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INDEX TEXTES

Mes textes 2009-2010
Le pin gris

Les pins gris poussent en colonies sur des terres pauvres et difficiles face à ma demeure. Il prospère là où pourtant presque rien ne pousse.
C'est un arbre à l'aspect chétif malgré sa résistance, au port irrégulier, aux aiguilles courtes, piquantes et rébarbatives. Il est d'un vert grisâtre et terne, sans intérêt horticole. Il n'est ni beau ni laid, il est ce qu'il est.
Il serait ingrat de le comparer à
ses congénères, soit le pin blanc ou le pin rouge, lesquelles ont de belles grandes aiguilles douces au toucher et ne sont que grâce et beauté.
Le pin gris pousse en compagnie des trembles, un autre arbre pouvant se montrer capricieux en bon sol, mais qui s'épanouit en sols pauvres. Un arbre sensible dont les feuilles tremblent à la moindre brise, mais pourtant résistant au froid et aux milieux austères.
Ce sont des arbres colonisateurs, qui préparent le terrain pour la venue d'espèces végétales et animales plus délicates et plus exigeantes. Ils jouent un rôle important dans la régénérescence de milieux autrement en perdition.
Ils peuvent pousser tranquille car il n'intéresse personne ou presque. Jamais on ne se pâme sur eux ou les place en avant. Ils jouent un rôle d'arrière plan.
Je me sens vraiment chez moi en plein coeur de cette colonie, immergée par toute cette simplicité, cette humilité, cette tranquillité. Ces arbres me ressemblent, je m'y sens chez moi. Que de leçons ces arbres m'enseignent, des leçons qui me font le grand bien mais que je ne saurais traduire en mots.

Mourir en cet instant
Le grand passage de l'état d'inconscience à l'état de conscience, de la mort à la vie, se joue en cet instant même. Pas demain, lorsque j'aurai fini de lire ce beau livre, rencontré ce sage, ou lorsque je serai plus fort et plus sûr de moi, NON, c'est maintenant ou jamais.. C'est maintenant, en cet instant, avec mes peurs et vulnérabilités, qu'il me faut agir, lutter, combattre et avancer vers la Vie. Fin de la tergiversation.
Fermer la TV ou l'ordi pour tomber dans le silence, arrêter une minute de travailler ou de compulser pour tomber au neutre, pour laisser place à toutes mes misères. Et résister au désir de prendre un cachet ou tout autre remède inapproprié me permettant de fuir cette douleur intolérable.
Toute cette colère qui gronde en moi et me détruit, la voir en toute lucidité, l'affronter, la confronter. Ces peurs sans fin qui se manifestent à tout instant ; les observer lucidement pour les voir et les comprendre. D'abord laisser les émotions couler dans la compasssion et l'amour, pour ensuite les laisser s'éteindre et mourir doucement et ainsi pouvoir poursuivre ma route vers la Liberté.
Toutes ces drogues qui endorment mon mal et m'enferment depuis tant d'années, drogues du plaisir, du pouvoir, du désir d'être aimé, de plaire, y renoncer en cet instant. C'est comme accepter la mort, être face à face avec la mort. Il faut un courage immense pour dire "non" au besoin de nos drogues habituelles, lorsqu'on est un grand consommateur de drogues et que le manque nous torture. C'est paniquant. Il faut un désir immense de s'en sortir, il faut surtout être écoeuré de cette vie de misère, révolté, usé jusqu'à la corde pour vraiment décider de tourner la page, de faire la révolution ; et encore, rien n'est certain, puisque la quasi totalité des hommes vont mourir sans s'être confrontés à leur dure réalité, sans même avoir vu toute la souffrance qui les habite.
Qu'est ce que les autres vont dire ou penser de ma nouvelle façon d'être, de me comporter... Est-ce que ma femme, mes enfants vont me penser fou et me rejeter... Juste cette pensée est suffisante pour semer la panique et me faire renoncer, tellement l'aventure s'annonce périlleuse... Il me faut accepter de mourir à chaque instant, mourir à mon image, à mon besoin d'amour, à ma dépendance, sinon, je recule, je retraite et retombe dans mes comportements maladifs.
Mourir à mon désir d'être aimé, compris, considéré. Rester les yeux grands ouverts, simplement observer la réalité vraie sans réagir. Rester près de mes sentiments, veiller sur moi, car la débarque et la souffrance sera terrible pour mon ego.
À chaque instant, accepter de mourir à tout ce que je suis et représente, pour oser le risque de me planter, de déplaire, de me faire juger et rejeter. Mourir à mes plaisirs habituels, cesser de fuir et faire ce qui doit être fait.. Accepter de faire face à ma solitude, de vivre seul, d'être isolé s'il le faut, c'est le prix de la Liberté.

