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Textes d'auteurs (2008)
Éveil, Illumination...
Y a-t-il une pédagogie ?  (2 ière partie)
3e Millénaire, Printemps 2009, No 91

NB: De courts extraits d'articles de la revue, parfois légèrement adaptés.
Le dynamisme lumineux
Jean Bouchart d'Orval
- Plus la grâce inondant l'adepte est intense, plus la pratique sera humble, c'est-à-dire moins il se prendra pour un individu faisant ceci ou cela pour atteindre "autre chose". On parle de la chute de la grâce. Tout vient d'en haut...
- La vie n'est pas une course à obstacles. Les situations ne sont pas des problèmes à résoudre. Chercher à résoudre un problème inexistant est inutile et très fatigant. La réponse à l'être humain inquiet et agité, y compris et peut-être surtout les chercheurs spirituels, est que la vie est belle ! La vie est belle, mais nous ne savons pas regarder ; nous sommes pris dans le brouillard de nos images, que nous prenons pour la réalité, exactement comme dans le rêve.
- La plupart des gens sont possédés par leur ego. C'est le plus grand danger. Mais l'autre possession, l'immersion dans la Lumière consciente, élimine celle-ci.
- L'homme ordinaire est possédé par ses réflexes égotiques acquis, qui lui font croire qu'il est exclusivement son corps, sa pensée ou ses émotions. La reconnaissance de l'évidence élimine cette possession là et alors la seule possession qui demeure est celle du Soi, qui est naturelle, tranquille et joyeuse.
- Ce n'est pas que le monde est une illusion, c'est que notre façon de le regarder est superficielle. Le monde est réel, mais il n'est pas ce que nous avons imaginé... L'ignorance, c'est notre savoir partiel, notre prétention à savoir ce qui est bien ou mal, le marécage de l'opinion et du point de vue dans lequel nous pataugeons.
- Les diverses situations de la vie ne sont pas faites pour être résolues, mais éclairées. C'est le dénouement... Tout est le dynamisme de la Lumière consciente.
- Il n'y a pas de situation banale... il n'y a rien à attraper, rien à abandonner, rien à faire. Tout va bien ! Il reste une paix, une énergie, une joie. Mais ce n'est pas une paix statique, comme cet imaginaire que nous poursuivons généralement : « Quand j'aurai ceci, ça ira mieux. Quand il n'y aura plus de voisins bruyants, d'enfants turbulents, quand j'aurai plus d'argent, quand je serai à la retraite, quand le week-end sera arrivé, quand mon corps sera plus en santé, quand je serai moins émotif... » Tout cela est sans fin. La paix statique n'existe pas, c'est une chimère. La vie est dynamique, elle n'est que changements. Nous nous prenons pour une entité statique - le moi - qui est une image, une restriction de ce que nous sommes vraiment. Alors, nous devons lutter sans arrêt pour assurer à cette entité imaginaire un équilibre statique, où plus rien ne changerait. Voyez l'énergie qu'il faut déployer chaque jour, presque à chaque instant, pour préserver un moi artificiel statique dans un monde de formes qui n'est que changements. C'est inutile et épuisant. Peu importe ce que vous avez accompli dans votre vie, demain tout est à recommencer... La bonne nouvelle c'est que nous n'avons pas à arrêter la roue de la vie pour trouver la paix ; simplement réaliser que nous sommes le centre même et que ce moyeu est tranquille et joyeux, peu importe la vitesse à laquelle tourne la roue.
  Comment y arrive-t-on ? En ouvrant l'œil et le bon ! Tout est dans l'attention. Cela ne demande surtout pas un effort. Quand nous avons l'impression qu'il faut fournir un effort pour demeurer attentif, c'est que nous ne sommes pas intéressés par ce qui est là. Et pourquoi ne sommes-nous pas intéressés, pourquoi l'attention vacille-t-elle ? Parce que nous nous fions à la mémoire qui dit sans cesse : « je sais cela, je connais cette chose. » Sans ce brouillard, tout est vivant, frais, c'est toujours la première fois, la seule fois... On ne met pas l'accent sur l'effort, mais sur l'élan passionné, sur l'amour de la vie telle qu'elle est devant soi, dans l'instant. Ce qu'on accomplit par devoir, par discipline, demeure à la surface et ne va jamais très loin. Si on a la passion de l'existence, de la beauté, de la vie, alors l'attention se tourne sans effort vers la réalité profonde et cesse d'osciller. Exercer le regard est à la portée de tous. Il suffit de s'y adonner ; pas besoin de rechercher des situations complexes ou loin de soi.
- ... vivre avec intensité, en reconnaissant la Vibration et la joie essentielle dans toute situation. Loin de fuir des soi-disant sources de distraction ou de perdition, notamment la sexualité, on suggère de les fréquenter avec une attention sans direction et de magnifier la vitalité profonde. Cette attitude se démarque autant de l'hédonisme complaisant que du frileux retrait du monde. L'homme est là pour expérimenter et explorer la vie. Ce n'est pas en quittant le terrain de jeu qu'un sportif peut espérer remporter la victoire.
- Une vision de plus en plus réaliste du monde s'installe. Pas besoin de devenir optimiste pour trouver la vie belle ; il suffit d'être réaliste et cesser de faire des compromis avec des images que nous entretenons sur la réalité. Cela veut dire mettre de côté le monde virtuel que nous essayons tant de sauvegarder. C'est ce qui arrive quand nous nous laissons aller dans le cœur. Nous parlons ici du cœur de l'existence, plus facilement perceptible dans l'interstice entre deux objets, deux pensées, deux souffles... Un vide semble alors se creuser dans notre regard... un vide d'image... Le petit monde lisse et continu que nous croyons réel s'effondre. Nous découvrons que la continuité du monde n'est pas horizontale, au niveau des objets qui perdureraient dans le temps, mais verticale, intemporelle, au niveau de la Lumière consciente.
