ne vient pas, je ne suis jamais un iota de moins que le Pur regard, alors finalement rien ne manque. C'est seulement parce que ne ne peux voir cela que je crois avoir à méditer.
- Méditer, ce n'est pas appliquer une technique ! Quand une pensée vient, je suis là. Si je n'étais pas là, il n'y aurait pas de pensée. Chaque pensée est donc en elle-même une façon de me ramener à moi-même. Si je comprends cela, je cesse de me séparer de mes pensées... de vouloir les éliminer.
- La base de la pathologie c'est de se prendre pour quelqu'un de séparé du reste de l'univers. À partir de là toutes les formes de pathologies évoluent. Cette façon mondaine de vivre fait que nous voulons constamment qu'il y ait autre chose que ce qui est là. La méditation est la cessation de ce mécanisme. Il n'y a pas d'ennemi, et avec cette reconnaissance vient l'humilité. Il n'y a rien d'autre dans la vie que la vie. La pensée, c'est aussi la vie. dans ce qui est dit et enseigné sur la méditation, on devine souvent un profond manque d'humilité. Méditer, c'est être humble. Mais humble, ce n'est pas se voir petit, au contraire. On devient tellement humble que l'on n'a plus l'impression de devoir faire quelque chose... comme décider que tous les matins, entre cinq et six heures, on va être humble. Une tranquillisation s'installe. Un repos.
  Ce qui ne veut pas dire que l'on ne sera pas entre cinq heures et six heures en train de méditer, mais l'état d'esprit a changé. Nous répondons à un appel, sans en faire une histoire, une tâche à accomplir...
  Et de plus en plus, l'état méditatif nous saisit dans la journée. On peut être en train de danser, de sauter en l'air, tout en étant complètement tranquille. La méditation, c'est laisser la vie être ce qu'elle est à travers le corps et le psychisme.
- Quand on a l'impression de s'égarer, on revient à ce qui est basique. Chez nous, c'est le corps. Nous en avons tous un ! Il peut être un point d'ancrage. Au début, on peut inviter à sentir le corps. Mais très rapidement, le corps ne sera plus le "corps". Ce sera sentir tout court. Si l'on sent le corps, tôt ou tard, on sent une joie, car la vraie nature du corps est d'être vacant, profondément joyeux.
- On peut toujours localiser le lieu corporel où nous avons une gêne, où nous avons mal. Mais quand ça va bien, on ne peut jamais dire à quel endroit ça va bien. La méditation est un peu cela. La joie n'est pas localisable... Il n'y a plus à chercher ce que l'on regarde. ce que l'on ressent, ce que l'on écoute. Nous sommes pris.
- La méditation, c'est se réveiller. Arrêter de dormir. Voir dans la vie, il n'y a que la vie. À un moment donné, il restera juste une clarté. dans le saisissement lui-même, il n'y a plus que la Lumière consciente. Que suis-je à ce moment là ? Je suis Cela.

Jiddu Krisnamurti

- "Pour comprendre l'Incommensurable, l'esprit devrait être extraordinairement calme, tranquille ; mais si je pense que je vais atteindre la tranquillité dans le futur, je détruis la possibilité de tranquillité. C'est maintenant ou jamais."