De toute façon, dans ma vie actuelle, totalement manipulé par l'ego, par mes peurs et désirs, je suis déjà mort, mort à moi-même, non vivant. J'ai à me défaire de toutes ces programmations, à affronter ma réalité, pour renouer avec la Vie.
Au début, la peur sera immense, l'observer, la regarder mais sans la suivre, à distance, et continuer ma route avec le courage d'un guerrier prêt à affronter la mort.
On chutera mille fois et se relèvera mille fois pour poursuivre le combat de la Lucidité, envers et contre moi et les autres.
Pour m'aider et persister dans mon abstinence, il faudra me nourrir d'activités saines à tous les jours, des marches en pleine nature, de bonne musique, un bon film, un livre inspirant, un repas santé, de la tranquillité, du silence...
Sortir enfin des ténèbres pour entrer dans la Lumière et la Conscience.
La récompense est la Liberté, la Lucidité, l'Amour de soi, des autres et de la Vie.
Mon être, tous les êtres, la planète en ont un besoin pressant.
Risque associé à la conscience

On prétend parfois que la conscience doit se dégager de la matière qui l'étouffe, pour s'élever au-dessus de la matière.
Pourtant, toute l'évolution se résume en la descente d'une conscience toujours de plus en plus pénétrante à l'intérieur de la matière.

On pense souvent que la conscience n'existe que chez l'humain, or elle est présente à tous les stades de la matière, à partir de l'atome en passant par les molécules complexes pour atteindre son échelon supérieur chez l'homme. Le degré de conscience est directement proportionnel à l'état de complexité et d'organisation de la matière.

La conscience a atteint son niveau supérieur par l'avènement de l'homme, mais, même à l'intérieur de l'espèce humaine, le degré de conscience est très variable. Il y a les êtres conscients, les éveillés, qui ne sont pour l'instant que des exceptions ayant pour mission de tracer la route. Mais pour la quasi totalité des humains, la descente de la conscience constitue un phénomène très lent et progressif. On pourrait même dire que beaucoup d'hommes ont encore un état de conscience proche de l'animal et ce, même s'ils sont intelligents.

Il est très difficile d'élever le niveau énergétique et vibratoire de la matière, ou encore il est très difficile pour la matière de supporter la conscience. Aussi, l'arrivée de de la vie, puis de l'homme sont pour ainsi dire de véritables miracles. L'avénement de la conscience demande un niveau vibratoire tellement élevé, que l'existence même de la matière qui la supporte peut en être menacée, du moins dans sa forme originale ; la conscience forçant alors la matière à évoluer vers une forme plus complexe. Conscience et matière s'interpénètrent continuellement.

Quand un homme commence à être touché par la conscience supérieure, tout son corps est amené à vibrer à un niveau très élevé; même parfois dangereusement élevé pour son coeur, ses organes, son corps. Pour se protéger et assurer sa survie, il devra apprendre à gérer l'action de cette conscience en fonction de son état de santé, de son énergie, des besoins de son corps et de sa personnalité. La conscience nous dématérialise en quelque sorte et nous déconcentre des tâches habituellement consacrées à notre bien être et notre survie, et en cela, elle peut constituer un danger. C'est comme si la Conscience devait apprendre à gérer sa propre descente en l'homme, dans le respect de ses capacités et dans l'amour pour son hôte. Elle doit aimer assez l'homme pour pouvoir ralentir voire s'effacer si elle constate qu'elle peut constituer un danger pour l'homme. La vraie Conscience sait d'ailleurs attendre patiemment que son hôte soit disposé à la recevoir, ou encore le préparera progressivement à cet effet.

À vrai dire, on ne peut affirmer que la conscience constitue un réel danger, mais le danger provient plutôt d'un fond d'ego très subtil, lequel éprouve secrètement et inconsciemment du plaisir et de l'orgueil à se voir ainsi privilégié des dieux et lui donne plus de place qu'il n'en peut supporter. Si on perd le sens de l'humour, que la conscience nous fatigue, nous fait suer, nous accapare plus qu'il ne faut, qu'on en fait trop, c'est le signe évident qu'il reste un fond d'égo, que l'ego cherche à récupérer les manifestations de la conscience à son profit.

Lorsque la conscience sera totalement établi dans l'être, il n'y aura plus que Paix. Sa manifestation se fera naturellement, doucement, sans forcer, dans le respect total de la matière.

