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INDEX TEXTES

Mes textes 2012
- Je ne sais rien, je n'ai rien à enseigner. Je ne fais que témoigner de mon expérience vécue. Cela m'aide à y voir plus clair.
- Si je publie ces textes, c'est parce qu'ils peuvent aussi aider les autres, comme tout témoignage d'ailleurs.
- Les témoignages personnels sont aussi ce qu'il y a de plus universels, sauf qu'ils sont généralement des non-dits.
- J'écris tous mes textes comme personnel, en utilisant le "Je" généralement, mais ils reflètent en fait tout ce que je perçois dans mon environnement. Les autres ce sont aussi moi, on fait tous partie du même mouvement de Vie.
Laisser sa marque
   J'écoutais les commentaires des journalistes au moment de la mort d'Annie Girardot, grande actrice française décédée de d'Alzheimer en 2011... Toute l'énergie d'une vie investie à vouloir se démarquer, à vouloir être une grande actrice, une actrice qui ne veut surtout pas qu'on l'oublie... et qui travaillera jusqu'à la fin pour tenter de nous impressionner par son courage et son talent... À l'écouter, je voyais aussi le revers de la médaille, le côté qu'on n'affiche pas, mais qui paie le prix. 
   Travailler fort pour devenir quelqu'un, pour être reconnu, être aimé, ou pour avoir de la visibilité et même applaudi. Ne pas vouloir qu'on nous oublie, vouloir laisser la trace de son passage sur cette terre, vouloir se perpétuer dans ses oeuvres, ses enfants, avoir besoin d'être constamment entouré de personnes qui nous admirent, tous ces mouvements originent de l'ego qui ne veut pas lâcher prise.
L'ego veut toujours plus, plus de reconnaissance, plus de tout... sans se soucier de la réalité. Quoi qu'il advienne, il ne sera jamais vraiment satisfait, sinon pour pas longtemps.
   Si l'on cherche tant à plaire, le pire serait bien de déplaire. On fera donc tout pour éviter d'être diminué de quelque manière que ce soit. Les blessures de l'ego seront d'ailleurs ressenties comme encore plus dramatiques et plus douloureuses que les blessures corporelles. Pour plaire aux autres ou ne pas déplaire, on s'oublie, en oublie qui on est... On passe outre à nos besoins... On s'éloigne ainsi de la réalité et se prépare un bien mauvais karma, car un jour ou l'autre, divers événements nous obligeront à revenir sur terre et l'atterrissage risque d'être fort douloureux.
   Pourquoi faut-il que l'évolution nous amène à devoir vivre des expériences si difficiles ? C'est que la Vie se sert de la souffrance pour nous enseigner et nous faire évoluer. C'est généralement la souffrance qui nous fait prendre conscience de la réalité, et il faut parfois de très grandes souffrances pour nous éveiller.
   Si on reprend contact avec notre conscience, on arrêtera de se faire souffrir inutilement, soit de courir après la gloire ou quoi que ce soit d'autre, pour enfin rester tranquille, se sentir en paix à ne rien faire, à ressentir la joie de la Vie et de la Nature qui nous entoure de partout. On se contentera alors de bien peu, car la Vie n'exige pas tant...
L'expansion de la race humaine

  Nous vivons présentement une phase de grande expansion du phénomène humain sur notre planète et l'ego est le maître d'oeuvre de cette expansion.
Pourquoi la Vie permet-elle un tel développement alors que la logique nous enseigne que cela ne pourra continuer encore longtemps, que la terre est déjà surpeuplée et à bout de souffle... C'est le mystère de la Vie. Nul ni personne ne peut savoir, sinon l'ego qui peut ergoter, émettre des théories et même y croire.
  Et si la Vie ou Dieu ne savait pas plus que nous finalement et faisait ses expériences d'apprentissage à travers nous. Et si nous étions cette Vie, ce Dieu en évolution, en devenir, en cheminement... soit partie intégrante et de la même essence que la Vie ou Dieu.
  La Vie n'est pas une parvenue, la vie est mouvance, changement, évolution... une évolution globale toujours joyeuse et positive, mais qui passe ou passera toutefois par des périodes de régression catastrophiques pour nos ego individuels et collectifs.
  Mais la Vie en sortira toujours gagnante, plus sage et plus belle.

Besoin d'Amour
  Comme dit la chanson: « Quand on a que l'amour à offrir en partage... » C'est une belle phrase mais aussi une vérité dont on n'est pas vraiment conscient.
  J'aurais, nous aurions, ils auraient tous tellement besoin d'Amour !
  Mais qu'est-ce que l'Amour ? L'amour n'est pas cadeau, compliments, flatteries ; il ne s'agit pas d'échanger des biens, des services, des connaissances, des émotions ou des sentiments, des projets où des rêves, de la passion ou du sexe... Non !
  Et comment pouvoir aimer avec un ego qui est d'une telle vulnérabilité ? Qui se frustre, se fâche et se ferme pour un rien. Qui compare, qui désire, qui a peur ou qui cherche son intérêt ?
  L'ego ne nous laisse aucun répit avec ses projets, ses pensées, ses désirs, il en veut toujours plus, ne veut surtout pas s'arrêter ni prendre une pause ; avec le résultat que j'en fais trop, j'en veux trop, que ma vie est trop pleine et que mon temps est occupé mur à mur. Plus le temps de me regarder, de regarder les autres, les oiseaux, les nuages... Encore bien moins pour méditer ou pour l'Amour.
   L'Amour est simple présence, présence intense de tout notre être, corps et esprit. Il s'agit de voir l'autre ou soi-même sans attente aucune, sans intérêt aucun. De s'aimer, d'aimer l'autre tel qu'il est, même si son ego peut le rendre détestable, de le regarder comme un miroir pour soi-même et pour lui-même.
  Aller de l'avant dans l'Amour malgré nos imperfections et nos peurs... Ne pas attendre d'être plus évolué, il s'agit d'aimer dès maintenant avec ce qu'on est, ce qu'on a, en regardant évoluer notre pauvre ego, tout comme il faut aimer l'autre avec ses imperfections. On est tous pris dans ce même processus évolutif. 
 On me dira que je suis négatif, déprimé ou déprimant : ne me parlez pas de joie de vivre, je sais qu'elle existe, je la vois partout dans les fleurs, les oiseaux, les arbres, la neige, mais je la vois rarement chez les humains, même les enfants deviennent rapidement embrigadés par notre misérable système de vie.
 Toutefois, même si nos ego ne cesse de nous tirer vers le bas, de nous maintenir dans nos peurs et nos désirs, on sent tous qu'il existe, au coeur de soi, une toute autre dimension de Vie. On s'en approche parfois, mais il nous reste tant de chemin à parcourir....
Détails et banalités
   À vieillir, je me sens devenir de plus en plus vulnérable. Tout ces petites contrariétés de la vie que je traversais par le passé, sans même les regarder, sans rien ressentir ou presque, m'atteignent maintenant plus profondément.
  Aujourd'hui, deux commentaires de ma femme, des commentaires plutôt banals en soi, qu'elle a probablement déjà oubliés, m'ont atteint, assez pour me faire mal. À prime abord, mes réactions me semblent disproportionnées en regard de leur cause. Mais si je m'arrête un peu pour observer ce que je ressens, je peux voir que ce n'est pas si banal... En fait, toute divergence de vue avec ma conjointe me coupe un peu les ailes, me rabat, rabat ma joie et mon goût de vivre, me démotive, me fait me sentir mal... le corps en est aussi affecté, je peux faire de la bile, de l'acidité gastrique, de l'angoisse, me sentir le coeur gros... et tout cela me donne le goût de fuir mes malaises, le plus souvent bien inconsciemment, dans une quelconque compulsion.
  Il arrive que je trime dur toute la journée, alors que surviennent diverses petites contrariétés, contrariétés que j'oublie ou passe par dessus, et je me retrouve le soir fatigué, triste et démotivé, sans trop savoir pourquoi. Je prends alors une bière pour oublier, on écoute un match de hockey, n'importe quoi pour me changer les idées car demain il me faudra bien continuer... et la vie se répète ainsi jour après jour.
   C'est tout ce qu'on ne voit pas ou ne veut pas voir qui nous fait le plus de mal.
   Aujourd'hui, je ne voulais pas entendre ni me conformer aux demandes de ma femme, je voulais faire à ma tête et n'avais pas le goût d'en discuter… et c'est ce refus de recevoir ses propos qui m'ont fait me sentir mal, et qui l'ont sûrement affectée aussi. Car si j'avais pris le temps de recevoir la remarque, d'être ouvert et disponible pour en discuter avec elle, on aurait pu trouver un compromis satisfaisant pour chacun. On se serait au mois compris. Ce serait si simple si je prenais le temps d'écouter l'autre sincèrement.
  Mais c'est finalement toute mon attitude face au présent qui est problématique, je ne vis pas dans le présent, perdu dans mes désirs, pensées, projets, ambitions... Et qu'on ne vienne pas me déranger ! Laissez-moi vivre mes rêves, porté par mes désirs et mes peurs ! Mais je vis sans rien voir, aussi je ne verrai rien venir, et me ferai rattraper un jour ou l'autre par la réalité. Je la recevrai alors en plein visage... et il sera trop tard.
  Quand je suis dans mes désirs et mes peurs, je ne vois plus rien ou presque… et je deviens alors insensible aux autres et à la réalité présente.

