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Mes textes 2004
Métaphysique et philosophie
La pierre philosophale
En défrichant mon sentier sur le bord de la rivière, dans un secteur abrupt et difficile, je me suis heurté à une grosse pierre. Elle s'est placé en plein milieu de mon tracé et m'a bloqué le chemin. Bien déterminé à suivre mes plans, j'ai fait des pieds et des mains pour la tasser, j'ai même sorti mes gros outils, ma colère aussi, mais rien à faire, elle s'est imposé. Pourtant tout allait si bien jusque là ! Elle est venu en trouble fête me contrarier et me frustrer.
Cette pierre maudite voulait me parler, à moi qui ne voulait rien entendre et ne voulait qu'aller droit son chemin sans se faire déranger. Mais compte tenu de son poids, je n'avais d'autre choix que de la considérer. Je l'ai d'abord écouté distraitement, avec mauvaise humeur, puis m'adoucissant un peu avec le temps, j'ai finalement entendu tant bien que mal son message, à savoir:

-Qu'il nous faut parfois accepter de contourner un obstacle, avec intelligence et imagination, plutôt que de s'épuiser à vouloir le vaincre à tout prix. Si on l'accepte, cet obstacle devient un atout qui met de la couleur, du relief et de la vie sur sa route.
-Qu'il nous faut accepter la réalité telle qu'elle se présente. Remercions le Seigneur quand tout ne marche pas comme on veut, car c'est justement là que la vie peut devenir intéressante.
-Que ce qu'on juge comme un obstacle dans sa vie n'en est pas un en fait, c'est plutôt une occasion pour nous de sortir de notre isolement ou individualisme pour rejoindre un temps soit peu le mouvement de vie universel qui est en soi et les autres.
-Que la richesse, le confort, la sécurité et même la santé ne font pas partie des valeurs procurant la joie de vivre. La crainte de les perdre ne doit pas faire obstacle à notre démarche évolutive.
-Que tout est égal, que tout m'est égal. Ce qui est en haut est de même nature que ce qui est en bas et vice versa. Les événements ne sont ni bons ni mauvais en soi, ce ne sont que des occasions d'apprentissage. Remercions le Seigneur de nous les faire vivre, remercions aussi les acteurs sur la scène de notre vie pour les rôles de bons ou mauvais qu'ils doivent jouer pour soutenir notre évolution.

Avec le recul, je vois bien que cette pierre m'a finalement forcé à réaliser une des plus belles courbes de mon sentier et que cette pierre maudite s'est transmutée en pierre précieuse, tout comme en alchimie le vil métal se transformant en or.
C'est avec joie que je la croise maintenant sur mon sentier, fier de ce qu'elle m'a permis de réaliser, content de m'arrêter pour m'y reposer ou lui demander conseil car elle sait me rappeler la vraie nature des choses.
'Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes'

C'était mon dicton quand je faisais mon cours classique. C'était ma façon de dédramatiser et de faire face positivement à la réalité, en me disant que toute chose avait sa place et arrivait pour le mieux.
Mais avec le temps, j'ai oublié cette maxime, me laissant submerger par les soucis, préoccupations, obligations et idées négatives.
Qu'est ce qu'on attend pour être heureux? Si j'attends d'être évolués et bien dans ma peau, ou que les êtres qui m'entourent et la planète se portent bien, aussi bien en faire mon deuil.
Le bonheur, maintenant, avec mes imperfections, est-ce possible ? Est-il possible par exemple d'être déprimé et d'être heureux ? D'être malade, pauvre, compulsif, dépendant ou autre et d'être heureux ?
Oui, parfaitement ! La réponse a de quoi surprendre, surtout pour l'ego qui aspire à tant de choses dans le futur pour se sécuriser et assurer enfin son bonheur. Mais ce sont précisément ces aspirations que m'empêchent d'être heureux dans le présent.
La bonne nouvelle, c'est que le bonheur est déjà en soi, en cet instant, peu importe mes conditions de vie. Il ne se manifeste pas parce que l'ego lui fait ombrage. Le bonheur se trouve précisément là où je suis maintenant, sous mes pas, dans mes chaussures, pas ailleurs.
Le bonheur est dans le cheminement et non dans l'atteinte d'un but, ce qui fait qu'un être qui part de loin a peut-être même un plus grand potentiel de bonheur devant lui. Tout le plaisir est de s'accepter avec humour, de s'amuser à s'observer, à observer toutes les forces obscures qui nous manipulent et font de nous ce que nous sommes. Juste les observer et comprendre leurs modes d'action les désarçonnent.
Il n'y a rien à changer à notre réalité, il n'y a rien à ajouter pour être heureux... aussi, relaxons-nous, calmons-nous, respirons. Il y a plutôt à se délester de tout ce qui est en trop, à lâcher prise et à s'émerveiller de ce qui se passe en nous et hors de nous.

Le doute

Le doute me paralyse et m'empêche d'avancer. Trop souvent, le doute me donne envie de renoncer ou même de détruire ce que j'ai entrepris.
Je me souviens étant jeune de mon cousin André. Il était d'une grande habileté et construisait de très beaux camions en bois. On était impressionné par son habileté et on l'enviait tous beaucoup. Par contre, lui, ne trouvait jamais ses camions assez beaux et les démolissait peu après à la hache. Il ne voulait même pas nous les donner, les trouvant trop imparfaits. Il n'avait pas foi en son talent, possédé qu'il était par le doute et par son oeuvre destructrice.
Et si on regarde dans nos propres vies, on se rendra vite compte jusqu'à quel point le doute s'insère négativement dans tous les aspects de nos vies et nous limite au plus petit dénominateur commun. On est des lions, mais on en doute tellement qu'on en devient des moutons.
Le doute m'aiguillonne et me permet d'avancer. Le doute, s'il ne me décourage pas ou ne m'éteint pas, m'incitera par ailleurs à me remettre en question, à vouloir faire plus et mieux, tout comme mon cousin qui voulait construire des camions toujours de plus en plus beaux.
Le doute est ce qui nous empêche de nous maintenir dans nos pensées toutes faites, d'arriver avec nos grosses certitudes, d'être celui qui sait, qui a trouvé ou encore qui a réponse à tout. Le doute est ce qui nous permet de rester ouvert et à l'écoute, de continuer à se poser des questions, à chercher et à apprendre.
Le doute et la foi sont deux formes paradoxales et complémentaires de la sagesse.

Parler ou se taire, quelle importance ?

Parler est important, mais on pourrait tout aussi bien choisir de se taire, vu qu'on peut très souvent affirmer le contraire de ce qu'on vient de dire et ce, avec tout autant de justesse.
Parler surtout pour soi car ce qui vaut pour soi peut très bien ne pas correspondre à la réalité de l'autre.
Et si je parle parce que je me pense bon ou pense savoir la vérité et pouvoir l'enseigner, mieux vaut me taire.
Se taire pour ne pas risquer d'ajouter aux nombreux stéréotypes ou croyances que nous avons tous déjà en nous.
Parler surtout pour aiguiser notre sens critique, pour dénoncer nos préjugés et principes, pour ébranler les fondations de nos belles connaissances et faire tomber toutes les inepties inculquées par notre éducation et notre culture. Contentons nous de nous libérer de tout ce qui sonne faux pour laisser fleurir la réalité dans le nouveau, l'imprévu et l'émerveillement.
Nous avons bien plus à désapprendre qu'à apprendre.
Parler pour entrer en contact avec les autres, pour s'en rapprocher. Se taire pour les écouter, pour leur faire de la place.
Faire silence.. pour écouter ce qui se passe en soi et autour de soi.

L'ordre et le chaos (2)

À chaque jour, il me faut recommencer ma vie à neuf. Rien n'est jamais acquis. Ce que j'avais construit hier pour me sécuriser, les balises que j'avais plantées pour me guider, la morale que je m'étais établie, les résolutions que j'avais prises, les guides spirituels que j'avais adoptés, tout cela est dépassé et ne me sert plus à rien. Était-ce perte de temps? Est-ce une perte de temps que de déjeuner ou de se refaire une tête chaque matin. C'est une nécessité de la vie que de faire à chaque jour ce qui dois être fait pour assurer sa continuité, autant physique que spirituelle, du moins si on le désire.
Je veux saisir la réalité, l'appréhender, la fixer, lui donner un certain statut de permanence, mais la réalité est par essence impermanence, pure changement, vent qui emporte tout sur son passage. Elle se fait un malin plaisir de tout jeter par terre pour m'obliger chaque jour à rebâtir ma vie, à refaire ma vie et à lui redonner un sens.
J'ai l'impression de faire deux pas en avant, pour le lendemain faire deux pas en arrière, ou encore de tourner en rond. Ce que j'ai construit de bien, le mal se charge le lendemain de le défaire. Toujours le chaos me rappelle que tout est éphémère et que malgré tous mes efforts pour me sécuriser, me protéger, équilibrer ma vie, me stabiliser dans un chemin, tout cela n'est que pure vent et que demain la mort m'attend, comme toute réalité formelle.
Ce que j'ai affirmé hier, pensant avoir compris ou saisi une infime parcelle de réalité, aujourd'hui je serais prêt à l'effacer, trouvant cela incomplet, ou puéril, sinon carrément erroné. La réalité s'est chargé une fois de plus de me défaire de mes illusions.
C'est bien triste pour mon ego qui ne voit que son nombril et aime tout contrôler, mais cela est rire et source de joie pour la vie qui foisonne dans les prés.

L'homme, l'incréé
L'homme existe à un certain niveau primaire, c'est évident car on peut le voir et le toucher. Mais il est encore à mille lieux de son potentiel divin. Bien que tout les éléments de sa divinité soient déjà présents, ils ne se manifestent que très peu pour l'instant.
L'homme n'a pas été créé par dieu à son image. L'homme est dieu, l'incréé, l'indéfini, celui qui est cause de soi. Il est d'un potentiel illimité et infini. Il transcende tout ce qui existe dans la manifestation. Il n'a pas de destin, de mission prédéfinie. L'homme est libre et en voie de se créer lui même, en fonction de ce qu'il voudra bien devenir. Il pourra soit se détruire, et on pourrait croire qu'il est bien parti pour le faire, ou soit changer radicalement pour évoluer vers sa divinité.
De gros chambardements sont d'ailleurs prévisibles, la planète ne pouvant supporter encore longtemps les torts qu'on lui cause. Il est probable que ce ne soit qu'après un cataclysme majeur, où des civilisations seront détruites et où mourront des millions d'hommes, qu'une poignées de survivants, ébranlés et conscientisés, décideront de se reprendre en main pour alors vraiment réaliser leur potentiel divin.
Un progrès très rapide de la conscience est aussi possible, il est d'ailleurs déjà entrepris par un petit nombre, mais pourra-t-il se généraliser à temps ?
Satan n'est pas une divinité en soi, ce n'est qu'une création de Dieu ou de l'homme lui-même pour l'aider dans son évolution. Même si les forces du mal gagnent de grandes batailles, comme on le voit présentement, toujours les forces de la vie sont appelés, en dernier recours, à l'emporter sur les forces du mal et de la mort. L'homme, de par sa divinité, n'est pas un phénomène passager. Malgré les grandes difficultés qui l'attendent sur son parcours évolutif, il est appel vers l'éternité.
La loi
Si on suit un peu l'actualité, on se rend vite compte des limites d'une loi fondé presque uniquement sur l'épée de la peur.
La loi, nécessaire protection dans un monde inconscient, ne sera plus utile dans un monde évolué et conscient. L'homme saura se diriger par sa propre lumière, en toute liberté, et n'aura plus besoin de la loi pour lui dire quoi faire ou ne pas faire, pour lui imposer le bien ou lui interdire le mal.
Il n'y aura plus les bourgeois bien pensant et les hors-la-loi. Il y aura seulement des êtres humains, dont parfois certains seront en difficultés et qu'on soutiendra par notre compréhension, notre aide et notre amour.
On aura tout au plus besoin de quelques règles pour faciliter notre vie sociale et nos échanges commerciaux.
Le lâcher prise