Sagesse

On pense devoir se rendre jusqu'en Inde pour rencontrer de grands sages,
ou encore lire beaucoup de livre sur la sagesse,
ou se payer un grand maître...
Pourtant, il n'y a pas un pas de plus à faire pour rencontrer la Sagesse,
car elle est déjà là au fond de notre cœur,
pour peu que nous nous arrêtions un instant pour l'écouter.
On regarde en soi et autour de soi sans jamais rien voir,
car on étiquette, évalue, compare et classe...
Les grands maîtres, ils sont pourtant là tout autour de nous, dans tous les hommes,
même dans ce pauvre homme que nous regardons de haut,
pour peu que nous voulions nous ouvrir, observer, écouter avec notre cœur.
La Sagesse n'est pas une possession qu'on acquiert,
c'est une énergie qui nous traverse tous, du plus pauvre au plus riche,
qui passe à travers nous pour ensuite prendre son envol dans tout le cosmos.

Veiller

Veiller cet être fragile et angoissé que j'appelle "moi" ou ''Je" ;
c'est un grand malade qui s'ignore.
Rester à son chevet le plus possible pour lui dispenser soins, soutien, disponibilité et amour inconditionnel.
Pour lui donner aussi un peu de lumière.
Veiller sur ma conjointe qui sans en être consciente, est tout aussi fragilisée...
Veiller sur les miens, mes enfants, leurs conjoints, mes petits-enfants.
Ils auraient tant besoin de mon implication et de ma présence.
Veiller sur tous ces humains qui souffrent de mon individualisme.

Veiller sur notre planète qui subit les affres répétées de nos façons de vivre insensées.
Veiller sur moi, les autres, le monde, rien de plus important en cet instant,
car mon absence fait mal.

Divine solitude
Attendre que Dieu m'aide, m'indique le chemin,
me donne de l'inspiration ou me sorte de mon immobilisme,
attendre que Dieu me prenne par la main,
tout cela n'est que rêve de l'ego et excuse pour maintenir le statut quo.
Je suis Dieu, j'ai à me prendre en main et à marcher droit mon chemin,
dans la lumière et la conscience qui m'habitent en cet instant.
Avancer avec compassion pour mon ego, malgré la peur et l'incertitude,
dans la solitude la plus totale,
tout en me reliant au Tout et à tous les êtres.
Un âne

La conscience me fait peur.
J'ai peur qu'elle accapare toutes mes énergies, ma santé, mon temps, et me fasse perdre toute crédibilité.
J'ai peur de passer pour un vieux fou avec mes discours qui vont à l'encontre des valeurs modernes.
Je me sens à contre courant, à contre temps. Je dérange, je m'isole.
Je rends le monde mal à l'aise avec mes propos hors contexte.
C'est dur pour l'amour-propre, car l'amour, le respect des autres, c'est vital.

Le doute m'assaille plus souvent. Je suis moins sûr de moi, je me demande s'ils n'ont pas raison.
Mon ego, quant à lui, est déjà bien convaincu que je fais un fou de moi, que je suis un âne.

Mais si la réalité fait de moi un vieux fou, un âne, que puis-je y faire ?
Me renier, me cacher sous de faux habits. Où accepter de vivre tel que je suis.
Un âne, pourquoi pas ? Un âne parmi les ânes.
Une fois accepté, reconnu, la détente se crée.
J'appuie sur la détente, l'ego se meurt.
Que peut-on attendre d'un âne ? Qu'il se comporte comme un âne, qu'il écrive des âneries, c'est bien naturel.
N'ayant plus d'image ou de réputation à défendre, une certaine liberté, un certain amusement prend place.
N'étant plus concerné par mon image et l'opinion des autres, je peux agir en toute liberté.
L'amour et la compassion pourront reprendre leur place ; je ferai ce qui doit être fait, je dirai ce qui doit être dit.

