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Citations |
- "Là où il n'y a ni douleur, ni plaisir, ni chose perceptible,
ni agent percevant, ni insensibilité non plus, là réside
ce que Est au sens suprême." Vasugupta - "Tard je vous ai
aimée, Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je vous ai aimée.
C'est que vous étiez au-dedans de moi, et, moi, j'étais en dehors
de moi ! Et c'est là que je vous cherchais..." Saint-Augustin
- " Il faut se laisser porter par le désir du Soi, suivre son coeur et
son intelligence, éviter de s'infliger l'effort inutile, l'effort répétitif, ou
l'effort qui fait souffrir. Que la joie soit le guide." Francis
Lucille
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"Désabusés par les spectacles de violence.., insatisfaits par
la 'vie', frustrés par tant de joies perdues.., nous ne croyons plus au
Bonheur auquel nous avions songé au cur de notre enfance. .. Retrouver
ce paradis perdu dans la magie du présent vécu, devient,
pour certains, le mythe d'un autre âge, pour d'autres, une voie vers notre
ultime réalité." - "Réaliser que tu n'es pas
ce que tu ressens, mais que tu es Celui qui constate qu'il y a un ressenti et
c'est tout !" Bernard
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La
joie qui demeure Thierry
Vissac |
- Nous préférons
courir après des mirages que nous retrouver seuls avec nous-même
et le désespoir que nous ressentons devant une vie insensée.
- Si une personne n'avait pas à l'esprit un certain nombre d'images représentant
une vie réussie, il ne jugerait peut-être pas sa vie misérable.
Tout cela appartient à l'univers du mental qui pèse, évalue,
compare, juge et rejette. - La joie qui demeure n'est pas dépendante
des objets, des relations, de l'environnement. Je parle de la vraie joie, pas
de la satisfaction que nous appelons bonheur et qui est dépendance absolue.
- L'abandon des mirages (espoirs et rêves) ne se produit que dans
une rencontre intime et profonde avec ce qui s'anime en soi. Lorsque
nous avons eu le courage de traverser nos rêves et nos cauchemars,
nos résistances et nos dénégations, nos mensonges
et nos fuites, nos complications et nos inerties, nous nous trouvons
au plus près de notre vérité.
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Quand le chercheur suspend sa course effrénée vers les mirages de
sa quête, un espace est alors disponible pour l'accueil.
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La stabilité n'est pas dans les formes changeantes du monde mais dans l'accueil
que nous offrons au changement. Vivre en paix avec ce qui est, c'est la joie qui
demeure. - ..être avec ce qui
est. Ces mot sont une bascule du regard auparavant absorbé dans les
formes du monde, attisé par les croyances et les fantasmes.. Le regard
se renverse et retourne à sa propre source, à l'approche de laquelle
se dévoilent à la fois l'arsenal de nos fuites et de nos mensonges
et la fraîcheur de la vérité de l'instant, qui est toute innocente,
accueil, joie simple, sans artifice ni intensité. Il s'agit de ne plus
rien nier, même au nom de la spiritualité, et d'accueillir les formes
diverses de la conscience en soi et hors de soi. Tout ce que nous avons jugé
et réprimé se présente à nous pour être rencontré
et chaque mouvement de vie, qu'il naisse en soi ou qu'il semble venir de l'extérieur,
est une porte grande ouverte vers la nature de la vie d'où toute chose
est issue. Cette nature est ici, tout de suite, pas au terme d'une course quelconque.
Et cette révélation est une grande joie.
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Y
a-t-il des recettes du bonheur ?
Serge Carfantan |
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Il y a des vérités dont la proximité nous dérange
et que nous écartons, parce que nous préférons les mettre
à distance, peut-être pour nous protéger de toute remise en
question radicale. Ainsi, Dieu doit nécessairement être très
loin, là-haut, dans un ciel inaccessible.. Sûrement pas dans la grâce
d'un oiseau, le rire d'un enfant.. - La postmodernité, c'est l'individualisme
exacerbé. ..on ne veut plus changer le monde, on veut en profiter...
c'est une pratique avide de consommation, c'est une frénésie
autour des objets du plaisir. Le bonheur, c'est du consommable: le confort
bourgeois d'un intérieur, le luxe des objets d'apparat, le clinquant des
gadgets à la portée de toutes les bourses, le rêve des voyages..
Mais attention.. le bonheur, cela se mérite, pour l'obtenir, pour y avoir
droit, il faudra travailler dur.. lutter toute une vie pour en payer le prix.
- Des gens qui ont tout pour être heureux, qui ont rassemblés
tous les ingrédients du bonheur, sont pourtant malheureux. Pourquoi est-ce
que cela ne marche pas ? Pourquoi ce contraste entre les images de bonheur des
publicités et la grisaille de la vie quotidienne ? Pourquoi ce malaise
diffus ? Est-ce que quelque chose nous aurait échappé ? - Que
se passe-t-il donc en nous pour que la joie d'être rejoigne si souvent le
tombeau du devoir ? .. penser que nécessairement la joie est conditionnée,
qu'elle a une cause extérieure. La joie devient la satisfaction de certains
désirs.. le plaisir de pouvoir posséder tel ou tel objet. Et le
piège se referme.. et me laisse là avec mon insatisfaction, mes
exigences, mon mécontentement, mon manque de tout, mon manque de moi-même.
Ce qui alimente le moulin des frustrations et me met au régime du pain
sec de la compensation. -"Je suis heureux" sonne faux parce que
lorsque le bonheur est là, je, n'est pas. Il n'y a pas de moi pour
s'approprier quoi que ce soit et encore moins pour se vanter de la possession
exclusive de cet "objet" qui serait soi-disant le bonheur. - La
recherche du bonheur à son système économique, il alimente
une kyrielle de faux désirs qui ont tôt fait de se projeter sur des
objets, pour faire tourner le commerce. Dans cette société de consommation,
personne ne veut votre bonheur, car les gens heureux ne consomment pas. Elle a
même son système politique, l'État providence, censé
garantir le bonheur de citoyens.
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Il n'y a rien à chercher qui puisse être le bonheur. L'idée
même de recherche vous place à la merci de tous ceux qui vous proposent
une forme consommable conduisant au bonheur : du canapé convertible, au
chalet dans les Alpes, aux mille et une techniques de contorsions du mental, du
corps et des émotions, jusqu'aux aventures les plus lointaines des voyages
éperdus. Et pour arriver où ? A Soi.. il ne s'agit que de revenir
dans cet espace heureux de l'âme qu'est le bonheur. - Le bonheur est
résidence dans l'espace du Soi, le bonheur est plénitude intérieure
et n'a strictement aucun rapport avec le domaine des objets. À la poubelle
les conditions relevant de l'avoir, l'art de vivre, le fatalisme et la résignation.
- Le bonheur n'est pas le résultat d'une accumulation, d'une consommation,
d'une discipline, d'une morale, d'une ascèse, ni d'un art de vivre. On
ne discipline pas l'espace, on y réside. On peut tout juste le meubler
plus ou moins joliment, et l'ameublement du bonheur, c'est l'art de vivre.