Ce qui est d'instant en instant
Albert Blackburn

- Si la Vérité, ou Réalité, est au-delà du connu et ne peut jamais être expérimentée par la conscience conditionnée, il s'ensuit que tout effort de la contacter consciemment est voué à l'échec. Quand cela est vu comme un fait, tout effort, et toutes les projections que l'on se crée cessent. L'énergie n'étant pas alors orientée dans cette direction, elle devient disponible pour la découverte de soi-même. Dans notre état de conscience actuel, toute idée que nous aurions sur Dieu est une fuite de "ce qui est".
  Si l'on est vraiment sérieux sur tout cela, il n'est possible de commencer qu'à partir de ce qui est. "Ce qui est", dans ce cas, est nous-même, juste comme nous sommes à tout instant donné. Nous sommes le contenu de notre conscience qui doit être compris maintenant. Cela demande de se rassembler, d'être vigilant, dans le seul moment présent. Nous devons être en relation directe avec de que la roue de la vie va apporter à notre attention.
- L'attention éveillée, qui est le lien nouveau entre ce que nous sommes et ce qui sera, est capable de regarder la pensée objectivement. Ce regard est impersonnel, il ne doit pas y avoir de direction dans ce processus de regarder.
- Nul ne connaît le contenu caché de sa conscience. Quand nous commençons à voir les subtilités de tout cela et les possibilités illimitées de se duper soi-même, la vie devient un champ d'expérience. Chaque instant prend une importance extrême lorsque l'on réalise que, dans le maintenant présent tout le temps, et seulement alors, se trouve ouverte la porte de la liberté. La vie devient véritablement pleine de surprises et d'aventures. Lorsque la parole : « non pas ma volonté, mais que la Tienne soit faite » devient un mode de vie et non pas une idée à suivre, jamais un moment d'ennui ou de lourdeur se présente. Dans ces circonstances, le temps psychologique prend une autre signification : il est toujours "plus grand que nous pensons". Le temps de l'action est maintenant ! Nos relations aux choses, aux gens et aux idées sont vues dans une nouvelle lumière. Certaines choses perdent de leur importance - même si d'une autre façon, chaque petite chose peut être très importante.

La méthode de base de la méditation
Ajhan Brahm

- La méditation est la manière de se détacher, de laisser les choses s'en aller... Vous laissez partir les choses complexes du monde extérieur pour atteindre une puissante paix à l'intérieur... la voie vers un esprit pur et puissant...
  Il y aura un dur travail, surtout au début, mais si vous persévérez, la méditation vous fera découvrir des états très beaux et plein de sens. C'est une loi de la nature : sans effort, pas de progrès... sans effort vous n'irez nulle part.
- Le but de cette méditation, c'est le merveilleux silence de l'esprit, son immobilité et sa clarté... l'immobilité attentive..
- La Bouddha disait que le facteur principal pour bien méditer et attteindre ces états puissants est la capacité à lâcher prise, à abandonner, à renoncer.
- Quand vous êtes parfaitement dans l'instant, avec chaque expérience, avec chaque invité qui entre dans votre esprit, alors vous n'avez simplement pas de place pour le discours interne. Vous ne pouvez plus discuter avec vous-même car vous êtes complètement occupé à accueillir soigneusement tout ce qui arrive juste au moment où il arrive. C'est cela affiner l'attention silencieuse sur le moment présent à chaque instant.
- Une autre technique utile pour développer le silence intérieur est de reconnaître l'espace entre chaque pensée... Vous commencez à apprécier le silence, lorsque vous l'avez trouvé, et c'est pour cela qu'il grandit.
- Ce serait merveilleux pour chacun d'entre nous si nous pouvions abandonner le discours interne et demeurer dans le silence intérieur pendant suffisamment longtemps pour réaliser combien il est agréable. Le silence est tellement plus producteur de sagesse et de clarté que la pensée... Une fois que nous avons réalisé que la plupart de nos pensées ne nous mènent nulle part et nous donnent seulement des maux de tête, nous passons facilement et avec joie plus de temps dans le calme intérieur.
- À mesure que l'esprit commence à s'unifier et à maintenir son attention sur un seul objet, les expériences de paix, de bonheur et de puissance augmentent significativement... La compréhension du fait que la diversité est un lourd fardeau est cruciale afin d'être capable de focaliser sur la respiration.
- Nous devons juste sortir du chemin, laisser tomber et regarder ce qui se passe.
- La patience minutieuse est le chemin le plus rapide.
- Vous ne faites rien. Si vous essayez de faire quelque chose, vous allez perturber la méditation, la beauté sera perdue... Ne faites absolument rien et observez à quel point la respiration peut être douce, belle et intemporelle. Regardez à quel point vous pouvez la laisser devenir calme. Prenez le temps de savourer la douceur et la beauté de la respiration...