Mon étoile pourra enfin briller et éclairer.
Droits d'auteur
De quel droit peut-on s'arroger telle parole, telle pensée, tel texte ou autre création.
Quand on y regarde de près, rien ne vient de nous, tout passe à travers nous mais n'est pas de nous.
Peut-être l'énergie peut-elle prendre une coloration spéciale en passant à travers nous, et encore.
Au fond, nous n'y sommes pour rien. Il n'y a rien qui vient de nous, absolument rien.
C'est une vérité très indigeste pour l'ego.
Nous ne sommes que la somme de l'évolution de la planète et des connaissances accumulées à ce jour par l'ensemble des humains.
Nous sommes la somme des pensées et expériences des générations qui nous ont précédées.
Nous sommes la somme de nos influences, lectures, contacts et relations.
Comment peut-on apposer notre sceau ou signature personnelle sur ce qu'on considère comme notre oeuvre.
C'est toujours l'ego qui cherche à s'attribuer des connaissances ou talents qui ne lui appartiennent pas,
mais appartiennent plutôt à l'ensemble de notre espèce.
Il nous faut réaliser que nous ne sommes rien de particulier,
et alors tout redevient possible car nous devenons le Tout.
L'Énergie divine pourra alors circuler librement en nous pour pouvoir créer des oeuvres
d'une force et d'une splandeur dépassant largement l'individu qui s'en pense l'auteur.
L'appel du large
Elle me donne de ses nouvelles, me tend la perche.
M'indique sa latitude et longitude.
Ouverture et disponibilité semble habiter son univers présent.
Elle a traversé des mers agitées,
y laissant même son compagnon de route.
Pour se retrouver seule. Peut-être ?
-
Le cœur me débat, le vent soulève mes voiles, m'invite à partir.
Mais pensant à tout ce qu'il me faudrait quitter.
Je m'ancre au sol avec force...
La peur de perdre tout comme l'attrait du rêve m'immobilise dans la confusion.
Et je m'emmêle un peu plus dans les filets de l'amour romantique
Sentiment d'impuissance à mener de front deux odyssées.
L'amour romantique étant exclusif, il m'oblige à choisir.
-
Quitter mes racines, celle que j'aime, la joie tranquille du quotidien pour l'aventure !
Pourrais-je y survivre, en ai-je encore la force, et ai-je vraiment le goût ?
Serait-ce sage ?
Et qu'est-ce que l'amour ?
-
La sagesse me rappelle
que l'amour passion peut nous mener à l'Amour,
mais que paradoxalement il peut aussi nous en éloigner.
Que l'Amour est engagement, constance, durée, patience,
alors que l'amour passion est soutenu par des fantasmes et le plaisir.
Que l'amour passion est un lien tissé serré, alors que l'Amour est liberté dans l'engagement.
La sagesse m'invite à m'élever au-dessus de l'amour passion,
pour me laisser guider par l'Amour.
-
Bien qu'en d'autres temps et circonstances, libre de mes peurs et attaches,
balayant sagesse et justifications d'ordre métaphysique,
je me laisserait volontiers emporter par... l'appel du large.
La peur ou l'amour ?
La peur et l'amour sont deux forces fondamentales qui gouvernent ce monde.
-
Tout le mal origine de nos peurs,
alors que tout ce qui se fait de bien prend racine dans l'amour.
-
La peur se cache sous forme d'angoisse, de colère, d'agressivité ou de violence,
alors que l'amour se fleurit de bonheur, de liberté, de joie et de paix.
-
Nos peurs résultent de l'ignorance et des croyances,
alors que l'amour ou la conscience découlent de la libre observation de soi, des autres et du monde.
-
L'inconscience et les croyances sont le lot de presque tous les humains,
alors que la conscience est une pierre précieuse.
La conscience nécessite temps et espace pour se développer,
or temps et espace sont
devenues extrêmement rares sous notre modernité.

-
La peur et l'amour ne peuvent cohabiter car la peur tue l'amour alors que l'amour dissout la peur.
La peur ou l'amour ?
Soit je vis dans ce monde de fou, celui qu'on croise à chaque coin de rue, englués dans les rouages inconscients de mes peurs, avec la souffrance comme compagne de route.
Soit je choisis de vivre dès maintenant dans un monde d'amour, un monde ou la conscience éclaire chacun de mes pas.
Je prie pour elle
Prisonnière de ses pensées et croyances,
emmurée sous les murs opaques et obscurs d'une sombre solitude,
elle souffre profondément.