  Les détails sont en fait d'une grande importance. La vie n'est qu'une foule de détails, d'instant en instant.
  C'est dans les détails que se vit l'amour, que se sent l'amour, que la vie germe et prend forme.
  Ce n'est pas dans les théories ou idéaux. Ce n'est pas dans les croyances telles que: "Il ne faut pas être dépendant, je dois prendre ma place, elle n'a pas d'affaire ici, chacun son domaine, on ne peut être toujours sur la même longueur d'onde, il ne faut pas s'en faire, etc." qu'on améliorera son sort. Toutes ces croyances ne font que nous couper un peu plus de la réalité et nous maintenir dans notre petit univers misérable.
Je suis parti de toutes petites frustrations, que j'ai pris le temps d'explorer, pour me retrouver dans la grande frustration qu'est ma vie.
 Comme quoi les détails englobent le tout, éclaire et révèle le tout et sont finalement d'une importance capitale.
Il faut une grande vigilance pour voir les détails, leur faire face d'instant à instant, pour s'enrichir de leur pouvoir de révélation sur qui on est, son histoire, son ego, sa personnalité, son caractère, ses espoirs aussi.
Le coeur gros

Combien de fois ne me suis-je pas senti le cœur gros ?
J'ai l'impression d'avoir passé toute ma vie ainsi, inconsciemment.
Une vie passée sur un fond de frustration, misérable et malheureux.
Sans personne pour me consoler, m'aider, m'aimer, me réconforter.
Seul face à ma misère, mes malheurs et mon découragement...
Très jeune la colère s'est installé,
j'ai appris à la refouler car ses conséquences me faisaient peur.
Enfant, jamais personne ne se préoccupait de mon sort,
en autant que je me tienne tranquille, ne dérange personne, sinon on sévissait.
J'ai donc appris à être un enfant docile, à servir mes parents et la société, à me conformer à leurs désirs.
Il me fallait marcher droit, selon le chemin qu'on nous traçait.
Personne ne s'intéressait à mon sort, à moi et à ce que je pouvais bien ressentir.
S'en est suivi une méconnaissance totale de moi-même, aucune confiance en moi, l'ombre de moi-même.
Ne m'aimant pas, aimant encore moins les autres, vivant dans la peur des autres et de tout.
Plus tard s'installera progressivement une vie axée sur la compulsion
pour oublier cette misère et aussi pour assurer ma survie dans le quotidien.
Mais une vie est vite gaspillé dans la compulsion car on n'y voit plus le temps qui file à toute vitesse.
Toute une vie à porter cette frustration, à m'y habituer jusqu'à ne plus la voir, ne plus la sentir.
Toute une vie manquée pour cause de frustration... Quelle misère !
Et je me retrouve vieux, avec encore le coeur gros, une boule au creux de l'estomac.
Frustré d'être frustré, un vieux rabougri, dur, fermé, qu'il ne faut surtout pas déranger.
Un vieux qui fait peur et qu'il vaut mieux ne pas trop approcher.

Froideur et raideur

Happé par mes désirs et mes peurs, décentré, loin de l'instant et de la réalité,
mes relations s'appauvrissent, se clairsèment ou deviennent conflictuelles.
P
eurs et désirs m'éloignent résolument de moi et des autres,
car ils m'empêchent d'être présent à ce qui est.
On peut bien rester avec une autre personne, dans la même maison, partager le même lit,
et pourtant se perdre de vue ou se sentir bien loin d'elle.
Et ressentir de la froideur, de la raideur dans la relation, de la distance…
Froideur et raideur qui finiront tôt ou tard par détruire la relation.
On se sent parfois mal en sa présence sans trop savoir pourquoi.
On se place souvent en mode rachat, pour se faire pardonner,
ou dans l'effort volontaire pour tenter de sauver les meubles.
Mais le cœur n'y est plus, et la passion non plus…
Que reste-il... s'il n'y a pas d'Amour ?

La création

On pourrait croire que la création n'est qu'une question de talents, d'inspiration.
Que tout se fait simplement, facilement, pour ceux qui en ont les dispositions.
C'est du moins ce que nous laisse souvent présumer le résultat.
Bien qu'il n'y ait pas de recettes et que les choses se passent différemment pour chacun,
la création reste globalement
une question d'énergie.
Ce qu'il faut de temps, d'énergie et de travail pour créer,
pour élever ses vibrations énergétiques au niveau de la création.
C'est comme un accouchement, un long travail doit précéder
et rien ne tombe vraiment du ciel, comme on pourrait penser.
Et paradoxalement, tout vient du ciel finalement,
car il n'y a rien de personnel, rien à s'enorgueillir.
L'énergie de la création ne fait que passer à travers nous.
Ce n'est que l'énergie de la Vie qui s'exprime à travers nous.