- Le bonheur est un peu comme l'eau tranquille et la joie comme son ondoiement
vivant. - Il n'y a pas et il ne peut vraiment y avoir de recette du bonheur.
Aucun moyen de le mettre en boîte. Le bonheur est insaisissable, invendable.
Il survient sans que l'on puisse s'y attendre. Tout ce que l'on peut promettre
dans ce sens est illusion. Une farce tragique. - L'enfant sait très
bien ce qu'est la joie.. et sa joie déborde aisément. Elle n'a pas
encore été enrégimentée, mesurée, elle n'a
pas encore été confiée à un futur et assorti de conditions..
Sa joie est insolente parce que sa vie n'est que jaillissement. -
La joie sans objet, sans cause, qui surgit sans raison, sans que nous l'ayons
cherché. Le bonheur, cela tombe du ciel effectivement, sauf que le Ciel
n'est pas en dehors de moi et ne dépend pas de l'arbitraire de la fortune,
le Ciel est dans le Soi jouissant suprêmement de lui-même. - Ainsi
s'explique qu'il y ait au Tibet des visages de mendiants lumineux comme le soleil,
et que bien souvent en occident l'opulence présente le visage sombre de
la misère intérieure et la figure du déterré vivant.
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Le
bonheur... Un pansement pour l'âme
Hélène
Naudy |
- Aujourd'hui,
je suis abîmé dans une existence morne et insipide où les
jours se suivent sans joie véritable. Le bonheur n'est pas dans ma maison,
je respire la morosité, l'ennui. Je suis las.. Et si la vie n'était
qu'ennuis parsemés de quelques moments de joie... Si fugaces. On m'a dit
que je ne connaissais pas mon bonheur d'être sans soucis financiers, familiaux
et de voisinages. Ça ne risque pas, je ne parle à personne, ou si
peu, sinon pour dire des banalités. Comme une indifférence. On m'a
raconté le bonheur d'être marié, d'avoir des enfants. Et tout
cela, maintenant que je les ai, me semble si futile. On m'a dit que je trouverai
le bonheur dans la religion.. j'ai l'impression qu'ils se racontent des histoires
que je ne peux y adhérer. Rien ne m'appelle. Pourtant, j'ai suivi tous
les conseils, tout ce qu'il fallait faire pour être heureux. Rien à
l'horizon. Nous l'attendons demain et il ne vient pas. Nous désirons
cette magnifique voiture et un mois après l'avoir achetée, nous
l'oublions, déjà sur une autre affaire. Nous aimerions être
moins grosse, moins maigre, plus grande, plus fort, moins timide, plus virulent,
moins peureux, ... enfin plus heureux ! - Alors le bonheur est-il possible
? Dans ce bonheur-là, dans cette quête, nous ne découvrons
que nos insatisfactions, toujours frustrés, toujours en attente de la situation
qui nous rendra heureux. Pourquoi ne suis-je jamais comblé ? Rien ne nous
satisfait pleinement sans qu'à un autre moment nous ayons un nouveau désir,
le sentiment que quelque chose nous manque, comme si nous étions incomplets,
incomblés. - Nous partageons la vie en deux colonnes: celle des bonheurs
et celle des malheurs... Nous sommes tellement endormis et conditionnés
que le seul moyen souvent que la vie a trouvé pour nous réveiller
sont ces soi-disant malheurs. Je ne le sais pas encore mais quelle chance, je
me suis cassé la cheville, je me suis enfin donné le temps de réfléchir
sur ce que je vis... Et si notre chance était
dans ce malheur qui nous percute, dans cette situation incertaine, dans nos doutes.
Nous ne savons pas que nous dormons. Qu'est-ce qui nous
permettra de sentir que ce que nous vivons est étriqué ? Un mal-être,
un échec, un accident, si toutefois nous ne retournons pas la responsabilité
sur un autre. ..nous laisserons-nous toucher ? ..ou nous endurcirons-nous un peu
plus ? Nous avons construits tant de fortifications,
de murs de protection et d'apparences.. le choc doit être violent, douloureux..
il frappe à notre porte jusqu'à ce que nous l'entendions et que
nous lui ouvrions. Le bonheur
est nos échecs, nos dépressions, nos accidents. Car ce bonheur touche
à ce que nous avons construit, à nos certitudes. Il sonne la cloche
d'alarme, il nous demande de regarder là où nous en sommes, sans
jugement.
| Ce
bonheur-là vient pour nous rappeler combien nous nous sommes niés
et oubliés. Il déconstruit, défait, vide le trop plein.
Avoir cette chance de se regarder, de voir nos jugements sans jugement, la plupart
en lien avec notre éducation. Ce bonheur n'est pas dans un objet quel qu'il
soit, il est dans ce regard que nous nous donnons à nous-même.
Alors nous ne cherchons plus, car en quelque sorte, ce qui vient est ce que nous
désirons. Nous n'imaginons plus qu'il puisse se retrouver ailleurs que
là où nous sommes, car nous ne désirons que ce que la vie
nous apporte. Et nous remercions cette dépression, cet accident, cet
échec, cette perte qui ont été à l'origine de la brèche.
Notre bonheur est là, dans cet abandon à nous-même, à
ce "je ne sais pas"... Nous sommes fatigués de prouver que nos
idées sont les meilleures.. Un dialogue s'installe. Nous écoutons
les points de vue.. Nous écoutons en nous-même dans le désir
de reconnaître ce qui se vit en nous. Nous
demeurons dans ce lieu paisible au milieu d'une discussion où chacun cherche
à avancer sa vérité. Nous écoutons ce qui se vit dans
l'autre, nous sommes avec nous-même. Tout nous renvoie à cette disponibilité.
Les énergies se réorchestrent,
elles retournent vers notre intériorité, accueillant ce que se vit,
que ce soit la révolte, un malaise, une joie.. Un sentiment de manque,
de peur.. survient, nous ressentons. Nous apprivoisons cet acte: ressentir,
être avec. Le bonheur est le fait de ressentir ce qui se vit en nous.
Percevoir, ressentir, deviennent le lieu du bonheur non éphémère.
Nous ne l'attendons plus demain, simplement parce que cela se vit à chaque
instant de la vie. Comme une douce attention à notre corporalité.
Nous n'alimentons plus le mental, nous n'en avons plus besoin comme outil de protection
comme avant. Cela ne veut pas dire que nous ne sommes plus perturbés,
en colère, dans la tristesse, ou dans d'autres émotions. Nous les
ressentons comme l'ultime cadeau qui nous rappelle à nous-même.
Plus de victimes, plus de bourreaux ni de sauveurs. Seulement des instants d'ouverture
où nous nous rappelons, libre d'idées sur nous-même. Ce
nous-même, présence éternelle, affecté ni par le bonheur,
ni par le malheur.. une joie sans objet. -"Seul
est heureux celui qui a perdu tout espoir, car l'espoir est la plus grande torture
qui soit et le désespoir le plus grand bonheur."
