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Textes d'auteurs (2008)
"L'énergie. Du corps à la conscience" ?
3e Millénaire, Été 2008, No 82

NB: De courts extraits d'articles de la revue, parfois légèrement adaptés.
Tout se dénoue
Jean Bouchart d'Orval
- Quand on dit que l'on manque d'énergie, ce n'est pas vraiment que l'on en manque, mais plutôt que l'on ne la sent plus.
- La sensation de manque d'énergie vient des fuites ! Il suffit de voir la quantité d'énergie colossale dépensée en une seule journée pour sauvegarder ce que nous ne sommes pas : toute notre histoire, nos fabrications mentales. Nous dépensons beaucoup d'énergie à sauvegarder quelque chose que nous laisserons aller le soir venu ! Il faut voir le désordre, le chaos que nous introduisons dans le cerveau... et la nuit, notre cerveau travaille très fort pour remettre un peu d'ordre. C'est une double dépense d'énergie. .. Il ne s'agit pas tant de chercher de l'énergie, mais bien plutôt de voir à chaque instant comment je m'y prends pour la dilapider.
- Ce qui me reste quand toutes les images sont démantelées, c'est cela l'énergie.
- Des conflits se déroulent en moi sans cesse.. Les gens qui s'engagent dans des voies spirituelles semblent être encore plus en conflit.. Tout n'est que conditionnements, mémoire.. La liberté, et aussi l'énergie, ne peuvent venir d'une démarche dans le temps, d'une démarche personnelle, volontaire.
- Le fait de voir une fois, ou dix fois, ne suffit pas à nous faire changer, car le ciel s'entrouvre et se referme tout de suite. Il n'y a pas assez d'énergie pour tout faire éclater, pour brûler les résidus de la mémoire. Il faut revenir sans cesse à cette prise de conscience.
- ..chaque fois que je désire intervenir dans ma vie pour modifier le cours des événements, je me fourvoie. Je m'éloigne en fait davantage à chaque fois. Qu'est-ce que je peux bien vouloir si ce n'est pas le contenu de ma mémoire ? Et qu'y a-t-il dans ma mémoire ? Des images, et encore des images ; des traces laissées par les expériences passées sous forme d'impressions. Quand je me lance dans une démarche délibérée, je veux recréer le passé. Et pourquoi ? Parce que c'est rassurant, cela protège ma construction. C'est un réflexe de survie. Toute démarche volontaire, y compris spirituelle, est une démarche de survie.
- Pourquoi un chemin spirituel est si long, alors qu'un seul instant suffit ? Parce qu'à chaque étape, je revendique, je m'approprie la pratique. Ce mécanisme egotique en nous est très fort. Il dispose de toutes nos ressources intellectuelles, et il en use abondamment pour sa survie. Ce mécanisme est aussi fort que dans la situation où l'on met la tête dans l'eau. Au bout d'une minute, la force qui nous la fait retirer est énorme. C'est la même intensité qui est présente dans le mécanisme egotique, qui nous fait prétendre à une vie personnelle. Il y a là une tension perpétuelle, et c'est cette tension qui fait que l'énergie est presque totalement gaspillée. Mais, à un moment donné, le mécanisme devient clair. C'est dans ce moment de clarté que tout peut s'ouvrir. Une seule chose fonctionne alors : la grâce, l'évidence de ce que je ne suis pas. Quand quelque chose est évident, il n'y a nul besoin d'un professeur, d'un maître, d'un livre.. La vie est action, directe. La pensée a toujours son mot, mais sur le plan fonctionnel. Quand on tombe amoureux, il n'y a nul besoin d'autre chose. L'énergie est là en abondance. Vous aviez de la peine à vous traîner hors du lit le matin, et soudain un beau soir, vous faites une rencontre merveilleuse. Le lendemain matin vous êtes soleil, une étoile. Mais où était auparavant passée cette énergie ? Elle était prisonnière d'une image de soi, de cette restriction qu'est une image. La rencontre a éveillée un moment intemporel. Car, que se passe-t-il quand on est séduit par une personne, une tradition, un pays ? Nous sommes dans l'écoute, sans mémoire. Nous avons la capacité d'être étonnés : c'est la première fois que l'on est séduit. La deuxième fois, nous ne le sommes pas : on se remémore. La difficulté est que ce n'est presque plus jamais la première fois. Nous appliquons ce même mécanisme à la recherche spirituelle. C'est la cinquième fois que je médite... Je suis alors devenu un méditant, un expert, un sage. Il faut alors quelque chose d'énorme pour me secouer, un grand coup.
- Le regard qui observe est sans direction. Il s'agit d'une attention non directionnelle. On ne s'observe pas dans le but de s'améliorer, car sinon c'est faussé dès le départ.. Il s'agit d'une attention sans choix. Ce regard n'est pas personnel. « Connais-toi toi-même » ne pointe pas vers l'analyse, la comparaison. Voir ce qui est vivant. Qu'est-ce qui est là ? Toujours là ? Si nous posons la question suivante à une personne : quel est l'élément commun à tous les événements de ta vie, heureux ou malheureux ? Elle verra que c'est elle-même. J'étais là pour savoir que j'étais heureux ou malheureux, que j'étais en recherche. Nous ne pouvons pas nous mettre en recherche de cette chose, qui n'est ni apparue ou disparue. Ce serait une démarche, une attention orientée. Tout ce que l'on peut faire est de regarder comme l'on regarde. Me regarder agir, me regarder intervenir.. Voir que je me tourne tout de suite vers ma mémoire. Être attentif, c'est d'abord voir combien nous sommes inattentifs. C'est tout ce qu'il y a à faire. Le reste n'est pas entre vos mains. Je ne peux rien faire de plus que voir la façon dont je m'y prends pour ruiner l'attention, la recouvrir. On demandait à Jean-Sébastien Bach comment il faisait pour composer sa musique, et il répondait que la question n'était pas tant de la composer que de ne pas la piétiner en se levant le matin : c'est Dieu qui compose, et je prends la dictée. En tant que personne, Bach n'est pas là, il est au service de la musique. Pour nous, c'est de devenir un bon vivant comme Bach était un bon musicien. Chez un bon vivant, on sent la vie. Il est un serviteur de la vie. La plus belle façon de vivre, c'est de servir. C'est ce qui se produit naturellement quand on arrête de se prendre pour ce que l'on n'est pas. Tant que nous nous prenons pour une image, nous sommes dans une misère énorme, et nous ne pouvons faire autrement que de débarquer dans notre journée, chaque matin, en voulant se remplir, se servir. Le monde entier est alors fait de pions sur notre échiquier, y compris nos proches à qui on dit plusieurs fois par jour qu'on les aime. On ne peut que chercher à tout utiliser.. Mais soudain, le mécanisme est vu, et cette révélation est très fertile. ..comme disais Jésus, nous ne savons pas ce que nous faisons. Nous ne voyons pas, et nous nous arrangeons pour ne pas voir. Notre mécanisme egotique va tout faire pour regarder plus loin.
