Textes
d'auteurs (2008) | |
Humour
et spiritualité 3e Millénaire, Hiver 2005, No 76 NB: De courts extraits d'articles de la revue, parfois légèrement adaptés. | |
Le
rien du rire et le jeu du "je" Marianne Dubois | -
Le rire. Il mange les tabous, il asticote, chatouille et grignote les conventions,
les règles, les lois et les traditions. Aussi léger que la liberté,
il transforme et balaye la misère, les conflits et la désolation.
La joie sans attente qu'il propage, est un dissolvant pour les conserves accumulées
dans non têtes. Il nous délivre de nous-mêmes et nous montre
l'absurdité de nos grimaces et de nos gesticulations. Il crée de
la distance qui change la vision et ignore le poids de la libération. Comme
toute chose rencontrée par le cur lorsqu'il s'allège, un éclat
de rire, pourrait-il être le choix de nos rêves ? - L'humour peut éclairer nos souffrances, les alléger et les mettre à distance, ce qui devient spirituel ! - Le rien du rire.. Nous cessons alors de donner de l'importance à des détails et la "Présence" peut grandir. - Lorsque nous accueillons cette souffrance au lieu de la combattre, lorsque nous allons jusqu'à la recevoir dans l'amour, elle se dissout, refondue dans l'unité de l'Être. Elle n'est plus alors subie mais intégrée. La souffrance se transforme car nous avons « déclaré la paix ». - L'important est de voir : une vision claire est une plongée au-delà du mental. C'est la distance qui se crée sur le plan de l'âme. - Il convient de voir la différence entre le cynisme et l'humour véritable, l'un venant de l'égoïsme séparateur et l'autre venant du cur ou de l'âme. - Aussitôt qu'il y a complication c'est évidemment l'ego qui invente, se contorsionne et se livre à des acrobaties pour cacher son jeu de séparation. Lorsque c'est la clarté et la simplicité qui s'imposent, nous pouvons reconnaître immédiatement la non participation de l'ego. - Se prendre trop au sérieux, ou prendre les événements trop au sérieux, montre le refus et la peur. A cet autre étage de soi-même, l'importance qu'on se donne disparaît ; il n'y a plus de refus et nous pouvons rire en voyant le paon que nous sommes souvent et qui a toujours envie de faire la roue. - Si je choisis la joie, la Présence, la légèreté et l'harmonie, la sensation d'être, d'exister au-delà de mes limites apparentes, tout le reste devient secondaire. Lorsque ce choix de chaque instant s'effectue, le oui remplace le non et il n'y a plus de "je" pour décider, c'est la vie elle-même qui choisit. |
La
spiritualité, c'est la simplicité Virgil | -
Observez maintenant, à cet instant, non dans deux minutes, regardez ce
que vous êtes, ce que vous pensez et non pas les mots que je dis, sinon
c'est raté. Regardez vos réactions à ce qui est dit, ce que
vous en pensez, vos jugements. Toute cette activité intérieure se
passe tellement vite... - L'être humain reste tout aussi primitif que l'homme des cavernes. Nous avons autant de brutalité, de violence et d'émotions, auxquelles se sont ajoutés d'innombrables astuces et outils.. Aussi, l'histoire a connu et connaît toujours des guerres plus meurtrières et des souffrances plus déchirantes... - Une personne spirituelle n'est pas sérieuse, elle est plutôt simple. Dans la spiritualité, il existe une clarté totalement inoffensive qui se moque des mots et des étiquettes. - On a besoin uniquement de nourriture, d'eau, d'air et d'un toit. Le restant est un choix. Si nous disposons des moyens, on peut s'en procurer, sinon nous ne nous en faisons pas. L'important est la survie. - Ce que je vous dis a été dit et répété d'innombrables fois depuis l'aube de l'humanité. À chaque fois et en une fraction de seconde imperceptible, la mémoire prend possession de l'information et la rationalise de sorte qu'il n'y a pas de perception directe. La perception est filtrée toujours par la mémoire et le conditionnement. - La spiritualité n'est pas ce que vous pensez chercher. Soyez