Je me sens prisonnier de ma petite vie et rêve d'une vie meilleure, d'une vie où je pourrais me défaire de toutes ces souffrances inutiles. Je voudrais un bonheur qui soit plus solide, un état de paix et de joie plus stable, qui ne se laisserait pas charrier par mes pensées, mes désirs et mes peurs. Je voudrais vivre dans ma force, à la limite me réaliser, atteindre la sagesse ou l'éveil, peu importe le terme utilisé.
L'éveil est-elle une réalité accessible, ou n'est-elle qu'un rêve utopique ou une illusion ? Percevoir l'éveil comme possible et réel comporte tout un défi, sinon beaucoup de naïveté, vu que, pour la plupart, nous n'avons jamais rencontré un sage en chair et en os. Toutefois, l'enjeu est de taille et suscite espoir et convoitise, car juste le fait d'y tendre et de s'en approcher pourrait déjà se traduire par une nette amélioration de nos conditions de vie.
De toute évidence, au niveau d'évolution actuel, l'état d'éveil est extrêmement rare et semble très difficile à obtenir. Cependant, l'évolution future devrait générer plus de spiritualité et de sagesse sur terre.
La preuve de l'existence possible de l'état d'éveil existe déjà en chacun de nous. En effet, si j'étudie mon passé, je découvrirai que j'ai déjà expérimenté l'état d'éveil et qu'il existe en moi à un état embryonnaire. Si je fouille mon passé, je retrouverai de rares et courts instants où je me suis senti dans une énergie, une lucidité, une présence et un bien-être tellement intenses qu'ils se sont imprégnés profondément dans ma mémoire. Serait-il possible de recréer des conditions dans ma vie qui favoriserait à nouveau son émergence ? Je serais porté à croire que oui, surtout si on a les dispositions intellectuelles et spirituelles requises et que l'on a la chance de rencontrer un enseignement approprié.
Mais par où commencer ? Je constate que tous les efforts déployés à ce jour pour me réaliser m'ont plutôt conduit à un résultat contraire. Comme dit le dicton: "Qui veut faire l'ange fait le singe". Aussi, je commencerai par me demander ce qu'il faut surtout ne pas faire.
Je sais d'expérience que la volonté est inefficace, qu'elle ne fait qu'opposer une partie de moi à une autre partie de moi, créant encore plus de tension, de lutte et de confusion intérieure. Je l'ai déjà tenté mille fois, pour mille échecs, et autant de coups portés contre l'estime de moi. J'ai épuisé tous mes recours et ressources sans résultat probant.
Je sais aussi que je ne pourrai atteindre l'éveil sans une grande lucidité, et que cette lucidité s'enracine généralement dans une grande force mentale et une forte énergie.
Or, je constate que suis précisément sans force, à bout de souffle la plupart du temps, et ce depuis presque toujours. Ce n'est donc pas une question d'âge, je me sentais ainsi à 20 ans.
Je vis selon le principe de l'alternance. Lorsque je me sens très fatigué, un mécanisme de survie se met en branle pour me permettre de récupérer et de me refaire minimalement une santé. Mais dès que je recommence à me sentir un peu mieux, le désir embraye à nouveau et m'active jusqu'à ce que le peu d'énergie accumulé soit épuisé. Comme un pile qui dès qu'elle est un peu rechargée, est remise en service pour se vider à nouveau de toute son énergie. En fait, je ne sais trop comment gérer cette énergie qui me brûle les veines en quelques sortes, je ne sais trop quoi faire avec. Aussi je me sens comme forcé de la dépenser en buvant trop, mangeant trop, en travaillant trop ou autrement; je semble prêt à tout faire pour tuer cette énergie que je ne sais gérer et pour, à mon insu, me ramener au plancher. Tout se passe comme si, inconsciemment, je me sentais incapable ou indigne de m'élever.
Plutôt que de sans cesse flamber toute mon énergie, le défi consiste donc à réussir à engranger un peu de cette énergie, énergie qui deviendrait alors disponible pour ma réalisation.
Mais comment éviter la dispersion de mon énergie ? Mon réflexe habituel est de forcer pour me discipliner en vue de faire le bien et d'éviter le mal, de vouloir tout contrôler pour finalement glisser et tout échapper. Mais c'est d'une démarche inverse dont j'ai plutôt besoin. Au lieu de chercher seulement les choses que je juge bonnes et que j'aime tout en voulant m'interdire ou rejeter celles que je juge mauvaises ou désagréables, je vais maintenant tout m'autoriser, tout accueillir sur le même pied, sans chercher autre chose que ce qui est. Au lieu de me concentrer, je me déconcentre, je m'ouvre et permet à tout ce qui se présente en moi ou hors de moi d'être et d'exister, sans rien privilégier. En fait, cela correspond au "lâcher prise" dont en entend souvent parler. Je cesse de lutter, je ne mords plus à rien de particulier, mais me nourris de tout se qui se présente, sans désir et sans attente. En conséquence, les pensées et les émotions perdent de leur emprise sur moi et de moins en moins de choses me troublent, me dérangent ou me charrient de gauche à droite. Je me rends compte que lorsque tout est autorisé, paradoxalement, rien ne se présente ou presque, les choses ayant perdu de leur valeur et importance relative. Il se passe moins de choses en moi, je me gaspille moins, je me calme progressivement et mon énergie commence à s'engranger. Ma force s'accroît progressivement et pourra éventuellement se manifester dans mon action.
Toutefois, si je désire m'imposer le lâcher prise par la force de ma volonté, je n'y parviendrai pas. Il me faut plutôt m'inviter à le faire, dans le plus grand respect de tout mon être. Il me faut tenir compte de mes dispositions mentales, émotives et physiques au moment où je me propose de lâcher prise et attendre qu'elles soient favorables pour m'y exercer. Il s'agit de faire mon éducation en quelque sorte et de visualiser les avantages du lâcher prise afin d'en venir à le désirer de tout coeur.
La seule discipline possible consiste seulement à me rappeler l'importance du lâcher prise et de me le proposer le plus souvent possible, avec patience et compréhension.

La force du regard

Et si le regard des autres avait le pouvoir de me créer ou de me détruire, et que mon propre regard avait autant d'impact sur les autres !
Malgré ma prétention à ne pas vouloir être affecté par ce qui est extérieur à mon être, je ne suis pas différent des autres êtres ou formes existants. Sur la terre et dans la nature, tout est en interdépendance et tout s'interpénètre. La nature me crée à chaque instant et je la crée ou la détruit par mon regard, ma perception et mon action. Tous les êtres ne cessent de s'influencer et de se créer réciproquement.
De même dans mon enfance, le regard de mes parents ou des personnes significatives pour moi m'ont créé et ont fait de moi ce que je suis. Mes caractéristiques et qualités ont d'abord été perçues par les autres, et c'est seulement grâce à leur regard qui j'ai pu les reconnaître à mon tour et les actualiser.
Le regard qu'on reçoit comme celui que l'on porte est d'un force et d'une importance capitale, beaucoup plus qu'on ne se l'imagine couramment. Un mot, un regard peuvent construire ou détruire bien plus qu'on ne le pense.
On pressent d'ailleurs inconsciemment le pouvoir constructeur ou destructeur de notre regard et on s'en sert allègrement, trop souvent pour faire mal ou se venger, dans le couple, au bureau ou ailleurs. La vision qu'on a de quelqu'un est un puissant agent de construction ou de destruction.
On peut toujours s'illusionner et se dire qu'on se fout de l'opinion ou du regard que les autres portent sur soi, mais la réalité est que ce regard nous affecte qu'on le veuille ou non, qu'on en soit conscient ou non. Si on a déjà une bonne réserve de confiance en soi, on pourra tolérer plus longtemps les regards négatifs, surtout s'ils sont compensés par les regards positifs de gens qui nous aiment. Mais pour une personne démunie et privée d'amour, un seul regard négatif pourrait détruire tout ce qu'il lui reste d'amour propre, ou au contraire, s'il est positif, la sauver de la mort. Par exemple, un regard empreint de confiance et d'amour peut faire toute la différence pour une personne en difficultés et lui donner l'impulsion dont elle a besoin pour se remettre sur les rails. C'est là tout le pouvoir de l'amour et de la haine.
Seul, on n'est rien. On est et existe seulement par et avec les autres. Et les autres ont beaucoup plus de pouvoir sur nous qu'on ne le voudrait.

L'acte de créer vs l'objet créé

C'est ce que je suis en train de faire maintenant qui importe et non ce qui en résultera. C'est mon travail en tant que tel qui compte et ce qu'il m'apprend et non pas le fruit de mon travail.
Cette idée me vient à l'esprit lorsque je regarde en arrière pour voir mes réalisations passées. Je me rends bien compte que toutes les réalisations pour lesquelles je me suis morfondu dans le passé n'ont maintenant plus aucune importance pour moi. Partant de là, je me dis que toutes celles pour lesquelles je me morfonds maintenant n'auront aussi plus d'importance demain. Alors, pourquoi me prendre au sérieux, m'en faire, tant forcer et tant désirer ?
Par exemple, en début de carrière, je m'étais construit une belle maison sur un grand domaine au Sagnenay. Je le faisais avec énormément d'ardeur, avec l'impression que j'y vivrais toute ma vie. Pourtant, quelques années plus tard, je vendais cette propriété pour tout recommencer ailleurs. Et je pourrais citer nombres d'exemples de ce genre.
En général, quand je fais quelque chose, je suis peu présent à ce que je fais, ce qui importe étant d'en finir, de voir le résultat, de me satisfaire ou de faire plaisir ou d'impressionner quelqu'un d'autre. Je ne vois pas que j'oublierai très rapidement cette réalisation, et que les autres, pour qui je travaille le cas échéant, l'oublieront encore dix fois plus vite.
Ce qu'on fait, du moins le résultat recherché, n'a pas toute l'importance qu'on pense et rien ne sert de trop en faire et de s'user prématurément. Rien ne presse, peu importe car tout sera oublié ou recouvert de poussière sous peu.
Toutefois, le paradoxe est que rien n'a aussi plus d'importance que ce qu'on est en train de faire. Il faut donc y accorder toute son attention, toute son énergie et s'y appliquer consciencieusement. Rien d'autre n'existe que le moment présent, le passé est déjà oublié et le futur n'existe que dans notre imagination.
Lorsqu'on réalise un travail, il faut donc rester tout aussi présent à notre corps et à soi qu'au travail lui-même. Il faut s'observer, ne pas s'oublier soi-même, sentir son corps, voir ses motivations, voir le plaisir qu'on en tire et voir si cela sert bien sa vie et celle des autres. Ainsi, on risque moins de se laisser emporter par l'orgueil ou le sentiment d'urgence.
La réflexion qui précède nous indique qu'il ne faut pas s'oublier et se perdre dans l'action. Toutefois, une vérité complémentaire nous rappelle qu'il faut aussi savoir se perdre et s'oublier. C'est souvent quand on se perd qu'on trouve.
Un facette de la réalité nous indique que ce n'est pas tant l'objet de la création qui importe que l'acte de création comme tel. Toutefois, une vérité complémentaire nous rappelle qu'il faut aussi savoir aller jusqu'au bout de ce qu'on entreprend.