- Les émotions, particulièrement si elles sont vives, loin d'être fuies ou combattues, sont bienvenues, car elles portent une énergie capable de nous mener au-delà du connu. Or, tant que nous n'avons pas quitté ce domaine limitant du connu, nous n'avons pas vraiment vécu, nous n'avons pas accompli notre destin d'être humain.
Vivre avec intelligence
Albert Blackburn
- La réalisation du Soi n'est pas le résultat d'une vision et d'une acceptation soudaines d'une idée radicalement nouvelle, mais plutôt la vision intégrale, instantanée, de la totalité du processus. Cette vision génère un changement de conscience, et non un ajout dans le processus d'accumulation.
- Voir avec Intelligence est action. Cette action est toujours dans le moment présent... C'est la vision de "ce qui est" à ce moment précis, et en même temps répondre avec notre totalité à ce qui est exigé dans l'instant.
- Nous sommes accoutumés à juger de la valeur d'un enseignant sur le nombre d'idées neuves qu'il peut rajouter au contenu de notre savoir... L'habitude de penser en termes de gain et de perte est si forte...
- L'homme pense depuis des siècles que ce qu'un autre a vécu peut s'appliquer à lui, et qu'il pourrait donc organiser sa vie selon le modèle que lui montre son enseignant. Nous sommes chacun unique, et si nous nous éveillons du rêve, notre vie, si elle est vécue avec Intelligence, ne peut être la copie d'une autre vie. Elle sera exclusivement nôtre, avec de nouvelles découvertes. Nous entrons dans un monde sans chemin dans lequel nous devons être notre propre lumière...
- L'Intelligence n'a besoin d'aucune aide extérieure. Elle est sa propre lumière, apportant dans l'instant une vision complète de l'action juste.
- Un enseignant authentique n'est qu'un poteau indicateur sur le chemin. L'Intelligence voit cela comme un fait et ne tombe pas dans le piège de la beauté de ce poteau indicateur, ou dans ceux des mots écrits ici.
- L'éveil n'est pas une fin. Ce n'est pas non plus un commencement. C'est le contact avec l'éternité, instant après instant. Il n'existe pas d'état d'omniscience sur tous les mystères du monde, qui apparaîtrait soudainement. Notre participation aux problèmes familiaux et sociaux que nous avons contribués à créer se poursuit. L'éveil donne la possibilité de donner le meilleur de nous-même à chaque situation, de façon impersonnelle, sans s'identifier à cela. Nous pouvons seulement faire de notre mieux chaque jour, sans buts et sans garantie.
- Le sens des termes « vie religieuse  » prend une signification totalement nouvelle. Nous voyons que nous sommes entourés de choses sacrées. Seules nos idées à leur sujet sont profanes. Nous devons maintenant suivre le chemin de la vie avec une attention amoureuse.
  La connaissance de soi s'apprend grâce au fonctionnement de l'Intelligence, la perception est le passage vers l'éternel, mais la porte elle-même ne peut être ouverte qu'avec la clef d'or de l'éveil.
L'éveil spirituel est là, maintenant
Marina Borruso
- Nous sommes nombreux à travailler à la renaissance, l'éveil spirituel, mais nous repoussons presque tous cet événement dans le futur. Et nous faisons de gros efforts, en lutte à l'intérieur et à l'extérieur de nous, pour l'atteindre.
- Pour beaucoup d'entre nous l'aspiration intérieure de l'être, de qui nous sommes vraiment, cette aspiration à un état de conscience supérieur, tombe sous les griffes de l'esprit et devient une idée. Souvent, c'est une idée si peu réelle que nous n'arrivons même pas à reconnaître l'absolu simplicité d'un être éveillé quand on le rencontre.
- Peu d'entre nous reconnaissent que, non seulement ils ont connu un état d'éveil, au moins à quelque moment de leur vie, et souvent plus d'une fois, mais, plus important encore, que le renouveau est là, maintenant. Nous sommes souvent tellement identifiés avec une idée de la façon dont l'éveil spirituel doit être, que l'on perd conscience du fait qu'il est toujours là, accessible à partir de n'importe quel instant. Et surtout qu'il est accessible dans toutes les expériences que nous vivons. En effet, l'expérience que nous vivons est la passerelle pour accéder à un changement de conscience.
- L'état d'éveil est un état dans lequel l'identification à notre personnalité, à l'idée de nous-même, a été déconnectée... Émotions, vieilles idées, comme les croyances, les opinions, les principes, n'ont plus de poids. Dans cet état de présence, d'être aligné avec le Présent, il n'y a rien contre quoi se battre. On est ensemble avec tout et on est pleinement nous-mêmes, il n'y a rien à quoi dire non. Les chose qui se produisent autour de nous sont acceptées... On ne devient pas quelqu'un d'autre, on n'est pas différent, mais c'est comme si soudain tout était à sa place... Tout devient infiniment simple et parfait. Et ça, c'est être dans le présent. Ce n'est rien d'autre que ça,
- Pour être dans le présent, on doit sortir de l'identification avec le mental. Cela ne veut pas dire arrêter de penser, mais seulement détourner l'attention, les yeux de l'observateur, de l'esprit au corps. Ensuite, si les pensées sont là, elles perdent du poids et cela suffit. C'est, dirons-nous, débrancher la prise de la tête et la mettre dans l'espace intérieur du corps. Clic, clic. Il ne s'agit pas de faire mais de guider. Et à partir de là, dire oui à ce qui est là. Que ce soit bon, mauvais, positif ou négatif. Cela ne signifie pas devenir passif. C'est reconnaître que les choses sont aujourd'hui telles qu'elles sont. Et vous pouvez le reconnaître dans l'espace entre deux pensées. Lorsque nous ne sommes pas identifiés avec le mental. C'est tout ce qu'il faut faire pour expérimenter un état d'éveil. Il est instantané... L'état d'éveil est juste derrière ce que vous rencontrez aujourd'hui, en ce moment même. Si tu reçois ce que tu rencontres, tu l'éclaires. C'est aussi simple que cela. Bien établi, ancré à l'intérieur du corps sans donner la moindre intrusion à l'esprit, et par là accepter ce qui est là, comme c'est. Et alors la porte s'ouvre et ce qui est derrière elle vous embrasse. Et alors vous sentez une vague de vie couler à l'intérieur. C'est un jeu merveilleux. Le jeu du Présent.
