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Textes d'auteurs (2008)
Affection, Compassion, Amour...
Quel dieu au cœur de l'humain ?
3e Millénaire, 4 ième trimestre 2001, No 62

NB: De courts extraits d'articles de la revue, parfois légèrement adaptés.
Affection, Compassion, Amour...
3e Millénaire
- Les conflits entre les peuples et entre les hommes, les rejets, les violences et les séparations résultent d'un manque de sensibilité ou d'affection naturelle des uns envers les autres. Telle est la cause cachée et inconsciente de ces haines, de ces ambitions, de ces envies et de ces désespoirs dont nous sommes le terrain inconscient. La terreur du "vide intérieur", la peur du manque, non senti consciemment, ou de l'absence d'être, engendre tous les dérèglements individuels et collectifs que nous n'osons soupçonner.
  La vision directe de ces manques, et des processus de défense qui tentent constamment de les combler, ouvre de nouvelles perspectives : l'amour attachement n'est pas l'Amour réel...
- L'Amour demeure un éternel remède.
Du besoin d'amour à l'Amour
Laurence Zekri

- Moment de paix où rien n'est important. L'Amour remplit l'espace. Pas d'effort, plus de recherche. Rien à atteindre. Je suis et c'est Tout.
- Quand une interrogation ne survole plus le mental et vient se fondre dans le cœur, alors il est possible de vivre le discernement qui est libre de la réponse. Être libre d'une réponse, c'est ne plus attendre d'elle une solution. C'est rester tranquille, vide de toute pensée. C'est laisser la question être absorbée par le cœur et expérimenter la Source de toute réponse.
  Quand une question, quand un événement, quand un être est pour vous important, observons ce qui arrive. Votre attention se pose sur ce que la pensée a rendu important, limitant votre conscience à une infime partie du tout. Le mental retrouve alors ses contradictions, son vouloir tout maîtriser sans conscience du Tout. Et il en est de même pour l'amour. Tant que le besoin d'être aimé, d'être reconnu domine votre conscience, vous êtes tourné vers l'extérieur, en attente ou dans l'effort que ce besoin soit comblé et vous remplisse. Vous êtes alors dépendant de ce qui arrive, passant de la souffrance au plaisir, de la tristesse à la joie.
  Dans cette dépendance aux événements, aux personnes extérieures, dans cette séparation du sujet qui subit, qui vit aux rythme de l'objet extérieur, vous êtes vous réellement demandé : Ce que je vis est-il en accord avec mon aspiration profonde ? Quelle est ma véritable recherche ?
- Observez comme le champ de conscience est limité dans l'attachement. Voyez comme les pensées se dirigent, vous cloisonnent du côté de votre attachement. Dans cet enfermement à vous arrêter sur une partie du tout, vous dites que vous aspirez à être libre. N'est-ce pas encore une incohérence du mental ? Et quand il s'agit de l'amour, le désir si profond de le vivre aveugle davantage, focalisant la conscience sur l'objet d'amour. Les voiles du mental dans ce trouble cachent le discernement et la personne arrive à croire qu'elle peut construire du durable, du permanent sur de l'éphémère. C'est pourquoi tant d'êtres vivent cette confusion de l'Amour qui est devenu besoin d'amour : besoin d'être rempli, besoin de plaisir.
  L'homme aspire à l'Amour mais l'Amour ne peut avoir de besoin car Il est libre de toute attente.
- Tant qu'il y a un "je" et un objet d'amour, il y a un désir de le posséder, il y a attente d'unir le "je" et l'objet. Vivre l'Amour, la Paix profonde, la Plénitude, c'est ne plus être séparé. C'est réaliser que l'espace entre le "je" et l'objet est souffrance ou plaisir, soumission ou vouloir et n'est qu'une création mentale. Lorsque le mental se tait, l'espace, le "je", l'objet sont absorbés dans la Paix.
- Il n'y a pas à faire l'effort ou à accepter de se détacher de la souffrance ou du plaisir car ceci ne serait que maîtrise. Il y a plus simplement à rester tranquille, sans attente, sans vouloir et laisser la Grâce jaillir. C'est notre vécu de la Plénitude, de la Paix, de l'Amour qui remplit tout, qui absorbe tout attachement.