- Toute souffrance est tournée vers la joie. S'il y avait absence de joie, nous ne pourrions pas souffrir. J'ai le pressentiment très profond de la joie.
- Quand les êtres humains souffrent, ils se remettent en question. Ils commencent à écouter, à devenir humbles, pour la première fois. Mais s'ils ont le malheur que les choses se remettent, alors eux-mêmes se remettent à dormir ! Mais après être passé plusieurs fois par le même cycle émotionnel, ce n'est plus possible. C'est trop, les bras nous tombent. C'est le moment où la grâce commence à passer dans notre vie, dans le "je ne sais pas". Quelque chose de frais peut passer. Soudain, l'on prend conscience que l'on dormait. On commence à vivre pour la première fois. Et vivre, c'est ressentir. On voit donc que l'on ne sentait pas. Ainsi, tôt ou tard, la manière dont on vit nous amène à la souffrance. C'est une grâce, non pas par la douleur elle-même, mais par l'ouverture que cela occasionne. La souffrance n'est pas nécessaire, mais quand nous dormons très profondément, elle le devient. Si nous sommes quelque peu sensibles, de petites épreuves suffisent. Si l'on est très insensibles, de grandes épreuves seront nécessaires pour nous réveiller.
- La seule réponse fraîche, le seul événement frais qui puisse se passer est le moment où nous voyons notre manière de vivre, où soudain nous sommes là. La révélation est instantanée. .. Ce n'est pas progressif. Ce qui est progressif est la façon dont cette révélation va s'actualiser, se répandre, dans les différents éléments de la vie. Les mémoires sont longues à brûler, mais l'irruption de la lumière n'est pas progressive, et ne peut non plus être provoquée. Mes actes n'amènent pas la clarté dans ma vie. C'est la clarté qui éclaire mes actes, amène un changement, sans nul besoin de discipline ou d'effort. Il n'y a que l'évidence qui fonctionne. Si j'ai encore besoin d'efforts, je dois alors regarder comment je suis encore pris par certaines choses.
- Le corps a ceci de merveilleux qu'il est incontournable. C'est l'outil privilégié. Comment fait-on pour sentir la tristesse ? Par le corps. Sans cesse revenir au corps, à ce qui est basique, vrai. Cela permet de voir le côté fallacieux de nos constructions mentales. .. Au départ, il ne s'agit que d'une sensation tactile, mais tout de suite je rentre dans l'histoire et je souffre. C'est ainsi que l'on confond douleur et souffrance. Revenir à la sensation, c'est rendre notre vie plus saine, lui rendre la salubrité. .. si je dis sentir le corps, j'ai une image du corps.. Mais sentir le corps, c'est sentir tout court. À un moment donné, en sentant le corps, on sent que les limites s'estompent. Le corps devient la pièce, la maison, devient sans limites. Il n'y a plus de localisation. Sentir est ce qu'il y a de plus puissant. L'attention fait éclater toutes nos histoires. Mais toujours ce réflexe egotique, ..dès que l'on sent trop, on a tendance à se réfugier à nouveau dans ses concepts, ses images.
- On ne recule devant aucune bassesse pour survivre une minute de plus, avoir encore une vie personnelle. C'est le réflexe le plus fort. C'est l'attachement à la vie. Et nous sommes la vie. Nous savons intimement que nous ne pouvons pas mourir, et en même temps nous nous prenons pour quelque chose qui, de toute évidence, sera démantelée. La rencontre des deux dans mon cerveau est intolérable. Il y a une sorte de révolte. La peur de la mort est cette révolte. Mourir ? Non, ce n'est pas possible ! Et, en effet, le pressentiment d'être intemporel est là en nous. Nous ne sommes pas nés, nous ne mourrons pas. L'univers lui-même est intemporel ; il est là de toute éternité. Quand vous achetez un roman.. que vous commencez à le lire, le temps commence. Nous sommes tous plongés dans les pages du livre, et nous nous inquiétons du début, de la fin. Aucune de nos inquiétudes n'est fondé, mais on peut souffrir horriblement de quelque chose d'irréel. Revenir à la sensation permet d'être là, présent. Si je suis là, ce qui est noué se dénoue. Si je ne suis pas là, personne ne le fera à ma place.
- Je vais ressentir une abondance d'énergie si celle-ci n'est plus gaspillée en des conflits interminables, résistances, calculs, lamentations, hésitations. Ce que je dois faire ou ne pas faire ne se pose plus. L'énergie part droit comme une flèche, et la pensée intervient de façon fonctionnelle. Mais c'est tout... Quand la dilapidation cesse, l'énergie coule comme un torrent, et cette énergie rend disponible pour écouter, et servir l'entourage.