Une pédagogie de l'éveil est-elle possible ?
Joelle Maurel
- Le premier niveau d'éveil concerne une prise de conscience subite, une sorte d'illumination qui déchire le voile de l'ignorance humaine et ouvre l'homme conditionné, enlisé dans les habitudes et la répétition, à la perception d'une conscience plus haute que l'on nomme le Soi.
  Au moment de cet éveil subit, mais qui peut aussi résulter d'un certain cheminement intérieur ou d'événements survenus dans l'histoire de la personne de manière graduelle, l'homme fait l'expérience de l'unité. Souvent, les personnes qui vivent cette expérience en sont transformées, illuminées et entrent dans une grande période de changement ouvrant à la créativité, à une perception différente du monde... Elles peuvent croire avoir atteint la réalisation d'elles-mêmes et peuvent se dire éveillées... alors que le chemin vers le deuxième niveau d'éveil est à peine commencé.
- Le deuxième niveau d'éveil concerne celui qui, après avoir fait l'expérience souvent subite d'une illumination intérieure va entreprendre de continuer sa quête sans s'enfermer dans cette croyance qu'il est éveillé et entamer ce qu'Aurobindo nomme la descente. Il s'agit d'un cheminement beaucoup plus graduel durant lequel la personne se confronte à son inconscient personnel et à l'inconscient collectif découvrant que si elle porte la lumière au plus profond d'elle-même, elle porte aussi l'horreur de l'humanité. Mais qui ose s'aventurer jusque-là ? Celui qui a commencé la traversée ne peut plus reculer, il avance à petits pas, parfois illuminé, parfois terrorisé, proche de la folie, souvent dans le désespoir. Il découvre derrière la réalité construite du monde, le réel, le vide et perd ses repères, toutes ses illusions. Le cheminement l'a déjà obligé à se défaire de bien des croyances, de bien des habitudes et des conditionnements, mais dans l'étape ultime, c'est à son Moi qu'il doit renoncer, à son ego qui s'accroche et ne veut pas mourir. Alors, il y a agonie. Peut-être est-ce dans un ultime combat que l'ego renonce, lâche prise, cesse de lutter et accepte de mourir... quelques grands sages l'ont expérimenté et vécu.
  Ce cheminement vers la mort de l'ego amenant l'éveil à l'êtreté ou à l'uni-dualité nous ramenant à la simplicité et à la conscience de l'instant présent... peut créer des désordres psychiques.
- Qui, aujourd'hui, a le courage de s'engager sur un tel chemin fait de rigueur, d'authenticité, de lucidité, de responsabilité, d'acceptation, d'études, de solitudes, etc ? Même lorsque l'on sait que ce chemin rigoureux et difficile mène à la connaissance et au sens de la vie, la plupart préféreront le chemin facile des désirs sans cesse comblés par le matériel, et l'illusion du bonheur.
La vie se charge de nous
Yolande
- Tant qu'on ne découvre pas par soi-même, on ne peut pas voir.. entendre.
- Soyez tout simplement ce que vous connaissez actuellement. Soyez honnête envers vous-même. Qu'aimez-vous en ce moment ? Que faites-vous ? Que sentez-vous ? Que pensez-vous, là, maintenant ? À ce qui est là pour vous, en cet instant, donnez-vous pleinement... Votre conscience individuelle est universelle, donc donnez-lui votre cœur et votre esprit. Ne pensez
à rien d'autre... Quand cela se fait naturellement, sans effort, c'est le plus haut des états.
  C'est cette chose, Absolu, Réalité ultime, qui vous cherche. Et vous trouvera au moment où Elle l'aura décidée. Dans cet état au-delà de tout état, dans ce grand cœur qui bat éternellement, spontanément, vous découvrirez qui vous êtes vraiment...
  Car la seule vraie pédagogie, c'est une fois cette chose mise à découvert. Cette chose qui fait que l'on cesse de se prendre pour ce que l'on n'est pas : le corps, les sens, le mental, les émotions ; que l'on cesse de se prendre pour une personne. Cette sensation d'inexistence, qu'on appelle l'Éveil, est spontanée, instantanée. Là une clarté se fait, une transformation intérieure, un enseignement intérieur très puissant. Et c'est le seul enseignement vrai.
- On ne peut pas tuer l'ego. Mais cette chose, elle, a le pouvoir de faire en sorte que l'ego n'ait plus le pouvoir de se reconstruire d'instant en instant. On continue à jouer notre rôle, à vivre avec cette conscience manifestée, mais elle n'apparaît plus qu'au second plan. Au premier plan, il y a ce silence, cette verticalité.
- Cet état - qui n'en est pas un - on l'est tous déjà. L'Éveil, c'est la découverte de l'unicité. C'est voir qu'avant d'être cette conscience manifestée, qu'elle soit individuelle ou universelle, tu es quelque chose qui est en amont. Tous, on est cette chose, on est cet Absolu. Simplement, c'est recouvert par cette conscience.
  Donc cette chose est là, cette puissance est là. Et c'est elle qui va te trouver. C'est elle que va te saisir, te faire découvrir la réalité vraie. C'est elle qui va t'enseigner.
- Avant ça.. il s'agit d'être tout simplement ce qu'on est, d'être honnêtement ce qu'on est. Autrement dit, de faire un avec la vie, avec ses désirs, ses souffrances, avec tout ce qui se présente. C'est vivre pleinement, intensément, simplement... C'est ne pas se croire plus fort que soi-même. C'est éviter d'avoir deux ou trois voix dans sa tête... C'est essayer d'accepter la vie telle qu'elle est, du mieux qu'on peut, sans prétendre avoir la capacité d'être autrement de ce que l'on est, de faire autrement de ce que l'on fait.