Fautes et châtiments

  Un bel exemple de synchronicité: Mon frère me demande si j'ai réfléchi sur le thème du "châtiment" ? Je réponds "non". Curieusement, la nuit suivante, un rêve me révèle que je ne cesse de me juger et de me condamner et que cela détruit mon estime de moi. Comme quoi tout est interrelié, que les autres sont aussi nous, que nous sommes porteur du même courant de Vie.
  Celui qui juge et condamne en soi est-il différent de celui qui pèche ? Le bourreau est-il différent du pécheur ? Ou sont-ils de même nature ? Celui qui nous amène à pécher tout comme celui qui juge, condamne et punit sont en fait les deux faces d'une même pièce, l'un ne va pas sans l'autre. Le bourreau a besoin d'un coupable, d'un pécheur, tout comme le pécheur a besoin d'un bourreau pour le punir en cas de fautes.
  Ce phénomène n'est pas uniquement personnel, via notre éducation et notre histoire, c'est aussi un phénomène de société. Tout converge vaguement en ce sens, la morale, la religion, les médias.. On traîne derrière soi toute l'histoire des générations qui nous ont précédées alors que la religion était axée sur la dualité "ciel" (vertus et récompenses) et "enfer" (fautes et punitions). Les méthodes de châtiment ont évolués, on tolère mal aujourd'hui les châtiments physiques, mais on est encore pas si loin de la psychologie du Moyen Âge en termes de jugements, condamnations et punitions subtiles.
  Celui qui juge, condamne et punit en soi, on le pense au-dessus de soi, on peut même le prendre pour Dieu, pour l'oeil de Dieu, mais il n'en est absolument rien, il n'est rien d'autre qu'un aspect de soi-même. Il fait partie intégrante de soi, de sa programmation, de sa problématique. Se battre contre ce bourreau serait se battre contre soi-même et ne ferait que perpétuer le drame de la destruction de soi.
  La culpabilité est le principal arme du bourreau pour nous maintenir dans un comportement déviant. La culpabilité, c'est se juger et se condamner... ce qui nous amène à se sentir petit, faible et misérable... et à recommencer.
  La discipline est le principal arme du pécheur pour le ramener dans le supposé droit chemin. La discipline nous emprisonne dans un comportement rigide, dur et insensible à la vie. La discipline est aussi une forme de violence envers soi. La vie finit toujours par outrepasser cette discipline intenable, et on se retrouve encore pécheur.
  De quoi a-t-on le plus besoin, au plus profond de soi ? De jugements, de contrôles, de disciplines, de punitions ? Ou de compréhension et d'amour ? Est-il possible de voir et comprendre quoi que ce soit sans amour ?
  Regarder, observer, écouter avec amour et compassion tout ce qui se passe en soi ; voir, aimer et comprendre, autant le pécheur que le bourreau en soi ! C'est seulement lorsque nous aurons bien vu et compris toutes les ficelles et dynamiques qui se jouent en soi que nous aurons une chance de nous en libérer.
  Si on prenait le temps de se se regarder tel que l'on est, et non comme on imagine ou voudrait être, si on faisait de même avec les autres, on apprendrait bien des choses de nature à nous aider... Or, on ne voit qu'une image de soi et des autres, sans rapport avec la réalité. Toutes ces personnes que je regarde de haut, me pensant meilleur ; tous ces êtres que je regarde avec envie, les pensant meilleurs, je ne peux rien apprendre d'eux. Si je regardais la vraie réalité, non pas à travers des images ou des mots, tout serait source d'apprentissage et d'enrichissement.
  Entre temps, j'avance comme un aveugle avec mes idées et croyances, mon attitude dure, fermé, ma carapace.. je vieillis sans rien apprendre ou presque, répétant toujours les mêmes scénarios tout aussi destructeurs pour moi, que pour mes proches et les autres.
  Jusqu'au jour où surgit une étincelle de clarté, qui me permette de me voir, même furtivement, et que cette vision, le temps d'un éclair, soit finalement plus aidante que des mois de recherches, d'analyse et de réflexion.
  Regarder, observer, sans analyser, sans mots, sans images, sans jugements, en silence. Car tout jugement mène tôt ou tard à la condamnation et au châtiment, châtiment qui prend des formes si subtiles qu'on ne les voit pas, ne les remarque plus, mais qui sont destructrices pour nous et notre joie de vivre.
  Il faut beaucoup d'intelligence, de sensibilité et une forte énergie pour pouvoir comprendre tous les mécanismes internes qui nous aveuglent et nous rendent esclaves et misérables. Or, on a pas cette énergie et cette attention, car tout est pillé par l'ego, pour ses propres activités .... ne laissant rien pour Être.

  Je viens de regarder le "châtiment" sous un certain angle, mais chacun doit la regarder sous son propre angle. Plus on l'étudiera sous divers angles, plus on s'approchera de la réalité. D'où l'intérêt d'échanger nos visions.
  Aussi, la réalité est si complexe qu'il est difficile de la cerner complètement avec des mots. Les mots, quoique notre seul outil pour partager une réalité intangible, ne sont pas la vraie réalité et demeurent de faibles outils pour bien la cerner. Les mots peuvent de plus prendre différents sens selon notre expérience et culture personnelle.
  Et, qui sait quelque chose ? Lorsqu'on qu'on dit qu'on a trouvé, ou qu'on sait, on est alors vraiment perdu... De là l'illogisme des religions où chacune se pense détentrice de la Vérité.

  Mais revenons au thème du "châtiment" afin justement de le regarder sous un autre angle et de nuancer les propos précédents.
Ce que je crains, en fait, c'est que le châtiment, la discipline ou le contrôle soient perçus comme des aspects négatifs de la réalité. Rien n'est bon ni mauvais en soi, la réalité n'est ni bonne ni mauvaise, elle est ce qu'elle est. Et rien n'est gratuit ou se produit par hasard en ce monde. Tout existe dans le but de servir l'évolution et, pour l'instant du moins, notre cerveau n'est pas apte à bien voir et comprendre leur raison d'être. Il n'y a pas lieu de juger ou conclure que le châtiment est bon ou mauvais, car nous ne pourrions plus alors le regarder et le comprendre en toute conscience ; nous serions alors aveuglé par nos conclusions ou croyances. Il ne s'agit surtout pas de s'en faire un opinion, mais de l'observer en soi et autour de soi, de voir ce qui se passe en soi et autour de soi, dans les faits, lorsque le phénomène du châtiment se manifeste.
  Il se peut très bien que l'on découvre que le châtiment ou la discipline jouent un rôle aidant ou protecteur dans notre processus évolutif, comme pour un moindre mal là où nous en sommes, ou que ce soit utile pour assurer notre survie et équilibre dans l'instant, ou autre... La discipline ou le châtiment ne sont sûrement pas là pour rien, ils jouent sûrement leur rôle dans notre processus d'éveil...
  Le châtiment peut être aussi pris dans le sens de pénitence (se mettre en pénitence), pour se tranquilliser, pour se préserver de différentes pulsions qu'on considère néfastes pour soi ou pour son organisme.
  Le châtiment peut aussi être vu comme une forme primitive de renoncement, précurseur au véritable renoncement. Renoncement qui consiste à mourir consciemment à certaines de ses peurs et désirs, à ne pas les suivre... Renoncement qui peut finalement être générateur de bien-être
.