(Samkhya-Sutra)
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Coeur
de Lion Catherine
Ingram |
- La présence pure est notre expérience
la plus fondamentale. C'est ce vers quoi nous sommes attirés toute notre
vie. C'est tout ce qui importe. Ce que nous appelons souvent "réalisation"
est l'expérience directe, constante, de la présence pure. La présence
fondamentale requiert l'attention à ici et maintenant. C'est tout ce qu'il
faut savoir. Cette reconnaissance de la pure présence, à simplement
être, se traduit par une qualité d'alerte, de tranquillité
et d'amour. Et même si, en un sens, la vie reste compliqué du fait
des difficultés auxquelles vous êtes confrontés, il y a une
simplicité intérieure dans cette réalisation. ..les choses
deviennent très simples à l'intérieur. Peu importe ce qui
se passe, la présence procure un certain repos, une attention : votre attention
est libre de s'occuper des tâches courantes, de la personne près
de vous, de voir clairement, de voir simplement et d'entendre clairement. Ce que
nous nommons "réalisation" n'est pas plus compliqué que
cela. C'est la reconnaissance directe et immédiate de cette pure présence
vers laquelle vous tendez toute votre vie.. C'est la volonté de vivre dans
cette reconnaissance primordiale. - "Soyez tranquille et attendez sans
espoir." Vivez plutôt dans la gratitude que dans l'espoir, car l'espoir
est une façon de mendier.. Il s'agit d'une manière subtile de vivre
dans l'ajournement. La déception va de pair avec l'espoir, ils sont liés.
Vous gagnez un peu, mais vous perdez beaucoup quand vous vous accrochez à
l'espoir. Voyez nos espérances : elles prennent la forme du désir.
Si votre paix est basé sur le changement du monde ou de votre vie personnelle,
alors bonne chance ! ..les choses explosent tout le temps. ..la présence
pure, ici et maintenant est le seul endroit sûr. - Lorsque vous êtes
dans cet instant d'acceptation, que vous vous trouvez béni par cette présence,
vous n'avez pas envie d'autre chose. C'est assez, bien assez.. Plus que vous ne
pouvez prendre. C'est le pouvoir de la reconnaissance, même si cela se produit
un court instant, ou quelques jours. Cela change votre vision du monde. ..vous
réalisez qu'il s'agit de la seule chose importante pour atteindre le bonheur,
que c'est la seule chose sûre. Vous pouvez ensuite profiter librement des
plaisirs de la vie, jouer, avoir des relations, aimer votre travail...tout : travail,
films, plaisir d'être avec vos amis, supporter les pertes qui arrivent inévitablement.
Mais au cours de ces expériences, vous savez que vous avez un centre. Vous
n'êtes plus dans la confusion d'être ballotté dans tous les
sens comme du bois mort dérivant sur l'océan. Vous êtes tranquille
à l'intérieur, simple. L'espoir complique tout. Dès que vous
avez de l'espoir, vous développez une stratégie, vous planifiez
et manipulez. On ne peut connaître la lumière et les ténèbres
qu'en voyant les ténèbres devenir lumière.
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La meilleure façon de parvenir à la paix dans le monde est d'étendre
cette reconnaissance là où nous sommes, au centre de nous-mêmes.
Nous y sommes à l'aise, nous nous aimons, nous nous reconnaissons tous,
les choses, les plantes, comme appartenant à la même famille... C'est
là que vous ressentez cette appartenance que vous désiriez et cherchez
tant. Que vous souhaitiez une nouvelle Jaguard, maison, femme, bébé...
fondamentalement, vous en arrivez à la sensation d'être chez vous
en vous-même. Vous appartenez à l'ici et maintenant. Vous pouvez
avoir cette sensation d'appartenance de façon directe sans nécessairement
être attaché à ces choses. - Il y a beaucoup de souffrances
basées sur le mythe de l'amour romantique. Je ne parle pas d'une relation
profonde ni de liberté. Dans l'amour romantique vous êtes comme dans
un rêve basé sur tous ces films, ces images, ces chansons qui courent
dans vos têtes. Vous regardez quelqu'un, mais ne le voyez pas réellement.
Il est juste une sorte de cadre dans lequel vous pouvez mettre vos projections.
En quelques sortes, vous êtes amoureux de vos propres images. Cela devient
de plus en plus ennuyeux, déprimant. Une relation dans la liberté
est différente. Étant centré en vous-même, vous n'avez
ni besoin, ni espoir, ni projection romantique. Vous êtes capable de voir
réellement, de sentir cette intimité.. mille fois plus intense.
Ce n'est pas personnel, c'est plus profond.. et il y a la clarté, l'intelligence.
- Vous prenez l'habitude de ne pas savoir quoi faire ensuite, de ne pas avoir
de programme bien déterminé. Vous commencez à expérimenter
une nouvelle forme de motivation. Un nouveau sentiment monte en vous : «
comment puis-je être utile ? ». Ce n'est pas comme si vous deviez
penser à faire quelque chose, mais plutôt devoir devenir le récipient
d'une invitation, d'un ordre. - Il existe un point repère du bonheur
auquel le niveau du bonheur retombe toujours. Donc, même si vous gagnez
au loto et éprouvez une sorte de pic de bonheur qui peut durer quelques
jours ou quelques semaines, ce pic retombe ensuite à son niveau habituel.
Les gens les plus heureux sont ceux que ressentent des petits pics tout le long
de la journée, comme des petits plaisirs, et qui profitent de ces pics.
Dans l'attention éveillée, vous expérimentez ces petits pics
toute la journée, ils vous surprennent. C'est comme si vous éclatiez
de rire parce que vous faites la vaisselle, mais il existe un plaisir étrange
à faire la vaisselle, à se brosser les dents, une sorte de courant
qui circule tout le long de la journée et vous procure cette sensation
de bien-être général. Donc, disons qu'il y a quelques moments
inquiétants, mais que la plupart du temps, il y a un flot général
de bonheur.
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Le
Bonheur est dans l'Instant Serge
Pastor |
- La société
contemporaine incite l'homme à une quête du bonheur essentiellement
basée sur l'avoir, sur la possession, sur la propriété de
seuls biens matériels, sur l'appropriation de savoirs référencés
et faisant autorité dans un monde axé autour de la compétition,
la comparaison et l'évaluation. La non acquisition, la non
appropriation, la non réussite, sont alors vécus comme des échecs
à ce bonheur de type factice et éphémère avec tout
le lot de frustrations, du culpabilités, de peurs, de douleurs, de souffrances,
de déceptions et de dévalorisations que en résultent.. Cette
vision du bonheur individuel conduit inévitablement à l'isolement
et à l'égoïsme et favorise une société se nourrissant
de conflits et de guerres.. Cette attitude dualiste qui consiste
à rechercher à l'extérieur ce qui est déjà
à l'intérieur est donc une poursuite sans fin, un leurre entretenu
par l'ego de masse. Ainsi est née la fragmentation spirituelle
de l'unité initiale et non duelle, en une multitude de petits ego futiles,
séparés, divisés, habitués à vivre dans le
conflit et la guerre, les croyances et les opinions mesquines, bercés par
la quête d'un bonheur impossible. Lorsque l'homme connaît
enfin un retournement de la conscience et qu'il s'aperçoit que la poursuite
du bonheur extérieur est peine perdue, il réalise dans une perception
lucide et fulgurante que la béatitude et la vraie félicité
sont dans le renoncement à l'acquisition et à la possession objectale. Sa
capacité à reconnaître que l'observateur et la chose observée
ne sont en réalité qu'une seule et même entité, gomme
l'ancienne perception duelle : interne-externe, désir à satisfaire
- désir épanché... Il se sait être lui-même l'artisan
de son bonheur ou la source de ses malheurs. Au lieu de voir le monde à
l'extérieur de lui, il réalise qu'il est le monde lui-même.