attentifs, observez-vous, ne comprenez pas mes mots, saisissez ! Mais saisir quoi ? Non pas les mots, mais vos réactions, votre activité mentale. Voyez comment vous bavardez continuellement, et comment vous ne cessez de vous parler, à vous-même, des choses les plus insignifiantes. Par cette constatation, le mental pourra perdre de sa force et finira, peut-être, par céder. Ce sera un lâcher-prise. Mais ce n'est pas le lâcher-prise qui créera l'expérience. C'est l'expérience qui vient en premier, puis le mot. Donc, saisissez-vous vous-mêmes, ne saisissez ni moi ni mes paroles. Lorsque vous vivez des intrigues, des soucis et autres banalités quotidiennes, observez-vous au lieu de vous laisser emporter par le mécanisme et les habitudes. - Dans la spiritualité, tout ce qui vous arrivait auparavant peut continuer de vous arriver ; mais plus rien ne vous dérange, plus rien ne vous intrigue. Tout est vécu comme faisant partie de la vie. Cela ne veut pas dire qu'on s'empêche de parler, de penser... Vous êtes présent à ce qui est. Je ne me demande pas comment je vais faire telle ou telle chose ; je m'en fous ! Cela semble arrogant ; mais ce n'est pas de l'extérieur que je m'en fous, ce n'est pas par manque de considération pour les autres, c'est vis-à-vis de ce que peut dire ma tête. - Comment parler et écrire sur ce « rien à dire » ? Va-t-on laisser deux pages vides ? Les quelques personnes authentiques qui animent des conférences et des séminaires savent qu'il n'y a rien à dire. Dans la spiritualité, il n'y a pas d'école, il n'y a pas de méthodes ni de recettes. Il n'y a qu'à s'observer et à voir ce qui se passe en nous. Observez comment vous rejouez mentalement une discussion, en regrettant ce que vous avez dit.. C'est du regret ou de l'insatisfaction qui s'accompagne d'une grande dépense d'énergie. Aussi, lorsque vous prenez connaissance d'une nouvelle que vous considérez intéressante, vous vous en préoccupez pour la communiquer à vos amis... - La clarté-lucidité ne constitue pas un empêchement à ce que nous voulons faire. Seulement, nous ne sommes plus dans le brouillard, et tous les mots que nous pouvons entendre ne nous touchent plus mais tombent dans un vide infini, ou aucun conditionnement, aucune habitude ou jugement n'est réveillé ou évoqué. Pour vous, tous les mots que vous dites et répétez ont une réaction dans votre corps. Pour moi, cela ne se passe pas ainsi. On peut parler de n'importe quel sujet, ça ne me touche pas. Mais là-dedans (la tête) il n'y a rien, c'est le vide. Il n'y a évocation d'aucune mémoire, d'aucun jugement. C'est ça, le « Je m'en fous ! ». Si il y a une action à accomplir, elle le sera. - Ne voudriez-vous pas, vous aussi, vivre simplement ? |
Être
'spirituel', au risque de l'identification Helène Naudy | - Comprendre que le
scénario vécu dans l'enfance est le noyau autour duquel s'est construit
l'ego, comprendre que cette partie (l'enfant) a besoin d'être aimée
et reconnue. Si je ne réponds pas à ce manque intérieur,
si je ne me tourne pas vers lui, il me promènera de maîtres en maîtres,
de disciplines en disciplines, de religions en philosophie.. Comprendre que ce
besoin même me révèle cet amour inconditionnel que vit en
moi. Je remercie ce manque, ce sentiment de ne pas être aimé, ce
sentiment de non-reconnaissance, je me tourne vers cette partie blessée
faite de croyances et de peurs et lui donne l'amour et la reconnaissance dont
elle a besoin. Je reconnais ce qui se vit en moi et l'accompagne.. |
"Humer
l'Amour" Serge Pastor | -
Une saine pratique spirituelle quotidienne est un art de
vivre qui consiste à ne pas « se prendre au sérieux »
mais à voir chaque chose de la vie comme étant sérieuse,
vitale, passionnément importante. En cette attitude de présence
à ce qui est, chaque seconde est vécu comme un challenge, un défi,
une opportunité de changement pour instaurer davantage de joie, d'équilibre