  Si on étudie à fond un seul aspect de la réalité, on finit par étudier toute la réalité, car tout est interrelié, chaque partie nous ramenant au tout. Tout étant Un et Un étant Tout.

Le corps,
toujours oublié

   On ne veut pas vieillir, fait tout pour rester jeune, avoir l'air jeune. Notre ego travaille fort pour présenter une image de force et de jeunesse. Il ne veut surtout pas entendre parler de vieillissement et de mort. Laissons-le rêver !
  Mais attention, l'ego est à l'origine de bien des problèmes de santé ! C'est paradoxalement tout ce qu'on fait pour paraître jeune ou se sécuriser qui risque de nous tuer prématurément.

- Comme Marcel, 69 ans, qui me racontait hier qu'il s'est brisé les deux genoux sur un chantier de construction en sautant d'un gros camion avec des matériaux en main, en voulant imiter les plus jeunes.
- Ou Christine Charest, morte en 2008 suite à différentes chirurgies esthétiques qui devaient présumément préserver sa jeunesse et sa beauté.
- Ou Chantale Lavigne, morte dans une expérience de sudation intense lors de sa participation à un groupe de croissance personnelle.
- Ou Sarah Burke, morte il y a quelques jours suite à un saut en ski, un saut surhumain. Elle déclarait, peu avant sa mort : «J'ai chuté des dizaines de fois et subi plusieurs fractures. Mais j'aime le ski toujours plus à chaque année. Et je veux participer aux Jeux olympiques de 2014!». Voilà jusqu'où notre cerveau peut nous mener ! Elle pensait simplement comme des milliers d'autres jeunes qui rêvent et ont des activités néfastes pour leur corps, mais qui sont glorifiés par les parents et la société. On ne saurait trop se méfier de notre cerveau.

  On pourrait citer beaucoup d'autres exemples, moins éloquents peut-être, mais tout aussi révélateur du dénie du corps. On a qu'à regarder autour de soi ou en soi.
  Je pense à nos excès en vue de satisfaire les désirs insatiables de l'ego, excès dans la consommation en général, dans l'a
limentation, médicaments, soins de beauté, équipements informatiques, luxe, pour n'en citer que quelques uns. Excès aussi dans le travail, car il faut bien payer tout cela. Excès dont on est généralement inconscient ; on trouve cela normal car c'est la normalité dans notre société.
  L'ego n'a au fond aucune considération pour le corps. Il s'intéresse au corps simplement pour l'utiliser afin de satisfaire ses désirs, comme source de plaisirs ou encore pour le faire travailler en vue d'obtenir ce qu'il veut. Rien d'autre ne l'intéresse. Ainsi, l'ego nous éloigne des besoins réels de notre corps et il devient très difficile de les percevoir. Tous nos besoins réels deviennent déformés avec le temps, on ne sait même plus si on a faim ou non, on mange pour le plaisir, au dépend de notre santé.
  Pourtant, si on se mettait à l'écoute de notre corps, dans la tranquillité et le silence, on se rendrait compte que notre corps n'en demande pas tant, qu'il est simple et peu exigeant. Qu'il veut qu'on lui laisse un peu la paix.
  Mais rester tranquille, en faire moins, consommer moins, c'est impossible pour l'ego.

  Mon corps n'est plus jeune, il vit sa 66 ième année. Il est fatigué par cette course effrénée qui dure depuis des décennies, sans jamais de pause.
  J'ai déménagé souvent, toujours tout à refaire et à recommencer. Quand je commence à être bien installé et avoir un peu de temps pour me reposer, je vends et recommence tout à neuf. Sans parler des diverses compulsions qui viennent occuper et remplir tous mes temps libres.
  Hyperactif, à l'image d'une société devenue hyperactive.
  Mon corps me donne maintenant des signes de fatigues, signes de plus en plus difficiles à ignorer. Je devrai à court terme subir deux opérations : la fatigue, l'usure se sont visiblement installées.
  C'est bien normal de vieillir, d'être malade et de mourir. Mais, si on était moins charrié par nos ego, on pourrait vieillir beaucoup mieux et vivre plus longtemps, et profiter d'une belle vieillesse. Beaucoup trop d'hommes sont emportés par leurs mauvaises habitudes de vie et meurent sans avoir pu bénéficier d'une belle vieillesse. Or une belle vieillesse, c'est aussi important qu'une belle enfance, car c'est seulement dans ces deux périodes de la vie qu'on a le temps de vivre la poésie du quotidien.
  Plus on vieillit, plus il faut être à l'écoute de son corps. On ne peut plus suivre la parade, faire le jeune. On a besoin de plus de repos, de travailler moins, d'être plus prudent car on est plus fragile. On a besoin de fonder sa vie sur de nouvelles valeurs, de développer de nouveaux comportements et de saines habitudes de vie. Il faut accepter de renoncer ou de mourir à bien des choses afin de tenir compte de nos capacités diminuées.
  Je me sens à la croisée du chemin, où j'écoute mon corps, me tranquillise, pour continuer à vivre une vie positive, ou je continue à suivre les exigences de mon ego et les problèmes de santé vont s'accélérer et ma vie en sera écourtée. C'est le choix implacable de la dure réalité.
  L'ego a une peur terrible de la mort, il l'ignore, mais il joue ainsi inconsciemment le jeux de la mort.
  Mieux vaut regarder la réalité et la mort en face, voir les conséquences de nos actions, voir ce qui nous attend.
L'énergie comme rivière

L'énergie ne peut être accumulée ni mise en boîte.
L'énergie doit circuler, couler comme rivière en soi.
Elle coule dans le don de soi, la création, le travail.
Plus tu donnes et plus tu reçoit.
On se donne et se dépense alors sans compter.

L'énergie bloquée risque fort de se retourner contre soi sous forme de désordres ou de maladies.
La rivière monte, l'eau s'accumule et fera bientôt rompre tous les corps qui l'endiguent.
L'énergie non dépensée est très difficile à gérer.
Elle s'épanchera éventuellement dans la compulsion ou autres comportements destructeurs.
On voulant ménager sa vie, la protéger ou la sécuriser, on risque fort de l'écourter.

Soit l'énergie sert à construire le monde, soit à le détruire, pas d'autre alternative.
La vie est énergie qui coule, comme un coeur qui bat.
La vie, c'est la rivière qui coule vers son destin.

L'ordre et le chaos

Lorsque je me sens en forme, mon ego se gonfle d'orgueil et s'en octroie les bénéfices.
Mais il n'est pas long avant que la Vie me ramène à la réalité en réinstallant le désordre en moi.
L'ego redevient alors piteux. Il doit prendre sa pilule et une bonne leçon d'humilité.
Je peux bien écrire de belles vérités, pleines de sagesse, mais qu'en est-il de ces vérités dans ma vie ? Est-ce qu'elles se concrétisent dans ma vie ? Bien sûr que non, aussi vite écrites, aussi vites oubliées. Elles ne valent que dans l'instant présent. Et si je n'éprouve pas de plaisir à les écrire maintenant, mieux vaut alors aller m'amuser autrement.