Ce décrochage de la conscience autrefois enserrée dans l'étau
du seul ego, libère l'esprit et l'invite à une exploration non duelle
de la vie.
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- Sa désidentification
au penseur-censeur-contrôleur (l'ego ou le moi) lui permet de voir avec
lucidité les va-et-vient compulsifs des quêtes de désirs et
de bonheurs de l'ego, sans toutefois les alimenter. Il saisit alors
que le bonheur est dans l'instant et non dans une folle course dans le temps et
dans l'espace. Sa quête à l'extérieur cesse et l'exploration
intérieure s'ouvre.
Ce retournement de la conscience s'accompagne d'une élucidation
explosive en laquelle tout désir prend fin et par là,
toute quête de bonheur. L'être se vide de tout contenu psychologique
centré sur l'espoir de lendemains meilleurs, l'attente ou le
savoir accumulé. Ce premier pas lui fait goûter à
la liberté d'investigation de la vie dans ce qu'elle a de neuf,
d'inédit.
Chaque
instant traversé est alors un bonheur vécu comme inconnu, non su,
non conditionné par une attente de satisfaction psychologique, corporelle,
affective ou mentale. Il n'y a plus d'attente car l'être ne s'inscrit plus
dans le temps et l'espace. Seul ce qui est - c'est-à-dire
l'instant de la vie - se révèle de façon évidente
et factuelle. Vie et mort se succèdent alors instantanément, ce
qui fonde l'état d'éternité en lequel l'être se trouve
naturellement. Tout naît et meurt pour se renouveler immédiatement.
Peurs, angoisses, désirs, malheurs, bonheurs, viennent
naturellement traverser la conscience égotique de l'homme et crever en
surface comme le feraient des bulles d'air remontant des fonds abyssins, sans
affecter l'être alors libre d'explorer ce mouvement duel à l'intérieur
de lui-même. Cette dimension inconnue de la vie fait
goûter à l'homme le parfum de l'amour. L'homme se sait définitivement
être libre et le bonheur est vécu comme une expression de l'amour.
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Bonheur
ou Béatitude Virgil |
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Le bonheur est temporaire, le mot bonheur a été inventé
pour satisfaire le cerveau et s'assurer qu'on a réussi. C'est une création
humaine.. - Ce que nous vivons est la vérité, tout le reste comme
amour, joie, bonheur, calme, paix.. sont des mots. - Le bonheur dépend
de l'extérieur. Il est temporaire, lié aux événements.
Il implique qu'il faut tout contrôler. Mais on n'a pas besoin de contrôler,
seulement de vivre : c'est là, la Béatitude. - La Béatitude
est vécue simplement. Le bonheur par contre est créé par
l'image, c'est ce qui nous plaît et nous satisfait, mais ça dure
jamais longtemps ; ou bien ce bonheur est menacé pour une raison quelconque,
ou bien un désir en vue d'une nouvelle acquisition le détrône.
Le bonheur n'a aucune solidité ; et la différence avec la béatitude,
c'est que tu n'as pas | besoin
de chercher ; tu es comblé, en paix, et tout est égal. Ce n'est
pas un jour oui et un autre non. C'est permanent avec parfois plus d'intensité.
La béatitude n'est jamais séparée, elle ne dépend
pas de l'extérieur. Tu peux tout perdre, tu peux tomber malade, mais la
paix demeure. - Observez-vous, découvrez par vous-même comment
vous fonctionnez, comment tout ce que vous percevez passe par l'écran de
la mémoire, du conditionnement pour ensuite être projeté à
l'extérieur. C'est ça nos préférences, croyances,
bonheurs et malheurs. Aucun livre, aucun séminaire ni gourou, ne peut le
faire pour vous. - Dans la béatitude, nous avons une énorme sensibilité
qui est compassion pour tout ce qui existe. Vous vivez simplement sans projection.
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Ce
bonheur qui n'existe pas
Soline |
«
Que déjà je me lève en ce matin d'été... Et
que j'aie cette envie d'eau froide pour ma nuque et mon visage, Que je regarde
avec envie l'abeille en grand travail et la comprenne, Que je me lève
et voie le buis, qui.. travaille tout autant que l'abeille, Et que j'en sois
content, Que je me sois levé au-devant de la lumière, Et
que je sache : la journée est à ouvrir, Déjà c'est
une victoire. » Guillevic -
...portraits des uns qui ont l'air tout le temps heureux malgré les mille
difficultés et les épreuves, visages des autres jamais contents
de rien, dépressifs, sinistres contagieux, suicidaires sans raison apparente,
en mal de vivre du matin au soir alors que la vie leur a, apparemment, tout donné.
- ..nos différents besoins et attentes peuvent se décliner à
l'infini. Pourtant, nous savons que lorsque nous avons obtenu la satisfaction
de nos désirs, des plus impérieux aux plus modestes, une nouvelle
demande prend forme.. - Certaines formes de bonheur se présentent comme
un réel paradoxe : celle par exemple de l'enseignant qui, bien que son
travail lui ôte les trois quarts de son énergie et de sa sève,
ne saurait imaginer une seule journée sans la présence de ses élèves
à ses côtés, toutes celles qui donnent le sentiment de faire
oeuvre utile, d'accomplir au quotidien sa tâche, d'être à sa
place alors même que celle-ci est tout à fait inconfortable. -
Les spirituels affirment que le bonheur ne saurait se trouver dans la satisfaction
des désirs, aussi urgents soient-ils, mais dans l'accomplissement de soi,
en ouvrant la porte de l'âme... - Acceptons d'emblée que le bonheur
n'existe pas. Inutile, dès lors, de l'attendre et plus besoin de souffrir
d'une éternelle déception. Puisque nous savons que l'accumulation
des biens ne saurait remplir notre coeur mais bien au contraire nous créer
beaucoup de complications et de désillusions, il est peut-être judicieux
de limiter les dépenses pléthoriques. Nous aurons sans doute un
bon nombre de soucis en moins. Puisque, toujours béant malgré toutes
nos tentatives, le vide affectif ne pourra pas se combler, c'est désormais
un fait clairement établi, que nous multipliions les aventures ou que nous
essayions en vain de nous caser avec une âme sur de moins en moins
providentielle, pourquoi ne pas tenter de rester tranquille avec ce qui est, ce
qui n'est pas, ce qui ne peut être, ce qui ne sera pas, ce qui risque de
n'être jamais, une bonne fois pour toute. - ..pas question de remplacer
une envie par une ascèse, cela ne marchera pas. - J'écris pour
toutes ces âmes en quête spirituelle, désabusées, qui
errent de stage en stage depuis plus de vingt ans.., matérialistes déchus
qui se racontent que le mois prochain, lorsque la dernière Mercedes sera
dans le garage, il n'y aura plus aucun problème, starlettes manquées,
poètes, journalistes, écrivains qui depuis longtemps ont laissé
en berne le drapeau de l'idéalisme et se compromettent plus ou moins efficacement
avec le système qui les broie.. Mécréants affichés
qui cachent leurs blessures, femmes délaissées et trahies à
l'aube de leur vieillesse mais qui se maquillent encore tous les jours au cas
où, jeunes déjà désabusés.. tout le cortège
des sans joie...