- C'est quand vous vivez la Plénitude que vous réalisez que le plaisir appartient au mental. C'est pour beaucoup l'attachement le plus profond et l'ego croit parfois s'en libérer en le rendant plus subtil. Le plaisir s'accroche alors au merveilleux, à l'énergie plutôt qu'au corps physique - mais y a-t-il absence d'objet, donc de séparation ? Derrière le plaisir, la souffrance est toujours à l'affût. Le plaisir associé au besoin d'amour ne peut être permanent et vous en savez la fragilité.
  Quand vous vivez ce que certains appellent l'éveil, l'Amour absorbe le plaisir. Vous ne pouvez ni le désirer, ni chercher à le combler, car plein de l'Amour, il a disparu. C'est l'Amour qui est en lui. Mais tout ne reste que des morts tant que c'est le mental qui écoute. C'est en expérimentant, en vivant votre véritable nature que vous savez la Source de toute chose.
  Dans sa quête, l'aspirant spirituel rencontre souvent un autre obstacle ; retrouver ce moment de Paix profonde, d'Amour, de Plénitude. Il devra se libérer de cette attente car tant que cette dernière sera, c'est l'ego qui s'exprimera.
- C'est quand le mot n'a plus besoin d'être compris, d'être défendu, c'est quand le mental est silencieux, quand il est tranquille, sans attente, sans vouloir, que notre véritable nature peut se dévoiler. Alors le mot est Amour.

Je n'attends pas de vivre la Paix, je suis la Paix.
Je n'attends pas de vivre l'Amour, je suis Amour.

Si vous saviez dans votre cœur l'Amour que vous êtes, vous ne pourriez plus vous éloigner de la joie. Quand cette conviction devient évidente, la Ferveur éveille.

La personne ne peut pas aimer
Eric Baret
- On ne peut pas aimer quelqu'un ; c'est une fantaisie. On ne peut pas aimer. Aimer est ce qui est essentiel, ce n'est pas quelque chose que l'on puisse faire ou non. Quand on arrête de faire, il reste l'amour.
  Généralement, on aime quelqu'un s'il correspond à notre fantaisie. Si la personne que vous aimez se met à faire ceci ou cela, soudain vous ne l'aimez plus. Un amour qui commence et qui finit, ce n'est pas de l'amour.
  Aimer, c'est écouter, être présent. Vous aimez vos enfants dans le sens où vous ne demandez rien à vos enfants ; vous donnez tout.
- L'ego ne peut pas aimer. Il utilise, il prend, il se sécurise.
- Ce que j'aime, c'est ce qui est présent, ce qui est devant moi - il n'y a rien d'autre. Si je n'ai pas l'idéologie que la beauté est là-bas, que la sagesse est là-bas, que pourrait-il y avoir de plus beau, de plus extraordinaire que ce qui se présente à moi dans l'instant ?
  L'amour est ce qui est quand on cesse de prétendre aimer quelqu'un. Aimer quelqu'un, vouloir être aimé, c'est une histoire. Que veut dire être aimé ? Personne ne vous aime, personne ne vous aimera jamais, personne ne vous a jamais aimé - et c'est merveilleux comme ça ! Les gens peuvent uniquement prétendre : si vous correspondez à leurs critères psychologiques, physiques, affectifs, ils vous aiment ; si vous correspondez à l'inverse, ils vous détestent. Et alors ? ... Qu'est-ce que cela peut faire que quelqu'un projette sur moi quelque chose d'attirant ou de repoussant ? C'est complètement fantasmatique.
- À un moment donné, vous vous rendez compte que vous n'avez pas besoin d'aimer ni d'être aimé. Que reste-t-il alors ? Il reste le sentiment d'amour, cette communion qu'on a avec tous les êtres. Vous voyez que personne ne vous a jamais aimé, que personne ne vous aimera jamais et que tout va très bien. Vous réalisez que c'est à vous d'aimer. Ce qui vous rend heureux, c'est d'aimer... Quand j'aime mon corps, mon psychisme, mon environnement, il y a tranquillité. Mais vouloir être aimé est un concept !