Être cause de soi ?
Sommes-nous des êtres libres, c'est-à-dire des êtres de libre arbitre, ayant la capacité d'être cause de soi, ou ne sommes-nous que des êtres programmés?
Si je m'observe objectivement, je constate que je n'ai pas grande emprise sur ma vie. Le changement se fait tout seul en moi, sinon malgré moi, suite à des relations ou à des événements qui se présentent sur mon chemin, ou tout simplement quand le temps a fait son œuvre et que mes vieux schémas, à force de servir, finissent par s'user et mourir par eux-mêmes, ou encore suite à la souffrance, à la maladie ou au vieillissement. C'est ma situation de fait actuelle. Il m'apparaît donc que je suis pour l'instant un être essentiellement programmés, comme la plupart des gens.
Par ailleurs, les sages de ce monde ne nous font-ils pas la démonstration qu'il est possible de se libérer de ses programmations et d'accéder à la liberté ? S'ils ont réussi, pourquoi pas nous ? Et quel chemin ont-ils empruntés ?
Lorsque j'étudie le cheminement des sages, j'en viens toutefois à me demander s'il se pourrait que la sagesse ait germé en eux en raison du fait que les conditions propices à son enracinement y étaient déjà présentes ? Je pense à des conditions pouvant par exemple être liées à des traits de caractère, à la famille, à l'éducation, à l'environnement, à la société, à des événements impromptus, au hasard même ou autres conditions hors du contrôle de ces derniers. En d'autres termes, le sage pourrait-il être devenu sage bien malgré lui, la sagesse s'étant implanté en lui sans qu'il n'y soit pour rien personnellement, simplement parce que le milieu était propice ?
Dans de telles circonstances, le sage ne serait pas cause de sa propre sagesse, aussi ne pourrait-il connaître le chemin de la sagesse et nous l'enseigner. Il ne pourrait que connaître son histoire personnelle, laquelle par son essence n'est ni imitable ni reproductible. Et s'il en était ainsi, ce serait un dur choc pour l'enseignement du sage qui s'en trouverait en grande partie invalidé.
Je ne remets pas ici en cause la sagesse elle-même, qui est un fait réel en soi, mais plutôt notre perception du chemin à emprunter pour y accéder.
Maître Eckhart Tolle raconte lui-même dans un de ses livres comment sa vie s'est totalement transformée en une seule nuit, frappé soudainement par une intense révélation. La vie de Hubert Benoît s'est aussi radicalement transformée suite à un grave accident; cloué au lit, il est devenu un grand sage d'inspiration zen. Si Krisnamurti n'était pas né en Inde, dans un milieu d'intense questionnement spirituel, et n'avait pas été éduqué en vue de devenir un prince spirituel, il ne serait pas devenu Krisnamurti. Dans chaque cas, il y eu plusieurs conditions préalables favorables à l'avènement de la sagesse, conditions ne dépendant aucunement des personnes concernées.
La sagesse n'a donc absolument rien à voir avec l'ego, la volonté, le désir ou les résolutions. Elle ne dépend pas de nous. Si les conditions sont présentes, si le sol est fertile, elle pourra germer et croître, sinon, notre vie se poursuivra dans l'inconscience habituelle.
L'important devient donc de discerner les conditions qui sont favorables à l'esprit et de leur faire de la place dans sa vie. Et les conditions qui favorisent l'esprit sont les mêmes que celles qui favorisent la vie, car l'esprit n'est qu'une forme de vie plus subtile. Je reviendrai plus tard sur ce sujet afin de se rappeler les conditions qui favorisent la vie, conditions déjà assez bien connues même si de pratique limité.
Présentement, il y a beaucoup de semences spirituelles dans l'air provenant de sources de plus en plus nombreuses. Des graines de spiritualité sont déjà certainement présentes en nous, mais, sauf pour quelques exceptions, elle sont à un état dormant ou latent. Elles sont même déjà présente chez les enfants, et leurs questions existentielles si désarmantes en font foi. Cependant, le milieu se prête guère pour l'instant à l'enracinement et à au développement de notre spiritualité.
Tout comme on ne peut faire pousser une plante en tirant dessus, on ne peut donc faire naître et faire croître l'esprit en soi. Et tout comme on peut favoriser l'implantation et la croissance d'une plante en lui fournissant les conditions qui lui sont favorables, on peut faire de même avec l'esprit. On ne peut que préparer le terrain, sans but, sans désir et sans attente. Et si Dieu le veut, l'esprit pourra un jour se manifester et se développer naturellement en soi et autour de soi.
Dans l'histoire du temps, il y a eu l'avènement de la matière, puis de la vie, puis plus tard de l'intelligence. Le dernier et plus récent saut évolutif fut celui de l'esprit.
Si les siècles passés furent surtout voués à la vie et à l'intelligence, le siècle à venir sera celui du rayonnement de l'esprit.
Et lorsque l'esprit se sera implanté et développé à large échelle, rien n'exclut qu'advienne alors un autre saut évolutif encore inimaginable pour l'homme d'aujourd'hui.
Pourquoi j'écris
J'écris d'abord pour moi-même, pour prendre le temps de me pencher sur la réalité et mieux l'appréhender. Et si je juge l'arbre à ses fruits, je sais que le fait d'écrire m'aide.
J'écris pour être lu. C'est un genre de travail, comme ma participation à l'évolution de la communauté des hommes; cela m'aide à me sentir partie prenante à la grande aventure humaine. Écrire, c'est une façon d'échanger ou de partager mon énergie spirituelle.
Je cherche aussi à être utile et pense naïvement pouvoir l'être, sinon je ne le ferais pas.
J'écris également parce que différentes circonstances m'y obligent et que je ne peux faire autrement. Bientôt les circonstances seront différentes et mes activités s'orienteront aussi différemment.
Vivre des expériences

Dans sa jeunesse, on a besoin de vivre des expériences, de bouger, de voyager, de faire des choses pour apprendre à se connaître, à connaître les autres, le monde et son environnement. On s'expérimente et on expérimente. Il doit se passer quelque chose dans notre vie, il nous faut du matériel à expérimenter car nous avons un grand besoin d'apprendre. C'est bien naturel.
Mais en prenant de l'âge, ce besoin diminue progressivement. Le désir d'une expérience nous vient-il encore à l'esprit qu'on s'entend répondre: "À quoi bon!" vu qu'on en connaît déjà les résultats probables. On entre alors lentement dans le non faire. On a de moins en moins besoin qu'il se passe quelque chose de particulier dans notre vie. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne bouge plus, qu'on ne fait plus rien. Tout au contraire, la force de notre action s'en trouve même amplifiée. Mais on provoque de moins en moins de choses. On a de moins en moins le goût de lancer des cailloux sur la surface du lac pour faire des vagues. On se contente d'observer ce qui se passe sur le lac et si besoin de faire face au vent quand il se présente. On a de moins en moins besoin de se prouver, de prouver et d'éprouver.
Et viendra peut-être un jour où il ne se passera pratiquement plus rien dans ma vie, et ce jour ne sera pas le jour de ma mort mais plutôt le commencement de la vie. Il ne se passera plus rien dans le sens égoïste du terme, mon ego n'étant plus là pour ainsi dire. Plus de vagues. Plus d'accumulation de karma. Plus de pollution. Plus de gaspillage énergétique. Ce sera calme parfait, retour à l'informel. Je me coulerai alors naturellement dans la vie, en ferai partie. Comme une goutte d'eau qui se contente de suivre le cours de la rivière sans forcer pour se démarquer, se faire remarquer. Et paradoxalement, se manifestera alors une énergie que plus rien ne pourra troubler et qui n'aura rien à voir avec les pauvres limites imposées par mon ego. Une énergie qui n'aura rien de personnel et qui se transformera spontanément et instantanément en action totale.

Le mot 'métaphysique'

En cherchant des sites web traitant de métaphysique, je constate que ce terme est utilisé à toutes les sauces, souvent pour impressionner la galerie, faire de la promotion ou vendre un service.
Moi de même, je l'utilise à ma propre sauce. Mais le mot en soi n'a pas d'importance, ce qui importe c'est la réalité qu'on tente de désigner en l'utilisant.
Le préfixe "méta" signifie ce qui englobe, ce qui chapeaute, ce qui est au dessus de, ce qui est au-delà du physique. J'utilise ce terme parce que je tente de voir au-delà des apparences, de voir la réalité qui se cache sous une perception le plus souvent fragmentaire et déformée.
Je parle sur ce site web tout autant de philosophie ou de psychologie, mais le terme métaphysique m'apparaît plus englobant, plus général, moins limitant.
Mon site se nomme "metajardin" parce que je parle du jardinage comme tel, mais tout autant, et sinon plus, de tout ce que j'apprends au contact de mon jardin et de la nature.
Ce n'est jamais au fond ce qu'on fait qui a de l'importance, mais ce qu'on apprend en le faisant.

Mouvement vs rigidité
Observez un corps vivant. Il est mouvement, changement, souplesse et chaleur.
Observez un corps mort. Il est immobilité, rigidité et froideur.
Les caractéristiques qui précèdent, lesquelles correspondent à l'état de vie ou de mort, peuvent s'appliquer tout aussi bien à nos attitudes intellectuelles et spirituelles.
Un os pour se faire les dents

J'ai constamment besoin d'un os pour me faire les dents, quand je ne mords pas dans la métaphysique, je me laisse prendre par l'horticulture, ou par une quelconque autre activité. Ou je me laisse emporter par le rêve et le désir, ou m'invente des mélodrames.
C'est quasi impossible de rester au neutre à ne rien faire, juste quelques minutes pour voir, pour goûter un peu à l'oisiveté, à la liberté, à la vie qui coule dans mes veines, à l'inconnu. Simplement rester dans le présent, plutôt qu'être dans les projets ou les regrets.
L'ego veut tellement toujours plus qu'il ne ne me laisse pas une minute pour respirer. Mes journées sont remplies à 100%.
Je regarde ma grande épinette. Elle ne s'énerve pas les aiguilles des branches pour rien, elle profite du soleil à 100% et se contente de faire face au vent quand il y en a, sans en rajouter. Elle ne sent pas le besoin de s'inventer du vent pour se sentir vibrer.