- On fait un grand cas des éveillés, mais en fait ce sont des gens normaux. C'est nous les anormaux. Les gens que l'on renferme dans les hôpitaux psychiatriques ne sont pas très différents de nous, leur folie a simplement plus d'amplitude que la nôtre, mais elle suit le même mécanisme. Nous vivons de manière irréelle, et quand ce mécanisme est exposé par la grâce de la vie, il s'effondre. C'est cela, le vrai abandon. Quand le je des énergies a provoqué cet effondrement, que reste-t-il ? Tout ce qui s'était noué se dénoue, et c'est la vie normale que apparaît, la vie sans intermédiaire. Un torrent s'écoule à travers le corps, le système nerveux, de façon irrépressible. Tout ce qui était restriction, tous les chemins dans lesquels l'énergie se dilapidait, éclatent. Tout ce qui était contracté se dilate. C'est le dénouement, dans tous les sens du mot. C'est la libération de la générosité naturelle. Tout cela demande juste à être attentif, à regarder ce qui est là avec intensité, avec un regard persistant, et tout se dénoue.
Énergie et libération sexuelle
Olivia Namer
- Je n'ai rien cherché consciemment.. mais à la suite de souffrances intenses, l'ego a fini par tomber en cendre, engendrant la perception que nous ne sommes qu'ÉNERGIE. Ce n'est plus par la tête que passe l'information, mais par le corps tout entier. .. C'est par l'abandon que tout devient possible.
- Une "dé-pression" est générée, c'est-à-dire un changement de pression, d'énergie. On ne comprend pas forcément ce qui arrive, car il y a une mauvaise perception de soi et des énergies (émotionnelle, intellectuelle, sexuelle) en présence. Être dans l'attention de ces mouvements plus ou moins subtils en soi, des tensions, des sensations de malaises et parfois la détente qui se produit, vise une meilleure connaissance de soi...
- S'orienter vers une observation précise de soi, essayer de voir ce qui se fait, dans le mental, obstacle aux perceptions cristallines de soi, non séparées du Tout... Comment être dans le vrai avec soi-même ? Si l'on peut être intègre, vis-à-vis de soi, l'énergie d'attention commence à ne plus être dans la tête, elle peut "s'exprimer" et diffuser dans le corps. Il y alors une meilleure circulation...
- On craint de sauter dans le précipice, qui lui-même est imaginaire. Le contraste est tellement fort avec la structure que l'on croit avoir (l'image que l'on se fait de soi). On chute dans le néant, et l'énergie se manifeste pleinement.
- Quand la peur tombe, cette énergie d'attention, qui pointe vers ce que l'on est, reste aiguisée... Être pleinement conscient de soi, être "entier" est tellement "jouissif"...
- Ce qui s'est passé alors dans mon corps, c'est une montée fulgurante de l'énergie dans la colonne, les cellules se sont tournées et sont rentrées en résonance avec tout ce qui est présent. Ce véritable lâcher-prise a permis aux cellules qui étaient dans l'ombre, engluées par le mental, de se trouver éclairées par la conscience.
  C'est une véritable explosion, ressentie physiquement, et qui met en relation avec l'évidence. On n'est plus dans le rêve. C'est l'unité avec toute chose qui paraît. C'est tellement "ÉNORME" qu'il faut du temps au corps pour le digérer.
- C'est par des supports que l'on touche au plaisir, il faut observer ce qui se passe pour qu'il n'y ait pas confusion entre la joie ressentie et le support lui-même. Cette énergie du plaisir, goûtée consciemment, libère les cellules, les dévoilent, on est vrai avec soi. Se surprendre en train de prendre du plaisir, être émerveillé avec la facilité qu'a un enfant à se laisser surprendre...
 - L'ouverture est telle que tout peut brûler. Si le mental est là pour effrayer, ou pour détourner l'attention, que les images défilent... retourner à la sensation, sans les chasser, elles perdront d'elles-mêmes l'importance qu'on leur attribuait.
C'est la vigilance !
Virgil
   L'énergie est vigilance, observez-vous !
- Aujourd'hui notre cerveau est plus brouillé que le cerveau du temps des cavernes. Trop de choses s'y passent, trop d'informations... Notre tête est bien remplie !
- Tout ce qui existe est énergie. On ne peut acquérir l'énergie intérieure comme on va à l'épicerie acheter du café ou du sucre. C'est plutôt par le processus d'observation de nous-même, de notre quotidien, que s'ouvre le livre de notre vie. Et c'est là, disponible, à chaque instant. N'attendez pas que durant cette rencontre une énergie se manifeste, observez-vous ! N'écoutez pas pour mémoriser les mots ! Réalisez-vous que le livre de la vie c'est chaque instant ? C'est l'essence de la vie qui compte. La matière est compatible avec l'essence de la vie. Une fois que l'ouverture à l'essence sera établie, nous saurons ce qu'est la matière et ce qu'il y a à faire avec et comment.. pour le bien de l'humanité.
- Le cerveau est en désordre, regardez par vous-même. Vous cherchez en permanence quelque chose, mais vous n'en êtes pas conscient. Ça tourne en rond à l'intérieur au point de vous empêcher de vous asseoir en paix même lorsque vous n'avez rien à faire ! Et tout ce que vous ferez ne vous satisfera pas.
  Comment, alors, avoir cette énergie en vivant dans ce désordre ? Est-ce comme le proposent certains, en suivant des programmes de développement de la personne, de la Kundalini, de la méditation, etc ? Nous sommes déjà dans le désordre et allons à la recherche de cette chose par les méthodes, les mentras, le yoga et je ne sais quelle autre technique. Regardez, observez et vous verrez par vous-même le vrai du faux. Lorsque vous commencez à vous connaître, même un peu, vous découvrez que vous êtes exactement comme les autres.
- Nous sommes rarement satisfaits. Il nous faut toujours acquérir et chercher. La recherche, c'est l'insatisfaction, beaucoup d'énergie est brûlée et on se demande comment produire de l'énergie ! .. L'énergie est brûlée par les stupidités, les banalités, les tracasseries, les tourmentes quotidiennes... La pensée dépense énormément d'énergie ; l'habitude et le conditionnement la poussent à chercher sans cesse et la gardent toujours insatisfaite.