  Quand vous aimez, vous n'aimez pas quelqu'un, vous aimez tout court. La personne avec laquelle vous vivez, couchez, allez au cinéma, c'est autre chose. Vous ne pouvez pas coucher, habiter avec tout le monde. Une sélection organique se fait, mais l'amour ne se situe pas là... C'est purement chimique. Selon ce à quoi ressemblait votre père, votre grand-père, selon qu'à trois ans vous avez été battu ou caressé... Ce n'est pas parce que vous ne vivez pas avec une femme, que vous l'aimez moins qu'une autre avec qui vous vivez.
- Vous vivez avec quelqu'un fonctionnellement, avec tout le respect, l'écoute que cela implique ; mais vous n'êtes pas obligé de croire que vos enfants sont vos enfants, que vos parents sont vos parents, ni que votre mari est votre mari. Ils le sont, bien sûr, occasionnellement.
- L'amour, on n'en a surtout pas besoin. Le besoin d'être aimé, c'est comme le besoin d'avoir une voiture de sport rouge... C'est une fantaisie. C'est vous qui aimez : vous aimez ce que vous rencontrez. Quand vous êtes avec un ami, vous l'aimez totalement. Là il y a une satisfaction profonde. Mais si j'ai besoin que cette personne m'aime, je passe ma vie dans la misère...
- Aimer c'est écouter. Vous êtes en face d'une situation, avec un homme : vous l'écoutez. Écouter ce qu'il est, pas ce qu'il prétend être. Écouter profondément, sans commentaire. Quand vous écoutez, vos enfants sont parfaits, votre mari est parfait, vos parents sont parfaits, votre corps est parfait, votre psychisme est parfait ; telle est la vision claire qui vient avec l'écoute. Lorsque je pense que mes enfants, mon mari, mon corps doivent changer, c'est que je n'écoute pas ; je parle, j'ai une idéologie de ce qui est juste ou pas. Je veux que les autres soient comme je décide qu'ils devraient être. Ce fascisme psychologique n'a pas de sens.
  Dans ce sens là, aimer c'est respecter. Je respecte mon environnement, mon enfant - dans tout ce qu'il fait, même s'il se détruit, mon mari, mon père, la société et toutes les violences que j'ai subies ; je respecte ce qui est là. Cela ne justifie rien, je n'ai rien à justifier. La vie n'a pas à être justifiée, elle est ce qu'elle est. Voir clairement ce qui est là, c'est-à-dire voir que mes parents, mon mari, mes enfants, mon corps, mon psychisme ne peuvent pas être d'un millimètre différents de ce qu'ils sont. Je fais face à la réalité, non pas à ce que la réalité devrait être selon ma fantaisie intellectuelle. Le voisin est exactement comme il doit être, il ne peut pas être autrement. Quand je vous clairement comment fonctionne mon voisin, j'ai de bons rapports de voisinage. Je ne suis pas forcé de participer à la vie communautaire, mais je ne peux plus avoir en moi la moindre critique à l'égard de mon voisin. Quand il bat sa femme, je comprends profondément que c'est la souffrance terrible où il est qui l'amène à battre sa femme. Cela ne m'empêche pas, dans certains cas, d'appeler la police ou d'intervenir...
- Dans une absence totale de critique, il y a place pour une compréhension envers la situation. J'appelle cela respect. Certains l'appellent amour... Laisser les gens libres ; les gens m'aiment, les gens ne m'aiment pas - c'est merveilleux ainsi. Avoir besoin d'être aimé, c'est le fruit d'une époque décadente.
- Il faut aimer. J'aime mon mari, qu'il m'aime ou qu'il ne m'aime pas... Quand je dis ne pas aimer quelqu'un, je nie l'amour qui est en moi, alors je souffre. Lorsque mon mari ne m'aime pas, c'est qu'il souffre, donc je dois l'aimer encore plus. Mais s'il m'aime, il a de la chance, il est heureux.