- C'est être le plus fluide possible avec la vie. C'est ça vivre simplement. Ça ne veut pas dire avoir une vie très intense, très mouvementée. C'est, quelle que soit ta vie, passionnée si tu es de nature passionnée, tranquille si tu es d'un naturel tranquille ; l'accepter telle qu'elle est. Déjà, bien souvent, il y a une voix qui murmure « je devrais m'y prendre autrement, ma vie devrait être autrement... ». Alors, accepter cette voix. Ne pas compliquer les choses. Ne pas laisser s'imposer, par exemple, une nouvelle voix qui dirait « il ne faut pas qu'il y ait cette voix qui parle dans ma tête... ».
- De toute façon, la vie se charge de nous et nous ramènera là où il faut.
- C'est vivre sa vie en faisant la vaisselle et en ayant dans la tête toutes sortes de pensées qui nous embarquent ailleurs. C'est s'accepter vraiment tel qu'on est, avec cette petite voix dans la tête puisque c'est elle qui se présente.
- «Je» ne peut pas trouver l'inexistence. «Je» n'a pas à la chercher. C'est l'inexistence qui doit nous saisir.
- Si ma vie m'amène à avancer sur une voie spirituelle... il faut respecter ça. Il faut y aller, le vivre pleinement, intensément. C'est ça aussi, accepter la vie telle qu'elle est ! ... c'est ni plus ni moins qu'un chemin de vie comme bien d'autres... Ça n'a juste rien à voir avec l'Éveil.
- Accepter son chemin tel qu'il est... pour qu'un jour il n'y ait plus de chemin connu.
L'Éveil, l'illumination
Jean Klein
1) Découvrir notre état de "sommeil"
  Nous vivons habituellement dans un état de sommeil... Voir ce qui est et non juger la situation pour mieux s'imaginer la fuir... Une approche essentiellement non-duelle.
  La découverte de notre "absence" n'est pas sans susciter la recherche, souvent très angoissée, de la "Présence" à tout prix. La quête anxieuse de l'Illumination, de l'Éveil, est alors inévitable.
2) Comprendre les mécanismes psychologiques
  La compréhension sentie de nos mécanismes psychologiques devient donc nécessaire et indispensable. Dans cette perspective, nous devons apprendre à voir nos illusions, à comprendre que toute position du choix est fragmentaire : car refuser ou saisir, c'est la même chose, ces deux démarches conduisent à un conflit nouveau. Lorsque nous avons vu, sans jugement, le processus dualiste et fragmentaire du désir, nous découvrons qu'il existe un état sans désir, car quand vous ne cherchez plus à compenser, il y a satisfaction et c'est un état sans désir. C'est un processus entièrement organique. Si cette élimination a été pleinement accomplie, après la soustraction, quand rien n'a été omis, sans aucun résidu, nous sommes renvoyés à nous-mêmes, à ce que nous sommes essentiellement ; c'est un état de solitude, de silence dans lequel on s'éveille. Ce silence, cette attention pure est une attention à l'attention, elle est dégagée de toute conception de durée, de volume, temps et espace et, en fait, ce siège de la conscience, ce noyau, cet axe de gravité de notre être autour duquel la personnalité s'est greffée contient notre véritable nature, laquelle est au-delà de tout conditionnement.
  Tout effort pour avoir accès à l'éveil dans un horizon circonscrit par un ego est un obstacle.
3) L'approche méditative
  Une approche qui ne s'inscrit dans aucun cadre conceptuel, aucune technique temporelle ou pratique intentionnelle.
  Dans l'approche méditative, toute démarche mentale, concept et volition ayant cessé, on peut appeler cet état attention silencieuse, sans attente ou choix. Nous n'agissons plus sur le problème ce qui reviendrait à retomber dans le fractionnement, c'est lui au contraire qui prend vie, s'éveille, se déroule devant nous, ses éléments perdant leur charge et se résorbant dans le silence vécu : conscience suprême, unité.
  N'accumulez pas davantage de choses, ne multipliez pas de nouvelles façons de méditer, de vous détendre ou de vous purifier. Toute cette expérimentation de sensations et de techniques n'est que vanité. Elle relève de l'ego qui cherche sécurité et approbation. Les conflits et les problèmes dérivent tous de l'esprit désireux de justifier son existence. Quand vous voyez cela soudainement, dans la plénitude immédiate d'une totale conscience, vous devenez conscient de ce que vous n'avez jamais cessé d'être : l'insondable félicité de l'Être.
4) Non-état et acausalité
  Atteindre l'état ultime est un rêve insensé parce que l'Ultime Réalité est inconcevable ; elle est Réalité sans jamais devenir une conception de la réalité. C'est tout le dilemme de notre dualité mentale qui vise à objectiver ce qui transcende l'ensemble du monde objectif.
  La non-dualité relève d'un autre ordre que celui du temps, des causes et des effets, des moyens et des fins...
  Dans l'état de non-dualité, qui n'est pas à proprement parler un état, il n'y a ni sujet qui perçoit ni objet perçu... Une vision claire, spontanée dissout tous les schémas créés par les états et nous montre que le non-état est sans cause, qu'il existe en lui-même par lui-même. Sans l'objet, il n'y a plus de chercheur.
5) Instantanéité et transformation
  L'illumination, acausal, est l'intuition instantanée qui vous convainc qu'il n'y a rien ni personne à illuminer.
  Chaque pas entrepris pour vous en approcher vous en éloigne. C'est plus proche que de cueillir une fleur. Soyez conscient seulement de votre réticence à abandonner la volonté de produire. Cette intervention vous éloigne du courant naturel de la vie. Ressentez-vous dans cette conscience. Demeurez en elle et vous serez pris par elle. Vous serez dans une dimension nouvelle, dans une expansion objective sans référence. C'est un moment d'émerveillement, absolument sans cause.
  L'illumination est une naissance instantanée : la croissance, ou transformation dépend de notre configuration individuelle, de notre personnalité, sur les plans biologique et psychologique.