- Chaque question est un savoir que nous désirons posséder. Mais si vous ne la vivez pas, vous ne pourrez que créer des images à partir de ce que quelqu'un vous dit. Vous fabriquez alors une autre croyance qui sera ajoutée au désordre du cerveau. Avec les années et toutes ces accumulations successives, c'est la frustration de n'être arrivé à rien, de n'avoir rien fait de sa vie.
- La vie, c'est ce que vous êtes, ici, à cet instant même, avec toutes vos obligations, le travail, les dépenses, la famille, etc. Vraiment, il n'y a rien derrière tout cela. Rien du passé ne me vient plus à l'esprit. Je ne pense pas au futur et à ce qui va arriver.. Il m'est impossible de me préparer et de m'organiser d'avance psychologiquement. C'est toujours beau et léger. Rien qui brûle l'énergie, il n'y a pas d'émotion. Vous pouvez rester des jours sans aucune pensée de votre famille, de votre passé...
- Il vous est difficile de vous observer et de voir comment vous fonctionnez. Le conditionnement est tellement fort qu'il a fini par vous plaire. Lorsque tout est en ordre : travail, nourriture, etc.. et que rien ne vous dérange, qu'est-ce que vous pousse alors à vous observer ? Vous continuez à être exactement ce que vous êtes. En revanche, si ça va mal, c'est la panique ! Et vous allez à la recherche de la cause et du remède...
- Je suis en paix, en silence, et je vous parle. Je vois de plus en plus combien il est beau de mourir. Pourquoi les gens s'en font-ils ? Que faire pour vous remuer ? Le livre c'est vous. C'est ce que vous vivez, c'est votre intérieur. Mais vous ne voulez pas le lire, vous préférez lire celui des autres. C'est ainsi. Observez-vous, regardez, expérimentez.
- Tout est parfait. Tout ce que nous voyons et touchons est formidable. Si quelque chose est à faire, il le sera ; autrement il n'y a pas à s'inquiéter. Mais la plus petite banalité vous tourmente. À ceux qui cherchent cette énergie, le seul conseil que je puisse leur donner est d'observer dans le quotidien leurs actions et leurs pensées. Tout ce que vous faites : la vaisselle, la cuisine... Tout ce que vous faites ou ne faites pas, c'est la vie. C'est ce moment même.
- Alors comment augmenter cette énergie ? C'est lorsqu'elle n'est pas gaspillée. On ne voit pas clairement que le désordre, la pensée, etc, font perdre une énorme énergie. Sans énergie, on ne peut parler, on ne peut même pas remuer le petit doigt. Il existe une autre façon de vivre. Vous n'achetez plus pour le simple plaisir ou désir. Vous verrez les choses différemment. Vous êtes alors comblé et votre vouloir permanent est transformé. Tout sera vu clairement.
- Regardez ce qui vous tourmente, votre quotidien, le fait de parler et penser inutilement sans arrêt. C'est là où l'énergie est gaspillée.
- Le domaine de la pensée c'est la matière. L'essence de la vie est autre. Dans l'ouverture, l'essence de la vie conduit la matière. Elle la gère mais ne la manipule pas...
- Vous vous en faites pour rien. Vous continuez à ruminer un événement qui n'est plus là depuis très longtemps.. Le présent fait peur. Si vous vous engagez dans l'observation de vous-même l'énergie sera économisée, elle s'accumulera et renforcera l'intérieur, les cellules.. Et tout pourra changer. Cette énergie se manifeste dans le quotidien par la paix et la joie.
- Par le seul fait de refuser et de ne pas aimer une chose, une énorme énergie est brûlée.
- Mais attention, lorsque vous vous dites : "je vais sentir, je vais m'observer", vous vous donnez un ordre. Le mental ne s'en aperçoit pas. Il se voit comme étant là avec, face à lui, une machine qu'il croit pouvoir diriger... Il ne se dira jamais « Ça c'est moi  ». Celui qui parle ou pense, ce n'est pas lui, c'est toujours un autre. Mais qui est l'autre ? C'est comme si vous projetiez des images sur le mur et que vous leur parliez, c'est un écran intérieur. Saisissez, c'est simple et subtil à la fois. Pour le vivre, les nuages du mental doivent se dissiper. Les nuages sont les ténèbres.
- Si vous vous sentez mal à l'aise, pourquoi ne pas vous arrêter un moment pour sentir ce qui vous manque, ce que vous voulez et pourquoi ce que vous êtes ne vous plaît pas ? Faites-le honnêtement, même une centaine de fois par jour. Faites-le, mais pas avec la pensée, et puis laissez-vous aller. N'apprenez pas les mots pour les répéter aux autres. Engagez-vous, soyez sérieux. Nom de Dieu !
- Croyez-vous que vivre la paix vous apportera un prestige, une grandeur ? Souvent, on entend quelqu'un dire qu'il a tout essayé et qu'il ne sait plus quoi faire. Mais demander ce qu'il y a à faire, c'est encore chercher. Il n'y a rien à chercher ! Que voulez-vous être ? Vous faire embrasser les mains ? Soyez ce que vous êtes. En spiritualité, on ne se torture pas, on ne se sacrifie pas comme lorsque l'on veut obtenir de bonnes notes au cours d'un examen. Tous les livres ne vous feront pas vivre cette simplicité, les mots non plus.
- Tout ce que je vous dis restera pour vous d'autres mots. Découvrez par vous-même. Si une explosion se produit en vous, tant mieux. Mais la vie est-elle, elle-même, un chemin ? La vie n'est pas les images et les illusions que nous affectionnons. Vous vivez comme hypnotisé. Et les images qui vous passent par la tête drainent une énorme énergie. Avec les images viennent les émotions, la tristesse et la colère. La violence peut alors facilement se produire.