et de justesse au cur des relations humaines. - Lorsque l'être est simple vision, simple écoute sans attribut psychologique de sérieux ou de désinvolture, sans chercher à interpréter, travestir le vivant ou à s'approprier ce qui est, il uvre alors depuis l'arrière-scène, en deçà du voile de l'ego. Son attitude est aimante, souple, alerte, joyeuse ; sa perception est lucide, sans détour. - Être spirituel, c'est avant tout être chaleureux, être joie, être là, à l'écoute, bienveillant, plein d'allant, vivant chaque instant dans un état d'attention flottante et de tension souple.. - Lorsque la forteresse de l'ego, véritable coquille encapsulée de chair, d'os mais aussi enserrée dans un monde hermétique psychique fabriqué de toutes pièces par l'assemblement plus ou moins anarchique de milliards de mots-pensées-émotions-symboles-images logés dans les mémoires de cerveau, lâche une fois pour toutes son étreinte et ouvre effectivement ses portes, l'être se tenant à l'arrière-scène s'exprime alors en dehors de l'espace-temps habituel propre au seul champ du possible de l'ego, de façon libre, émancipé en regard du mental habituellement gestionnaire de la conscience, épuré des conditionnements encore présents de notre enfant intérieur - morale, culpabilité, peurs, désirs, projections, représentation, identifications aux rôles, à l'image... - L'être est présence à ce qui est. Il voit donc avec clarté et lucidité le jeu du mental et de l'émotionnel, les besoins et les exigences du corps, ses désirs, ses appétits. Cette présence à soi, c'est-à-dire à ce qui est exprime naturellement joie, amour, humour, bienveillance, partage, vision et écoute. - Étant sans attente, l'être qui ne se prend pas au sérieux se rit amicalement du "mental menteur" sans s'en moquer ni le ridiculiser, restant toujours bienveillant à l'égard de cette mécanique compulsive qui parfois le chapeaute et le coiffe à son insu. - Ce regard porté par l'Être sur ce moi qu'il peut effectivement redevenir - par un simple déplacement du balancier de la conscience - à la première occasion, souvent par manque d'attention, par absence de vigilance à ce qui est ou par la lourdeur des pressions d'en environnement parfois contraignant, est comme un parfum humé par l'amour (humour). - Ce qui est est notre nature authentique et réelle. Il s'agit de notre nature essentielle d'être d'amours en lesquels l'absence d'humour est un évident non-sens. |
Le
grand jeu de la « vache cosmique » Daniel Odier | -
« Être spirituel » est un grand rêve romantique poursuivit
par beaucoup de monde. Quelques-uns se rendent compte qu'il s'agit simplement
de coïncider avec la réalité immédiate, dans le présent.
Mais avant d'entrer en contact avec le monde, il s'agit d'observer les obstacles
à ce contact que sont nos pensées, nos concepts, nos émotions
bloquantes, etc. Ainsi, faire 'Un' avec ce qui nous est présenté
reste une histoire parfaitement réaliste. Soit nous
y parvenons, soit nous examinons les empêchements à l'Unité... - La spiritualité n'est pas liée à la maîtrise de quelque chose mais à l'abandon inconditionnel au réel. - C'est le mouvement de la vague qui devient essentiel et non le fait d'être en haut, dans l'écume, ou en bas, dans son creux obscur. L'état d'unité et la confusion, l'ordre cosmique et le chaos, se retrouvent inséparables. Lorsqu'on est dans la confusion totale et perpétuelle, on rêve d'atteindre une certaine unité et liberté. Mais à partir du moment où nous touchons une certaine tranquillité, nous commençons à rêver de la confusion et nous changeons complètement de rapport avec elle. Il y a alors un jeu, un grand jeu cosmique, réjouissant et joyeux. |
Ne
mettez pas la cerise sous le gâteau Bernard Leblanc-Halmos | -
Quand le corps est séparé de sa meilleure ami : la bonne humeur,
cette énergie formidablement agréable et utile, ce patrimoine universel
de l'esprit humain, que reste-t-il de bon dans l'existence ? Les événements