Le plaisir

Que représente le plaisir dans ma vie, au delà de ce que je connais sur le sujet?
Le plaisir est un moteur de mon organisme vivant. C'est un pilier de la passion, du bonheur et de la joie de vivre. C'est le carburant qui me maintient en vie, me motive et soutien ma création. Le plaisir me donne de l'énergie et la fait circuler en moi. Il me détend et me régénère. Le plaisir est d'une importance capitale pour mon équilibre.
En cet instant, si par exemple je n'éprouverais pas de plaisir à écrire ce texte, je ne le ferais pas.
Avoir du plaisir, avoir du 'fun', partir en vacances, s'éclater, rire, rien de meilleur pour le moral et l'organisme. Le plaisir nous allège de bien des fardeaux et peut même nous guérir. Il vient faire contrepoids au sens du devoir, à la volonté, à la vertu et finalement à l'ego. Il nous donne un peu d'air frais dans une vie trop souvent axée essentiellement sur le travail et les responsabilités.
Ce qui surprend, c'est que le plaisir, source évidente de bien-être, puisse aussi être généralement reconnu comme source de mal-être. Pourquoi?
- On peut souffrir de déficience du plaisir. On ne s'amuse pas autant que l'on pense dans notre monde pourtant axé sur le plaisir. On n'a pas appris et on ne sait pas s'amuser. On s'amuse trop peu, trop emporté par l'ambition, le travail et les devoirs à faire.
- Ou peut aussi ressentir de la culpabilité lié au plaisir, résultante de la culture catholique janséniste de notre enfance. Mais quand la pression ou l'urgent besoin de plaisir fait éclater la vertu, alors on ne sait plus se limiter et c'est le débordement. La déficience mène à l'excès.
- On peut aussi être trop stressé pour vraiment goûter aux plaisirs de la vie. Rien de pire que le stress, la peur ou l'angoisse peut nous aveugler ou nous couper de tout plaisir de vivre.
- On souffre assez généralement de nos excès dans le plaisir. Le plaisir, c'est tellement bon qu'on en a jamais assez. On en fait l'assise, le centre de sa vie, et on devient hédoniste ou épicurien. On l'utilise comme une drogue. On le convoite, l'exploite et en abuse. À la limite, on se rend malade et se détruit par excès. On mange trop, boit trop, joue trop, consomme trop, etc.
- Notre plaisir, nos fantasmes deviennent tellement importants qu'on est prêt à tout pour se les procurer. Seul notre plaisir personnel égoïste importe. Il devient plus important que le respect de soi, des autres et de l'environnement. On en perd sa sensibilité et son sens du discernement, on devient aveugle, on se durcit et on peut même tomber dans la violence psychologique ou physique. Dans sa phase extrême, on verse dans le fétichisme, le masochisme, le sadisme, la pédophilie ou autres déviations.
- Le plaisir peut prendre toute la place dans notre vie, accaparant tout notre argent, temps et énergies. On y investit tout ne laissant peu ou pas de place aux autres aspects de nos vies, soit à l'amour, aux relations, à la famille, aux responsabilités, au travail et autres. On y investit tout et on perd tout à la longue.
- On ne veut plus voir que l'aspect plaisant de la vie, soit ce qui est beau, bien ou bon, tout en se coupant de ce qui cause du déplaisir. Ainsi on perd pied, on perd contact avec la réalité. On s'isole, on crée un mur autour de soi. Or, on ne peut percevoir la réalité qu'avec l'Amour et l'amour véritable ne privilégie pas, ne choisit pas. Il accueille tout ce qui est sans désir et sans attente. Ainsi, en voulant fuir ce qui n'est pas plaisant, on se coupe de l'Amour, se sépare de la vie, s'illusionne et se prépare inconsciemment à souffrir.

Bien que l'excès dans le plaisir puisse contribuer à créer ou amplifier nos problèmes, le plaisir comme tel n'est jamais la source réelle de nos problèmes. Le fait d'abuser ou de pervertir le plaisir nous révèle plutôt que nous avons des problèmes, problèmes que nous cherchons à oublier ou à noyer dans le plaisir. Plutôt que de fuir ainsi, nous devrions y faire face, sinon notre vie risque fort de se briser un jour ou l'autre.
Le plaisir pour le plaisir ne mène jamais au bonheur et ne peut à lui seul donner un sens à notre vie. Le plaisir sain résulte plutôt d'une vie qui a du sens, d'une vie axée sur l'amour et non l'inverse. Et le plaisir issu de l'amour est bien plus grand et satisfaisant qu'on aurait pu l'imaginer. Aucune culpabilité ne l'accompagne. Au contraire, il nous valorise et souffle de la joie de vivre dans nos voiles.
La voie du juste milieu, c'est de savoir user de ce grand bien qu'est le plaisir sans se laisser abuser par lui.

Tout a déjà été dit ou écrit
Alors pourquoi se répéter ? Pourquoi dire la même chose ou presque en d'autres mots ? Est-ce une perte de temps ? Est-ce justifié ?
En fait, il ne s'agit pas vraiment d'une répétition, mais plutôt d'une vision complémentaire d'une même réalité. La réalité est d'une telle complexité, qu'elle ne peut être décrite dans sa totalité, même si nous devrions y travailler tous ensemble toute notre vie.
En observant et en décrivant la réalité selon mon point de vue personnel, je m'aide personnellement à mieux l'appréhender tout en contribuant à enrichir son portrait global. Chaque fois qu'une personne la regarde de son point de vue particulier, elle vient également enrichir le tableau, et toutes nos visions rassemblées finissent par tisser une trame ou une toile toujours plus précise et plus fiable de cette réalité.
Mais pour que l'apport soit valable, il doit nécessairement prendre racine dans son vécu personnel, dans ses tripes. On doit parler de soi, de ce qu'on vit. Sinon, c'est un simple exercice intellectuel désincarné ou du plagiat sans intérêt.
La justice
Plaçons-nous dans la peau d'un criminel. Savons-nous que si nous avions exactement le même bagage physique et psychologique que lui, nous serions alors exactement comme lui ? Cela saisit n'est-ce pas !
Ce criminel n'est que le simple fruit de la société, de son éducation déficiente, de ses relations manquées, de l'amour qu'il n'a pas reçu, de nos jugements, de notre dureté. Certains diront que c'est trop facile, que c'est un cliché. Mais c'est pourtant bien la réalité toute crue. C'est une évidence, ouvrons nos yeux. Et notre dureté continue à former des criminels à tous les jours.
Alors, comment les juger, comment faire leur procès, comment les haïr et ajouter encore de la haine au poids de haine qu'ils portent déjà ?
J'ai vu des êtres inconscients, profondément malheureux, désabusé, frustrés, mais je n'ai jamais rencontrés d'êtres consciemment méchants.
Sous la dure carapace que revêt le motard, pour faire son fort, pour se protéger, il y a un humain faible et rempli de peurs qui s'ignore. Un humain qu'on peut encore rejoindre par l'amour, pour la plupart.
Le meilleur moyen de lutter contre la criminalité est de s'observer et d'éliminer la haine de son propre cœur.
Ce qui ne veut pas dire ne pas se protéger au besoin contre l'inconscience et la brutalité. Mais la seule protection valable et durable à long terme demeure toujours et encore l'AMOUR.
Être chanceux ou malchanceux

On dira que certaines personnes sont nées sur une bonne étoile, sont de bonnes familles, ont de l'argent, sont beaux et en plus sont intelligents. Des chanceux qui ont tout, alors que d'autres, pauvres, malades et miséreux n'ont rien. Bien que ce tableau de la réalité puisse sembler vrai à première vue, il s'agit pourtant d'un faux. Il est dessiné par l'ego qui constamment juge, compare et évalue.
Mieux vaut être riche et en santé que pauvre et malade, dit le proverbe. C'est bien certain, et on vise tous une vie forte et de qualité. Mais la capacité d'être heureux n'est aucunement lié au fait d'être riche ou pauvre, en santé ou malade. D'ailleurs, j'ai vu plus de bonheur chez les gens pauvres et simples que chez les gens riches et célèbres.
Aussi, la souffrance est bien souvent la seule ressource dont dispose le démiurge pour nous faire évoluer, du moins la plus efficace, et vu sous l'angle évolutif, elle devrait être perçue positivement.
Si on ne se comparait pas en fonction de valeurs préétablies, on se rendrait vite compte qu'on a tous beaucoup de talents, des talents la plupart du temps non découverts, non manifestés et différents d'une personne à l'autre.
Si on était plus humble, on n'aurait pas peur de se reconnaître vulnérable sous certains aspects, ou à certains moments de notre vie, et de puiser au besoin dans les ressources disponibles un peu partout, que ce soit sur le plan matériel ou spirituel. Si on est riche, on éprouve de la joie à donner, si on est pauvre, à recevoir.
Le sentiment d'injustice n'aurait pas sa raison d'être. Par exemple, pour une très jolie fille, dont l'ego est gonflé à bloc par tout l'intérêt et les éloges qu'elle reçoit, il lui sera très difficile de gérer cette qualité sans s'y perdre, d'autant plus que bien des forces graviteront autour d'elle, tentant de l'entraîner dans leurs girons. Une fille ordinaire sera moins sollicitée et il lui sera plus facile de se réaliser. On pourrait donc croire que cette dernière est privilégiée sous cet aspect.
Vu dans sa globalité, la beauté physique d'un être est une qualité qui ne lui appartient pas personnellement, comme toute autre qualité d'ailleurs, cette qualité appartient à la communauté des hommes, et si cet être est bien relié à sa communauté, il le vivra d'ailleurs ainsi naturellement, rayonnant de toute sa beauté, semant joie et plaisir de vivre autour de lui, mais sans orgueil et sans prétention. Tout comme une rose dans un jardin.
La justice ou l'injustice, cela n'existe pas, sauf en superficie de notre monde égoïste.

La mort

J'ai de l'aversion pour ce sujet. Il me rebute, j'hésite à l'aborder. Bien des gens seront peut-être aussi hésitants à le lire. Pourquoi en parler ?
Aurais-je peur de la mort ? En surface, je penserais que non, que c'est normal de mourir, qu'il n'y a pas lieu de s'en faire. Mais je ne le sais pas vraiment, car je n'y pense jamais. Et si pour une fois je décide de la regarder en face, je me rends bien compte que j'en ai infiniment plus peur que je ne le pensais; une peur intense, inconsciente, permanente. J'en ai tellement peur que je ne veux même pas en entendre parler et que je l'occulte totalement de ma vie. De plus, je me sens révolté par le fait de devoir mourir un jour.
Est-il plus sage de ne pas s'en occuper, de vivre sans y penser, d'en rire ? Ou encore vaut-il mieux en prendre conscience et sentir sa présence dans son quotidien ? Il est certain qu'en vieillissant, qu'on le veuille ou non, on sent notre forme se ramollir et la mort se rapprocher. Sur le plan physique, notre force diminue progressivement et il nous faut renoncer à bien choses, ce qui nous amène à s'ouvrir à des choses plus subtiles. On vit quotidiennement de petites morts. On change. La mort au quotidien est le plus grand facteur de changement.
Vivre conscient de la mort ne veut pas dire se sentir lourd et triste, perdre son sens de l'humour. Tout au contraire, on vit plus légèrement, on se prend moins au sérieux, mais d'une certaine façon on est plus sérieux face à la vie. On diffère moins. J'ai vu des cancéreux plus joyeux et plus légers que des personnes en pleine santé.
La mort est un mystère qui nous dépasse et sur laquelle on n'a aucune emprise. Cette réalité est très angoissante pour l'ego, car il sait bien qu'il s'en trouvera anéanti un jour.
La sagesse populaire nous dit qu'il faut vivre chaque jour comme si c'était le dernier jour. On est bien d'accord intellectuellement, mais on ne réalise pas vraiment le sens de cette parole.
C'est parce que nous sommes si peu conscient de la mort, de notre mort prochaine, que nous sommes si peu vivants. Autrement, nous aurions beaucoup plus d'intensité, nous serions beaucoup plus ardents, plus vrais, plus passionnés, plus présents, plus chaleureux, plus généreux et plus émerveillés par la vie. Nous sentirions le besoin pressant et impératif de faire ce qu'on aime, de pardonner, d'aimer, de sortir de notre solitude pour se rapprocher des gens, pas demain mais maintenant. Prenons l'exemple de quelqu'un qui vient d'apprendre qu'il a un cancer et qu'il ne lui reste que quelques mois à vivre. Sa vie prend une couleur totalement différente, il dira qu'enfin il commence à vivre, qu'il arrête de ne penser qu'à sa survie.
Notre société, la publicité, le cinéma cherche à faire de nous des êtres immortels, des robots tout puissants, des êtres insensibles, égoïstes et durs. On vit comme si on était éternel, on cherche à se bâtir une sécurité à toute épreuve. Pourtant, nous sommes tous des mourants, ce n'est qu'une question de mois, ou tout au plus de quelques années, voire de quelques décennies. La vie est très courte et passe comme un coup de vent. Les gens âgés diront que leur vie s'est évaporée sans qu'ils aient eu le temps de rien faire ou presque. Et 6 mois, 6 ans, 60 ans, ce sont tous des riens par rapport à l'éternité du temps, c'est du pareil au même. Dans le zen, on dit que la vie est aussi éphémère qu'une goutte d'eau sur le bec d'un canard.
La mort fait partie de la vie. Il n'y a pas lieu de s'en attrister. Dans la nature elle est constamment présente. C'est de l'énergie qui se transforme, c'est la fin d'une forme, c'est créer de l'espace pour une autre forme et ainsi permettre à la vie de se renouveler.
Réaliser vraiment notre état de mortel, c'est se donner la vie. Vivre l'instant présent, conscient de sa fragilité et de sa fugacité, c'est cela l'éternité.
La vie est à la fois éphémère et éternelle. Éphémère dans les formes temporelles qu'elle revêt mais éternelle dans son processus.