  L'illumination est instantanée, tandis que l'esprit devient progressivement plus clair. La clarté de l'esprit devient progressivement plus clair. La clarté de l'esprit desserre l'étreinte des vieux schémas qui à son tour stimule la clarté de la vision.
  L'éveil est instantané mais la transmutation sur le plan phénoménal se fait dans le temps. L'on est percuté à tous les niveaux mais la transformation et l'harmonisation de la substance humaine, le tempérament, le caractère et l'organisme biologique sont liés au temps. Tous les être illuminés ne sont pas des enseignants. Le moyen de transmettre peut mûrir.
  Qu'était votre état d'esprit et de corps juste avant l'éveil dans la conscience ? La réceptivité. C'était absolument non orienté, non localisé, totalement détendu, sans projection, attente ou idée. Dans cet état totalement détendu, j'ai simplement été pris par la grâce.
6) S'éveiller à sa vraie nature
  Nous sommes éveillés aux objets, mais pas à notre vraie nature.
  La réalité se cache derrière sa propre création, derrière l'énergie qu'elle dispense. Elle se révèle de son propre mouvement, elle ne peut être atteinte par l'action, l'homme apparaît au sein de cet absolu, de cette conscience que nous expérimentons spontanément sans l'intervention d'une cause. Il y a seulement Unité resplendissante.
  Déjouer les rets du temps, de la causalité, du déterminisme, revient à se connaître au cœur de l'Éveil, alors que toute connaissance de nous-même se situe habituellement dans un au-dehors.
  L'Éveil est ce que vous êtes, ce que vous êtes est la lumière de chaque perception. Tous les objets, toutes les perceptions dépendent de cette lumière, votre vraie nature. Ils ne peuvent exister sans une conscience qui les perçoive, que j'appelle le sujet ultime.
7) Savoir et questionnement
  Votre vraie nature est au-delà du corps et de l'esprit. C'est pourquoi à la question: « Qui suis-je ? », il ne peut être apporté de réponse. Elle n'offre pas de prise : toutes références glissent et vous vous éveillez à la réponse du silence. Se chercher est en un sens une totale perte de temps. Cela doit devenir pour vous un fait absolument évident. Ne questionnez pas sans fin cette évidence.
  Quand vous avez dit : « Je ne sais pas », il n'y a plus de connaissance possible. Il y a un complet lâcher-prise à connaître quoi que ce soit... dans ces moments, vous êtes ouvert... il n'y a plus de référence de tout à vous-même, alors vous vous éveillez dans votre absence. C'est dans la totale absence de vous-même qu'il y a présence.
8) Au-delà...
  Cet Éveil ne se ramène pas à une nouvelle expérience de vie ; c'est la Vie même... Quand vous êtes éveillé à la Vie, il n'y a pas de mort.
L'Éveil
Marigal
- .. ça me rappelle d'autres rares moments de l'enfance qui ressemblait à celui-ci, qui étaient venus puis repartis, me laissant le souvenir pendant quelques instants d'avoir été au paradis. Mais cette fois j'ai nettement conscience que cette expérience de quelques heures contient la réponse aux questions que j'ai pu me poser et que tout un chacun se pose un jour ou l'autre concernant la relation entre l'être individuel et l'univers, moi et les autres, Dieu et le monde... « Tout était clair, lumineux, résolu, réconcilié, dans une totale liberté.  »
  Il fallait donc que je retrouve cet état - mais comment ?
- Comme la graine contient l'arbre, ce moment d'ouverture contenait à la fois le matériau de départ, la modalité du parcours et l'épanouissement.
- C'est l'absence du "moi" qui est apparu être le phénomène déterminant... Comment s'y prendre pour qu'il n'y ait plus de moi dans le regard... plus de "moi" aux commandes de ce personnage-globalité que je suis ?
  Dans le contexte de l'expérience, "personne" dans le regard voulait dire - aller à l'origine du regard, au-delà et en deçà du regard - à l'avant-regard - qui devait se situer vers le dedans du cerveau - à la racine du mental. C'est ce que j'appelais "méditer" (aller vers le dedans) - qui sera le lieu d'étonnantes découvertes.
  En effet, cette remontée à la source nous conduit à la rencontre du monde mental. Une véritable pelote de nœuds faits d'émotions, de sentiments, de pensées qui se mêlent, interfèrent, s'interpénètrent, s'embrouillent et prolongent leurs attentes dans toute la personne. C'est l'identification à tout ce conglomérat de phénomènes mentaux qui constitue l'artefact qu'est l'ego - qui se prend pour une entité. L'entité-moi un tel ou une telle, qui lorsqu'il s'exprime dit "je". Je fais ceci ou cela, je ressens ceci ou cela, je pense ceci ou cela... C'est cet agglutinat de choses-pensées qui au sein même de l'Un, crée une frontière mentale entre la conscience individuelle et la Conscience Une...
- Et l'Éveil ? C'est l'instant subi - intemporel - hors du temps - où notre carapace egotique est transcendée. Comme si une brèche s'était produite, et la Conscience infinie.. pénètre et envahit notre espace intérieur, nous inondant de joie et de félicité...
- Toujours dans le contexte de ce moment de grâce, "personne" à l'origine de notre fonctionnement cela voulait dire : aller vers le dedans de l'intérieur des sens, diriger l'attention au lieu de la perception, à la racine de la sensation. C'est une observation sans observateur, qui après quelques tâtonnements s'est mise en place d'elle-même, que j'ai nommée l'Attention Perceptive. Son fonctionnement est celui-ci: « Lorsque l'attention est dirigée vers la sensation, cette attention-conscience rejoint la conscience interne de la sensation, qui s'éveille à ce contact, et se perçoit "conscience sensitive" au cœur de nos cellules. Ce n'est pas un moi ego, un quelqu'un-entité qui perçoit la sensation, c'est la conscience interne de nos cellules, la conscience cellulaire qui se perçoit elle-même comme conscience sensitive. »
  Une fois apprivoisée, cette pratique en peu de temps a porté ses fruits, et ces moments sont revenus de plus en plus souvent, de plus en plus facilement... Jusqu'à ce que, sans s'en apercevoir, il n'y ait plus de retour en arrière.