|
- Imaginez, si vous sentez que décidément
vous n'avez plus rien à perdre.. Imaginez.. même si cela ne doit
jamais s'appeler le bonheur.. Une seule journée de l'existence à
faire vraiment ce qu'on sent depuis l'intérieur, à décider
définitivement de s'arrêter de courir sauf après les papillons,
à rester en pyjama toute la journée, à dévorer un
repas sans compter les calories, à ne pas faire de ménage sous prétexte
que mamie vient dîner, à démissionner pour aller battre la
campagne, à dire enfin la vérité à ses parents, à
offrir à Noël uniquement des cadeaux qui n'ont aucune valeur marchande,
à écouter son cur pleurer comme on écoute un tout petit
enfant et à le laisser faire, se laisser bercer, et accepter que le bonheur
n'existe pas mais que, peut-être, il existe autre chose, des tas d'autres
choses que nous n'avons pas encore explorées, rencontrées, au bout
du monde, en soi... Qu'il n'existe aucun dictât véritable qui nous
impose de vivre dans le mensonge et la compromission... - Souvent je me souviens
de cette jeune personne aperçue dans un train qui, au milieu de l'indifférence
générale, aidait une vieille femme handicapée à descendre
avant de la conduire vers la sortie en lui portant ses valises. Je me rappelle
surtout son sourire au sortir de la gare après que la vieille dame l'eût
remercié chaleureusement. Je me dis benoîtement que cet échange
de sourires a certainement illuminé la vie de ces deux personnes que rien
ne pouvait rapprocher et que, peut-être, c'est cela que nous cherchons :
un instant d'échange où une âme se reconnaît dans une
autre. Et il me semble que c'est lorsqu'on n'a plus rien à perdre qu'on
trouve cet instant. - Pour ma part, j'aime à penser que le désespoir
est une bonne maladie, qui garde pour nous le trésor le plus précieux
que nous ayons jamais à découvrir : une rencontre authentique avec
l'autre, qui qu'on soit, dans un seul instant, sans jugement de valeurs, sans
grimace. Et lorsqu'on se penche sur son propre cur, il arrive parfois qu'on
entende murmurer quelque chose comme ceci: « J'ai cherché le
bonheur sur la route, et je ne l'ai pas trouvé. J'ai cherché le
bonheur dans l'accumulation des bagages que je chérissais et que je protégeais,
et je ne l'ai pas trouvé... J'ai cherché le bonheur où il
n'était pas, où il ne pouvait pas être, je l'ai trouvé..
sans vêtement, sans charge, sans poids, sans passé, sans avenir,
juste là, dans cette mesure, cette attention, cette façon de revenir
au moment présent. Je n'aurais pas pu imaginer un tel bonheur, une telle
liberté, un tel sentiment de vaste, de grand, d'immensité, d'infini,
cette totalité dans mon âme, dans mon cur, une force indestructible,
une invincibilité totale, parce que je ne suis rien, que je suis nu devant
le Divin, et que j'avance vers Lui. Là-bas, la dernière porte, modeste,
tranquille. Pas de gloire, pas de grâce, pas d'expérience, mais une
simple porte de Lumière, un arc, un arceau sous lequel je vais passer doucement.
» |
- |
Le
bonheur, un cadeau déjà donné
David Ciussi |
- L'expérience
du bonheur n'est ni un « ailleurs », ni un objet matériel,
ni une pensée arrêtée, ni une réponse définitive...,
c'est plutôt un étonnement d'être la Vie sans explication,
juste l'enchantement d'être ici, tout en soi... mourant et renaissant, continûment
présent dans le vécu des événements. Immédiatement,
c'est aussi de ne pas s'ennuyer dans cet instant terrestre qui jamais ne se représentera..
car la vie ne se répète pas, elle se renouvelle en nous.. - "
Où est donc passé cet enfant étonné, joyeux, créatif,
l'aventure dans les yeux ? " Il est devenu un vieillard qui a tout banalisé,
au lieu de voir « ce qui est autre et différent ». Par la norme
du déjà-vu, on déjà connu, l'image-moi transforme
la diversité infinie en une statue de pierre pétrifiée. -
C'est une déroutante aptitude cérébrale que nous avons de
nous enfermer dans les sarcophages de notre passé pour s'imaginer que les
mêmes problèmes peuvent revenir. Cela induit : « mon futur
est un problème, rien ne changera et le monde est une fatalité ».
C'est la rançon d'un laxisme intellectuel, d'un ennui à être,
inventés par une pensée dégénérée qui
fracture le monde poétique de notre enfance en ramenant, « le nouveau
au même, le futur au passé, l'inconnu au connu, le changeant à
l'immobile ». Fini le fluctuant mouvement du réel où les choses
sont sans arrêt "autres". - Comment trouver le bonheur dans
ce chaos ? Si l'on se centre sur soi-même, on va oublier les raisonnements
pour conscientiser les émotions. Vivant nos émotions pleinement,
nous allons être au coeur de nos sensations. Transcendant nos sensations,
nous allons découvrir l'essence de nous-même. Là, il ne manque
rien, tout est paisible. Un sentiment d'unité avec toute chose nous remplit
totalement. - « Je suis comme posé sur les ailes d'un
papillon.. voletant d'un endroit à un autre.. Mon existence est légère,
aucun mot n'est capable d'accueillir ce qui me déborde et se répand
à l'infini. Comme un ressac je vais et viens d'un océan voyage.
Ici je n'éprouve aucune menace, aucun mélange. Ici, je vogue
sur les ondes de ma respiration océan.. Je suis cela.. dans cela.. l'air..
la mer.. la terre.. les roses.. les iris.. l'herbe.. amis.. ennemis. Je suis l'océan
qui pénètre dans la pluie. Oui, j'émerge et je vis ici
depuis longtemps.. immobile spectateur de la continuité du monde.. car
le temps et l'espace n'existent pas encore, et les mots ne sont pas encore nés
pour séparer les choses.. Tout m'apparaît relié et cousu ensemble
dans le corps de ma conscience. Ici je suis tombé en moi et j'éprouve
le miracle d'exister.. Je suis tout cela et mes prénoms sont l'arbre,
la liberté, l'amour.. » - Nous ne vivons pas
notre vie, ici et maintenant, nous la pensons. Aussi, la réalité
nous semble-t-elle difficile, et nous recherchons le bonheur, ailleurs, plus tard,
quand je serai, quand j'aurai, bref un concept, une projection, une idée
du bonheur. Comme mon monde est ennuyeux et sans valeur, je réclame quelque
chose d'autre. Je vais alors quitter le cadeau caché que m'offre la vie
en cet instant, pour me griser de futures changements
| imaginaires.