  Avoir besoin d'être aimé est une forme de maladie très intense. Au niveau somatique, c'est terrible, comme la jalousie : cela détruit vraiment le système hormonal, cellulaire. Ce besoin d'amour est un poison. Le remède, c'est d'aimer.
  Il ne faut pas trouver cela déprimant ; c'est le contraire. C'est merveilleux d'aimer, d'être totalement attentif à quelqu'un, comme avec un enfant... On aime l'enfant comme il est maintenant, à chaque instant... c'est complètement gratuit... sans jamais rien demander...
- Si un jour, par la nature de la vie, il y a séparation d'avec la personne qui a vécu dix ans avec vous, d'abord vous verrez que cet amour ne vous quitte pas et ensuite, si vous aimez profondément cette personne, il y aura une immense facilité pour vous de comprendre qu'elle a besoin de rencontrer quelqu'un d'autre - et, éventuellement, vous aussi.
- Plus vous vous familiarisez avec l'attitude de tout donner et de ne rien demander, plus vos relations affectives deviennent simples, faciles, harmonieuses. Dès l'instant où vous demandez la moindre chose, il y a amertume, déception, regrets, hésitation, agitation, conflit.
  Cela se transpose à tous les niveaux ; tant que j'attends la moindre chose de mon corps, je vais être déçu. Tant que j'exige, que je demande, j'aurai problème, conflit, je vais vouloir, je vais être constamment vaincu par le corps. Jusqu'au moment où je me rends compte que c'est le contraire, que c'est moi qui dois donner, aimer. J'aime mon corps comme il est, avec ses maladies, ses limites, ses faiblesses, ses accidents. Il y de très bonnes raisons pour être ainsi, il n'y a pas de hasard. Ce qui ne veut pas dire que cela ne va pas changer ; mais je me rends disponible pour que mon corps puisse s'exprimer, en tant que santé et en tant que maladie. Mais si je demande quelque chose à mon corps, je veux utiliser mon corps, c'est encore de la dictature d'imposer la santé - comme les gens qui imposent leur vision alimentaire, leur idée de la santé, du sport, etc. C'est une forme de violence. J'écoute mon corps, mon corps transmet ce dont il a besoin, il me suffit d'être disponible. À ce moment, on comprend ; on comprend pourquoi son mari ou sa femme agit comme cela, pourquoi son corps a telle ou telle faiblesse, on comprend que ce n'est pas une malédiction mais une nécessité. Chaque fois que mon corps a une faiblesse, je comprends que c'est un cadeau qui me permet de découvrir en moi une faiblesse autrement plus importante : la faiblesse mentale qui me pousse à croire que mon corps doit être sans faiblesse. La voilà ma faiblesse ! ... si la faiblesse du corps me fait me sentir faible, c'est que j'ai besoin de faire face à ma faiblesse psychologique... Et la faiblesse de mon corps m'aide à m'interroger. Tout ce qui me touche est ce qui me mûrit.
- L'amour dans le sens mondain, c'est l'absence d'amitié. C'est un échange de business : tu me donnes ceci, je fais cela ; je ne couche pas avec la voisine, tu ne couches pas avec le voisin, on est fidèles. L'amitié, c'est être disponible à tout ce qui est possible. On n'est pas obligé de savoir si on est l'amant, le mari, l'ami, le père, l'enfant ; il y a un tas de rôles humainement possibles. Dans notre société, il faut tout savoir. Or, à un moment donné, on ne se situe plus en fonction de ces rôles ; tout est souple et, si on rencontre quelqu'un, on n'a pas de rôle. Le rôle se crée dans l'instant.
- C'est facile les relations humaines, très facile : il suffit d'aimer ce que l'on rencontre. Aimer, c'est donner de la liberté. Là il ne peut plus y avoir de conflit psychologique, on ne peut pas se fâcher.