La solitude et l'immobilité du corps
Pratique de méditation
Jean Klein
- Il est possible que pendant nos activités quotidiennes l'exhalation et l'inhalation et la rencontre de la respiration avec le centre vital rentrent dans le champ de conscience, cela peut se produire naturellement mais cela ne peut être recherché parce qu'il n'y a rien à atteindre dans l'état méditatif
- La relaxation doit être la conséquence de la paix intérieure et la paix intérieure est dans l'abnégation de soi.
- On ne s'assoit pas pour méditer. Mais être assis de préférence face au Nord-Nord/Est, la nuque sans tension dans le prolongement de la colonne vertébrale, en équilibre et bien droite, ainsi que les muscles parfaitement relaxés : tête, visage, mâchoire, langue, nuque, épaules et bras... laisse le libre jeu du respir et favorise la circulation de sang et de l'énergie.
- Plus on est attentif, plus on avance dans la connaissance de soi et plus l'ordre se rétablit dans les registres de la mémoire, plus on est attentif, l'esprit silencieux.
- L'intelligence est liberté et l'action de la pensée est toujours dans le champ du conditionnement.
- L'attention n'est pas la concentration, il n'y a pas de choix donc pas d'exclusion.
- La cessation des activités de la pensée survient naturellement par l'épuisement du contenu de la totalité de l'inconscient. Quand il n'y a plus de "contenu", le contenant n'a plus de raison d'être ; ceci est la conséquence de la connaissance de soi, non d'une décision ou d'une méthode.
- Il n'y a que la vie dans l'éternel présent.
- Quand l'esprit est silencieux, attentif, le corps sent la posture qui lui convient ; les processus de relaxation s'éveillent et les tensions physiques disparaissent.
- Personne ne peut enseigner la posture juste. Le corps possède sa propre intelligence et c'est dans la liberté que s'exprime l'intelligence.
- La relaxation est la conséquence de la mise à jour, par la pure attention, des tensions et des nœuds physiques comme psychiques qui, dévoilés dans leurs causes et dans leurs effets, tombent instantanément.
- Le désir d'obtenir un résultat, d'aboutir à une transformation physique ou psychologique renforce la conscience personnelle de soi et entretient un état de tension cérébrale.
- La relaxation authentique vient de la pure attention dans le silence de la pensée ; elle ne peut donc pas être dirigée par un spécialiste. La pure attention au mouvement de la pensée est l'acte de compréhension qui met fin à la pensée.
- Toute attitude mentale, même inconsciente, est fractionnement et déperdition d'énergie.
- Le silence total de la pensée ne peut pas venir d'une méthode, il est instantané et résulte de la compréhension immédiate du penseur en rapport avec l'instant de la vie quotidienne.
- Le penseur est division, la division entraîne des conflits et des tensions. La relaxation authentique est dans l'état d'unité et l'unité est quand le penseur n'est pas.
- Les description sont dangereuses et ne correspondent pas à la réalité. Elles animent le désir et déterminent le choix. Le choix mène à la concentration et la concentration est une attitude mentale consciente ou inconsciente.
- Le moi projette ses propres limites. Au delà du moi, rien n'est localisé ni limité.
- L'action issue du penseur n'est pas une action mais une réaction du conditionnement.
- On ne devient pas attentif ; le devenir est le mouvement du temps et la vie est présence à elle-même dans son unité intemporelle.
La méditation c'est la compréhensuion
J Krisnamurti