- .. le bien que vous cherchez n'existe pas, c'est une autre image. Que voulez-vous ? Que cherchez-vous ?
  Mais la vie est belle. Il n'y a pas à se plaindre. Tout est là ! Chercher à changer gaspille une énergie énorme. Si l'explosion intérieure se produit spontanément ça va, mais chercher à la provoquer ne la fera pas venir, et pourrait même être dangereux pour le mental. Certains se mettent sur la tête pour y arriver ! Nom de Dieu ! Ne soyez pas aveugle, observez-vous, ne vous laissez pas influencer par l'extérieur. Ne cherchez pas à comparer qui a dit et fait quoi. Tout ça c'est l'industrie spirituelle. De cette façon, vous n'arriverez jamais à la paix.
- Avec l'autre énergie, le corps est en meilleure santé. L'énergie renforce l'immunité naturelle, transforme les cellules et la perception. Les milliards de cellules qui étaient mises au chômage sous le joug du mental, reprennent du service. Le corps fonctionne dans sa totalité. Mois on ne devient pas, pour autant, un être parfait ou un Dieu. Certains, hélas, le croient tandis que d'autres, par peur, bloquent l'énergie lorsqu'elle se manifeste en eux... Les transformations corporelles ne se produisent pas d'un seul coup mais au fur et à mesure. Elles viennent doucement. Il n'y a pas à consulter de livre. Le livre c'est vous, et les milliards de cellules vous répondent et s'expriment.
  L'énergie est vigilance. Observez-vous !
La profonde question de l'énergie
William Patrick Patterson
- "La Quatrième Voie" de Gurdjieff enseignait que la réception consciente des impressions de la vie ordinaire permettait de parvenir à la vie réelle.
- Qu'en est-il de la signification, du but, des êtres humains sur Terre ? Notre but est de faire exactement ce que nous faisons - respirer, bouger et associer des idées ou penser - mécaniquement ou consciemment. Si nous vivons dans la mécanicité, nous « mourrons comme des chiens », disait Gurdjieff. Si vivre consciemment est notre désir, nous passons dans un autre courant de vie dans lequel abondent les possibilités.
- C'est seulement quand nous commençons à expérimenter combien nos vies sont réactives et conditionnées, et combien profonde est cette sensation et ce sentiment d'incomplétude que nous pouvons être touchés par ce que Gurdjieff signifiait en disant : « Nous sommes des mondes inachevés ». En nous, un germe commence à remuer, une graine de notre aspiration la plus haute, celle qui propulse une recherche de quelque chose se situant au-delà du conditionnement et de la mécanicité.
  Je deviens ensuite un chercheur.. Ma quête, si elle est sincère, suscitera en fin de compte l'apparition d'un enseignement véritable dans ma vie, qui me mèneront par la certitude de mon expérience propre à la réalisation de l'évidence - je suis endormi à mon moi réel. Mes pensées me « pensent », mes sentiments m'utilisent, mes postures me prennent. Comment me sortir de ce bourbier ? Ne rien faire, me dira-t-on. Car qui fait ? Et pourquoi ? Plutôt, observer simplement ; l'observation ne change rien et donc, ne rencontre aucune résistance. Commencer avec ce qui est le plus observable  les postures corporelles. Elles sont révélatrices, en ce qu'elles donnent la forme visible à l'énergie physique, émotionnelle et mentale du moment.
  Par exemple: Dans quelle posture le lecteur de ces mots trouve-t-il son corps à cet instant précis ? ... La sensation de la posture est-elle éprouvée maintenant, ou bien est-ce seulement le centre intellectuel qui se la représente à lui-même sans poursuivre l'expérience de la sensation ?
  Si notre avenir sera ce qu'est notre présent, comme le disait Gurdjieff, nos postures continueront à nous déplacer mécaniquement de l'une à l'autre jusqu'au moment de nous coucher le soir, épuisés de la journée pendant laquelle nous avons « étés vécus ».
  En réalité, je suis une pensée, un sentiment, une impulsion. Tous rebondissent les uns sur les autres, et m'enveloppent complètement, absorbent toute mon énergie et toute mon attention. Je vis dans un monde de mots, complètement psychologisé, et me trouve déplacé par un choc, interne ou externe, puis un autre, identifié avec tout, et croyant que « je » fais des progrès, que « je » apprends ou deviens quelque chose. Objectivement, il ne s'agit que d'énergie se manifestant selon mon conditionnement et mes possibilités, toujours reçue mécaniquement et mécaniquement transmise.
  Si, néanmoins, je souhaite travailler à devenir une récepteur-émetteur conscient, ma vie se réoriente.. et me permettra de vivre à des niveaux de conscience et de vibration de plus en plus élevés. Mais au préalable, j'observe simplement ma vie telle qu'elle se vit. En même temps que la mécanicité des postures, je constaterai que je ne cesse de me parler. De quoi ? Mais de moi, bien sûr. Car les autres ne sont-ils pas un simple appendice de ma souffrance ?
  Je ne vais pas aimer ce que je vais voir, car ce qui est vu, c'est à quel point je suis réellement endormi à moi-même, aux autres, au monde - une image de soi, une fausse personnalité, me vit tout le temps. Dans ce sommeil éveillé, seule l'énergie biologique est dépensée correctement car elle se régule par elle-même, sans que je n'aie rien à y faire... L'énergie mécanique me déplace continuellement, et l'énergie mentale et émotionnelle se dépense dans l'imagination, la considération intérieure, les mensonges, l'identification, le bavardage et l'expression des émotions négatives. Cette observation de soi, si elle est correctement conduite, nous enlève nos œillères.