- Si vous n'avez pas l'idée que vous aimez quelqu'un, vous n'avez pas forcément besoin non plus d'en changer tous les dix ans. Vous savez qu'avec une autre ce sera pareil - on rencontre uniquement sa propre problématique. On peut passer toute une vie sur un rapport merveilleux, à approfondir ce rapport : c'est un rapport d'amour, dans le sens où l'on aime profondément ce qui est là, un rapport sans demande. Sinon, il y a toujours déception.... La demande est un manque de respect. Dans mon accueil de ce qui se présente, le non-besoin s'épanouit et je réintègre mon axe supra-personnel.
Tout est réalisé dans l'amour
Shanti Mayi
- L'amour représente le sacré dans notre vie. C'est la qualité qui apporte la paix dans la difficulté et qui couronne le sage de noblesse. C'est la qualité du cœur, dans lequel ceux qui s'aiment se rencontrent. L'ensemble de la vie s'unit et se désunit dans l'amour... tout ce qui semble deux se réalise dans l'un.
- Aimer, c'est le plus grand enseignement que la vie à offrir : sans amour, il n'y a plus de compréhension. L'amour est ouverture, volonté et sagesse, et aussi bonté, vigilance.
- Avec un cœur et un esprit unifiés par l'ouverture, nous sommes capables d'observer la vie avec sensibilité, à partir de l'intérieur, plutôt qu'à travers nos idées de séparation.
- Lorsque nous pensons, agissons et avançons dans la vie par la puissance de l'amour, nous pouvons alors dépasser les limites du conditionnement. Nous allons au-delà des divisions, des discriminations, des défenses et de la résistance.
- Quand on est dans l'amour avec toute chose telle qu'elle est, alors l'abandon est naturel.
- En regardant avec les yeux de l'amour, l'expérience la plus simple revêt le lustre d'un miracle et appelle la reconnaissance.
- Ce monde est le terrain d'expérimentation de l'amour. Il est l'école de la sagesse de l'amour. Il est la voie et le moyen de transcender l'ignorance et la dualité.
Vivre dans l'Unité
Jean Klein
- Vous ne pouvez jamais dire « j'aime cette personne » avant de vous aimer vous-même.
- Vous vivez vraiment dans la présence. Dans cette présence il y a absence, absence d'un vous-même, l'absence de votre moi phénoménal.
- Pour être relié vraiment avec notre environnement, on doit d'abord être relié avec soi-même. On ne doit pas se voir à travers une image.
- Quand vous êtes libre de la pensée, vous trouvez la source de l'amour. Au début il se peut que vous pensiez seulement aux caractéristiques de votre bien-aimée, mais vient un moment où elles disparaissent, et il ne reste que le sentiment. Soutenez ce sentiment.
- En l'absence d'amour, la discipline est une violence.
- La vie consiste à vivre dans l'ouverture sans mémoire, sans imposer un modèle à l'autre...
Amour humain, Amour divin.
Sri Aurobindo
- L'amour humain est le plus souvent un mélange d'ignorance, d'attachement, de passion et de désir... Il existe un amour psychique, pur, sans exigences, sincère dans le don de soi, mais généralement il ne reste pas pur dans l'attraction qu'ont les humains les uns pour les autres.
- L'Amour divin n'est pas une émotion... L'amour humain est fait d'émotion, de passion, de désir - qui sont tous des mouvements vitaux... Mais notre but est de passer au-delà de l'émotion pour atteindre la hauteur, la profondeur et l'intensité de l'Amour divin, et sentir par le coeur psychique intérieur, une inépuisable unité avec le Divin, unité que les bonds spasmodiques de l'émotion vitale ne peuvent ni atteindre, ni éprouver.
  C'est avec le sens de la séparation que sont venues la douleur, la souffrance, la misère, l'ignorance, toutes les incapacités. C'est avec le don de soi absolu, l'oubli de soi dans une consécration totale, que la souffrance disparaît et qu'elle est remplacée par une joie que rien ne peut voiler.
  Et c'est seulement quand cette joie sera établie ici, dans ce monde, qu'il pourra vraiment être transformé, et qu'il y aura une vie nouvelle, une création nouvelle, une réalisation nouvelle. La joie doit s'établir d'abord dans la conscience, ensuite la transformation matérielle aura lieu, mais pas avant.