Elle a perdu tout espoir, n'y voit plus d'issue.
Epuisée, n'ayant plus ni
le goût ni la force de se battre,
faisant fi des conventions sociales, elle aspire à en finir.
-
Quelle force mystérieuse peut bien la pousser à se refermer et à s'isoler,
alors qu'elle aurait tant besoin de s'ouvrir à la vie et de se relier.
Son ego a refermé son emprise, l'a coupé de toute lumière, lui faisant perdre jusqu'au goût de vivre.
On la dit folle ou presque, car c'est de la folie que de vivre ainsi !
Alors que sa santé serait encore bonne, son moral l'abandonne !
On la juge, la critique, elle ne veut pas, ne fait pas suffisamment d'efforts !
Pourquoi ne s'en sort-elle pas, alors qu'il n'y aurait qu'un pas à faire !
Qu'un seul rayon de lumière suffirait à lui faire voir que la porte est toujours ouverte !
Mais la triste réalité est que cette prison est bien hermétique,
qu'elle n'y peut rien, que nous n'y pouvons rien ou presque, sauf prier, peut-être...
-
Pourquoi toute cette souffrance que l'on se cause à soi-même ?
Un mystère qui nous dépasse... seule la Vie sait..
Critiquer, ne pas accepter, ce serait se placer au-dessus de Dieu.
-
Je la regarde, pris de compassion.
Je vois, qu'au fond, elle n'est pas si différente de la plupart des hommes,
que je suis déjà contaminé par cette même folie, que ce n'est qu'une question de degré, d'intensité.
Une question de temps avant que mon ego se referme et m'enferme à mon tour à double tour.
-
Réprimant ma révolte devant notre condition dite humaine,
je prie pour qu'elle soit, que nous soyons tous un jour touchés par la grâce.
La Joie est pourtant si près de nous.
Elle est en nous, Elle est notre vraie nature.
-
Mon Dieu, après toutes ces années de souffrances,
Donnez lui de voir, donnez-nous de voir !
Donnez-lui la Paix, donnez-nous la Paix !
Je ne me connais pas !
Un rêve m'est venu comme une phare en cette nuit obscure.
J'étais amené, par un concours de circonstances inhabituelles, à entrer en contact avec différentes personnes résidant à deux pas seulement de chez moi, des personnes vraiment vivantes et intéressantes. Je les rencontrais pour la première fois. Comment avais-je pu ne jamais les rencontrer auparavant alors qu'elles vivaient si près de moi ? Comment avais-je pu me priver d'une telle richesse ? Mystère !
En me rappelant que l'on ne rêve que de soi, j'ai remplacé tous ces voisins par des parties de moi-même que je ne connaisais pas, que je ne visitais jamais, que je n'explorais pas.
L'ego, dans sa recherche de sécurité et de plaisirs nous amène à mener une vie vraiment petite et limitée.
On marche toujours dans les mêmes sentiers, le connu.
L'inconnu, l'étranger fait bien trop peur. Peur de perdre les acquis..
Comme j'ai finalement très peu exploré la vie, que je me suis très peu exposé dans des situations diverses et nouvelles, aussi, je ne connais pas mes possibilités...
On pense se connaître, or on ne se connaît pas, ou si peu.
L'ego nous garde prisonnier dans une espace réduit, à mille lieux de nos possibilités.
Notre ego nous amène infailliblement à se fermer, à se limiter.
Même nos relations deviennent si compliquées qu'on en vient à préférer les éviter.
L'égo nous isole progressivement pour notre plus grand malheur,
car c'est tout ce qui nous relie à soi et aux autres qui nous fait du bien.
Je ne m'aime pas !
Je pense m'aimer, j'en suis même certain.
J'aime les autres, c'est sûr, je fais tout ce qu'il faut.
Jusqu'à ce que, soudainement, un cauchemar m'éveille.
Surprise ! L'ego ne sait pas et ne peut pas aimer.
Je le savais un peu, intellectuellement, spirituellement.
Mais je ne l'avais jamais vu avec cette clarté, cette intensité !
Comment ai-je pu ne pas voir une telle évidence !
Un rêve m'a révélé ma dureté et mon égoïsme envers mes proches.
Mais comme on ne rêve que de soi et que les autres c'est encore soi,
mon attitude envers les autres me révèle surtout celle que j'ai envers moi-même.
Si l'amour, c'est donner du temps, prendre soin, écouter, être attentif... alors je n'aime pas, alors je ne m'aime pas.
Je n'ai pas le temps, mon ego a bien trop de projets et d'objectifs pour se perdre dans de telles futilités et enfantillages...
Laissons les adultes vaquer aux choses sérieuses.
Cet aveuglement laisse l'ego libre de m'utiliser, de me sur-exploiter,
de piller toutes mes énergies et ressources, me laissant sans Vie.
Pas le temps d'être malade, d'écouter ses malaises, l'ego fera tout pour pour masquer cette réalité. Que mes proches puissent être malades ! Je ne veux pas en entendre parler.
On est civilisé, on sait présenter une belle facade, mais
c'est bien la triste réalité.
Si je regarde autour de moi, tous ces êtres qui pensent s'aimer et bien vivre, et qui tout comme moi, vivent hantés par les mêmes démons.
Quelle tristesse de me voir, de voir mes enfants et les autres,
ne dispenser que si peu de temps à l'Amour,
trop occupés que nous sommes à se faire souffrir, à gagner de l'argent, à accumuler des biens ou à se perdre dans le plaisir, manoeuvré uniquement par nos peurs et désirs,
inconscient de l'importance de la Vie qui coule dans nos veines.
On est comme des absents face à la Vie, des "non-vivants".
Aimer, ce serait pourtant se donner un peu d'air frais,
du temps pour respirer, pour être attentif à la Vie et s'en émerveiller.
L'Amour est aussi synonyme de J
oie de vivre.
Prenons le temps de s'ouvrir à l'Amour et à la Vie.
On en aurait tellement besoin !
Et ce monde aurait tellement besoin de nous !
Tout est déjà là !
Il est clair que je n'ai pas été touché par la Grâce, du moins pas de façon globale et entière. On est bien loin d'être un Éveillé, juste à se regarder vivre pour comprendre.
Ce qui n'empêche pas mon ego de rêver à l'Éveil. Toutefois, si je regarde autour de moi, les chances de mourir autrement que comme tout le monde sont fort minces, aussi faibles que de gagner un million à la loto. Ce constat me laisse sans espoir, découragé.
Pendant ce temps, l'ego continue à renforcir ses positions en prenant des formes de plus en plus subtiles, dont la forme spirituelle, ou en me faisant fuir mes sentiments négatifs dans diverses compulsions. Cela maintient son emprise et son empire bien en place. Et ma vie de souffrances et de misères continue.