  Si toute mon énergie se dépense mécaniquement, alors à peu près rien, voire rien du tout, n'est laissé pour la conscience. Que faire ? La seule chose que je puisse faire : observer comment ma vie est vécue aussi impartialement que possible (comme un scientifique regardant un virus à l'aide d'un microscope). Ce faisant, l'intelligence naturelle émerge, et je commence à éprouver le sentiment et la sensation de ce qui est observé - on reçoit une impression directe, non filtrée, des postures, de la respiration, des pensées, des sentiments, des actions, de l'inaction. De cette façon, je commence à reconnaître par l'évidence de ma propre observation que je ne suis pas un « Je » indivisible, mais beaucoup de « Je », chacun avec son propre programme, et tous souvent contradictoires. Ces « Je » se nourrissent de mon énergie, captent mon attention, m'obligent à toutes sortes de contorsions. Pas étonnant que je boive toute cette quantité de café, que j'absorbe tout ce sucre, et qu'à la fin de la journée je ressente un tel épuisement, que j'en ai assez.
- Il est crucial de comprendre que l'observation de soi dont il est question ici n'est pas l'observation habituelle, de la tête, dans laquelle chacun se perd. Au contraire, elle repose sur le rappel de soi. Un jour Gurdjieff l'a succinctement expliqué : « reconnaître que vous êtes fâché », signifiant par là d'éprouver la colère sans y être identifié. C'est-à-dire connaître comment l'on se manifeste intérieurement comme extérieurement dans les trois centres, intellectuel, émotionnel, instinctif. Il est possible d'observer comment toutes les choses, grossières ou subtiles, apparaissent et disparaissent dans la conscience. Une conscience nettoyée de l'identification avec ses contenus est ainsi sans référent personnel. On se rend compte que le corps apparaît dans la conscience, et ce n'est pas autrement.
- La question profonde de l'énergie est : est-ce que je l'utilise pour ma plus haute aspiration ou non ?
L'émotion essentielle
Eric Baret
- La fatigue est due à une mauvaise utilisation de la structure psychophysiologique, lorsque l'alimentation, l'activité, ou encore le rapport à la vie émotionnelle ne sont pas appropriés pour la corporalité... C'est un problème de gestion purement fonctionnel... Chacun, suivant sa morphologie ou sa manière de penser doit trouver une alimentation, une activité professionnelle, une vie affective ou une sexualité adéquates. Tout le monde ne peut pas être pompier, haltérophile, gangster, moine, prostituée ou facteur..
- ...au lieu de tenter de ressembler à une image, vous devenez écoute de votre corporalité, de votre psychisme, de votre sexualité. À ce moment, chacun fonctionne selon sa sensibilité et son intelligence pour trouver une autre manière de vivre qui ne correspond pas nécessairement aux mœurs à la mode. Chacun découvre une relation émotionnelle répondant à ses capacités et non pas en fonction des idéaux dont parlent les médias. Seule cette abdication de toute tentation de "développement personnel" permet une véritable orientation.
- ..pour la majorité des gens qui se réveillent le matin, agités par l'infidélité de leur femme, par leur digestion lourde ou non, c'est un leurre de penser que l'intégration profonde pourrait avoir lieu sans une investigation très concrète de leur mode de vie.
- Quand on explore le corps ou les émotions, le but n'est pas de se libérer d'une tension mais de devenir disponible à la manifestation de cette tension et de cette émotion. Ce n'est qu'en se manifestant clairement qu'une tension ou une émotion peut mourir. Une vraie démarche spirituelle n'est pas d'essayer d'arriver à quelque chose mais de constater et de vivre cette constatation avec respect. C'est dans l'écoute que ce que l'on respecte peut vivre et mourir. Tant qu'une peur ou une tension ne peut vivre, elle demeure. La nature de la vie est la mort. L'apparition et la disparition sont le cœur même de l'énergie. Généralement, lorsqu'on éprouve une émotion de peur, on la refuse et on la refoule. Ce qu'on appelle alors sentir la peur est en vérité sentir les défenses, les tensions musculaires créées par le corps pour ne pas avoir peur. Quand on prétend sentir la peur dans les épaules, dans le ventre, ce n'est pas la peur, ce sont les contractions produites par le corps pour ne pas sentir la peur.
- Dans une exploration thérapeutique et pédagogique, nous nous rendons compte combien nous refusons de sentir. Dès que nous sommes jaloux, nous refusons la jalousie, nous nous asseyons dessus pour penser à autre chose. Ou bien nous la justifions, ou la critiquons ; nous mettons tout en œuvre plutôt que de la sentir dans la gorge, dans les épaules, dans le ventre, etc. Ainsi, plus je me rends compte de ces processus, plus je vais m'offrir des plages dans lesquelles, quand la jalousie va venir, j'arrêterai de vouloir me conformer à l'image d'une personne qui n'est pas jalouse. Dans ce silence mental, le corps va commencer à parler. Pour que le corps parle, il faut que le mental soit tranquille ; silencieux d'intention, de savoir, de commentaire, d'approbation, de réprobation. Ainsi, dans mon silence, je sens la jalousie en moi, je vois l'image de ma femme avec le voisin, et immédiatement je sens la gorge, le plexus, le ventre qui se serrent... je ne fais rien, je laisse faire, je laisse ces sensations de tensions qui ne sont pas la jalousie bien sûr, mais c'est tout ce que j'ai à ma disposition. Je pars de là, et je laisse parler tous ces éléments tactiles. Le corps est une totalité, et par conséquent, lorsque je sens la jalousie dans une région du corps il s'agit encore d'une réaction de défense. C'est uniquement lorsque je sens la jalousie dans la totalité du corps qu'elle se libère. Par peur nous fixons l'émotion dans une localisation. Le corps n'est pas limité par le corps visuel mais par le ressenti du corps, et donc même cette sensation d'émotion va, à un moment donné, dépasser les références anatomiques de la malheureuse science moderne. Nous allons alors ressentir ces émotions, qui dépassent totalement la physiologie, s'étaler complètement dans l'espace et se brûler. En effet, une tension qui s'ouvre de plus en plus perd ses caractéristiques de tension, et n'est plus une énergie séparée de l'environnement. Lorsque cette énergie se réintègre dans l'environnement, ce n'est plus une tension.