  Notez que je ne parle pas de ce que les hommes appellent la joie : la joie qui vient du plaisir, de l'oubli, de l'indifférence - et qui n'est même pas une caricature de la vraie joie, mais plutôt, je le crois, une invention diabolique pour vous faire perdre le chemin. Je parle d'une joie qui est la paix parfaite, la lumière sans ombre, l'harmonie, la beauté totale et le pouvoir irrésistible, la joie que est la Présence divine elle-même, dans son essence, dans sa volonté et dans sa réalisation.
  C'est avec l'Adversaire que la souffrance est venue dans le monde. Et c'est seulement la joie qui peut le vaincre, rien d'autre - le vaincre définitivement, finalement.
  C'est la joie qui a créé, c'est la joie qui accomplira.
  L'amour divin est là, avec toute son intensité, toute sa puissance, une puissance formidable, qui s'en aperçoit ? Vous baignez littéralement dans une atmosphère entièrement vibrante d'Amour divin, et vous ne vous en apercevez même pas !
- L'Amour est une vibration toute-puissante émanée directement de l'Un, et seul le très pur et le très fort est capable de la recevoir et de la manifester.
- D'abord, on aime seulement quand on est aimé. Ensuite on aime spontanément mais on veut être aimé en réponse. Puis on aime, mais on tient encore à ce que son amour soit accepté. Finalement on aime purement et simplement sans autre besoin ni autre joie que celle d'aimer.
- C'est au nom de l'amour que les pires crimes ont été perpétrés... Ce n'est pas par des règles que les mouvements de l'amour humain peuvent être disciplinés. Seule une puissance d'amour plus grande, plus haute et plus vraie peut avoir raison des impulsions incontrôlables de l'amour. Seul l'amour peut gouverner l'amour, en l'illuminant, le transformant, le magnifiant. Car ici aussi, plus que partout ailleurs, le contrôle consiste non en une suppression, une abolition, mais en une transmutation, une sublime alchimie. C'est parce que, de toutes les forces agissant dans l'univers, l'amour est la plus puissante, la plus irrésistible. Sans amour, le monde retomberait dans le chaos et l'inconscience. La conscience est, en vérité, la créatrice de l'univers, mais l'amour est son sauveur.
Quatre sortes d'amour
Hubert Benoit
- J'ai appris peu à me méfier, non pas des mots, mais de la faiblesse de mon esprit qui, par paresse, oublie leur piège et m'y fait tomber.
- L'amoureux, qui croit en général aimer la femme, aime en réalité l'état intérieur que l'image de cette femme déclenche en lui.
- Il est impossible et inutile que nous imaginions concrètement quoi que ce soit sur notre éventuelle libération intérieure. Apprenons seulement en quoi et comment nous ne sommes pas libres, quels réflexes mécaniques nous lient, de façon que notre mental cesse peu à peu de se prêter au cercle vicieux de notre asservissement intérieur.
Zen : voie de la compassion
Roland Yuno Rech
- La quête de la voie du zen eut pour origine la compassion pour la souffrance de tous les êtres vivants...
-La motivation initiale de la pratique zen est de mettre fin à la souffrance pour soi-même et pour les autres sans jamais créer de séparation entre les deux... Nous réalisons que nous partageons avec tous les êtres les mêmes illusions, les mêmes attachements. Plus nous éclairons nos ombres, mieux nous éprouvons de la compassion pour ceux qui sont aussi la proie de leur propre ombre, méconnaissance de leur véritable nature.
  Simultanément, le fait d'éclairer nos propres illusions en diminue l'emprise. On devient moins égoïste et plus disponible pour laisser œuvrer l'esprit de compassion... La pratique a donc pour fonction de nous permettre de retrouver un esprit naturellement compatissant, une foi libérée de l'enfermement dans l'illusion d'un ego séparé qui se sent constamment menacé par l'autre, agité par la peur et l'agressivité.
- La sagesse qui dirige le comportement éthique est pénétrée de l'esprit de compassion.
- La clef d'une vie juste : être attentif aux effets de nos paroles et actions et s'abstenir de tout ce qui génère la souffrance, tout en pratiquant tout ce qui peut soulager, apporter du réconfort et du bonheur.