L'Éveil : peu d'humains en sont touchés de façon globale et le vivent, les autres sentent l'appel mais ne sont touchés que partiellement, leur ego restant bien en selle. Toutefois, leur conscience grandira progressivement avec le temps et l'ego perdra peu à peu du terrain au profit de la Lumière.
Pourquoi vouloir plus ? Pourquoi vouloir être autrement que ce qu'on est ? On ne peut forcer l'évolution, on ne peut forcer une fleur à pousser et à s'épanouir ! Laissons la Vie faire son chemin, ne nous en mêlons pas, cela n'est pas de notre ressort. Laissons la Vie ou Dieu faire oeuvre. C'est encore l'ego qui rêve d'Illumination, de Réalisation, qui compare et mesure. La Vie n'a que faire de ces mots qui ne cadrent pas avec la Réalité.
Entre temps, il faut bien vivre sa vie.

D'autant plus que si j'y regarde de près, je réalise tout à coup que l'Intelligence universelle est déjà en moi, quoi que je fasse et quoi qu'en pense mon ego. Peu importe que je sois pécheur ou miséreux... Et c'est bien réel, évident... Cette prise de conscience subite m'ouvre à de nouvelles perspectives de vie.
La preuve en est que cette Intelligence s'est manifestée régulièrement dans le passé, et encore aujourd'hui. Si je regarde intensément, je ne peux pas ne pas le voir. Et ce constat d'une importance capitale est accessible à tous.
En fait, je peux contacter cette Intelligence quand je veux, car elle est toujours présente en moi. Toujours disponible. Elle a toujours été présente depuis ma naissance et est présente aussi dans chaque être humain, à chaque fois que le mental fait silence. Elle n'est donc pas la pensée ou le mental ; c'est plutôt ce mental qui nous masque cette Vérité, en occupant tout l'espace-temps par ses incessantes ruminations.

Je vois aussi que je n'ai pas à être totalement réalisé pour y avoir accès et en bénéficier. Le seul travail à faire pour améliorer ma qualité de vie, c'est d'abord de constater sa présence d'une manière indubitable, de le réaliser, de l'observer, d'en prendre conscience. Ensuite, nous pourrions avoir le goût de lui donner un peu plus de temps, un peu comme on accorde du temps à un enfant qu'on aime, à son jardin et à ses fleurs.... Alors, pourquoi rêver à l'Intelligence quand on constate qu'elle est déjà en soi, qu'on possède déjà cette perle rare, si on peut dire. Cette autre Vérité devient aussi une évidence lorsqu'on en est saisi.
Il ne s'agit donc plus du "tout ou rien", être éveillé ou non, être réalisé ou non, mais de prendre conscience que l'Intelligence universelle est déjà en soi, et que c'est seulement la place qu'on lui accorde qui varie.
C'est divin de voir que l'on n'est pas ce petit être séparé, comme on le croyait, mais bien plutôt une ramification de l'Intelligence universelle, qu'on en soit conscient ou non.
C'est déjà là en moi... C'est incroyable... C'est pourtant réel, tangible... C'est merveilleux.. Je suis parti prenante de cette Intelligence... Je suis cette Intelligence... Je suis le Tout...
Et je ne suis rien de personnel...
Aussi, je respire mieux, me détend...
Le chant des oiseaux se fait entendre.
La joie si naturelle se manifeste.
Plus rien ni personne
Un vent froid soufflant constamment
et balayant graduellement tout ce à quoi je tenais :
mon bel amour romantique,
ma maison et mon superbe jardin,
mes fantasmes et mes plaisirs,
mes désirs, ambitions, projets et espoirs,
mes liens, attaches et amis,
ma réputation et le respect que j'inspirais,
ravageant aussi mon corps, ma santé et ma jeunesse,
emportant même tous mes espoirs de sagesse.
Et ne me laissant devant rien.
Plus rien ni personne, le vide, le silence...
Curieusement, une brise encore méconnue se lève,
empreinte de fraîcheur, de paix et de liberté.
Le malheur a encore frappé pour mon plus grand bonheur !
Pourquoi faut-il avoir tout perdu ou presque
pour émerger de la nuit ?
Leçon d'un clivia
Plante verte parmi des millions d'autres plantes vertes,
quelque part dans une forêt dense et peuplée,
un clivia quelconque se confond dans le paysage,
balançant joyeusement ses feuilles sous le vent.