Je voudrais bien voir de plus près tous ces auteurs qui écrivent de beaux livres spirituels, plein d'intelligence, remplis d'idées bien structurées et bien ordonnés ! Peuvent-ils mettre en pratique tout ce qu'ils écrivent ? Je crains que non ! Du moins dans le plupart des cas. J'aimerais bien les voir, avec leurs beaux principes et leurs belles connaissances spirituelles quand le désordre s'installe en eux, qu'ils vivent le divorce, la maladie ou la dépression par exemples.
Ils ne l'écrirons sûrement pas, ne nous en parleront pas, ils ont une image à défendre, des livres à vendre, et leur ego spirituel ne le leur permettrait pas.
Pour un vraie tableau de la réalité, les gens devraient témoigner autant de leurs difficultés que de leurs forces.
Or, en général, on est expansif et on parade quand tout va bien, on se renfrogne dans son coin et se tait quand cela ne va plus. Quand la bourse va bien et que nos actions montent, on pavane, quand les actions baissent, on se tait.

La morale corporelle

On est bien certain que tout se joue dans le cerveau, un cerveau qu'on pense d'ailleurs sous le contrôle de notre volonté. On pense qu'on agit en fonction de ce que la morale nous dicte. Or, la réalité est beaucoup plus complexe.
La morale est-elle une réalité spirituelle se situant au dessus du corps et indépendante de ce dernier ? Est-ce que notre volonté peut dicter une bonne conduite à notre corps.
Y-a-t-il un lien entre notre corps et notre psychologie ? Quel est l'impact de notre corps sur nos comportements, nos habitudes, notre morale et notre spiritualité ?
Quand la faim ou le désir sexuel m'assaillent, qui est le plus fort, le corps ou le cerveau ? Le corps finira par imposer sa volonté, c'est certain. Ce qui est vrai pour un besoin primaire, l'est-il au niveau des besoins secondaires et même tertiaires ?

- On apprenait récemment que le Mirapex, un médicament pour traiter le Parkinson et le syndrome des jambes sans repos, avait comme effet secondaire une dépendance au jeu, une augmentation de la libido et une hypersexualité. Il me semble que cela démontre bien que notre morale peut être affectée ou dépendante de l'état de nos hormones, de nos enzymes ou autres constituants du corps humain.
- Le docteur David Magnusson (Institut Karolinska, Stockholm, Suède) a suivi pendant vingt ans le parcours de tous les garçons d'une petite ville, à partir de l'âge de 10 ans. Or, il constatera plus tard que tous ceux que avaient un taux de noradrénaline bas dans l'enfance sont devenus plus tard des criminels. La noradrénaline serait-elle plus forte que la morale et l'éducation ?
- On commence à trouver de plus en plus de liens entre certaines maladies mentales et des carences alimentaires ou des intolérances. Par exemple, l'intolérance au gluten non diagnostiquée et non soignée pour causer la dépression. Aussi un faible taux de testostérone chez l'homme peut aussi induire une dépression, etc...
- Un homme en surplus de testostérone devient agressif, se referme, maugrée, devient froid et distant. C'est vrai pour presque tous les hommes. Mais il pensera que c'est un problème d'ordre psychologique. Il retrouvera pourtant son équilibre et redeviendra affectueux une fois qu'il aura fait l'amour.

Toutes ces problèmes qu'on dit psychologiques, ou moraux, ou découlants d'un manque de volonté, peut-être découvrirons nous un jour qu'ils sont liés à nos gènes, hormones ou autres. Qui sait ?
Si on savait, on serait probablement moins prompt à juger et à condamner !
On pense que les grosses personnes manquent de volonté, que les voleurs manquent de morale, que les dépressifs pourraient se prendre en main, on ne se pardonne pas nos compulsions, mais si on était conscient des dessous de la réalité et de ses dessins, on serait sûrement plus compréhensifs et plus compatissant.
La Vie fait toujours de son mieux avec ce qu'elle a. Il n'y a pas de mauvaise ou de bonne volonté, la volonté n'est qu'une autre création mentale sans rapport avec la réalité.
Témoin de Jéhovah

  Je suis hésitant à aborder ce sujet, je ne voudrais surtout pas blesser ses adhérents, les isoler davantage.
  De toute façon, il est très improbable que je rejoigne un seul témoin de Jéhovah ; ils n'ont pas le droit de s'intéresser à de tels écrits. Je fais parti du monde extérieur à leur organisation, monde qu'ils considèrent mauvais et voués à disparaître bientôt.
  Aussi, comment rejoindre quelqu'un qui s'est enfermé dans ses croyances et pense posséder la Vérité ? On aura beau discuter des heures, la discussion ne progressera pas d'un iota car ils n'ont pas le droit de regarder ailleurs que dans leur bible et nous y ramène toujours. Leurs esprits sont emprisonnés par leurs dogmes, croyances et pratiques. S'ils doutent d'un seul dogme, ils risquent d'être notés, réprimandés ou même excommuniés. La discussion est close avant même de commencer.

  Il n'y a pas beaucoup à rajouter à tout ce qui a déjà été dit ou écrit sur les témoins de Jéhovah. Tout est connu, tout à déjà été dit. L'information est là, partout sur internet ou ailleurs, facilement disponible, à qui voudrait s'ouvrir les yeux et regarder objectivement la réalité, mais malgré toutes les mises en garde, il y a près de 8 millions de membres et 300 000 nouveaux baptêmes à chaque année.

- Comment croire que seulement les baptisés de leur église seront sauvés. Sauvés de quoi ? Les témoins de Jéhovah sont-ils sauvés de la souffrance, de la maladie, de la mort ou de quoi que ce soit ? Leur vie est loin d'être facilités par leur religion. Tout au contraire...
- Comment croire qu'il n'existe qu'un seul livre, ancien de surcroît, possédant la Vérité, et pas n'importe quelle version de ce livre, mais seulement leur propre version et interprétation. Il faut voir que Jéhovah n'est pas une lettre morte, qu'il évolue dans le temps, avec la Vie. Que la Vérité se retrouve en chacun de nous, dans des milliers de publications, dans la nature, partout. "Dieu est partout" dit la bible, baptisé ou non, dans la bible et ailleurs. Ce n'est pas le fait d'être baptisé ou non qui nous ouvre la porte de la Vérité ou nous préserve de quoi que ce soit. Non !
« Le mot Dieu n’est pour moi rien de plus que l’expression et le produit des faiblesses humaines, la Bible un recueil de légendes, certes honorables mais primitives qui sont néanmoins assez puériles. Aucune interprétation, aussi subtile soit-elle, ne peut selon moi changer cela.» Einstein
- Comment croire que le seul moyen d'échapper à la destruction imminente du monde actuel est d'être un témoin de Jéhovah. L'organisation avait prédit cette fin du monde pour 1925, puis pour 1975. On s'est trompé les deux fois et on perdu des membres et de la crédibilité. Aujourd'hui, on ne prend plus de risques, on parle seulement de destruction prochaine.
- Les témoins de Jéhovah forment une grande famille, une famille qui s'isole du reste du monde de par leurs dogmes et pratiques. Plus on s'enferme dans cet organisme, plus on s'éloigne de la réalité et plus il devient difficile d'en sortir.
- Les membres à la base sont constamment sollicités pour donner de leur temps, leurs énergies et de l'argent. On leur demande de vivre sobrement. Pendant ce temps, l'organisme grossit et les hauts dirigeants vivent dans l'abondance. Les hauts dirigeants ne sont pas très différents de ceux des grandes entreprises privées qui cherchent à prendre de l'expansion, à avoir plus de membres, plus de pouvoir, plus de profits et de prospérité pour soutenir leurs propres intérêts. Aujourd'hui, les dirigeants sont plus prudents parce qu'on a déjà, par le passé, étalé leurs richesses sur la place publique, mais la réalité n'en demeure pas moins fondamentalement la même.