- L'enseignement de J. Krisnamurti porte essentiellement sur la nécessité urgente de se connaître soi-même et, par conséquent, de découvrir la méditation au coeur du quotidien. Non pas de "pratiquer" la méditation, comme un "exercice spirituel", mais d'apprendre, par soi-même - et uniquement par soi-même - à explorer le mouvement des « pensées-sentiments » qui nous aliènent.
  La méditation est l'une des choses les plus importantes de la vie ; l'essentiel n'est pas comment méditer ; ni la méditation assujettie à un système ; ni la pratique de la méditation ; mais plutôt ce qu'est la méditation. Si l'on parvient à découvrir, au sens profond, quelle en est la signification, la nécessité et l'importance pour nous-mêmes, alors on laisse de côté tous les systèmes, toutes les méthodes, tous les gourous, tout l'attirail excentrique dont s'entoure la méditation de type oriental.
- Lorsque vous vous installez pour méditer, vous fixez votre esprit sur un mot, sur une image ou sur un tableau ; mais l'esprit vagabonde partout. Il y a une continuelle interruption d'autres idées, d'autres pensées, d'autres émotions, et vous essayez de les repousser, vous passez votre temps à batailler avec vos pensées. Ce processus, vous l'appelez méditation. Vous essayez, en somme, de vous concentrer sur l'idée choisie, sur un projet particulier, vous pensez avoir enfin réussi à méditer. Mais cela n'est certes pas de la méditation... La méditation n'est pas un processus exclusif dans le sens que l'on expulse les idées envahissantes, que l'on se protège contre elles...
 La concentration n'est pas la méditation, parce que là où il y a de l'intérêt, il est relativement facile de se concentrer sur quelque chose... Mais cette concentration n'est qu'exclusion.
- La méditation n'est pas autre chose que la compréhension, la méditation du coeur est compréhension... la compréhension est la base même, le processus fondamental de la méditation... la compréhension engendre la liberté, la clarté, l'intégration... la connaissance de soi est le commencement de la méditation... la connaissance qui entre en être par l'enquête que l'on poursuit soi-même, qui est la perception de soi-même à soi.
- Si je ne comprends pas mes mobiles, mes désirs, mes exigences, ma poursuite de conformismes (qui sont des idées), si je ne me connais pas moi-même, il n'y a pas de base à la pensée ; et le penseur que ne fait que quémander, prier, ou exclure, sans se comprendre lui-même, doit inévitablement finir dans la confusion et l'illusion.
 Donc, le commencement de la méditation est la connaissance de soi, ce qui veut dire être conscient de chaque mouvement de la pensée et de l'émotion, connaître toutes les couches de ma conscience... ses activités cachées, secrètes, profondes. Mais pour connaître les activités profondément cachées, les mobiles secrets, les réponses, les pensées et les sentiments, il faut qu'il y ait de la tranquillité dans l'esprit conscient ; c'est-à-dire que l'esprit conscient doit être immobile afin de recevoir les projections de l'inconscient.