- Il ne s'agit pas de devenir sans peur et sans jalousie, mais de devenir intime avec ces moments-là. Plus je me rends compte combien ma vie est faite à chaque instant de commentaires affectifs, de jalousie, de peurs, d'intentions, de stratégies, plus je vois que je n'ai pas besoin d'être libre de tout cela. Lorsque ma jalousie apparaît, c'est ça la réalité. La jalousie n'est pas à l'extérieur de la conscience ; il s'agit alors de laisser vivre ce qui est là. Lorsqu'en moi je laisse vivre la jalousie, celle-ci me libère de toute image de moi-même et, à un moment donné, elle va me ramener à cette tranquillité. Toute la technicité, s'il y en a une, est là pour nous amener à être disponible au moment où vous refusez la vie ou l'évidence... laissez vivre librement toute perception.
- ..l'émotion ne veut qu'une seule chose : s'éliminer. Et de mon côté, je ne veux qu'une chose : refuser de la sentir. Pour l'ego, l'émotion est ce qu'il y a de pire, parce qu'en elle, il n'y a plus de volonté possible, plus d'intention, on est dépassé. L'ego a toujours une image à vendre, et il est traumatisé à l'idée de ne plus contrôler ; il en a une peur panique. Mais l'émotion, qui est le cœur de la vie, n'est pas négociable.
- Toute émotion est joyeuse. Il est merveilleux de laisser vivre l'émotion de la tristesse.
- Quand il y a ressenti, il n'y a pas de pensée. La sensibilité brûle la pensée.
- .. le senti, la réalité, seront toujours au-delà de toute grille conceptuelle.
Méditation, énergie et centre vital
Jean Klein
- Le repos, l'immobilité de corps et la mise au ralenti des fonctions physiologiques sont des nécessités au même titre que l'activité.
- Le silence de la pensée est action et résultat, il est l'état méditatif.
  Lorsque les circonstances et l'intelligence font que la pensée n'a plus de raison d'être, la pensée arrive à sa fin.
  Dans l'état méditatif vient la relaxation et la normalisation de la respiration. La méditation ne peut être organisée, même dans la solitude, et le groupe crée la dépendance.
  L'état méditatif est liberté.
  Il n'y a donc pas de préméditation ou de motivation, par conséquent pas de sujet de méditation.
  La méditation est l'état de pure attention.
  La pure attention n'est pas limitée à un lieu ou à un moment privilégié du jour ou de la nuit.
  La simple attention silencieuse et spontanée à la respiration, et sa rencontre avec le centre ombilical, n'a aucun rapport avec une recherche ou un effort de concentration qui est la négation de la liberté.
  Il n'y a pas de différence entre être attentif à la rencontre de la respiration avec le centre vital et être attentif à la totalité du mouvement de la vie. ...cela ne peut être recherché parce qu'il n'y a rien à atteindre dans l'état méditatif.
  La relaxation doit être la conséquence de la paix intérieure et la paix intérieure est dans l'abnégation de soi.
- Au début, l'état d'attention est parfois très court... Il gagne ensuite en intensité et en longueur, il pénètre dans les activités quotidiennes. L'énergie n'est pas dissipée, la vigilance est naturelle et constante. Elle commence à s'infiltrer dans les rêves sans troubler le sommeil.
- Le royaume du silence s'épanouit dans la conscience... Plus on est attentif, plus on avance dans la connaissance de soi et plus l'ordre se rétablit dans les registres de la mémoire, plus on est attentif, l'esprit silencieux.
- Le mouvement authentique de la vie est faussé par la pensée. C'est lorsque l'être est "lavé du moi" que ce qui est au-delà de tout conditionnement, du temps et de la pensée, rentre en existence. Être préoccupé par l'énergie, se concentrer sur une posture ou sur le centre ombilical est toujours une activité conditionnée dépendante d'un résultat.
- Au-delà de la pensée, dans l'abnégation de soi, il n'y a plus ni émetteur ni récepteur.
- L'énergie s'exprime dans la diversité et l'unité est dans la diversité. Les opposés sont l'expression de l'unité.
- L'attention n'est pas la concentration, il n'y a pas de choix donc pas d'exclusion. Le va et vient harmonieux de la respiration et tout le mouvement de la vie intérieure et extérieure font partie du champ de l'attention.
- La cessation des activités de la pensée survient naturellement par l'épuisement du contenu de la totalité de l'inconscient. Quand il n'y a plus de "contenu", le contenant n'a plus de raison d'être  ceci est la conséquence de la connaissance ce soi, non d'une décision ou d'une méthode.
- Quand l'esprit est silencieux, attentif, le corps sent la posture qui lui convient ; les processus de relaxation s'éveillent et les tensions physiques disparaissent.
  La pure attention ne peut pas être orientée, elle n'a pas de direction même si elle vient d'elle-même à se concentrer.
- Personne ne peut enseigner la posture juste. Le corps possède sa propre intelligence et c'est dans la liberté que s'exprime l'intelligence.
- Le centre vital est un centre d'énergie situé au niveau du centre d'équilibre du corps - ou centre ombilical - à 3,5 cm sous le nombril, à l'intérieur de bassin.
- Respiration et énergie forment un ensemble avec l'organisme.
  La normalisation de l'énergie est déterminante pour la santé ainsi que pour la clarté de la pensée et la lucidité.
  Les activités du cerveau agissent sur l'organisme et réciproquement.
  L'être humain n'est pas séparé de l'univers ; il est un "tout" dans un ensemble.
  Aussi, la normalisation de l'énergie vient avec la connaissance de soi et ne peut être la conséquence unique d'un exercice physique ou respiratoire.
- L'attention à la sensibilité du contre ombilical à l'instant présent est normalisation et circulation d'énergie : l'organisme entier se recharge.