Des agapes d'objets-bonheur ou de voyages exotiques, vont compenser mon ennui.
Sous le couvert de connaissances spirituelles, des illusions transcendantes telles
que la santé parfaite, la vies sans émotions, l'état de vide
sans pensées, un paradis sans autres qui me critiquent ou me désapprouvent,
vont me voiler le monde immédiat et le cadeau déjà donné.
En fait, le sujet se projette dans un bonheur futur car il lui
manque quelque chose. Or, il n'est séparé que par une image de lui-même.
Cette idée de distanciation entre « être la conscience en direct
sur le théâtre de la vie », et « se penser absent du
théâtre » crée la dualité, le manque, la séparation.
Sur cette base conceptuelle erronée de la lecture de la réalité,
l'idée pure de l'enfance reste en attente, elle s'oublie, elle ne disparaît
pas mais elle somnole. Le sujet agit dans le quotidien, mais il s'ennuie de son
origine.. Alors il ressent tragiquement l'impression de faute et de manque à
être. - L'important sur le chemin d'ici à ici est de porter son
attention sur le cheminement, pas sur la ligne d'arrivée. L'intention de
choisir d'Être n'est pas un acte passif mais une intention à signifier.
L'intentionnalité désigne cette particularité innée
qu'a la conscience d'être consciente de quelque chose et de diriger l'attention
intelligible vers ce qui « veille avant de penser ». Cette intention
active et amoureuse réveille le lien entre l'objet d'observation et le
sujet pur. L'observation devenant de plus en plus purifiée, de plus en
plus dégagée de toute prévision et anticipation, devient
alors un acte d'auto-observation absolu comme un continuité d'Être,
sans se perdre ou se quitter, une présence à soi-même, rendez-vous
éternellement renouvelé. - La conscience n'est ni un état,
ni un objet ou un contenant mais un processus dynamique. La conscience est une
intention ludique et heureuse de se signifier en se manifestant de plus en plus
dans la réalité de tous les êtres. Ainsi,
lorsque nous retrouvons l'intentionnalité du coeur, lorsque nous faisons
ce geste spirituel de liberté, nous nous retrouvons rempli de joie, aussi
lumineux qu'un nouveau-né naissant au monde nouveau. - Ici, nulle
promesse d'extase, nulle chimère ou pittoresque magie pour tromper l'ennui
mais une relation avec l'intelligence du vivant, une relation directe, immédiate
avec le souffle qui porte l'espérance heureuse de notre humanité.
Ici, dans cette simplicité, dans cette joie sans objet,
je vis heureux dans une présence que je ne peux ni perdre, ni quitter.
Les jours et les nuits sont comme une note renaissante des mondes infinis renouvelés
sans cesse. Alors le bonheur terrestre est joyeux comme une cour d'école
et mes paroles-silence tournent les pages de la vie sans critiquer. C'est le monde
qui éprouvent une émotion pure de fraternité.
|
- |
La
Danse de la libre Joie Daniel
Odier |
- À partir du moment où
l'on sort de l'univers de croyances, des adhésions, où l'on n'a
plus de théorie du monde, l'être peut fonctionner dans la spontanéité
et la créativité. Il peut retrouver cet état originel où
l'on ne qu'un avec l'ensemble. - Par la pratique, pour autant qu'elle soit
légère, c'est-à-dire sans objectif, on arrive à un
état de joie, de tranquillité, de créativité. Nous
prenons alors conscience que toutes les voies spirituelles sont les mêmes,
car elles tendent vers quelque chose d'assez simple qui est de redevenir un être
humain pouvant fonctionner sans blocage par rapport à la réalité.
On ne peut avoir de théories du monde sans les blocages qui l'accompagnent.
- Ça paraît paradoxal : on pratique une voie spécifique
pour arriver à l'absence de voie spécifique. Il reste alors juste
un être humain, qui peut entrer en communication s'il n'y a pas de blocage.
C'est la même chose avec les émotions. À partir du moment
où nous pouvons laisser toutes les émotions entrer librement, il
n'y a aucune raison de choisir d'en supprimer certaines et d'en magnifier d'autres.
- Pourquoi supprime-t-on tant de choses dans la voie spirituelle ? Il y a
cette idée que peut-être il est mieux d'éradiquer la passion.
Retirer les passions serait censé permettre un meilleur fonctionnement.
La pratique de l'éradication touche beaucoup à la peur. ..voir s'il
y avait moyen d'aborder les passions sans que ce soit fatal. On ne s'écrase
plus sur l'objet de son désir, on le maintien en vie. ..tout est occasion
de yoga. La jalousie, la violence, la passion, la beauté, la tranquillité,
tout ça fonctionne très bien. Il n'y a pas l'idée de supprimer
une partie du monde pour arriver à la tranquillité. - Ces passions
sont liées à l'ego, à l'image. Toutes ont la même source,
mais la passion de l'être est libérée d'un lien névrotique
à l'ego. On a toujours l'image de l'ego comme un ennemi à abattre.
On parle d'ailleurs de trancher l'ego, de le détruire, de l'annihiler.
La terminologie est toujours violente. En fait, si on lui donne de l'espace, l'ego
finalement se dissout dans le Soi. Ce qui m'a passionné dans le tantrisme
est cette idée qu'il n'y a rien à détruire, qu'il faut simplement
laisser glisser la problématique vers de l'espace, et que tout naturellement
la problématique elle-même devenait une qualité. Il n'y a
pas de pensée qui procède par opposition. Il y une sorte de glissement
de l'ego à la non-dualité. - Le corps est très important,
et malheureusement très nié par les voies spirituelles. ..mais qui
d'autre qu'un corps peut se poser des questions métaphysiques. Il faut
un corps pour ça, un cerveau, des nerfs, du sang, un fonctionnement. Le
corps est à réintégrer totalement. Il montre une tendance
naturelle à l'unité des choses. C'est simple, direct, alors que
la pensée est faite pour séparer, soupeser, comparer. La problématique
est là : une partie de nous-mêmes va vers l'unité avec le
monde, et l'autre dissèque tous les contacts possibles pour les transformer
en problématique, en métaphysique, etc. Si l'on réintègre
le corps, il y tout à coup une sorte de grâce que va amadouer le
mental, l'emmener dans cette sorte de danse cosmique, de giration autour d'un
centre. - L'émotion est là. Elle est comme une sorte de ferment.
Si nous considérons l'émotion comme un problème, nous gaspillons
de la vie. Dans la pratique du yoga tantrique, on ne lutte pas contre les émotions,
mais on essaie de les vivre pleinement au niveau du corps.
| -
Nous croyons souvent qu'une émotion est mentale et qu'elle se répercute
au niveau du corps. En fait, avant de devenir un concept, une idée, l'émotion
se manifeste dans le corps. Nous constatons des changements imperceptibles dans
le corps, des températures qui changent, des flux dont la rapidité
se modifie, des frémissements, toutes sortes de petites manifestations.
Quand le corps est sensible, ouvert, il y a lecture immédiate de tous ces
signes. Nous pouvons alors prendre l'émotion à sa source. Pour une
personne ordinaire, les émotions sont toujours prises tardivement. Ensuite,
nous pouvons aller avec cette émotion, perçue comme un courant.