s'enfilent à la queue leu leu, insipides et ennuyeux. - La reconnaissance, plus on la partage, plus il y en a pour tout le monde. Quant au bonheur, bien avant d'être une finalité, c'est d'abord une action de salubrité publique. Merci de le fabriquer vous-même à domicile et de vous proclamer fournisseur en petits bonheurs auprès de sa Majesté les Êtres. - Nous sommes, chacun à notre place, responsables de notre climat intérieur et donc de la qualité d'atmosphère que nous dégageons... de l'air que nous rendons respirables ou non. Un homme sans entrain, à quoi ça rime ? - Face à la froideur des mondes voués à la technicité, aux relations vidées de leur sens, aux réflexes chargés de chaînes qui entravent la bonne marche de nos existences et aux religions trafiquées, il est bon de reconnaître l'éclat de cette ouverture d'esprit initiale que les enfants, les poètes et les simples d'esprit approchent parfois. Cette vaste présence intime, disponible au fond de tous, est le vide médian de l'essieu qui permet à la roue de tourner. Les cieux ouverts par-dessus les toits. - Un grand «Je» collectif dépasse de loin mon petit je mal luné, mal disposé et mal élevé. Grâce à ce «Je», mon pays, c'est le monde. Ma race, c'est l'humain. Ma tradition est universelle. Le ciel est une terre d'accueil. |
Le
« hante-but » Prabha Calderon | -
"Moi-même" est la terrible représentation d'être
séparé... suivi de milliers de conclusion qui se succèdent
les unes après les autres comme une cascade. La représentation conceptuelle
de "vous-même" vous amène à une transe hypnotique.
En effet, vous êtes "en-transe" de croire que vous êtes
un "moi séparé de l'univers". Votre certitude est d'une
réalité absolu : moi, "JE" suis né... et moi, "JE"
vous mourir... Et en plus, je suis seul... et en plus je suis différent...
et en plus je ne peux rien y faire... Alors, quel est le sens d'une vie si courte ? Quel est le sens de "ma" vie ? Vous avez conclu que votre "moi séparé" devrait avoir un but de grande importance alors que, comme dirait UG Krisnamurti, la vie de votre "moi" n'a pas plus de but que n'en a le moustique qui vous pique ! - Le "hante-but" est la terrible sensation d'être séparé de tout et de tous. C'est le sentiment de solitude qui vous écrase les intestins jusqu'à la moelle de l'épine dorsale, et vous accompagne pour le reste de votre vie jusqu'à la mort. Les conséquences sont de manquer de souffle et de marcher comme un zombi, comme quelqu'un d'inexistant cherchant à tout prix à prouver sa valeur ou son existence en trouvant un sens à sa vie. Le "hante-but" est une maladie de l'âme engendrée par les mécanismes de survie de votre système nerveux avant l'âge de 3 ans maximum. Le paradoxe est que le "hante-but" se trouve en dehors de vous, alors qu'en apparence il est ancré dans votre corps. Cette "maladie" vous empêche de ressentir un sentiment profond de joie ou d'amour, ou d'énergie vitale, ou tout simplement de sentir que vous êtes vraiment vivant. Engourdi par le "hante-but". sans vrais sentiments, vous cherchez à en avoir, en vous adonnant entièrement encore et encore à une cure radicale : La quête insatiable. Les premiers symptômes du "hante-but" sont l'ennui, le doute, l'inconfortable insatisfaction et le manque total de sens de l'humour. Et à tout cela, vous donnez le nom de peur. Vous vous sentez vide, et vous demandez implicitement ou explicitement aux autres de vous remplir. Vous allez alors devenir quelqu'un d'important aux yeux des autres, ou au contraire le souffre-douleur, ou la victime des autres. Mais l'idée reste de "devenir quelqu'un" à tout prix. - La métaphore de Narcisse qui ayant perdu le pouvoir d'intériorité essentielle et de Conscience concentre son attention sur son reflet dans l'eau, sur son image.. Se sentant désespérément vide, il survit par des envies implicites artificielles, au lieu de survivre par les besoins naturels d'un être humain. Il croit que sa survie dépend de l'action d'essayer