La masse vs quelques illuminés
Cela se peut-il que la masse vivent dans l'illusion, alors que seulement quelques illuminés perçoivent la réalité ? À première vue, je serais porté à croire que ces illuminés sont justement des illuminés et que c'est impossible que la masse puissent ainsi errer. En y regardant de plus près, c'est pourtant bien ce qui se passe.
Pendant les dernières décennies, nous nous sommes concentré sur la révolution technologique, mais nous avons fort peu avancé sur le plan spirituel, à l'exception de quelques êtres conscients. Sur le plan spirituel global, nous en sommes presque au même point que dans le temps du Christ, à peu de choses près.
Le phénomène s'inversera dans les prochaines décennies, les progrès technologiques seront moins éclatants, et ce sera surtout la révolution spirituelle qui fera oeuvre dans nos sociétés. La spiritualité viendra rejoindre la grande majorité des gens et même colorer la technologie de plus de douceur et d'humanisme.
Nous pouvons d'ores et déjà sentir les germes de cette évolution spirituelle. Elle est à sa phase de démarrage ou de semis, mais une forte poussée de croissance pourrait survenir bientôt.
Lentement mais sûrement, la masse viendra prendre le pas avec les illuminés.
Les hautes sphères spirituelles

Je sais beaucoup de choses. J'étudie depuis longtemps déjà les écrits de ceux que je considère comme des sages. J'ai consommé beaucoup de livres.
Alors, pourquoi ma vie demeure-elle toujours aussi petite, pourquoi suis-je toujours aussi coincé dans ma misère. Pourquoi la connaissance ne devient-elle pas une connaissance appliquée, une pratique ? Je sais beaucoup, mais ne pratique rien.
Je vogue dans les hautes sphères de la spiritualité, je collectionne les belles idées comme on collectionne les belles images. J'en veux toujours plus, toujours des nouvelles, en oubliant très vite celles que j'ai déjà, dans l'espoir illusoire de rencontrer un jour les mots qui me sauveront de tous les maux. Cela me donne un "feeling", cela m'amuse et me divertit, cela me donne l'impression de bien vivre, de m'élever au dessus de la masse, de voler bien haut pour ne pas voir les misères de mon quotidien. Ainsi, n'ai-je plus de temps de me regarder vivre, ce qui au fond fait bien mon affaire. Je me fuis dans la spiritualité. Je suis atteint du virus de la compulsion spirituelle.
Pendant ce temps, sur terre, dans mon quotidien, je suis impatient, je suis colérique. Je m'irrite contre tout et contre rien, me fâche, me scandalise ou me révolte. J'ai des opinions sur tout. Je tranche, je juge et je prends parti. Je déprime si tout ne se passe pas comme je veux. Je ne suis pas disponible pour rien, trop occupé, entre autres, à mes plaisirs spirituels. Je suis égoïste et ne pense qu'à mes petits plaisirs ou à ma sécurité, et ne ressens que rarement de la compassion et de l'amour. Or, comment pourrais-je véritablement connaître quoi que ce soit sans amour ?
Redescendre sur terre, c'est par là qu'il me faut commencer.
Rester sur terre avec ce que je suis, pour apprendre à me connaître, pour voir ce qui m'habite et ce qui m'anime, c'est tout ce qui importe.
Et faire de courtes et légères incursions dans les hautes sphères spirituelles pour me ressourcer ou pour m'inspirer, cela suffit.

Le roi de la terre
Je traverse la rivière sur la glace, avec précaution, évaluant mon risque à chaque pas, pour accéder à une forêt pratiquement jamais foulé par l'homme. Mon intention est d'y méditer quelques instants. J'emprunte les sentiers battus par les chevreuils, sous de grandes épinettes et feuillus. Dans le ciel, des fenêtres d'un bleu foncé viennent contraster les nombreux nuages blancs lumineux. J'en profite pour prendre un peu de vitamine soleil malgré la fraîcheur du jour. L'air y est d'une grande pureté, d'une grande fraîcheur, délicieuse à respirer.
Un oiseau prend son envol, une grâce indéfinie, un instant d'éternité. Un écureuil s'amuse non loin de moi en toute indifférence.
Pas une seule épinette ne semble troublée ou impressionnée par ma présence, par celui qui pourtant se prend pour le roi de la terre. Je fais simplement partie du paysage, au même titre que le cèdre, l'if, le sapin ou l'épinette, tous égaux. Mon regard les fait naître et être, leur présence en fait tout autant pour moi, nous nous interpénétrons et nous créons en toute égalité dans l'instant.
Si je tourne mon objectif vers les montagnes, vers le ciel, je me sens minuscule dans cette immensité. Je me sens seul, presque abandonné. C'est le silence. Personne ne répond à mes questions. Est-ce qu'un dieu quelque part dans cet univers se préoccupe de moi, de ma destinée? Si je ne me prends pas en main, je sens bien qu'on me laissera crever ici.
Je visualise ces millions d'étoiles dans un univers infini où même notre système solaire n'est rien comparé à l'immensité du tout. J'en ai le vertige. Comment croire que ma petite planète soit privilégiée, ou puisse jouir d'un statut, d'une protection ou d'une vocation particulière?
Pourtant, moi, homme, dans mon petit coin de terre, je me prends au sérieux, je me donne de l'importance, je me donne des droits, je me prends pour le nombril du monde !
Quelle inconscience!
Tout est égal

Vouloir en finir avec ce qu'on fait pour pouvoir passer à autre chose. Vouloir être ailleurs. Vouloir en faire plus. Être pressé. Avoir un sentiment d'urgence quasi permanent.
Vouloir se prouver, vouloir s'améliorer, vouloir être autre chose que ce que l'on est, vouloir changer les choses, le cours du temps, notre destinée.
Tous ces sentiments nous sont familiers. Aussi ne pouvons-nous trouver la paix, ou tout simplement nous sentir bien.
Viendra un jour où nous réaliserons enfin que rien n'a d'importance en soi, que rien ne presse, que tout est égal. Faire une chose à la fois, une chose après l'autre, ou ne rien faire parfois, dans une totale présence. C'est trouver la paix, l'éternité.
Je suis riche, je suis riche. Je suis pauvre, je suis pauvre. Cela n'a aucun rapport avec ma capacité de trouver le bonheur. Aucune importance. Ce qui importe, c'est de bien vivre avec ce que je suis.
Je lave la vaisselle, je lave la vaisselle, je suis au cinéma, je suis au cinéma. Je travaille ou je suis en vacances, peu importe. L'activité présente est la seule qui importe, rien d'autre n'existe. Rien n'a d'importance, ou aucune chose n'a plus d'importance qu'une autre, ou encore tout est important.
Je suis avec Marie, je suis avec Marie. Peu importe l'être avec qui je suis; ce qui importe c'est d'être avec l'être avec qui je suis.
Et si j'avais été avec Pauline, ma vie aurait-elle pu être plus belle? La question ne mériterait pas d'être posée. Ma vie aurait été différente au niveau de l'esthétique seulement, l'essentiel n'en aurait pas été affecté d'un iota.
Remonter dans le temps pour y changer une virgule, un coup de téléphone par exemple, pourrait venir modifier totalement les circonstances entourant ma vie présente. Mon cadre d'évolution pourrait donc être fort différent de ce qu'il est, mais mon processus d'évolution, vu dans sa globalité espace-temps, n'en serait aucunement affecté.