- Lorsqu'on pratique profondément la grande sagesse, on comprend que le corps et tout ce qui constitue notre ego est sans substance fixe, vacuité, et par cette compréhension, tout obstacle et toute peur sont surmontés et on peut aider tous les êtres à réaliser le nirvana, l'extinction de toutes les causes de souffrance.
- Vaincre les passions, acquérir les enseignements et réaliser la voie de Bouddha pour sauver tous les êtres de leur souffrance. Ceci peut se réaliser profondément si l'on se libère soi-même de l'attachement à l'ego, et donc de l'idée qu'il y a des êtres (ego) à sauver...
- La grande compassion est donc toute entière consacrée à cette œuvre libératrice. La vie quotidienne est le lieu où cette libération peut se produire. Chaque personne, chaque interaction est l'occasion d'un éveil et d'un lâcher prise possibles, à mesure que l'on se sent plus solidaire de l'autre, partageant les mêmes illusions et la même nature éveillée.
La nature des choses, c'est l'amour
Eric Baret
- Quand je veux être aimé, je veux quelque chose. Quand je veux quelque chose, je n'aime pas... Dès que je me libère de cette volonté de m'approprier, de ressentir quelque chose, ce qui reste c'est l'amour... Mais chaque fois que j'aime quelqu'un, chaque fois que je veux être aimé, je suis infidèle à mon autonomie, et cette infidélité coûte très cher ; elle me coupe de ma résonance, de l'amour véritable.
- Aimer ou détester relève du même monde fantasmatique et n'a rien à voir avec la réalité. La nature des choses, c'est l'amour ; je ne peux donc pas dire que j'aime quoi que ce soit. Aimer quelqu'un, cela voudrait dire aimer moins les autres : ce n'est pas l'amour, c'est un manque d'amour. L'amour n'est pas exclusif, il est inclusif... L'enfant qui est devant nous, c'est notre enfant.
- Personne ne nous a jamais aimé, personne ne nous aimera jamais - c'est très bien comme ça ! Personne ne peut aimer : l'ego ne peut pas aimer.
- Le besoin d'être aimé est une maladie, le besoin d'aimer aussi. C'est une maladie qui se résout quand une sensibilité corporelle s'éveille. L'éveil sensoriel nous libère de ces besoins fantasmatiques... Dans la sensibilité, dans l'instant, de quoi pourrais-je avoir besoin ? ... Cela ne nie pas la chimie du corps ; certaines formes, couleurs, régions.. résonnent en vous plus que d'autres... Mais ce n'est pas de l'amour. L'amour, c'est la résonance que l'on a avec tout ce qui est là... Les gens avec lesquels vous ne parlez pas.. couchez pas.. vivez pas.. vous ne les aimez pas moins... Simplement, la vie pratique est inappropriée avec eux.
- On n'est rien du tout. Dans l'instant, la situation nous amène à être un parent, un enfant, à être jeune, vieux, malade, en bonne santé ; mais on n'est pas quelque chose. Tout ce monde fantasmatique nous quitte. Mais tant qu'on est quoi que ce soit, tant qu'on a des enfants, tant qu'on a des parents... on souffre.
  Être amoureux, c'est un manque d'amour, cela veut dire que ce dont on n'est pas amoureux passe au second plan... À un moment donné, ce n'est plus possible. On est amoureux de ce qui se présente maintenant, pas amoureux de quelqu'un qu'on doit aller voir, négligeant pour cela toute la souffrance de l'environnement. Il n'y a de fidélité qu'à cette évidence.
- Tout amour est inconditionnel, mais c'est un amour de ce qui est présent... parce qu'il n'y a rien d'autre. Il n'y a rien qui ne soit pas le présent... Ce n'est pas un amour de quelque chose, c'est un amour de ce qui est. Une disponibilité.