On pourrait ajouter bien des choses sur tout ce que les témoins de Jéhovah ne veulent ni voir ni entendre malgré l'évidence. Ils ne m'auront sûrement pas suivi jusqu'ici. Pourquoi ? Parce qu'ils ont besoin de croire, et ils ne sont pas les seuls. Et pourquoi ce besoin de croire ? C'est que croire nous amène un sentiment de sécurité. C'est parce qu'on ne peut faire face à ses peurs qu'on s'enferme dans la sécurité de nos croyances. Il est plus facile de se laisser convaincre et embrigader, même au risque de s'y perdre ou de se faire exploiter, que de faire face à la réalité.

  Je suis surtout peiné de voir des gens, parfois proches de nous, s'investir dans une telle organisation. On a l'impression de les avoir perdu, qu'ils ne sont plus là. Ils sont ailleurs, dans leur monde imaginaire.
  Mais que puis-je faire ? Vouloir changer quelqu'un, c'est comme penser qu'on possède une vérité supérieure à la sienne, c'est comme se placer au-dessus de lui. Et qui suis-je pour croire ma vérité supérieure à la sienne ? De quel droit puis-je penser et agir ainsi ?
  S'il ne se sent pas compris et accepté dans ce qu'il est et ce qu'il fait, il y un grand risque qu'il se sente rejeté et me rejette à son tour.
  Il est probablement mieux qu'il vive ce qu'il a à vivre pour mieux comprendre la vie et ce, selon le rythme de sa propre évolution.
  De plus, reconnaître qu'on s'est trompé, c'est quasi impossible pour un ego qui cherchera plutôt à renchausser davantage ses croyances.

   Même si ce mouvement me semble contraire à l'Intelligence, du moins à partir des limites de mon cerveau actuel, ce mouvement n'est sûrement pas là pour rien et il participe à sa manière à l'évolution de la Vie sur terre. Tout joue son rôle dans l'évolution, y inclus les témoins de Jéhovah. Ce mouvement répond présentement à un besoin, le nombre de membres en témoigne. C'est comme un moindre mal pour plusieurs, pour les soutenir dans une société en perte de valeurs et de racines, pour les aider à survivre dans un monde qu'ils ne comprennent plus, qu'ils n'acceptent plus ou qui les fait trop souffrir. C'est un remède temporaire en attendant un monde plus conscient et plus humain. De plus, cet organisme peut aider ses membres et les valoriser sur plusieurs aspects de leur vie, tout n'est pas noir, loin de là, surtout si on le regarde de l'intérieur.
  Je ne juge pas les gens qui y adhèrent, ce sont simplement des êtres vulnérables, qui ont besoin de s'accrocher à quelque chose, comme le plupart d'entre nous d'ailleurs. Pour certains, ce sera d'être témoin de Jéhovah, pour d'autres ce sera de suivre un maître, ou d'adhérer à une secte, ou tout autre béquille.

  Pourtant, rien n'est plus beau que d'être un réel témoin de Jéhovah, un témoin de Dieu. Et qu'on le veuille ou non, on est tous des témoins de Dieu, de la Vie qui circule et évolue à travers nous, peu importe notre religion, nos croyances, notre morale, nos opinions, nos allégeances ou autres. Il n'y a pas lieu d'en faire une religion. On fait tous partie du mouvement de l'évolution de la Conscience, de l'incarnation de l'Intelligence dans la matière, du Dieu qui s'est fait homme.
  Mon plus grand souhait serait que les
témoins de Jéhovah, tout comme les disciple de n'importe quel autre secte ou maître, puissent un jour retrouver leur liberté de penser, à partir de leur propre lumière, et puissent laisser s'exprimer le vrai Jéhovah qui est au cœur de leur être tout comme au cœur de tous les êtres.
La dépression
  J'ai déjà écrit sur la dépression, je me répéterai peut-être, mais en adoptant une forme plus directe et plus simple.
  Je ne suis pas un psychologue ni un psychiatre et il existe beaucoup de formes de dépression, aussi je ne voudrais pas trop m'aventurer dans ce domaine.
  Je parlerai simplement d'une forme de dépression plutôt courante, celle qu'on peut ressentir suite à la perte d'un être cher, d'une rupture, d'un changement dans nos conditions de vie, de
la perte d'une capacité, d'un bien, ou même d'une illusion ou d'une croyance.
  Il arrive aussi qu'une dépression se présente sans que nous sachions trop pourquoi, sans que nous l'ayons vu venir, comme un mal être qui nous envahit sans raison évidente. Il existe bel et bien des raisons,
mais on ne les voit pas encore.
  La dépression se dessine sur un fond de tristesse, comme une grande fatigue qui nous envahit tout à coup.
  Elle devra faire son temps, le temps que la vie guérisse notre cœur et nous ramène à la joie de vivre. On peut difficilement l'éviter ou l'atténuer, il faut l'accepter et la vivre. Lutter contre elle ou vouloir s'en défaire risque de nous épuiser davantage.
  Si on accepte de la vivre à fond, on se rendra compte qu'elle n'est finalement pas si terrible, qu'elle peut même nous ouvrir à des changements forts positifs pour nous et notre environnement. La dépression n'est pas là pour rien, elle est là pour nous dire que la vie ne peut continuer ainsi et qu'on doit réorganiser sa vie sur de nouvelles bases, de nouvelles valeurs, de nouvelles façons de penser, de voir et d'envisager la vie, de nouvelles habitudes de vie.
  Profitons-en pour entrer en soi, se connecter avec notre cœur, écouter ce qu'il cherche à nous dire à travers cette tristesse.
  Notre ego cherchera à éliminer la dépression par tous les moyens, c'est bien normal, mais la dépression a beaucoup à nous dire et à nous apprendre sur nous-mêmes.
  Un beau jour le soleil revient, de façon imprévisible, et nous en sortons grandi et plus fort.
C'est la panique !