La raison et l'émotion
Il est bien évident que l'émotion peut facilement avoir raison de la raison. Il n'est pas nécessaire de le démontrer, on le constate tous à tous les jours.
Mais la raison peut-elle avoir raison de l'émotion ? C'est moins évident. Le plus souvent, c'est le contraire qui se passe, la raison venant amplifier l'émotion. Un cercle vicieux s'engendre, l'émotion stimulant le cerveau qui se met à révolutionner, qui se met en émoi, en rajoute et vient accroître l'émotion. Le cerveau, travaillant principalement au passé et au futur, est même à l'origine de la plupart de nos émotions, émotions qui n'ont le plus souvent aucun rapport avec la réalité.
L'émotion, c'est comme tirer un caillou sur un lac calme. Un réseau d'ondes ou de vagues s'ensuit, ondes que seulement le temps peut calmer si on n'en rajoute pas. La raison peut seulement agir au niveau "ne pas en rajouter", le plus souvent en n'intervenant pas, en n'étant pas.
Tenter de vouloir régler son problème avec son cerveau demeure généralement vain, s'il ne l'amplifie pas. Je constate parfois que le seul moyen de calmer mon cerveau, vu qu'il est quasi impossible de le faire taire, est de le "court-circuiter" en l'occupant à des jeux qui requièrent toute son attention, ou en me laissant emporter par des rêves ou des fantasmes, donc en fuyant.
Faire face, affronter la réalité demande pourtant toute la vigilance et l'intelligence du cerveau. Le cerveau demeure le plus bel outil, mais il n'est pas facile de bien s'en servir. Il peut même causer notre perte. Le cerveau doit apprendre à travailler au présent. Le problème n'est jamais aussi grave au présent qu'on ne l'imagine, si on ne se laisse pas emporter par le passé (regrets et culpabilité) ou par le futur (inquiétudes et anxiété). Seulement regarder, observer, étudier les forces en jeux, sans espoir et sans attente de solution, comme si on n'était pas concerné, comme un biologiste étudie une grenouille.
Comprendre et prendre conscience sont deux choses qui vont dans le même sens, mais il y a un hiatus entre les deux.
La raison et l'intelligence sont deux choses qui vont dans le même sens, mais il y a un hiatus entre les deux.
L'intelligence et l'esprit sont deux choses qui vont dans le même sens, mais il y a un hiatus entre les deux.
Cet hiatus, bien que se présentant sous une mince différence, constitue en fait un large fossé qu'il n'est pas facile de franchir.
Le bonheur au conditionnel
Le bonheur au conditionnel n'est pas le bonheur. Un bonheur conditionné par ce qui est extérieur à soi, soit entre autres par la reconnaissance, l'appréciation ou l'amour des autres, par sa réussite matérielle, par ses possessions, par la réussite ou le bonheur de ses proches, ce n'est pas le bonheur. Il est pour le moins excessivement fragile.
C'est comme un bonheur lié à la température extérieure, s'il fait beau, je vais bien, sinon je suis malheureux. Si la bourse et mes placements vont bien, je suis heureux, sinon cela va mal.
Mon bonheur est ainsi lié à de multiples facteurs sur lesquels je n'ai aucune prise.
Intellectuellement, je comprends bien que je n'ai pas à me laisser troubler par ce qui ne dépends pas de moi. L'expérience me montre bien d'ailleurs que ce n'est pas la réalité comme telle qui m'afflige mais plutôt les jugements que je porte sur une prétendu réalité qui, dans les faits, ne se concrétise pratiquement jamais.
Mais émotivement, ce n'est pas aussi simple, et qu'un malheur touche mes proches et je risque de virer sur le top.
Un petit remède est la lecture du "Manuel d'Épictète" dont j'ai tiré des extraits sur mon site web.
La métaphysique, est-ce utile ?
La métaphysique, la philosophie et les connaissances en général peuvent-elles nous aider à mieux vivre ?
Oui et non, cela n'est pas évident. Elles vont généralement nous aider, mais elles peuvent parfois nous nuire. Ce sont des outils limités qui ne nous aident pas autant que l'on voudrait.
Elles peuvent nous donner de la perspective, soit un autre façon de voir et percevoir les choses et ainsi nous aider à s'améliorer, mais jusqu'à une certaine limite. Pourquoi ?
1- Parce qu'en fait on ne sait rien, ou presque. Nos connaissances sont très fragmentaires, très sommaires et vouloir leur accorder trop d'importance peut nous mettre sur une fausse piste ou nous donner de faux espoirs.
2- Nos mots et nos phrases peuvent bien tenter de cerner la réalité, mais rien n'est aussi simple, la réalité est mille fois plus complexe. Même le fait d'y mettre des mots est une façon de l'étiqueter qui nous limite dans notre appréhension directe de celle-ci, c'est-à-dire qui nous empêcher de la percevoir sans aucun préjugé, dans un esprit neuf, totalement présent et ouvert.
3- L'on constate avec le temps que tout est relatif, et que lorsque je viens d'affirmer une vérité, je ne dois pas oublier que je peux également affirmer la vérité contraire.
4- On en vient avec l'expérience à désirer cesser de se poser des questions, de s'en faire inutilement, d'arrêter de chercher à vouloir comprendre, parce que la réalité est d'une telle complexité qu'il n'y a rien à y comprendre. Pourquoi alors ne pas se contenter de simplement vivre, profiter de la vie et faire ce que dois à chaque instant ?
5- Entre posséder des connaissances et les mettre en pratique, il y a aussi une marge très difficile à franchir. Cette question à elle seule mériterait une réflexion particulière. Tous les fumeurs savent que fumer est néfaste, mais ils continuent de fumer. Et cela est vrai dans tout.
6- Notre cerveau est limité et ne peut percevoir à lui seul toute la réalité. Il faut utiliser aussi tous nos sens et tout notre corps. Souvent, la meilleur façon de régler un problème est de ne plus y penser, de faire taire notre cerveau en d'entrer dans nos sens. On écoute, on touche, on goûte, on jardine et tout à coup, comme par magie, une solution nouvelle et adaptée nous apparaît.
7- La connaissance intuitive amène un vision plus globale et est plus apte à bien saisir la réalité. Notre cerveau procède par déduction et ses longs raisonnements peuvent nous embourber. Quand c'est trop long, trop songé, trop rationnel, il faut se méfier.
8- L'expérience directe est nettement plus efficace que les connaissances pour nous changer. On a beau enseigner à un enfant les risque du feu, il comprendra vraiment seulement lorsqu'il se sera brûlé.
9- Selon les circonstances, on peut à un certain moment avoir davantage besoin d'un outil ou d'une discipline que d'un autre. Un outil peut également être bon pour une personne et d'aucun intérêt pour une autre.
Et juste regarder nos comportements compulsifs et l'inefficacité de nos connaissances à les juguler nous aide à rester humble devant les moyens dont on dispose.
Et quoi qu'on sache, un jour arrive un événement, une émotion, une maladie, la proximité de la mort, où on est emporté par quelque chose de trop fort et où plus rien n'y fait. On se retrouve alors seul, sans aide, sans aucun recours possible devant les forces de la vie et de la mort.
Mais, malgré tout, il m'apparaît essentiel de se questionner sur qui on est, ce qu'on fait ici et vers où on s'en va. Et c'est pourquoi je continue, mais avec légèreté de touche, sans me prendre au sérieux et sans oublier le moment présent.
La métaphysique et le jardinage ne m'empêcheront pas un jour d'être malade et de mourir, mais entre temps ce sont des moyens complémentaires qui contribuent à améliorer ma qualité de vie active, des moyens parmi d'autres.

L'ego, un frein à la création

Pour notre ego, rien n'est jamais assez beau, assez bon, assez parfait. Il ne cesse de critiquer, d'évaluer et de comparer. Et il craint le jugement des autres par dessus tout. S'il fallait que je sois dans l'erreur, que je sois pris en faute, je le prendrais fort mal. Il oublie qu'on apprend principalement par essais erreurs, soit en s'expérimentant.
Notre ego, d'où origine la plupart des peurs, nous paralyse et nous empêche d'être réellement créatif. Il nous pousse dans le faire pour se prouver ou se sécuriser, mais empêche notre imagination et notre esprit créatif naturel de vraiment se manifester.
Notre ego cherche la stabilité et la sécurité alors que la vie est changement et création.
Un soleil ou un satellite ?

On se sent mal, insécure, déprimé, désespéré ou encore perdu. C'est bien ce qui pourrait nous arriver de mieux si on était paré à faire face à cet inconfort ou souffrance et à profiter de ce riche enseignement pour grandir. Mais on va plutôt rapidement chercher des solutions hors soi pour en calmer les symptômes. C'est bien naturel et justifié de vouloir accéder au bonheur, au paradis terrestre ou céleste.
On cherche alors la potion, le guide, le chemin, le livre ou la religion en vue de s'y accrocher, un chemin déjà tout tracé qu'on aurait qu'à emprunter pour trouver le nirvana. On se met alors à tourner ou graviter autour d'une idée, d'un maître, d'une technique, d'une philosophie ou d'une religion, comme un satellite en orbite. On devient un adepte, un partisan ou un disciple. On se tourne vers les autres, s'y colle pour se réconforter, marche dans leur ombre. Et souvent un aveugle guide un autre aveugle.
Malgré tous ces efforts, on finit toujours un jour ou l'autre par se retrouver confronté à sa solitude, face à soi-même, à ses souffrances et à sa mort éventuelle. On peut fuir dans diverses compulsions de type spirituel ou autre, mais toujours la vie et la mort nous rattrapent.
Marcher dans l'inconnu avec sa seule lumière pour guider ses pas nous fait bien trop peur; bien que ce serait pourtant la seule façon de se connaître et de trouver son chemin.
Un jour, parfois sur le tard de sa vie, on finira par faire ce constat d'évidence: il n'y a pas de guide ni de chemin extérieur à soi-même. On a à trouver sa propre vérité et à rayonner sa propre lumière. On est soleil.
Aucune autre issue possible que de se tourner vers soi, de regarder en soi et de se relier à la source universelle et divine d'énergie et de lumière auquel tous les êtres vivants sont reliés.
Il est bien sûr capital de visiter d'autres planètes pour apprendre, s'enrichir et s'ouvrir l'esprit, comme le Petit Prince l'a fait, mais sans s'y installer, sans se laisser impressionner ni commencer à graviter autour. Voyager, s'ouvrir sur le monde, pour mieux revenir chez soi, en soi afin de développer sa propre identité, sa propre vision du monde.

Pour l'épinette, pas de problème

J'ai abattu une immense épinette. En étudiant les cercles de croissance, je constate qu'elle a plus de 100 ans. La largeur des cercles de croissance m'indique qu'elle était à l'ombre et a poussé très lentement pendant les 30 premières années de sa vie, atteignant alors à peine 10 cm de diamètre. Est survenu ensuite un événement qui lui a permis d'entreprendre une croissance phénoménale dans les 50 années suivantes, passant à plus de 50 cm de diamètre. Probablement la chute ou la mort d'arbres avoisinants lui ont alors permis de prendre sa place au soleil. À 80 ans, la croissance s'est de nouveau mise à ralentir progressivement jusqu'à presque s'annihiler avec le temps. L'âge et un attaque de fourmis gâte-bois à sa base en sont des causes probables.
Pour une épinette, pas de problème. Si les conditions lui sont favorables, elle pousse. S'ils lui sont moins favorables ou défavorables, elle pousse au ralenti ou encore disparaît pour laisser la place à d'autres végétaux mieux adaptés. Elle accepte totalement ses conditions de vie. Elle sait vivre et mourir sans faire de la vie et de la mort un problème.
Pas de mélodrame du genre: Pauvre de moi ! Je n'ai pas de chance ! Pas d'orgueil du genre: Je veux être grande et belle ! Pas de désir d'impressionner. Elle est ce qu'elle est.
Pourtant, qu'elle soit grande ou petite, au soleil ou à l'ombre, forte ou faible, ou même morte, elle est toujours en parfaite harmonie avec son environnement et pure beauté.
Les épinettes sont des êtres de grande sagesse que j'aurais avantage à côtoyer plus souvent.

Je vis rarement au présent

Et c'est pourquoi je ne me sens rarement bien.
Mes pensées me ramènent constamment dans le passé, faisant l'évaluation ou le procès de mes faits et gestes. La plupart du temps, je suis insatisfait de moi et ressens de l'insatisfaction ou de la culpabilité. Dans le cas contraire, je verse dans l'orgueil.
Ce malaise intérieur, cette insatisfaction par rapport à mon passé va m'amener à vouloir changer, à désirer m'améliorer, à faire des projets et à rêver d'un futur meilleur. Je vais aussi développer des inquiétudes, préoccupations et angoisses par rapport à ce qui pourrait survenir dans le futur.
Ma vie se passe donc en alternance entre le passé et le futur et, en conséquence, je suis presque continuellement habité par un certain malaise intérieur et de la tension nerveuse.
Et ainsi mon présent file sans que je le vois, le sentent. J'existe mais ne vis pas, ne suis pas présent ici ou si peu.
Pourtant rien d'autre n'existe que l'instant présent. On peut rien faire par rapport au passé et au futur. On ne peut agir que sur ce qu'on vit dans l'instant présent. Et dans le présent, le plus souvent, il n'y a pas vraiment de problème auquel on ne peut faire face. Souvent même, si on est attentif à ce qui se passe en nous et à l'extérieur, le présent se révélera d'une grande beauté.