- Cette pratique de l'attention perceptive s'est avérée aussi un procédé de dé-conditionnement egotique - par le fait que chaque nouvelle incursion de l'attention-conscience sur notre carapace avait pour effet de dénouer les nœuds qui la constituent, effaçant ainsi les voiles qui recouvrent notre nature originelle.
  Que se passe-t-il ? Quand on dit que la Conscience s'éveille, en fait c'est le voile de l'ego qui a disparu. Le re-couvrement a disparu... et la lumière de la Conscience apparaît.
- Vide-Non-Forme - CELA - l'Immobile - l'Insaisissable - au sein duquel un frémissement apparaît - C'est la conscience qui s'éveille, qui s'informe, qui entre en existence...
  Cette vibration première, c'est le toucher de la conscience avec la forme corporelle - perçue par le système neuro-sensitif de l'être humain en tant que sensation - que l'on nomme le ressenti. Alors que l'idée, le concept de "Réalité" ne sont que l'image de la réalité, le ressenti, est le concret de la réalité - le réel de la réalité. Ainsi, la connaissance concrète de "Cela qui est", sa réalisation, c'est-à-dire l'incarnation de la réalité, est fonction du ressenti de la réalité. C'est par le ressenti que nous expérimentons que la forme et la non-forme ne sont pas différentes : la forme émane de la non-forme et la non-forme pénètre la forme.
- Lorsque les voiles qui obscurcissent la conscience ont disparu, la conscience voit... la conscience est vision... L'éveil est vision...
  Le regard est totalement inversé. Ce n'est plus un regard mental qui se porte sur le monde pour analyser, comparer, juger, et en tirer des conclusions... C'est la vision qui depuis l'origine du Vide, voit la mise en mouvement du Vide, voit l'interpénétration du Vide et des formes - le fonctionnement de soi-même et du monde, les inter-relations entre l'Un et le multiple... tous les phénomènes du monde, même négatifs, et même l'ego et ses contorsions - qui sont l'expression de l'Un... CELA qui EST.
- ... essayer d'exprimer le plus fidèlement possible le "ressenti" de ce qui est perçu afin que le mental formule et enregistre la pensée juste.
  C'est la qualité de "présence de ce ressenti" et la manière de le formuler qui sont le germe de la réalisation sensitive et intellectuelle du contenu de l'Éveil : l'apparition, la signification, la floraison. Si on l'a goûté une fois, on sait qu'il est possible de retrouver la concrétude de ce moment et la compréhension intellectuelle infinie qui l'accompagne.
Entretien
Stephen Jourdain
- La seule chose urgente et importante est : VEILLER.
- L'homme éveillé saut que la vraie réalité n'est pas derrière les apparences, mais dans les apparences elles-mêmes. Il n'y a rien par-dessous, il n'y a rien derrière, nul besoin de creuser ni de piocher : tout est là, offert.
- L'éveil, c'est la grande remise en ordre. La fin du putch métaphysique. La fin du règne de l'Usurpateur. Le soleil de la conscience inonde de rayons vengeurs l'ombre en laquelle il s'était dégradé, où l'irréelle progéniture de "je" réussissait à se faire passer pour réelle, pour le réel. La pensée fille de "je", partout, est percée à jour. De son ouvrage frauduleux, il ne reste que cendres. Le néant retourne au néant...
- Je veille, je me veille : gardien de ma propre intégrité, je veille aussi la conception candide, innocente, qui est comme l'état ludique de ma veille : afin qu'elle ne transgresse pas, qu'elle demeure candide, innocente, fondamentalement dénuée de réalité propre : Tout ceci est Un ; pas trace d'un héros et d'une aventure. Ma veille fléchit, si peu que ce soit : l'être charmant que j'évoquais se retourne contre moi, se transforme en monstre affirmatif ; ce monstre est un ogre, et l'ogre m'avale ; et dans la panse de l'ogre, je renais, dérisoire, spectral, sous la forme d'un sujet engagé dans une aventure ; j'étais un, je suis devenu deux.
- L'éveil n'est pas une chose, un substantif : c'est un verbe... l'éveil, ça s'effectue... On fouille dans sa tête à la recherche d'un moi-chose, alors qu'on est un geste !
- Toute expérience, si glorieuse soit-elle, passe... L'éveil, lui, est inaltérable.
- Vous êtes seul. Vous êtes en train de courir, vous croyez que je cours à vos côtés, vous croyez que tout l'univers court à vos côtés : hallucination, rêve. Vous êtes seul dans la course.
Un seul élan suffit
Nicole Montineri
Après des années de recherche ardente, de quête intense, survient cet instant tant espéré où nous nous éveillons... Ce moment immobile, hors du temps, vient rendre réel ce que nous avons appris, compris, et dissout pour toujours les "comment" et les "pourquoi". Nous portons alors un regard amusé et tendre sur ce cheminement spirituel créée par notre mental...
  Pendant plus de trente ans, j'ai cherché les signes du sens de ma vie, de la Vie, chez les philosophes, les poètes, les mystiques chrétiens, soufis, bouddhistes, shivaïtes. Leurs mots faisaient vibrer quelque chose de blotti au fond de mon être, qui attendait d'être reconnu. Je remercie tous ces éclaireurs qui furent comme des balises tout au long de ce trajet mental vers le but que je m'étais fabriqué, et qui s'est évanoui à l'instant où...
  Chercher, oui... étudier les textes sacrés, rencontrer des sages authentiques, méditer pour que l'esprit différenciateur devienne transparent, se mettre en situation de recevoir, d'être aidé, dans une attitude humble, dans l'effacement de soi, ouvre les vannes de la compréhension profonde. Compréhension qui passe par le mental, bien sûr, un mental vif, efficient, sensible, pénétrant, qui prépare à la perception de ce qui est au-delà du connu, au-delà de toute image, de tout concept dualisant. Comprendre n'est pas contrôler, s'efforcer, appliquer une volonté érigée en citadelle, car alors c'est le mental qui prend les rênes.