Je n'arrive plus à trouver ni la force ni le temps d'écrire..
Mon ego ne veut plus suivre, ne me le permet plus.
Il est pris de panique, il a peur pour sa peau !
Il argumente : "De quoi as-tu l'air avec de tels propos, sinon d'un misérable vieux fou !
Tu risques fort de te tromper, d'être incompris, jugé et rejeté !
De faire honte à tes proches !
La réalité n'est pas celle que tu décris, elle n'est pas si négative, la vie est belle, regarde autour de toi.
Les gens ont une belle vie, les gens sont heureux, arrête de te raconter des histoires…"

En fait, mon ego ne veut surtout pas renoncer à ses plaisirs compulsifs
pour entrer dans une dimension spirituelle qui le remet justement en question.
Il a peur de perdre tout ce à quoi il tient le plus,
tout ce qui lui procure ses plus grands plaisirs,
peur de perdre aussi son cadre de vie égoïste, confortable, connu et rassurant.
Peur de perdre ce petit paradis matériel qu'il travaille à monter depuis si longtemps,
où chaque chose est connu, bien à sa place, bien organisé et structuré…
Mon ego se débat comme un diable dans l'eau bénite.
Il tergiverse : "Rien ne presse, attends à plus tard, quand tu seras mieux préparé.
Attends que le renversement se fasse naturellement, sous la volonté et la protection divine.
Ne gaspille pas tes énergies, ne te mêle pas de cela, cela n'est pas de ton ressort."

Ou bien il cherche à négocier : "Commence à renoncer à de petites choses sans renoncer à tout.
Tu es maintenant trop vieux, tu as besoin de paix, laisse cela aux jeunes,
à ceux qui ont une intelligence plus vive et plus d'énergie..
Ou laisse cela à des gens éveillés qui savent ce dont ils parlent.
Pour toi, c'est trop laborieux, ce n'est pas pour toi, mieux vaut être réaliste et renoncer."

L'ego a peur et se sent malheureux dans ce mouvement de Vie qui m'habitent de temps en temps.
Mais je sens et je vois que je n'ai d'autre choix que de faire face à mes peurs et renoncer à mes plaisirs
pour reprendre contact avec la Vie qui coule dans mes veines.
Sinon, je finirai sans jamais m'être approché de ce que je suis vraiment.
Et je ne suis pas seulement cet ego qui m'habite,
je ne suis pas seulement mon histoire personnelle,
je ne suis pas seulement cette petite personne malheureuse et apeuré.
Je suis beaucoup plus que cet ego qui me garde dans l'ombre de moi-même.
Mais malgré tout ce qui précède, je prends les arguments de mon ego en considération,
ne voulant pas avancer en aveugle.
Je tente de le rassurer, je lui promet d'être raisonnable et surtout prudent.
Je l'assure que si la spiritualité devient trop accaparante, je me garde la liberté de l'envoyer promener.
Je pressent que les dimensions corporelle et psychologique doivent précéder la dimension spirituelle,
que c'est l'esprit que s'incarne dans un corps et que ce dernier est le fondement de cette incarnation.
Sans le corps, rien n'est possible pour l'esprit.
Aussi, si la spiritualité me fait suer, veut ou en fait trop, au dépens de mon corps,
de mon équilibre psychologique ou de ma joie de vivre,
c'est qu'il est alors temps de fermer les livres pour retourner au jardin.

"Connais-toi toi-même"

  Des doutes m'assaillent concernant la pertinence de mes actes. Tout m'apparaît tout à coup trop complexe, la confusion et le découragement s'installent. À quoi bon tout cela ?
  Des questions se posent ! Quels sont les motifs qui me poussent à agir et à écrire ? D'où originent ces textes ? Qui suis-je finalement ? Il me semble important de me connaître pour comprendre et apprécier la valeur de mon action. Il est évident que mon cheminement psychologique a un impact direct sur ma vie et sur le contenu et la forme de mes écrits.

"Connais-toi toi même, disait Socrate."  L’ignorance de soi-même nous rend dépendant et esclave de nos croyances, des opinions et des autres. En revanche, la connaissance ou l'observation de notre nature profonde, de ce que nous sommes, nous libère et nous rend apte à mieux réaliser notre potentiel.
  Chacun devrait pouvoir écrire l'histoire de sa vie, comme il la comprend et la ressent, afin de mieux se connaître. Il n'y a pas lieu de trop s'y appesantir, mais de l'étudier dans ses grandes lignes, afin d'en dégager le contexte et les événements marquants de notre enfance, de voir tout ce qui nous a amené à développer les attitudes, croyances et comportements qui nous gouvernent encore maintenant.

  J'ai suivi de nombreuses psychothérapies individuelles ou de groupes à une certaine période de ma vie. J'ai fait du chemin, mais je partais de tellement loin. Nrotre cheminement est sans fin...
  Je suis amené aujourd'hui à jeter à nouveau un regard sur mon passé psychologique et à exprimer certains aspects de ma personnalité que je n'ai jamais perçu clairement. Ceux-ci
m'habitent depuis ma petite enfance, de façon inconsciente. Je n'ai jamais pu les voir et les accepter, car cela me faisait trop mal. Encore aujourd'hui, me confronter à cette réalité est très difficile et éprouvant pour mon ego. Je ressens un fort désir de reculer, de m'arrêter ici.
  Je réalise en fait que je souffre depuis mon enfance de troubles de comportement qui se rapproche de ceux de l'autisme, soit de phobies sociales et d'une personnalité évitante. Ceci m'amena plus tard à souffrir d'anxiété généralisée et à devenir un être très compulsif, crainte maladive de l’opinion d’autrui, hypersensibilité à l’humiliation, à la honte et au rejet.
  
Enfant, j'étais timide et évitait autant que possible tout contact social, à l'exception de quelques enfants tout aussi timides que moi. J'avais une peur persistante et intense des différentes situations sociales. J'étais malheureux dans les fêtes de famille, de bureau ou autres activités de groupe. Je craignais qu'on perçoive ma gène, mon malaise, d'être embarrassé ou humilié. Certains événements m'ont conduits presque à la panique. Mon anticipation de certains événements à venir m'ont fait parfois souffrir d'angoisse pendant des mois. Regardons cela de plus près, à partir de quelques exemples, sans en faire une autobiographie.
  On se rappelle toujours de nos beaux souvenirs d'enfance et nous ne retenons que le bon côté des choses et de notre milieu familial. On ne vois pas, ne veut pas voir les failles ou problèmes de nos parents. Il ne s'agit pas pour autant de les critiquer, ils ont fait ce qu'ils ont pu, rien n'aurait pu être différent dans ce temps, mais de les voir tels qu'ils étaient dans la réalité, sans les idéaliser. Ceci est capital pour se connaître et se comprendre.