Après maintes années dans sa verdure,
tout à coup, une fleur inespérée resplendit.
Une fleur d'une rare beauté, qui le surprend et le ravit.
Instant de grâce, parfum exquis des dieux.

Nous la voudrions éternelle, tellement elle est belle.
Mais rien ne sert de vouloir la retenir, car la nature suivra son cours.
Et ce qui nous semble éphémère vu dans son individualité,
se révélera éternel vu dans le paysage global.

Il est inutile pour l'homme de vouloir se démarquer ou de se vouloir constamment en fleurs...
Si la grâce nous est parfois donné, ne serait que de rares instants, tant mieux.
Si elle ne nous est pas donné, tant mieux, car elle n'est pas reposante et a de grandes exigences.
Et on peut toujours s'abreuver dans la nature ou chez d'autres humains touchés par cette grâce.
Et ce que j'appelle les autres, c'est toujours moi.

Je m'éteindrai
Je m'éteindrai bientôt, mon coeur toujours en pagaille, dans la misère et le désespoir.
Usé jusqu'à la corde par la souffrance, malmené jusqu'à la mort par les désirs et les peurs.
Je n'aurai impressionné personne, pas même moi-même.
Qu'il en soit ainsi et c'est bien ainsi.
Il cherchait la force, l'équilibre, la paix. Il n'aura rencontré que misères et petitesses.
Il sentait parfois l'infini qui l'habitait, qui l'appelait...
Infini qui dans sa douceur et grandeur a laissé toute la place au fini.
Au fini qui doit faire son chemin pour qu'un jour l'infini soit.

Je m'éteindrai bientôt, dans l'ombre de moi-même,
avec l'ultime espoir que mes enfants puissent
un jour marcher vers la Lumière.
Il fut un temps
Il fut un temps où il n'y avait ni télé, ni ordi ou autres tueurs du temps.
Il fut un temps où on avait tout son temps.
Le temps pour soi à soi, le temps pour soi aux autres.

Il fut un temps où on avait le temps.
Le temps filant paisiblement
en se berçant doucement sous la véranda,
ou e
n marchant simplement à l'ombre des peupliers.
O
ù les oiseaux chantaient, où les étoiles brillaient.
Ce temps qu'on ne ressent plus, faute de temps.
Mais toujours présent au cœur de l'instant.
Il est mort le saint homme !
Une fois mort, on ne cesse de vanter ses multiples qualités, et avec raison !
Atteint d'une infirmité dès son enfance et par la suite de maladies chroniques, il a beaucoup souffert. Toute une vie de souffrances.
Malgré cela, il n'a cessé de mener une vie vertueuse et de se dévouer pour les autres. Toute sa carrière fut dédiée à l'enseignement. Comme bénévole, il s'est illustré en fondant plusieurs clubs naturalistes pour jeunes. Il est aussi entré en prêtrise sur le tard de sa vie pour suppléer à la diminution des prêtres et aider les curés dans leurs fonctions. Sans parler de plusieurs autres oeuvres ou causes pour lesquelles il s'est dévoué.
Le bon Dieu lui avait donnés de beaux talents et beaucoup de charme. Il savait plaire et impressionner. Excellent professeur, très bon musicien, doté en plus d'une grande habilité physique et intellectuelle. Bon orateur, bon communicateur, beaucoup de charisme et de chaleur humaine. Un bel homme !
"C'était un saint homme" dirons ces bonnes dames !
On se souviendra de son côté soleil et c'est ça la beauté de la vie.

On ne verra pas, on n'aura jamais vu son côté sombre. Ses ombres et vulnérabilité bien cachées sous sa belle personnalité. Tout un pan de lui-même que nous n'aurons jamais eu la chance de découvrir. On aura connu de lui ce que son ego aimait et voulait bien nous dévoiler. Question de protéger son image, question aussi de survie naturelle dans ce temps où la morale était sans merci. Ce ne fut pas une question de courage puisque les choses n'auraient pu se passer autrement avec ce qu'il était et les moeurs du temps.
On ne saura jamais que c'était un pauvre homme grugé par le doute et la peur, paralysé par la culpabilité, hanté par des gestes posés dans des instants qu'il qualifie de faiblesses et par le sentiment que sa vie était ratée.
On ne saura pas que même dans la prêtrise, affecté par des guerres de pouvoir et des frictions personnelles, il n'a pu vraiment se rapprocher de Dieu comme il l'aurait aimé et que ce fut pour lui un échec douloureux.
On ne saura pas que son mariage tardif, avec une femme de classe et d'une grande finesse, a redoré son blason mais cachait aussi de sérieuses difficultés relationnelles, qu'il n'a en fait jamais assumé son homosexualité, toujours caché, toujours voilé, et qu'il a créé de la souffrance en toute inconscience.