Ce que l'on fait toujours est au contraire de l'abandonner en cours de route.
Si l'on arrive à prendre conscience d'une émotion immédiatement,
à la suivre, on va s'apercevoir qu'elle nous ramène à la
tranquillité. Elle émerge de la tranquillité et nous y ramène.
En l'absence de blocage conceptuel ou affectif, le mouvement est très rapide.
Si rien ne gène l'émotion, elle fait son tour complet et nous ramène
à l'espace. - Pour nous, être présent, ce n,est pas maîtriser
quelque chose mais au contraire s'abandonner totalement à quelque chose
sans qu'il y ait d'obstacle au parcours. - Évidemment, il y a des moments
où ça ne fonctionne pas du tout, où l'on reste bloqué.
C'est merveilleux aussi. Nous pouvons goûter le blocage, l'arrêt,
s'il n'y a plus cette ambition folle d'être dans la spontanéité
tout le temps. À partir du moment où l'on peut accepter d'être
bloqué plus longuement que d'habitude, une grande liberté et une
détente dans le blocage émotionnel se manifestent. - ..arriver
au point où nous pouvons nous accorder l'espace que nous donnerions à
notre meilleur ami, sans que les jugements ou la culpabilité n'interviennent. -
Nous n'arrivons pas à avoir cette confiance absolue
en notre propre potentiel infini autrement que d'une manière très
sporadique. Nous passons donc par des moments où nous pouvons toucher la
félicité, suivis toujours de moments d'angoisse, de dépression.
- Nous refusons les réactions de l'ego parce que nous avons cette image
de quelque chose de propre, de parfait, d'absolu, d'infini. Nous préférons
prétendre être parfait plutôt que d'avouer que ce n'est pas
du tout le cas. - Beaucoup de gens s'imaginent qu'après l'éveil,
c'est fini. Alors qu'un moment d'éveil, on en a tous eu, dans l'enfance
ou dans l'adolescence, et ceci n'a pas arrangé notre problématique
pour autant. Dans le tantrisme, il y a un premier éveil, puis éventuellement
après vingt ou trente ans de travail, on peut arriver à ce moment
où toute problématique semble dissoute à jamais. - Avoir
pour soi cette tolérance, cet amour, exactement comme on pourrait l'avoir
pour un ami proche, est la chose la plus importante. Notre histoire se détend
alors. La pratique repose beaucoup sur la détente, le fait d'arriver à
se relâcher. Il est intéressant de constater que l'enseignement des
vieux maîtres se simplifie. D'un enseignement très riche et complexe
quand ils avaient 40 ou 50 ans, ils en arrivent à 80 ans à dire
que, finalement, il suffit de respirer d'une manière spontanée et
détendue. Et ils n'enseignent rien d'autre que ça pendant les cinq
ou six dernières années de leur vie. Ils n'ont presque rien gardé,
seulement un élément banal que n'importe qui pourrait dire. Mais
quand il le disent, ce n'est pas la même histoire que quand quelqu'un d'autre
le dit.
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Le
Bonheur est-il localisable ? Jean
Bouchart d'Orval |
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« Cette félicité n'est pas comme l'ivresse de vin ou celle
des richesses, ni même semblable à l'union avec la bien-aimée.
Quand on se libère des différenciations accumulées, l'état
de bonheur est une allégresse comparable à la mise en terre d'un
fardeau. » Abbinavagupta - Tout ce que nous accomplissons,
tout ce que nous disons et tout ce que nous pensons, tout est dirigé vers
le bonheur. La souffrance elle-même est toute entière tournée
vers lui. C'est à cause du bonheur qu'il peut y avoir de la souffrance
; sinon, comment ferions-nous pour savoir que nous souffrons ? - Voyez comment
l'enfant vieillit et s'en remet toujours davantage à ses images plutôt
que de demeurer directement avec ce qui est là, plus il perd sa faculté
de ravissement et sa joie spontanée. Finalement, tout l'univers de l'état
de veille n'est qu'images. C'est bien pour cela que nous sommes toujours aussi
ignorants de ce que sont vraiment des choses aussi élémentaires
que l'espace, le temps, la matière, la lumière et la vie. ..nous
cherchons tous à expliquer le territoire par la carte. - La lumière
consciente est tout et la joie est son parfum. L'acte vient de la joie et non
le contraire. Tout acte est la joie en marche et n'en est jamais séparé
d'un millimètre. Quand on est saisi par cette évidence fulgurante,
on cesse de s'agiter pour s'approprier et conserver des objets ou des personnes
ou pour rechercher ou fuir des situations. Qu'y a-t-il alors à regretter,
à pardonner, à attendre, à promettre ? Quand on est secoué
par la vérité simple et bouleversante, comment peut-on encore chercher
à se transformer, se purifier, s'équilibrer, «s'éveiller»
ou «se réaliser»? Cette agitation ne monte tout simplement
plus. Les voies interventionnistes - tous ces enseignements profondément
inutiles qui vous demandent de faire ceci plutôt que cela, d'adopter telle
idéologie, telle attitude ou telle pratique pour atteindre la paix - si
rassurantes pour l'imaginaire égotique tombent alors. Il ne vous vient
plus à l'esprit d'aller faire le pitre dans une garderie spirituelle. Soudain
vous ne prétendez plus avoir besoin d'un hochet pour aller bien. -
Chercher la joie c'est ne pas la voir. C'est l'identification de la joie à
une image - une trace laissée par une expérience - qui nous fait
croire que nous ne serons pas heureux sans ce chien, ce chat, cette maison de
campagne, ce mariage, ce divorce ou ce grand guru. Le désir est mu par
la joie, mais son expression est collée au connu, au contenu de la mémoire
; qu'est-ce que je peux bien vouloir sinon ce que je connais ? Le désir
est toujours une restriction, il est souffrance. Toutes ses formes, y compris
les plus nobles, sont le désir d'autre chose, que vient de ce que nous
ne savons pas regarder ce qui est là. - Voyez. Quand votre corps vous
envoie un signal bien localisé, c'est qu'il y a une restriction à
cet endroit et que l'énergie n'y circule pas librement. Cela peut se transformer
en ce que nous appelons une maladie. Vous pouvez facilement identifier l'endroit
précis où vous avez mal. Mais quand vous ressentez le bien-être
dans votre corps, pouvez-vous dire où vous allez bien ? Vous ne le pouvez
pas ! Le bien-être n'est pas quelque part, la joie n'est pas localisable.