Psychologie, relations humaines, art de vivre
À la fois si proche et si loin
Ils forment un jeune couple, mais il est parti au bout du monde pour une mission militaire pendant qu'elle reste seule au pays à s'occuper des enfants. Il lui manque beaucoup, elle pense constamment à lui et prie pour qu'il revienne le plus vite possible. Lui s'ennuie à mourir et ne pense qu'au jour où il rentrera au pays retrouver sa famille. Ils se portent dans leurs coeurs.
À la fois si loin et si proche.
Ils ont pris leur retraite et vivent à demeure dans la même demeure. Le plus souvent, lui est dehors, elle en dedans, ou lui en bas, elle en haut, ou elle écoute la TV pendant qu'il navigue sur internet, ou il bricole pendant qu'elle fait autre chose. Leurs activités et centres d'intérêts sont bien différents. Ils se croisent à l'heure des repas mais ne se parlent plus que de la pluie et du beau temps. Ils ne font plus de projets ensemble, ou si peu. Ils se tombent souvent sur les nerfs. Seulement un pas à faire pour se rapprocher mais ce pas semble infranchissable. On s'est perdu de vue dans la même maison.
À la fois si proche et si loin.
Usé par le temps, il décède subitement, emporté par une crise côté coeur. Elle reste seule, pleure son départ et le porte aux nues. Il suffisait donc qu'il s'éloigne pour attiser à nouveau la flamme de l'amour et que l'on puisse redire :
À la fois si loin et si proche.
L'important, c'est la rose

Comme il faut en avoir fait de chemin et de détours avant de se rendre compte que le bonheur ne résidait pas si loin, qu'il était à portée de main, sous ses pieds.
Comme il me faudra m'en avoir imposé de souffrances avant de me rendre compte que l'important n'est ni la carrière, ni l'argent, ni le pouvoir, ni le plaisir. Ces biens ont leur place, mais si on en fait un but en soi, elles seront éventuellement sources de souffrances et de désillusions.
Or, ce n'est malheureusement que sur le tard de sa vie, alors qu'on s'est déjà rendu malade, ou qu'on a perdu sa femme et ses enfants et se retrouve seul, ou qu'on est simplement usé par la vie, qu'on prend conscience que l'on a négligé l'important pour se laisser attirer par des miroirs aux allouettes.
Le bonheur ne s'achète pas, il est tout simple, tout près, on le bâtit au jour le jour dans l'amour, l'attention et le respect de soi et de ses proches, dans le pardon, dans la tendresse. Comme une rose qu'on aime et qu'on arrose à tous les jours, même si elle pique parfois.
J'aurai beau avoir acquis la notoriété, la richesse et être capable de me payer tout ce que je désire, si je n'ai pas l'amour, je n'ai rien et ressentirai le vide sous mes pieds.

Tomber en vacances
Je me rappelle mon enfance, les sentiments de joie et de liberté qui m'envahissait au dernier jour d'école...
Mais cela ne durait jamais longtemps, mon père me récupérait rapidement, il fallait bien entretenir les immenses propriétés de la Fabrique de St-Honoré, les plus prospères de la paroisse. Et nous passions le reste de l'été dans le champ de bleuets à se faire des sous pour pouvoir s'acheter des vêtements et des fournitures scolaires.
Je n'ai pas appris à m'amuser, mais j'ai appris à travailler. On ne valorisait alors que le travail et disait de l'oisiveté qu'elle était la mère de tous les vices.
Se sentir léger, en vacances, être enjoué, être heureux, profiter de la vie, c'est à la fois si simple et si difficile. Être détendu, de bonne humeur, se sentir libre, ressentir la joie de vivre, tellement de choses s'y opposent.
En général, nous nous sentons plutôt lourd, lourd de responsabilités, d'engagements, d'habitudes, d'acquis, de biens et connaissances accumulés. Tout cela nous pèse et nous alourdit. Notre vie est si compliquée. Nos têtes sont pleines de projets, de désirs, d'ambitions, et aussi de tracas, d'inquiétudes, de peurs et de besoins de toutes sortes, besoins qui sont d'ailleurs le plus souvent de faux besoins.
Notre quotidien est tissé d'attentes, petites et grandes, d'où originent nombre de frustrations, petites et grandes.
Prenons vacances de tout cela, de nos rôles, des personnages qui nous habitent, oublions ce que nous sommes et perdons-nous dans la vie. Donnons-nous des permissions, disons oui à tout ce qui se présente, sans attente ou désir. Partons en vacances.
Pas nécessaire de se saouler ou de se doper pour fuir quoi que ce soit, plutôt se saouler d'oxygène, de beauté et d'émerveillement.
Pas nécessaire de quitter qui ou quoi que ce soit, pas besoin de partir au loin, plutôt prendre conscience de la beauté de la vie qui nous entoure déjà et des personnes que nous côtoyons quotidiennement. Profitons de l'abondance qui nous entoure de partout sans vouloir posséder. Rien ne sert de changer de cadre, il s'agit plutôt de changer d'attitude, de s'ouvrir les yeux. Changer d'attitude dans son cadre de vie. Le plus beau voyage, c'est lorsque le quotidien devient source de joie et d'émerveillement, et il ne coûte rien.
Renonçons à nos mélodrames, aux coups d'éclats, aux grands voyages et décidons d'aimer simplement ce que nous avons et ce que l'on côtoie, avec bonne humeur. Soyons soleil et réchauffons le cœur de tout ce qui nous entoure. Optons pour la tranquillité, la sérénité, la quiétude dans l'instant. Reposons-nous dans la présence à l'instant, l'ici maintenant.
Jouons, oublions nos montres, profitons de la vie, respirons à plein poumons. Retombons en enfance.
Les pinsons et les moineaux

Dans nos relations quotidiennes, on rencontre généralement deux types de personnalités, l'une s'apparente aux pinsons tandis que l'autre s'apparente aux moineaux.
Les pinsons ou les pincés se donnent de l'importance et veulent s'élever au-dessus de la masse. Ils volent haut et regardent les autres de haut. Les moineaux quant à eux se voient petits, volent bas et se pensent nés pour un petit pain. Les pinsons font tout ce qu'ils peuvent pour impressionner les moineaux, et les moineaux le sont parce qu'ils se laissent impressionner par les pinsons.
Si on est né moineaux, on a très peu de chance de se muter en pinson et vice versa. C'est un gène héréditaire qui se transmet de génération en génération. Toutefois, le même volatil peut se prendre pour un pinson dans une situation et par ailleurs se sentir moineau dans un autre contexte.
Les pinsons qui se donnent un genre supérieur ne sont souvent ni plus riches, ni plus brillants et ni plus sûrs d'eux que les autres, ils prennent cette attitude inconsciente pour se sécuriser et cacher leur insécurité. Ils peuvent parfois être durs et froids envers les moineaux, et ne voulant rien avoir de commun avec les moineaux, ils s'isolent dans leurs nids qu'ils veulent le plus dorés possible.
Les timides moineaux ne sont ni moins talentueux ni moins intelligents que les autres. Toutefois, ils ne le savent pas, manque de confiance en eux, ont souvent honte et cherchent à se terrer dans leur petit nid.
Ces rôles se jouent sur la scène d'un théâtre comique, presque loufoque, ou les deux espèces, en même temps qu'ils cohabitent difficilement, sont fort dépendantes pour soutenir leurs jeux. Quand on perçoit le ridicule de la comédie, cela donne envie de sourire et même d'en rire.
Mais cela donne aussi envie de rire jaune tellement le spectacle fait triste à voir, cause des souffrances inutiles tout en faisant obstacle aux vraies relations.
Quelques spécimens d'une nouvelle espèce commencent à émerger de la nuit des temps, soit ceux qui se perçoivent et perçoivent les autres tels qu'ils sont, mais ce sont encore des oiseaux rares.

Épisode 143 du roman-feuilleton

L'épouse va faire du ménage dans l'atelier de son mari, elle jette quelques objets qu'elle juge sans intérêt, sans lui demander son avis. Son intention originale était de lui faire une surprise agréable, mais celui-ci le prends très mal, choqué qu'elle soit venu jouer dans ses plates-bandes sans sa permission.
La colère monte progressivement en lui et l'importance accordée à cet événement prend de l'ampleur et s'enfle avec le temps. Un mélodrame s'amorce. "Comment a-t-elle pu faire une telle chose ? Il n'y a plus de place pour moi dans cette maison !"
Il s'emballe de plus en plus, dramatise et finit par tirer de grandes conclusions du genre: "Cette femme est un monstre qui prend toujours toute la place et ne me considère pas! Je ne peux plus vivre avec elle! ..."
Il profite de l'erreur de l'épouse pour construire un bel épisode de télé-roman où il pourra se sentir vibrer et vivre. Peu importe s'ils en souffrent ! C'est quand même mieux qu'une petite vie plate et monotone, non !
"Pauvre de moi, je souffre à cause d'elle, elle est la cause de mes malheurs!" Et pendant ce temps, je n'ai pas besoin de regarder le nombril pour comprendre ce qui se passe en moi et y changer quoi que ce soit, car ce n'est pas de ma faute... et ce scénario se répétera sûrement dans le temps.
Pourquoi est-il si difficile de s'en tenir au fait ? "Elle est venu faire du ménage dans mon atelier. Elle a jeté deux vieux outils que j'utilise rarement, mais qui aurait pu me servir éventuellement. Je peux la remercier pour le beau ménage tout en l'informant que je n'accepte pas qu'elle jette des choses qui m'appartiennent sans me consulter. Je peux m'en tenir là comme je peux lui demander de réparer son erreur si cela est possible. Ainsi, je m'affirme, définit mon territoire et permet à l'autre de connaître mes limites.
On peut se servir de tout ce qui arrive dans nos relations pour apprendre et enseigner, mais on aime bien mieux les romans-feuilleton.

Forces et vulnérabilités

Certaines plantes sont solides et résistent aux vents et aux intempéries. D'autres s'écrasent au moindre coup de vent et s'en relèvent difficilement. Ces dernières ont besoin de tuteurs ou encore d'être bien entouré et supporté par les plantes environnantes pour s'épanouir.
Une plante résistante au vent peut s'avérer sensible aux maladies alors que celle sensible au vent peut se montrer résistante aux maladies. Chaque plante a ses forces et vulnérabilités. Comme le chêne fort qui peut pourtant se casser sous le vent alors que le roseau ploiera sans jamais se casser.
Il en va de même des humains. Certains résistent à la critique et vont droit leur chemin, quoi qu'il advienne. D'autres ont besoin d'être entouré de personnes attentionnés et affectueuses pour bien fonctionner.
Plutôt que de vouloir nous changer, apprenons à nous connaître, acceptons-nous tel que nous sommes et plaçons-nous dans la mesure du possible dans des conditions qui nous sont favorables.
(N.B.: Le texte "Notre habitat" porte sur ce même thème)

On s'ambitionne
J'aime les fleurs, j'aime jardiner. Je commence par me faire une petite plate-bande en bordure de la maison. Cela me procure beaucoup de plaisir.
L'année suivante, j'en veux plus. Aussi, je développe un autre secteur de mon terrain et m'achète d'autres fleurs, bien plus qu'il ne m'en faut.
Et d'années en années, j'en veux toujours plus, ne cessant de tasser la nature afin de développer d'autres plates-bandes.
Je m'ambitionne et prend de l'expansion jusqu'à ce que je ne sache plus où donner de la tête.
La mauvaise herbe commence à prendre le dessus, je deviens impatient et débordé. Je n'ai plus de temps pour moi et ma famille. Je perds le contrôle.
Ce qui était un grand plaisir au début, devient progressivement source de préoccupations, de fatigues, voire de déception et de frustration.
Pourquoi est-il si difficile de se contenter, de rester dans ses limites ?
Petite question liée aux grandes questions relatives à l'orgueil, au plaisir compulsif et autres. Tout est lié, la plus petite question peut nous mener à la grande question fondamentale du sens de la vie.
Les éclopés de l'amour