Le Secret
Raymond Oillet
- Cela m'est arrivé.. cette espèce de disparition du noyau égotique dur, habituel, constant - sans que le monde s'écroule ou s'éteigne mon regard ; m'apercevoir tout d'un coup que cette personne identifiée à la somme des mémoires et des déterminations, n'est qu'un fantôme. Que c'est à la fois un morcellement et un agrégat de matériaux mal collés, avec des trous partout.
- C'est un sentiment nouveau de réalité qui a surgi, et une nouvelle perception, que la persistance d'une mémoire idéologisante veut toujours enclore dans ce champ du connu où je m'enferme tout en me croyant libre. C'est cette mémoire qu'il faut être capable de détruire ou dompter comme un animal rebelle. À chaque instant.
  Cela se produisant de manière imprévue, la découverte d'une santé naturelle qui cherche à se recouvrer, c'est une belle promesse. Mais je veux aussi ajouter que l'attention juste, ou la bonne foi, un désir sincère de se garder propre, conservent leur "couleur" d'origine aux choses de la vie - ou font aimer ce soleil que les brumes de la sottise pure ne dissimulent plus tout à fait.
- « Vous pensez être quelqu'un mais vous n'êtes rien de tel. C'est uniquement l'Absolu, imprégnant toute chose, qui vous accorde ce sentiment d'être en s'exprimant à travers le corps. » Nisargadatta
- Comment puis-je m'ignorer moi-même à ce point ? Le pauvre type auquel je m'identifie avec tant de conviction, que peut-il ? Exigeons de lui.. bonne foi et bonne volonté. Mais si le moindre accès, par un simple honnête curiosité d'abord, était ouvert à la découverte de ce que je suis, ma responsabilité serait entière et mon crime sans pardon. Ignorant de ma condition, je ne puis me rendre maître des conditions. Esclave des conditions, rendu esclave par mon éducation même, comment pourrais-je me délivrer de mon esclavage ?
- Au plan de tout ce qui existe, moi compris dans cette histoire, jouent les déterminismes et même une sorte de mécanicité à niveaux multiples.
- Je me demande toujours : l'oubli de ma condition provoqué par mes conditions, suicide ou complot, ou raffinement du jeu ?
- Le mystère que je reste en moi-même pour moi-même, c'est le secret du Père lui-même, qui ne se connaît pas, mais se donne à co-naître grâce à cette vitalité de tous les possibles qu'il actualise au travers de mon expérience à moi.
- L'éveil, par la soudaineté de la métaphore qu'il provoque, la rupture définitive avec la conscience habituelle, autorise et exige même, après cette régénération si inattendue, de poursuivre la même activité conscientielle, quoiqu'en phase de réalisation et ceci paraît bien sûr incompréhensible.
  C'est en parvenant à cette éclaircie qu'il nous faut admettre ce mystère que je demeure pour moi-même. Bien qu'existant, je ne suis pas objet. Je donne sens à ce qui serait chaos indifférencié sans le sujet, son témoin dans l'économie du Seul.
- Il aura fallu, étrange et rare alchimie, que les concepts et l'intuition s'enrichissent jusqu'à l'extrême perfection d'eux-même et que s'établisse une sorte de silence logique, comme la musique du geste poétique, l'écho de l'âme qui s'aime d'un amour infini.
 
Autres pensées ou extraits
- " C'est une erreur de vivre selon le mode d'autrui et de faire une chose uniquement parce que d'autres la font. C'est un inestimable bien que de s'appartenir à soi-même. " Sénèque
- "
 De quelle manière faut-il apprendre ou découvrir la nature des choses ? Qu'il nous suffise d'avoir reconnu que ce n'est pas des mots qu'il faut partir, mais que c'est dans les choses mêmes qu'il faut les apprendre et les chercher... Et il n'est guère sage de s'en remettre aux mots du soin de soi-même et de son âme. " Socrate
- "Le Soi ne peut être atteint par le faible, ni par la mollesse, ni par une ascèse imprécise. " Upanishad
- "Vous vous êtes emparé de ma raison, de ma vue, de mon ouïe, de mon esprit, de mes entrailles, de tout moi-même. Je me suis égaré dans votre extraordinaire beauté. Je ne sais plus où est ma place dans l'océan de la passion" Sidi Abû Madyan