de remplir son illusoire "besoin non satisfait". Mais il n'arrive jamais à se sentir comblé. Il est tellement frustré qu'il emploie des stratégies inconscientes pour se consoler. Il dépense beaucoup d'énergie pour compenser sa frustration en produisant un programme inconscient, et se crée "une représentation compensatrice de lui-même". Bien que Narcisse vive conformément aux idées que les autres et la société lui ont imposées, il fait semblant d'être libre. Narcisse est convaincu d'être le maître de ses pensées et, en plus, qu'il est "ses pensées". Il présume qu'il a des choix, tout en ignorant ses motivations inconscientes. Narcisse cherche à acquérir le plus haut statut possible et exercer de l'influence sur les autres, et les dominer par tous les moyens. Il recherche le triomphe. Narcisse ne veut pas sentir la douleur de sa "séparation" et essaye de contrôler ses sentiments, ses pensées et ses expressions afin de se faire aimer. Souvent, il veut contrôler les sentiments, les pensées et les expressions de tout le monde. Sa rigidité émotionnelle l'empêche de sentir sa vulnérabilité et son besoin d'être dans l'amour. Lorsque la quête extérieure n'est pas assez satisfaisante, Narcisse devient alors spirituel. ..les suppositions que soutiennent et entretiennent l'activité de sa recherche sont toutes les mêmes: il croit être séparé de la source même de ce qu'il est; il croit être différent. Il se croit incomplet, imparfait, sans valeur, inexistant, impuissant, seul, mal-aimé, insuffisant, incapable... Et puisqu'il croit ne pas être entier, il doit "devenir quelqu'un" ou faire quelque chose pour combler le vide insupportable en soi. Dans sa transe de spiritualisation, deux choix se présentent à Narcisse : idéaliser quelqu'un d'autre ; ou s'idéaliser soi-même. S'il idéalise l'autre, il se rabaisse devant quelqu'un qui lui semble plus grand que lui. Enfoncé dans ce type de quête, Narcisse vogue de gourou en gourou... Il lit beaucoup et écoute sans arrêt ce que les autres, plus savants, disent sur la "réalité", sur les promesses de l'au-delà... S'il s'idéalise lui-même, il reste fixé sur l'idée infantile qu'il crée les autres avec son regard. Il croit en son pouvoir magique d'attirer les autres à le servir.. il reste attaché à l'illusion de contrôler. Il a l'idée qu'il peut changer les autres et les aider à évoluer et à devenir quelqu'un. Ou bien il va les aider à remplir tous leurs besoins et les rendre heureux. - Mais la nouvelle est terrifiante.. l'effroyable hante-but est incurable. Le fait le plus grave de sa maladie est que l'illumination lui devient inaccessible parce que l'illumination n'est qu'un autre concept à l'origine de son désespoir. - Si nous nous identifions à des représentations de soi, aux structures basées sur la survie, aux systèmes de croyances et aux états de régression d'âge, on ne peut faire l'expérience du Cur de la Conscience sans contenu, à l'État Pur. Mais il est possible d'arrêter de croire que vous êtes le reflet sur l'eau ou dans le miroir. « Pour savoir qui vous êtes vraiment, vous devez abandonner tout ce que vous n'êtes pas. Afin de lâcher quelque chose vous devez d'abord savoir ce que c'est. » Nisargadatta Maharaj |
Le
rôle du râleur Philippe Laurent | -
Nous avons deux façons de 'râler', la manière cynique et la
manière pseudo-spirituelle. Selon la manière cynique, l'homme en
général c'est-à-dire les autres, et pas trop moi en particulier,
vit dans une société médiocre à l'évolution
incertaine. L'homme est un loup pour l'homme... Selon la manière de râler
pseudo-spirituelle, il faut que ça change... et surtout les autres, parce
qu'eux - il faut bien le dire -, ils m'empêchent d'évoluer, même