Que l'homme, le vrai, se lève enfin ! Nous verrons que c'était un homme de son temps, avec ses forces et ses limites, un homme qui voulait avant tout assurer sa survie et se faire aimer, comme nous tous finalement. Parfois un grand homme, parfois un pauvre homme. On n'a surtout pas à le juger, sinon le comprendre, puisque les choses n'auraient pu être autrement.
Pas encore un homme vrai, libre, pas un saint !
Mais sa vie fut un pas d'homme dans l'évolution des hommes, un jalon pour les autres hommes.

Et cela est sacré.
L'importance de la spiritualité
  On ne voit pas, ne réalise pas que la spiritualité peut réellement nous sortir de notre souffrance physique et morale et nous donner accès à la joie imperturbable.
  Dans notre recherche permanente du bonheur, on prend le plus souvent des moyens qui s'y opposent, en toute inconscience. Pourquoi? C'est que les choses les plus simples sont le plus difficile à comprendre et à intégrer pour un cerveau complexifié. S'il fallait qu'on réalise ne serait-ce qu'un instant jusqu'à quel point la spiritualité peut nous aider, on y investirait sûrement plus de temps et d'énergie.
  La spiritualité n'est pas religion. La revue "3º Millénaire" est un bel exemple de spiritualité libre et ouverte. Elle nous présente des gens de toutes origines, de parcours très différents et qui pourtant nous orientent tous dans la même direction.
  Signe que les gens portent peu d'intérêt à la spiritualité, cette superbe revue était en difficulté financière en 2008.
La réalisation repose sur un corps et un mental sain.
  La réalisation ne passe pas seulement par une recherche et une évolution spirituelle. Elle repose d'abord sur un corps en santé et une psychologie ou personnalité équilibrée. On a parfois tendance à négliger les niveaux corporels et psychologiques dans notre cheminement spirituel. Il a pourtant fallu des millénaires d'évolution sur cette planète pour permettre l'avènement de ces merveilles que sont nos corps physiques et nos personnalités. Ils sont la cime de l'évolution sur terre. Mais plus la cime est haute et plus la base doit être forte.
  Sans un corps sain vivant dans un environnement sain et un mental bien ancré dans ce corps, la spiritualité ne pourra survenir à large échelle. C'est une évidence qu'on ne pourra faire rayonner son esprit et vraiment aider les autres si on n'a pas la santé ou qu'on est mort prématurément.
  Pourtant, bien des écoles spirituelles prêchent l'abnégation physique et la mort de l'ego, soit de la personnalité. Et elles n'ont pas tort et c'est là un paradoxe qui veut que le corps et le mental ne soient d'aucune aide pour accéder à la réalisation et qu'ils peuvent même constituer un empêchement. La preuve en est qu'on est le plus souvent touché par l'esprit seulement lorsqu'on est très malade, à bout de ressources, alors qu'il nous reste que très peu de temps à vivre et que la mort nous appelle.
  Il n'en demeure pas mois que même si le corps et l'esprit ne sont d'aucune aide pour notre réalisation, ils en sont les assises, la fondation. Il nous faut donc réapprendre à vivre en relation avec notre corps et notre mental pensant, soit les observer sans cesse de façon détachée pour apprendre à mieux connaître leurs rouages. Il ne s'agit plus de vouloir les contrôler, les dresser, mais simplement de les regarder avec amour et compréhension.

Pour l'instant, l'impact de l'esprit sur notre planète demeure faible ; la conscience et la lucidité ne sont le fait que de quelques hommes (dont la plupart sont méconnus). Toutefois, le prochain siècle sera celui de la descente et de l'implantation de l'esprit sur une large échelle. Un homme nouveau naîtra, représentant un saut évolutif aussi important que celui survenu lors du passage du singe vers l'homme. Avec cette évolution, le mental ne sera plus ce dictateur qui nous contrôle et nous fait souffrir. Il y aura une nouvelle conscience le surplombant. Il y aura enfin un vrai capitaine sur le navire, le corps et le mental ne seront plus laissés à eux-même.
 L'Intelligence sera alors à l'oeuvre et sa force sera incommensurable. Et nous serons surpris de découvrir que nos vies actuelles, même pour ceux qui se disent heureux, ne sont que petitesses et misères.