  Se préparer, oui... dégager l'accès à l'espace lumineux et paisible, à l'instant cosmique où la Vérité sera vue par Elle-même, en Elle-même. La préparation n'est pas un remplissage de savoirs, une acquisition de moyens et d'exercices qui ne feraient que renforcer l'attachement à d'apparents progrès. C'est au contraire une mort perpétuellement renouvelée, qui nous engage dans un état d'attention recueillie, dans la pleine conscience de ce qui surgit puis se résorbe. Si nous observons sans répit, intensément, la seule réalité qui soit, celle vécue au présent à travers les événements, les situations, les rencontres, nos propres désirs s'évanouissent peu à peu. Nous renonçons à l'effort, à la volonté personnelle, pour laisser les choses se faire d'elles-mêmes, dans une détente qui est la seule vraie libération. Nous sommes alors en conscience, à chaque instant, dans l'essence de la vie. Celle-ci se révèle en sa plénitude à travers son mouvement. Nul besoin d'exercices pour l'atteindre... Nulle possibilité de moyens pour révéler ce par quoi la voie existe... Tout est bien. C'est la vie qui s'expérimente elle-même dans le champ de la conscience immuable. C'est une même conscience qui interroge et qui répond...
  Tout est voie, à l'intérieur de notre propre conscience, à l'intérieur du Tout cosmique. Tout est voie... sans voie, car tout procède de la conscience. Dans l'instant de notre mise en marche, sans distance, pour aller de soi à Soi, dans chaque pas de notre quête immobile, se trouve ce que nous cherchons. Il n'y a aucune séparation. La source jaillissante de la vie est exactement là où nous sommes en conscience.
  Reconnaissant l'évidence, la paix s'installe, champ d'accueil indispensable à la soudaine réalisation de notre véritable nature. Enfin vide de désir, de représentation, de tout appui, ne reste que le silence, dans un espace totalement ouvert et libre. Alors la conscience se saisit d'elle-même dans un saut hors du temps, dans un bond à l'intérieur de soi, par l'effet de la seule grâce. « Rien d'autre qu'un élan nu vers Dieu en Soi-même ».
  Un seul élan suffit...
L'intégration du moi limité dans le soi illimité
Sylvia Garance
- À mesure de l'éloignement de son identité divine, l'humanité s'est installée dans le doute, la perte de confiance. Le voie s'est graduellement épaissi, et de moins en moins guidé par la sagesse de l'être profond, l'ego trompeur s'est construit avec ses certitudes et son système de croyances.
- Toutes nos blessures constituent le compost de ce qui devient notre force de vie.
- À chaque fois que nous appréhendons un événement de la vie, une rencontre de manière difficile, il est en fait question d'une étape initiatique qui s'offre à nous, soit une opportunité de libération, de dissolution de quelque chose qui restreint notre élan de vie.
- Nous devons réinvestir ce « territoire sacré », à savoir le présent de notre être dans ce corps.
  C'est de ce lieu, le corps, la conscience, la sensation dans l'instant présent que nous pouvons accueillir une réaction, une émotion, un sentiment douloureux, prendre conscience d'une programmation qui nous limite.
  Une réaction, c'est la manifestation d'une mémoire émotionnelle, donc d'une blessure...
  Naître à soi-même, c'est s'accompagner dans un processus de reconnaissance de soi à tous les niveaux de l'être, incluant la sphère psychologique.
  Nous sommes créateurs de nos états intérieurs et non pas des victimes. Il importe d'observer ce que nous avons mis en place pour masquer ce désarroi d'être éloigné de notre nature essentielle.
  La quête intérieure prend tout son sens quand elle inclut la question de la souffrance. Les pensées compulsives, les sentiments de mal-être, les sensations d'anxiété qui nous habitent, mais aussi les pulsions réactives (colères, émotions) ont leur source dans les peurs et les blessures que nous n'avons pas encore réussi à rencontrer, à accueillir, à embrasser.
  À partir d'une expérience douloureuse, il y a tout un programme qui se met en place de sabotage, d'abnégation, de sous-évaluation, de non-amour de soi..
  Même si notre ego tente de nous persuader que nous sommes le plus intelligent, le plus beau, le plus performant. Et surtout s'il tente de nous en persuader, c'est pour cacher quelle détresse ?
  Quelles sont ces circonstances de vie où nous refusons de lâcher prise ?
- La conscience de soi nourrit la confiance en soi. Il nous appartient de démystifier la souffrance pour libérer, accueillir et faire grandir cette confiance, la sentir encore plus palpable en soi.
  Le non-amour de soi, le manque de valeur et d'estime font que nous nous sentons de plus en plus abandonné par la vie. De ce fait nous cherchons davantage de sécurité, de reconnaissance, de pouvoir. Ce qui conduit inévitablement à se blesser encore davantage.
- Aussi longtemps que nous nous positionnons comme victime de l'autre, de la vie, nous ne pouvons bénéficier du potentiel d'énergie et de conscience à notre disposition.
  À partir du moment où nous avons créé le petit moi et toutes ses identifications, nous ne vivons plus à partir de notre conscience profonde. Nous fonctionnons à partir d'une conscience de surface qui est une adaptation à notre conditionnement, à notre éducation et à toutes les peurs, les appréhensions, les jugements que ceux-ci véhiculent. Ce sont alors nos pensées qui nous disent qui nous sommes, qui nous croyons devoir devenir. Elles élaborent des scénarios sur les autres, sur le monde, souvent fort différents de la réalité.
  L'être s'est confondu avec le personnage, occultant sa véritable essence ! ...
  Le chemin d'éveil passe, de façon incontournable, par la découverte permanente de ce qui empêche d'être.
  La somme des attachements, des attentes, des désirs, des besoins amoindrit considérablement le sentiment d'être et de vivre à partir d'une conscience profonde.