spirituellement. - Le râleur institutionnalisé ou professionnel, qu'il soit politicien, mère de famille ou autres est malheureux même s'il sourit pour râler, vociférer, s'étrangler ou cracher sur le suprême arbitre. Pourquoi ? Parce qu'il n'est pas conscient de lui-même... Lorsque je râle, ce que je ne vois pas, c'est que l'objet de ma dénonciation est tout bonnement en moi. Je râle sur les individus qui établissent des catégories (racisme, etc.) - j'établis donc une catégorie comme ceux que je dénonce. Je râle sur les individus qui s'enrichissent facilement - je voudrais tellement m'enrichir comme eux (pas vrai !)... et je râle toujours pour une bonne cause ! Je ne suis pas conscient, dans l'instance immédiate, de l'humeur que je dénonce, je ne suis pas avec elle. Mon cur est ailleurs, ma tête l'embête, mon cur en débat, ma bile commence à s'échauffer... C'est ainsi... et je ne le vois pas. Mais tout n'est pas noir et sans espoir. La perspective subtile consiste à voir, à nous voir en situation... Lorsque je commence à le voir. Aïe ! ça se corse de manière explosive. Pourquoi ? Parce que je n'accepte pas cette situation, je n'accepte pas de découvrir le processus permanent de refus, d'inacceptance constante qui me grignote la substantifique moelle de la conscience. L'inacceptance, indépassable refus ; c'est une colle, une mélasse.. mais c'est moi, dans ma crasse ! Je découvre tous les sauts et les sursauts en pirouette du râleur qui, jusque-là, imposait, à mes humeurs fragiles et délicates, ses nombreuses contestations... Tout cela devient fort drôle, surtout lorsque c'est vu simultanément chez soi comme chez les autres. Parce qu'on se trouve alors chez soi comme chez les autres, très à l'aise, formidablement bien, merveilleusement présent. La vie humaine et ses nombreuses relations, jusque-là plus ou moins difficiles, s'éclaire sous le nouveau jour d'une authentique ironie socratique qui s'exprime avec la liberté de ne plus du tout se prendre au sérieux. |
Autres courts extraits | |
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Quelques pensées | |
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"Être spirituel... n'est-ce pas être plein de vie et d'humour
?"- -
« L'humour est partie intégrante de la vie spirituelle. Si celle-ci
se fait pesante, c'est que quelque chose ne va pas. » Douglas
Harding - « Quand un homme ordinaire atteint le savoir, il est sage. Quand un sage atteint la compréhension, il est un homme ordinaire. » Zen -
"Le vrai méditant n'est pas un tâcheron qui accomplit sa tâche
par devoir... C'est un homme en qui le feu de la passion et de l'amusement est
présent. L'amusement est capital ! Un chercheur spirituel qui s'ennuie
a déjà tourné le dos à son objectif ! La chance ne
peut s'ouvrir qu'à ceux qui s'amusent. C'est divin. Il faut redorer les
blasons de l'imagination, de l'amusement, du jeu..." Stephen
Jourdain - De l'humilité naît l'humour. L'humour ouvre la porte à la décrispation de l'ego vaniteux... Liliane Frantz - Cet abord très sérieux de notre situation désespéré - qui deviendra une partie de franche rigolade ininterrompue - est développé dans le bouddhisme tibétain en termes de « folle sagesse ». - Lorsque je n'ai plus de solution pour me débarrasser de l'émotion qui me ronge les tripes spirituelles, il n'y a plus d'échappatoire. C'est le début de l'humour. - "Entre le grand éveil, moment où se révèle l'immense plaisanterie cosmique... et les petits éveils quotidiens qui fissurent nos préjugés et renversent nos défenses, il y a place dans la vie spirituelle pour une dose homéopathique d'humour... à côté de plusieurs litres de discipline... et d'un tonneau de compassion." Ariane Buisset -
"Être passant est l'état naturel de l'homme qui n'a plus aucune
identité, aucune attache, aucun lieu en ce monde où s'appuyer..."
Aurore - 'Le mental est un petit bourgeois craintif, il lui faut du connu, du balisé. Il cherche des recettes scolaires : "il faut lâcher", "je dois m'accepter". Or, non, il ne "faut" rien, je ne "dois" rien. Gilles Farcet - 'Notre tendance à tous est de tout transformer en idéologie, y compris les enseignements les plus libérateurs.' Gilles Farcet |