Laissons remonter quelques souvenirs :
- Je me vois en avant de la maison familiale, peut-être j'avais 5-6 ans, sous les peupliers, en bordure du trottoir. Mme Vallée, une dame importante du village, passe près de moi, me salue et me dit quelques mots gentils. Je suis surpris, il me semble que c'est la première fois qu'on démontre une certaine considération pour mon existence.
- Je me revois à 7ans, à l'écart dans le cour de l'école, sur le bord de la clôture, ne me mélangeant pas aux autres, paniqué et ne sachant quoi faire. Tous les autres jouent et ont du plaisir, mais moi, je suis malheureux comme les pierres, apeuré. Je le vois, mais je n'y peux rien, et j'en souffre énormément. Me voir ainsi, dégradera davantage mon estime de moi, déjà fort pauvre.
- Les problèmes psychologiques existaient déjà depuis ma première enfance mais ce sont surtout révélés lors de mon arrivée à l'école. Ils ne me lâcheront pas pendant mon enfance et mon adolescence. Même par la suite, lors de mes études plus avancées, au collège et à l'université, ensuite au travail, ces troubles seront présents et ma vie se mènera toujours sur ce fond de mésadaptation, de phobies et de peurs constantes. C'est incroyable de voir tout ce que mon cœur à pu battre en raison d'un état de tension constante, et cela continue... Mon corps était solide pour survivre à cet état psychotique.
- Tous les problèmes de relations que j'ai vécu par la suite, un peu dans ma famille, mais surtout dans mon millieu de travail où je contestais régulièrement l'autorité, et ma difficulté de travailler avec les autres s'éclairent un peu mieux.
  Je finirai bien par m'intégrer et à fonctionner minimalement, mais ce ne sera pas facile. Timidité extrême. Je resterai longtemps en marge des groupes. Mes relations avec les autres étaient pauvres et très tendues, avec les filles entre autres.

  Voyons un peu le contexte social dans lequel je suis né et fait mes premiers pas.  
  Ma mère était débordée, trop d'enfants à un rythme trop rapide, alors qu'elle n'était pas vraiment préparé, qu'elle manquait de support et que cela ne correspondait pas à ses désirs et intérêts. On était pauvre, le milieu de vie était très difficile pour elle. Elle était imprévisible et inégale dans l'intérêt qu'elle portait à chacun de ses enfants. Elle était très occupée par sa couture et nous devions vraiment rester tranquille, pas trop loin d'elle, et surtout ne pas la déranger. Elle était sévère et dominante. Je n'ai souvenir d'aucun geste de tendresse à mon égard, je parle de ce que j'ai ressenti, d'une réalité subjective. Elle s'occupait de nous nourrir et de nous vêtir, son rôle de mère me semblait s'arrêter là.
Je me rappelle avoir fait de longues crises de pleurs et de nerfs, en proie au désespoir. Jamais ma mère n'est venu me voir pour m'aider, voir ce qui n'allais pas. Je devais finalement toujours m'en sortir seul. Je ne me suis jamais senti proche de ma mère, je l'ai jamais senti proche de moi.
  Quelque uns de mes frères plus jeunes ont également soufferts de négligence, je le voyais et je tentais parfois de prendre un peu la relève.
  Mon père était absent, travaillait au chantier. Quand il revenait, ma mère lui faisait part de nos désobéissances et nous devions subir ses foudres. J'avais peur de mon père. Je me rappelle seulement d'une fois où il est monté nous voir un soir, alors que nous étions au lit, pour nous raconter une histoire. Un beau et rare moment. Mon père avait souvent besoin d'aide et de support, il n'était pas vraiment apte à assumer les besoins de 11 personnes. C'était trop, je le comprends, cela aurait aussi été trop pour moi.
  Le milieu familial fut sûrement déterminant dans le développement de mes phobies et troubles de comportement. Mais bien d'autres facteurs, qu'il m'est impossible de bien cerner ont aussi sûrement joués leur rôle. Tout l'environnement social du temps, très autoritaire envers les enfants, avec des manques de respect fréquents, la surabondance d'enfants, enfants qu'on exploitait au besoin, quelques enseignants durs et inhumains, les abus sexuels du vicaire de la paroisse, tout ce contexte m'a aussi perturbé profondément.
  Tout cet environnement, circonstances et événements m'ont amené à une certaine distorsion cognitive, c'est-à-dire à une fausse perception de la réalité, à avoir des peurs irraisonnées ou irréelles, à avoir des pensées négatives, à n'avoir aucune confiance en moi, à méconnaître mes besoins, à développer de fausses croyances et autres. Toute la réalité était perçu comme dangereuse, une angoisse généralisée, permanente, mais inconsciente s'est installé très jeune, venant fausser mes jugements et ma façon de percevoir et de vivre ma vie. J'avais une anxiété permanente sur mon état de santé et celle de mes proches et aussi bien d’autres soucis quotidiens non justifiés. Tout cela a eu et a encore un impact déterminant sur ma vie.
  Pour diminuer mon angoisse, j'ai développé des pensées ou des comportements compulsifs et répétitifs. Ces compulsions ont occupés une grande part de mon temps, cela va de soi, au détriment d'activités positives et de ma capacité à prendre soin de moi et des autres. Même si j'avais conscience de la pathologie de ces compulsions, je ne pouvais m’empêcher de les réaliser, sinon l'angoisse devenait intenable et ma vie invivable.
  J'ai dû commencer à prendre des calmants à l'université et en ai toujours pris régulièrement par la suite, à faibles doses et au besoin.
  Le tableau est brossé dans les grandes lignes, mais pourrait être approfondie pour chacune des étapes de ma vie. Je pourrais le regarder aussi sous l'angle de ma relation avec les femmes, de la sexualité ou autres, mais le fond d'angoisse et de peur demeurerait le même et c'est ce fondement psychologique qui par la suite modèlera tout le reste de ma vie. Seulement la nature me calmait, me rassurait, d'où mon grand besoin de me retrouver la tête dans la nature, les arbres, les fleurs, le jardin...
  J'ai quand même appris à me faire confiance sur certains aspects de ma personnalité, surtout du côté intellectuel et professionnel, assez pour pouvoir fonctionner, mais cela m'a coupé fondamentalement de mes ressources et de mes capacités, tout en me gardant bien loin de mon potentiel réel.
  J'ai souvent regardé ma vie sous un angle spirituel, il est tout aussi nécessaire de la regarder sous un angle psychologique.
  Se guérir de ses problèmes psychologique demande énormément de temps, ce n'est pas comme régler un problème matériel. Cela peut prendre toute une vie, parfois plus, nos enfants en hériteront, du moins en partie, et devront eux aussi cheminer et travailler pour s'en libérer.
  Je ne juge aucunement les personnes significatives de mon enfance. Ils ne pouvaient agir autrement compte tenu des moeurs, du contexte et des connaissances de temps. Moi aussi, je n'ai pu donner plus que ce que j'avais et mes enfants n'ont surtout pas à m'idéaliser. Je suis conscient de mes failles comme père, époux, travailleur et citoyen.
   Tout le milieu dans lequel on a été éduqué n'a pas tant d'importance quand on peut en prendre conscience et le voir tel qu'il est, sans se raconter d'histoires ; on est alors en mesure de s'en libérer, du moins progressivement et dans une certaine mesure.
  La plupart des personnes de mon entourage vivent également des difficultés psychologiques de différentes natures et intensité. Le défi est là pour tous d'apprendre à se connaître afin de pouvoir accéder à la liberté.