- Une méthode pour se connaître (1944) : Je voudrais vous suggérer une méthode, n'en faites pas un système rigide, une technique exigeante, une voie de salut, une routine fastidieuse, un devoir de plus... Efforcez-vous de noter chauqe pensée-sentiment, lorsque vous en aurez le loisir. Si vous y essayez, vous constaterez que cela seul est difficile... tant nous pensons rapidement, d'une façon décousue et papillonnante... Vous vous apercevrez bientôt qu'une autre couche de votre conscience en prend note... Naturellement, je ne propose ceci qu'à ceux qui en ont envie. Revoyez.. ce que vous avez écrit... Cette étude est un art, car la compréhension en jaillit. Ce qui importe, c'est la manière dont vous éétudiez ce que vous avez noté plutôt que le simple fait de l'avoir noté.
 .. si vous jugez ou comparez, vous ne saisirez pas le sens de ce qui est écrit, car l'identification empêche l'épanouissement de la pensée-sentiment. Mais si vous examinez votre texte en vous refusant à tout jugement, son contenu profond se révèlera. Cet examen, fait par une conscience impartiale, sans peur ni prévention, est très difficile. Vous apprenez de cette façon à ralentir vos pensées et vos sentiments, mais aussi - et c'est très important - à observer chaque pensée-sentiment sans passion, sans la charger d'un jugement ou d'une critique pervertie. De cela naît une compréhension profonde qui se développe non seulement pendant les heures de veille, mais aussi pendant le sommeil. Vous verrez qu'il en résulte de la franchise et de l'honnêteté.
 Alors vous serez capable de suivre chacun des mouvements de la pensée-sentiment. Car non seulement votre observation portera sur les couches superficielles de la conscience, mais ses nombreuses assises cachées se réfèleront aussi à vous. Ainsi, grâce à une constante auto-vigilance, la connaissance de soi s'approfondit et s'étend. C'est un livre aux multiples volumes. En son commencement est aussi sa fin. Vous ne pouvez en sauter une seule page, un seul paragraphe en vue d'atteindre rapidement la fin que vous êtes avides de connaître. La cupidité et l'impatience monnayées ne peuvent acheter la sagesse. Celle-ci vient lorsque le livre de la connaissance de soi est lu avec soin, car il contient ce que nous sommes à chaque moment... Assurément, cela implique un incessant travail, une vigilance à la fois pssive et toujours curieuse et l'absence de désir qui pousse tant de personnes à atteindre une fin. Cette passivité est en elle-même active. La quiétude engendre la sagesse et le bonheur suprême.
- La plus haute forme d'intelligence : La vraie méditation est la plus haute forme d'intelligence. Elle ne consiste pas à prendre certaines postures assises ou à se tenir debout sur la tête. Méditer, c'est être pleinement conscient partout où l'on se trouve, au travail, en promenade, dans l'autobus, conscient des paroles que l'on dit, des gestes que l'on fait, de la façon dont on mange, de la façon dont on bouscule les gens dans la rue. Soyez conscients sans option, sans préférences, de ce qui est autour de vous et en vous-mêmes, de toutes les propagandes politiques et religieuses, de toutes les influences qui cherchent à avoir une prise sur vous, et vous verrez avec quelle rapidité vous les comprendrez et vous vous en libérerez.