- Mes peurs, mes pensées, ne sont certes pas qui Je Suis ; elles sont pourtant mes créations et il m'appartient de les réintégrer, de les transmuter à la lumière de cet espace de conscience plus vaste et inclusif.
  Nous ne pouvons retrancher une partie de ce qui nous constitue. La lumière doit faire corps avec la densité.
  S'éveiller à ce que nous sommes, c'est l'expérience d'une profonde réunification en soi.
  C'est à partir d'une conscience ancrée dans le moment présent que nous apprenons à apprivoiser ce qui nous fait peur.
  Il n'existe pas de technique ou de méthode miraculeuse. La seule pratique à laquelle se conformer est celle qui nous éveille à un aptitude à revenir au présent, encore et encore... !
  C'est une sorte de gymnastique spirituelle qui demande entraînement et persévérance, le mental humaine état très mal adapté au moment présent.
  C'est faire le choix de cultiver cet art d'exercer sa conscience dans l'ici et maintenant pour intégrer sur un plan supérieur les pensées, les émotions et les sensations qui véhiculent les peurs, les attentes, et les frustrations.
  En d'autres mots : l'intégration du moi limité dans le soi illimité.
  Exceptée une situation de danger immédiat, la peur - petite ou grande - n'a ni fondement, ni réalité objective dans l'instant présent. Il s'agit le plus souvent d'une projection dans le futur en référence à un conditionnement passé tout en "zappant" le présent.
  Or, si une difficulté surgit dans le moment présent, il y a de grandes probabilités d'y trouver une résolution. Il n'y a cependant aucun pouvoir d'intervention au regard d'un événement passé si ce n'est rajouter de la culpabilité ou renforcer le sentiment d'être victime. Et c'est la même chose quant aux peurs que nous projetons dans le futur. Elles procurent un sentiment d'impuissance et pompent nos ressources énergétiques.
  Lorsque nous luttons contre une peur ou tentons de la nier, elle prend tout l'espace, générant de plus en plus de stress, d'anxiété, d'angoisse. Si nous l'observons à partir d'un espace plus profond et de la sensation du corps dans l'instant présent, son intensité, son impact s'amenuisent. La charge émotionnelle qu'elle contient se dissout peu à peu libérant une grande quantité d'énergie jusque-là prise au piège de cet état de fixation. La peur peut pourtant se représenter une fois, dix fois... Ce sera alors autant d'opportunités de l'apprivoiser et d'affiner cet aptitude à être de mieux en mieux lesté dans le moment présent, dans le Soi.
  En terme métaphorique, la gymnastique spirituelle évoquée plus haut, va permettre de "muscler" la conscience témoin afin que celle-ci prenne de plus en plus de place.
  Il est question d'une acuité sensorielle qui donne à voir, à sentir avec clarté les dynamiques dans lesquelles nous sommes à tout moment et les voir à partir d'une certaine distance ; avec empathie et bienveillance.
  La "Présence" convoque "l'ouverture" ; une ouverture totale envers toute expérience que nous rencontrons !
  Puissons-nous cultiver une joyeuse vigilance au quotidien et faire le choix résolu de se resituer dans un ordre intérieur, dans une intégrité
tous les niveaux, dans la clarté et le discernement... En sachant refuser la compromission, la manipulation et toute forme d'illusion, même si celle-ci est porteuse de belles promesses, comme la sécurité, par exemple.
  Nous sommes créateurs de notre propre vie, mais notre engagement envers nous-même ainsi que notre persévérance à oser nous hisser au-delà des conditionnement et des habitudes mentales sont souvent bien défaillants.
  En chacun sommeille un être libre de tout jugement, de toute pulsion réactive et doté d'une grande capacité à ressentir, à s'émerveiller, à aimer, à compatir ! Un être capable de se tenir là, dans le moment présent, et d'embrasser tout ce qu'il contient : une peur, une émotion ; sans tentative de fuite, de déni. Sans complaisance et sans compromis non plus.
  L'époque nous engage à inviter une conscience plus profonde à façonner notre humanité.
 
Autres pensées ou extraits
- "Tu dois marcher seul, sans maître, sans mots, sans aucune béquille. La liberté est tout ce qui est.. C'est la véritable paix quand le maître et l'esclave disparaissent." Karl Renz
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"L'illumination est l'annihilation de celui-là même qui veut l'illumination... L'illumination ne peut advenir que si c'est la volonté de Dieu". Ramesh S. Balsekar
- "L'accent est à mettre sur ce que nous ressentons, pas sur ce que nous savons..." Christian Jourdain
- "Ne croyez pas un mot de ce qu'on vous dit, testez-le. Est-ce vrai pour vous ? Si vous croyez ce qu'on vous dit, vous manquez l'essentiel... Doutez de tout ce dont vous pouvez douter et ce qui reste, c'est Cela." Douglas Harding
- "Il s'agit d'avoir l'esprit ouvert.. si vous savez ce qui va se passer, ce ne sera pas une expérience du tout ; c'est l'ignorance le grand maître ici... Vous faites des expériences et vous se savez simplement pas." Douglas Harding
- "Quand vous avez presque 100 ans (96 ans ds les faits),vous êtes porté à l'essentiel et les choses superficielles disparaissent. Vous êtes poussé vers l'essence, poussé vers la maison, chassé vers la maison par le chien du paradis." Douglas Harding
- "Tu ne t'arrêtes pas parce que tu trouves. Tu t'arrêtes parce que tu ne trouves pas. Tu as examiné toutes les circonstances et en ne te trouvant nulle part, tu découvres que tu ne peux pas te trouver et que tu es antérieur à tout ce que tu peux imaginer. Non pas en te trouvant, mais plutôt en ne te trouvant ni dans le monde, ni dans l'esprit, ni dans la lumière, en ne te trouvant dans aucune circonstance, tu es ce que tu es.. Cherche, et tu découvriras que tu n'es pas quelque chose que tu puisses trouver."  Karl Renz