- L'équilibre n'est pas dans l'effort du penseur et les méthodes engendrent l'effort du penseur.
  Avec le silence de la pensée, le corps, le système nerveux se détendent, la respiration se normalise et le centre vital rentre naturellement dans le champ de l'attention. L'audition, la vision ou la sensation par le centre ombilical viennent spontanément sans jamais être recherchées. C'est entendre, voir et ressentir avec le centre ombilical. ...mais l'état d'attention n'est pas limité à une quelconque partie du corps, c'est la totalité de l'organisme qui est sensible.
  Les méthodes sont élaborées par le mental et adopter une méthode résulte d'une attitude mentale.
  La fin du conditionnement est la connaissance de soi.
  La sensibilité à la vie est l'état d'attention. On ne devient pas attentif, l'attention est ou n'est pas. L'attention est la perception directe de la réalité.
  On ne fait pas l'effort d'être attentif au centre vital, à la respiration ; les exercices de respiration sont vécus dans la pure attention.
  L'effort, le désir et la concentration sont des activités du moi ; le moi ne peut pas faire l'expérience de la réalité.
  La pensée - consciente ou inconsciente - est le moi. Les effets de la pensée entretiennent le moi.
  L'état d'attention conduit au silence de la pensée, et ce qui conduit au-delà de la pensée n'est pas l'effet de la pensée.
  La normalisation de l'énergie est le silence de la pensée.
Parlez-moi d'énergie
Philippe Laurent
- Comment pouvons-nous être consciemment sensible au gaspillage énergétique, et à toute la laideur que cela engendre, si nous ne sommes pas conscient intérieurement de notre propre et permanent gaspillage d'énergie ?
- Les problèmes de pollution de la planète sont en nous, parce que nous sommes fondamentalement pollués et en plein désordre psychique et, par conséquent, pollueurs et énergivores.
- C'est à une compréhension vivante, une observation sensible et non fantasmée, en nous-mêmes qu'il nous faut impérativement recourir. Nous découvrons alors comment notre énergie vitale se dissipe : à travers nos émotions perturbatrices, notre ronronnement mental, les souffrances du corps et toutes ses contractions inobservées...
- La connaissance-consciente de soi relève d'un véritable apprentissage intérieur. Il nous faut apprendre à voir le désir et la peur..
- Notre manière de voir nos désirs, nos inquiétudes, nos angoisses, nos envies, nos terreurs, nos lourdeurs et nos douleurs, est biaisée par l'observateur qui croît se connaître alors qu'il s'est rêvé connaisseur de lui-même pendant plusieurs années. Tout simplement parce qu'il n'a jamais voulu voir le salaud, l'anxieux de service, le profiteur, le négociateur merdeux, le trouillard invétéré, le baiseur illusionniste, le colérique refoulé, le tronche attitude, ou encore le grand calme, le méditatif gros-dodo, le religieux pieds et mains liés, le politicard grande-gueule...
- Qu'est-ce que voir si ce n'est voir toute l'ampleur de ce qui se passe en moi à l'approche d'une telle constatation. La peur de voir monte en moi... un blocage peut se révéler...
- La sexualité de l'être humain est un authentique trésor énergétique. L'énergie sexuelle, lorsqu'elle est laissée à la fonction sensorielle du sexe, et non lorsqu'elle est vampirisée par nos fonctions émotionnelle et intellectuelle, élève notre niveau vibratoire. La vie devient légère et sans ego. La sensibilité, ou sensitivité, de l'ensemble du corps, l'éveil de l'âme, fait de nous des terriens authentiquement responsables, libres des grands principes qui écrasent la confusion sans ouvrir l'esprit à la connaissance-consciente de soi.
 
Autres courts extraits

La voie suprême   Man Yan Hor
- "Oui, les pensées sont autonomes, mais sur le fond nous n'y sommes pas attachés. Oui, les pensées nous traversent, mais je continue mes actions dans le corps, ramenant sans cesse mon esprit dans le présent, dans l'acte. Et petit à petit, il y a une canalisation, avec le temps, avec le travail, petit à petit, le mental se vide. Corps, âme, esprit, rentrent dans une dimension de vacuité. C'est dans cette direction que l'on travaille. Laisser les phénomènes. Si je suis agité en pensées, en émotions, il y a une raison. Pendant l'exercice, il ne faut pas chercher la raison, il faut avant tout vivre l'état présent, laisser se détacher ces émotions, ces visions. Si je vois apparaître des visages, si j'entends des voix, ou si je sens des choses inhabituelles dans mon corps, je leur accorde une attention, donc une énergie. Je leur permet donc de se concrétiser. Mais non ! Ici, je laisse les choses se faire. Ce qui compte, c'est ce que je suis en train de vivre, pourquoi je suis ici. De tout mon être, avec ma sincérité, je vis le moment présent. Le reste est secondaire. Rester dans l'essentiel. Petit à petit, les perturbations diminuent et finissent par disparaître, la compréhension de la voie descend en nous, et la voie se révèle."

Énergie et observation   J. Krisnamurti
- Pour découvrir ce que c'est de vivre, il nous faut avoir non seulement de l'énergie, mais encore une qualité de passion...
- C'est un gaspillage d'énergie que de suivre quelqu'un... d'avoir un leader, un gourou, parce que, quand vous suivez, vous imitez, vous copiez, vous obéissez, vous établissez une autorité, et votre énergie est par conséquent diluée.
- Nous gaspillons notre énergie et cette énergie vous en avez besoin si vous vous proposez de comprendre la manière monstrueuse dont nous vivons...
- Dès l'instant où intervient la peur, vous avez ouvert la porte à la volonté, à la résistance, toutes choses qui sont un gaspillage d'énergie.
- Regardez en face une chose dont je ne sais absolument rien exige de grandes forces... Je ne peux le faire que s'il n'y a aucune volonté, aucune résistance, aucun choix, aucune perte d'énergie.