Au coeur de l'action selon le bouddhime tibétain
3e Millénaire

- Il n'y a rien à faire, il suffit de laisser son esprit en son état naturel, tel qu'il est, comme il vient, sans artifice.
- les quatre obstacles au "grand geste sacré" : il est trop proche pour être reconnu, trop profond pour être saisi, trop simple pour être cru, et trop merveilleux pour être compris par l'intelligence.
- Les disposition négatives (expériences ,émotions, etc.), dès lors qu'elles ne sont plus rejetées ou justifiées, se transmutent d'elles-mêmes en connaissances primordiales.
- Lorsque la transmutation des émotions a commencé, les passions ne sont plus perçues comme des obstacles mais deviennent une aide... elles sont comme du bois rapporté au bûcher de la sagesse ; plus il y en a, plus le flamboiement est intense !

La méditation heureuse
Mariane Kohler

- La méditation heureuse... est une fusion de petit "je" avec le Divin. Fusion n'est pas le mot exact car la fusion supposela présence de deux entités. L'ego, à vrai dire, ne fusionne pas ; il s'estompe, s'efface. Seul reste le Divin. C'est une présence qui s'impose, vraie, forte. Cela est. C'est la réalisation en soi de la non-dualité.
  Cette opération se déroule selon ce schéma : Dans un premier temps, un appel, un élan gratuit d'amour et de gratitude. L'attention se porte ensuite sur le coeur.. C'est là que se ferala jonction avec le Divin. Car la rencontre ne se fait pas quelque part au ciel, dans les nuages, mais dans le corps même de l'homme, dans l'ici et maintenant.
- Naturellement, les jours suivants, on aspire à retrouver les mêmes sensations. Mais le plus souvent, on n'obtiendra rein, sinon des brides... Pourquoi ? Parce que l'ego est là. C'est lui qui se souvient, qui suppute et désire... Et tant que l'ego est là, il ne se passe rien. La non-dualité est un maître exigeant.
- Je pressentais une vie nouvelle, faite d'ouverture, de transparence, de grâce.
  La solitude, mais aussi la liberté. J'avais gagné cette liberté au prix de milles épreuves.
- Cela était arrivé de soi-même, à son heure, comme la récompense de mes années de lutte et d'efforts. Vous croirez avoir tout perdu, en réalité, vous aurez tout gagné. Le monde vous sera restitué dans une splandeur dont vous n'avez aucun soupçon.
- J'éprouvais un état permanent de bonheur, sans autre désir que celui de me laisser vivre... à la fois riche et dépouillée jusqu'à l'os ; le parcours spirituel est fait de renoncements successifs. Je découvrais la simple et indicible réalité, ni vide ni plénitude.. aucune place pour l'inconscience ni pour l'illusion.
- .. l'irrégularité du souffle correspond à l'instabilité de l'esprit. Rester conscient du mouvement régulier de ce qui respire en nous. C'est comme une vague très douce - un retour vers le maternel. À la limite, vous ne respirez plus, vous êtes respiré. "Je ne cherchais plus l'immobilité, écrivait Graf-Durchkeim. L'immobilité m'avait trouvé."

 
Autres pensées ou extraits
Thierry VissacLes éclaireurs du nouveau monde. Invitation à une nouvelle civilisation.
-Nous ressentons de plus en plus que nous vivons dans un système économique sans aucune éthique, dont le marché apparaît de plus en plus clairement comme étant folle et destructrice. Les richesses colossales et indécentes de quelques-uns, mus uniquement par leur cupidité, se fondent sur l'exploitaiton et la misère du plus grand nombre. Dans cette ère croissante de la médiatisation, plus personne n'est dupe, aujourd'hui, que les soi-disant élites politiques, économiques, médiatiques et financières, entretiennent, chacun à leur place, ce système qui nous mène petit à petit vers la fin d'une civilisation. La crise financière n'en est que le symptôme.
- Thierry Vissac propose une action collective dans un élan collaboratif pour réeinventer le monde. Ce renouveau doit se fonder sur deux démarches parallèles : le travail sur soi et un dialogue entre chacun d'entre nous à notre niveau. Il ne nous incite pas à une nouvelle révolution sanguinaire : la véritable révolution devant se passer en chacun de nous car nous sommes, chacun d'entre nous, la société. Chacun de nous est un élément de base de la société, sa première cellule vivante. Si nous résistons à nous connaître nous-mêmes dans toutes nos facettes, nous ne pouvons pas réinventer le monde. Je renvoie donc chacun à cette nécessité première d'un travail sur soi qui permette de no plus être coupé du vivant en soi.
  En évoluant nous-mêmes nous participons à l'évolution de l'humanité... Essayons, chacun d'entre nous, de devenir des éclaireurs du nouveau monde ; et cela commence dès maintenant par un travail sur soi dans une démarche de connaissance de soi.80
Les manuscrits de Nag Hammedi -
Le Tonnerre

« Je suis la connaissance et l'ignorance, je suis la honte et l'audace, je suis effrontée ; je suis honteuse. Je suis la force et je suis la peur. Je suis la guerre et la paix... Je suis celle qui a été haïe partout et qui a été aimée partout. Je suis celle qu'ils appellent la Vie, et que vous avez appelée la Mort. Je suis celle qu'ils appellent la Loi, et que vous avez appelée l'Illégalité... les plaisirs fugaces que les hommes embrassent jusqu'à ce qu'ils deviennent sobres et montent dans leur lieu de repos. Et ils me trouveront là, et ils vivront, et ils ne mourront plus. »