Vous n'êtes pas quelqu'un. Se localiser dans la misérable image d'un
quelconque soi-même crée une distance, une séparation, et
engendre le monde de désir et de peur que nous connaissons. - Désirer
c'est désirer ce qui est là-bas et cela ne peut se concevoir que
dans l'imaginaire d'un autre moment, du futur. Tenter de résoudre la question
du désir - la recherche de la joie - de la manière habituelle, en
s'intéressant au passé ou au futur, c'est-à-dire en s'analysant
(ou en payant quelqu'un pour le faire) ou en prenant de bonnes résolutions
quant à sa vie future, c'est s'enfoncer davantage dans la lamentable ornière
virtuelle dans laquelle la plupart des êtres humains pataugent. L'affaire
ne peut vraiment se dénouer qu'en s'intéressant à ce qui
est là plutôt qu'en se tournant vers ce qui n'est pas là
et qui occasionne le tourment. - Lorsque vous sentez un désir, ce qui
est important n'est pas le soi-disant objet du désir - qui n'est pas là
- c'est le désir lui-même. Quand vous vous intéressez à
ce que vous ressentez directement, vous commencez déjà à
être réel et l'idée d'être quelqu'un de malheureux recule
d'autant. La souffrance vient toujours d'un imaginaire ; la réalité,
elle, est profondément tranquille et joyeuse. Quand vous réalisez
que vous ne faites qu'assister à ce que vous appelez votre vie et que vous
n'êtes pas un amas de molécules séparées de l'univers
pour prendre des décisions « librement » et porter des responsabilités,
alors ce qui était noué se détend naturellement. Quand vous
sentez la tension et la peur liées à toute forme de désir,
sans vous localiser à nouveau et devenir partie prenante dans l'histoire,
quand vous constatez combien tout cela n'est que perception maintenant et que
cette perception n'est qu'une apparence de la pure lumière consciente que
vous êtes, vous ne ressentez plus l'urgence d'accomplir le désir
non plus que de le réprimer. Vous ressentez une autre sorte d'urgence :
celle de ne rien faire immédiatement. Dans ce « rien faire »,
ce qui dois se faire s'accomplit, mais il n'y a plus ce pathétique personnage
pour s'en inquiéter. La joie est là, sans avertissement, dans un
moment de distraction où avez oublié d'être obsédé
par vous-même... - Tout est infiniment plus simple que ce que nous croyons.
Nous regardons beaucoup trop loin. Il n'y a pas de là-bas, il n'y a pas
de demain. Le bonheur intérieur ou extérieur, ça n'existe
pas ; il y a la lumière consciente, qui es joie sans objet. - Si vous
êtes assez attentif à ce que vous ressentez vraiment - et non plus
à l'histoire associée et à tout ce qui est mémoire
et projection - vous vous apercevez que ce que vous auriez auparavant appelé
distraitement bonheur, ou plaisir, n'est en fait que tension, peur et souffrance.
Dans la joie, il n'y a personne de joyeux. Dans l'étonnement, il n'y a
personne d'étonné. La joie tranquille n'est pas inerte, elle est
énergie vive, bouillonnante ; mais cette énergie est libre, désencombrée
de tout but, de toute direction, de toute inquiétude. La joie véritable
ne disparaît pas ni ne diminue d'un iota quand votre petite amie vous quitte,
quand votre mari vous trompe, ou quand on vient de vous apprendre que vous avez
un cancer avancé. Cette joie, vous pouvez la ressentir en vous éveillant
le matin, avant de penser à votre journée, avant de redevenir quelqu'un,
avant que votre personne alitée ne recommence à s'agiter. -
Vous n'avez pas à lutter et mériter le bonheur, car il est le parfum
de votre nature véritable. Il n'y a rien à saisir dans l'état
de veille, pas plus que dans le rêve. Vouloir s'approprier un chose, un
état, le bonheur, c'est rêver encore. On peut se réveiller...
mais on ne peut se diriger délibérément vers cet «
éveil », car alors c'est encore un image, un nouvel objet à
s'approprier. Il convient d'abord d'observer honnêtement combien on se localise
constamment, combien on se restreint sans cesse, combien on souffre maintenant
en échange de fallacieuse promesse d'un demain virtuel. Cela suffit ; le
reste se fait naturellement. L'effort est le signe de l'ignorance, de l'errance.
La vie est belle, sans raison.
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La
bienheureuse investigation Byron
Katie |
-
Il est extrêmement difficile pour les êtres humains de vraiment lâcher
prise. C'est même totalement impossible parce qu'ils croient à leurs
pensées. Une façon de mettre en question, d'interroger ces pensées
qui arrivent dans l'esprit, m'est en quelque sorte tombée dessus, et mon
identité est alors tombée en miettes. Je n'arrive plus à
croire à ce qui constituait mon identité. - Ce n'est pas moi
qui peux lâcher mes pensées, c'est le contraire, c'est par la remise
en question de mes croyances, de ce que je pense être, de cette image de
moi, que celles-ci peuvent lâcher. - Il y a quatre questions:
1) Est-ce vrai ? (Ex:
Mon fils ne se soucie guère de moi. Est-ce que c'est vrai ?)
2) Ai-je vraiment un moyen
de savoir que mon fils ne m'aime pas ? 3)
Comment est-ce que je réagis lorsque cette pensée survient ? Lorsque
nous restons avec cette question, cela devient
une forme de méditation.. 4)
Que serais-je si cette pensée ne survenait plus ? - Questionner le
mental amène sans cesse des miracles. Nous commençons à investiguer
les pensées qui se mettent entre nous, qui nous séparent les uns
de autres, et les murs tombent ; l'amour se révèle. - L'enfer,
c'est l'histoire qui se greffe à propos de la réalité. Ce
sont les histoires qui n'ont subi aucune investigation : pour
qui se prent-il ? pourquoi a-t-il fait cela ? je n'ai rien fait pour mériter
cela ? etc. Voilà le malheur
et la souffrance d'un mental ignorant qui croit en ses propres pensées.
Et tant que l'investigation n'a pas commencé nous menons nos vies dans
la souffrance et le chaos, à partir de nos croyances et à la merci
du ce monde projeté. - Aimez votre prochain comme vous-même,
c'est ce que j'ai découvert. Je me détestais, je vous détestais.
Quand je m'aime, je vous aime. Le mental non investigué ne peut pas aimer. -
La défense est une violence, c'est le premier acte de guerre. Lorsqu'on
vous dit que vous êtes méchant, au lieu d'entrer en guerre ou de
lancer une contre-attaque, allez à l'intérieur pour voir : peut-être
a-t-il raison ? Est-ce possible ? Je reste avec cela, voilà la méditation.
- En menant cette investigation sur non croyances, le monde se dissout. Il
n'y a rien à croire, tandis qu'une nature brillante et bénéfique
se révèle. Investiguer vraiment nos croyances met fin à nos
histoires, à nos vies infernales ! - Quand le mental interroge le mental,
c'est la fin de la guerre, et après la guerre on devient un être
humain naturel, un être humain heureux. Finalement, quand nous sommes heureux,
il n'y a aucun travail à faire, nous aimons tout ce que nous faisons car
le bonheur est notre vraie nature. Ainsi, lorsque nous mettons en investigation
les pensées stressantes, cela nous conduit toujours vers le rire. -
Ce travail d'investigation est pleinement de la méditation. Le mental apparaît,
il vient à la surface, et les questions font également partie du
mental, c'est le mental qui mène un investigation sur lui-même..
- C'est la fin de la dualité entre mental positif et mental négatif
pour laisser la place au mental bienveillant. Tout ce qu'il voit, entend,
projette, est amour, il n'y plus qu'amour et bonheur. Un bonheur pour lequel il
n'y a aucun concurrent, un bonheur véritable. |
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