Nous le sommes tous, ce n'est qu'une question de degré. C'est notre état d'être habituel, nous ne connaissons pas autre chose, aussi ne le remarquons-nous plus, à moins d'être en crise.
Que voulez-vous, personne n'a eu de parents parfaits ou n'a vécu dans un environnement idéal. Et celui qui aurait vécu dans un monde idéal ne comprendrait peut-être rien à la vie.
Je regardais l'autre jour une émission de TV ou des filles cherchaient à vendre le service de conversations téléphoniques érotiques en se trémoussant devant l'écran, avec pour objectif ultime de vider le portefeuille d'hommes esseulés.
Peut-être que certaines filles peuvent y trouver du plaisir et leur compte, mais pas celles que j'observais. Elles dansaient de façon malhabile, sans motivation, sans intérêt et sans présence. On aurait dit des pantins sans âme. Et ce qui me frappa le plus, ce fut leur regard vide et triste. On sentait leur désolation à faire un travail qui au fond leur répugnait. C'était des filles qui avaient un grand potentiel de beauté, mais qui l'avaient perdu par leur façon d'être déconnectée de leur nature, avec leur seins gonflés, leur masque de maquillage et leurs habits de vinyle.
Il faut être sérieusement éclopés pour en venir à se perdre ainsi pour de l'argent, ou par désir de charmer ou de plaire aux autres. Et je pourrais en dire tout autant de nous les hommes qui utilisons leurs services, car ces filles ne sont que le miroir de nos désirs.
Mais pas besoin de regarder la TV pour voir des éclopés de l'amour, juste à se regarder le nombril ou pas bien loin autour de soi.
Nous y trouverons facilement des êtres décentrés, perdus ou à la remorque des autres; des êtres se conformant aux désirs et aux quatre volontés des autres ou de la société.
On est tellement dépendant et vulnérable qu'on place son pouvoir, sa vie, entre les mains des autres et on se laisse manipuler et façonner comme des marionnettes. On est tellement sensible à l'opinion des autres qu'un rien peut nous frustrer ou nous jeter par terre.
On est prêt à tout pour plaire, se faire remarquer, faire plaisir, se faire aimer et accepter, même à se faire violence, à se percer la langue s'il le faut ou encore à prendre des risques inconsidérés. On se durcit, se fait une carapace pour résister à un tel régime, et l'on devient tout aussi dur pour les autres que pour soi.
Sans compter que le manque d'amour est responsable de la plupart de nos maladies, autant physiques que psychologiques, de même que la plupart des problèmes sociaux. En réalité, on se fait mal, on se fait soi-même mal, se rend soi-même malade, en toute inconscience.
Et tous ces éclopés de l'amour, ne pouvant donner ce qu'ils n'ont pas reçus, continuent à faire prospérer le règne des éclopés autour d'eux.
On ne s'en rend pas compte, mais au fond, on est sérieusement en manque, et on cherche à combler ce manque de façons mésadaptées. On est en manque d'amour, pas d'amour passion mais d'amour vrai, une denrée si essentielle et pourtant plus rare que l'or, la seule pourtant capable d'étancher le grand vide, le grand trou qui est au coeur de soi. L'amour, toujours l'amour, l'amour de soi, des autres et de tous les êtres demeure la seule thérapie possible.
Rien ni personne, à jamais, ne pourra réparer le tort qui nous fut causé par le manque d'amour, faisons-en notre deuil et acceptons de continuer à vivre comme des êtres tordus. Mais si nous en sommes conscients, cela pourra nous aider à comprendre et à progresser dans la vie. Et ne parlons pas de tort et ne faisons pas de recours collectif, parlons plutôt d'un nécessaire processus d'évolution.
Il faudra du temps pour briser le cycle infernal du manque d'amour, mais entre temps, voyons comme il nous mine et nous brise et mettons un peu de patience, de tolérance et de tendresse dans nos cœurs.
Nous, les grands éclopés de l'amour, pensons nos plaies et soyons davantage sensible à soi et aux autres.

On ne se parle plus

Je vois souvent des gens qui ne se parlent plus ou même ne se regardent plus, des êtres pourtant proches comme des parents, des voisins ou des confrères de travail. Et c'est très courant.
Cela me surprend toujours qu'on puisse cesser de parler à son frère, à sa mère, à son fils ou par exemple à un confrère de travail qu'on croise plusieurs fois par jour. Et cette situation peut perdurer des semaines, des mois, des années, voire presque toute une vie dans certains cas.
Vous comprendrez qu'un tel comportement comporte une forte dose de violence psychologique.
Si je discute avec ces gens, ce sont pourtant des gens informés, intelligents et structurés; on pourrait même dire des gens évolués ou comme on dit des gens très bien. Alors, pourquoi et comment en sont-ils venus à adopter un tel comportement ?
C'est toujours parce qu'une personne m'a frustré ou blessé dans mon orgueil que j'en viens à la bouder. Et je suis bien déterminé à ne pas faire les premiers pas car, bien entendu, ce n'est pas de ma faute. Je voudrais bien que l'autre reconnaisse ses torts, viennent s'excuser ou encore change de comportement. Moi, je n'y suis pour rien, je suis correct, je suis normal. Et c'est ainsi que nos egos, bien gonflés d'orgueil, continuent à s'entrechoquer durement.
Ne plus se parler est une situation extrême, il existe bien d'autres formes de violence psychologique dans les relations de couple, de travail ou autres. On n'y est tellement habitué qu'on ne les voit pas, on pense que c'est normal; mais si on était très près de son cœur et de ses émotions, on verrait leurs effets dévastateurs. La violence psychologique n'est pas moins dommageable que la violence physique, elle est plus insidieuse, plus difficile à percevoir et on sait déjà que c'est tout ce qu'on ne voit pas qui fait le plus de ravages.
Chaque fois que je me sens frustré par le comportement ou les paroles d'un de mes proches, ma colère fait œuvre destructrice et je manifeste une certaine forme de violence, souvent de manière très subtiles et inconscientes, ne serait-ce que par les ondes que je dégage.
La frustration survient quant l'autre ne réponds plus à mes attentes, à ce que je désire qu'il soit ou qu'il fasse ou encore à l'image que je m'en fais. Mon ego veut toujours tout contrôler, moi d'abord, les autres bien sûr et souvent ses enfants qu'on perçoit comme le prolongement de son propre ego.
Quand on ne parle plus à l'un de ses fils par exemple, c'est bien évident qu'on se fait tout autant de mal qu'on en fait au fils qu'on boude. Tout l'entourage et même l'atmosphère en sont affectés.
Quand le bonheur de retrouver l'un de ses fils ne se retrouve qu'à portée du téléphone mais qu'on choisit malgré tout de s'entêter dans son malheur et sa souffrance, je me dis que l'orgueil est d'une force incroyable ! Nous sommes vraiment curieux, nous, les êtres qu'on dit 'humains'.
On en vient là parce qu'en fait on ne sait pas aimer. Aimer, c'est accueillir et accepter l'autre tel qu'il est sans vouloir le changer ou le posséder d'aucune façon. Si on savait aimer, l'autre n'aurait jamais le pouvoir de nous frustrer. Nous n'attendrions rien de lui et le voudrions libre, nous contentant de l'épauler au besoin dans sa démarche. Facile à dire, mais combien difficile à mettre en pratique.

Faire le vide autour de soi

Comment se fait-il qu'on soit si peu relié aux autres, du moins pour beaucoup d'entre nous ?
C'est qu'on a peur des autres. On craint d'abord pour sa propre sécurité ou pour celle de ses possessions, possessions composées de biens ou d'êtres. On a un grand sens de la propriété voyez-vous, et ne venez surtout pas mettre le pied sur mon terrain ! Aussi, on est égoïste et on recherche constamment le plaisir personnel; on ne veut pas être embêté ou dérangé par personne.
On étiquette les gens et les rejette du revers de la main. On accepte bien mal tout ce qui est différent de soi. Et on pose des gestes ou porte des jugements qui font que les gens se sentent mal à l'aise, sinon blessés, et finissent par s'éloigner. Avec le temps, on s'isole en élevant des barrières de plus en plus hautes autour de soi. Et on souffre de cette situation sans trop comprendre ce qui se passe, pensant bien sûr que ce sont les autres qui sont de travers.
Et un jour un voisin ne nous parle plus, et puis un autre, et un ami s'en va, et bientôt nos frères et sœurs ne viennent plus nous voir et on est juste pour appeler sa vieille mère deux fois par année. La peur, le désir de sécurité et la recherche du plaisir ont gagné une fois de plus la partie. On conserve parfois des relations polies, mais sans chaleur.
Et avec le départ de ces personnes qu'on a jugés indignes de soi, s'est aussi envolé la joie de les découvrir, d'apprendre à les connaître et de grandir avec eux. Il ne nous restera bientôt que la solitude et, son inséparable compagnon, la souffrance.
On peut bien vivre dans un beau château ou une tour de verre bien gardée, mais s'il n'y a pas l'amour, il n'y a que désolation. Et je ne parle pas ici de l'amour sélectif, conditionnel ou possessif qui n'est pas Amour.

S'oublier, la pire chose (1)
On ne rend service à personne en s'oubliant pour se dévouer pour les autres. On ne se rend pas service, c'est évident, mais on ne rend pas plus service aux autres comme nous le verrons. Notre ego, par désir d'être quelqu'un de bien ou de se faire aimer, nous incite constamment à s'oublier pour faire plaisir aux autres. C'est aussi ce qu'on nous a appris étant jeune.
Mais, avec cette attitude, on risque fort de trop en faire et d'affecter sa santé physique et morale et même, à la limite, de se ruiner physiquement et financièrement. À la longue, on en vient à ne plus savoir qui on est et quelles sont nos limites, à ne plus se sentir, à ne plus exister. On devient fatalement malheureux, fatigué, harassé, de mauvaise humeur ou malade et cela déteint sur toutes nos relations et tout notre environnement. Et si on est malheureux dans ce qu'on fait, on ne pourra jamais être aidant, malgré nos bonnes intentions, tout au contraire.
Penser à soi, se respecter, respecter ses limites, c'est une clé du bien-être. Observons le comportement des autres à notre égard car il est le parfait miroir de notre propre comportement envers nous-même. Si les autres ne me respectent pas, c'est que je ne me respecte pas. Si je me respecte, les autres me respecteront, cela se fait tout seul, naturellement, en fonction des ondes que je dégage.
Gabrielle, une jeune femme, me racontait un jour son histoire. Cinq ans auparavant, elle s'était amouraché de Pierre, un jeune étudiant en première année de médecine. Elle l'aimait aveuglément, comme on le fait tous à cet âge. Ils décidèrent de vivre ensemble et, comme elle travaillait, elle le prit en charge, allant jusqu'à payer ses études, le nourrir, le laver et prendre un peu pas mal la place de sa mère. Plus tard, ils firent aussi deux enfants dont elle s'occupait. Elle s'oublia et se perdit de vue dans cette relation, cherchant par son comportement inconscient à se l'attacher, à sécuriser sa relation. Aujourd'hui, elle m'exprime sa tristesse et son malheur, car Pierre vient de la quitter. Il est tombé amoureux d'une consœur de travail et l'a plaqué là pour partir avec elle, la laissant ainsi seule avec les enfants, face à sa solitude.
Notre ego se leurre quand il pense que l'autre nous manifestera de la reconnaissance, cela ne se passe pas ainsi dans la réalité. Si on cherche la reconnaissance de l'autre, on place son pouvoir entre ses mains et on court le risque qu'il s'en serve à nos dépens. Ce qui ne veut pas dire que la reconnaissance ne se manifeste jamais, elle se manifestera le plus souvent au moment où on ne fait rien pour la rechercher, sinon en étant soi et en étant bien avec soi.
Je ne veux pas prêcher ici pour l'égoïsme, le narcissisme ou le nombrilisme. Je ne dis pas de ne pas aider les autres ou de ne pas faire de bénévolat, je dis d'aider les autres en se respectant, dans les limites de ses capacités et surtout aider seulement si on a le goût de le faire et qu'on y trouve une certaine forme de plaisir ou de joie de vivre. Sinon, il y aura nécessairement un effet pernicieux sur moi et sur l'autre.
N'oublions pas toutefois la vérité paradoxale complémentaire qui nous dit que savoir s'oublier est tout aussi important. Savoir prendre des risques, savoir oublier ses limites et ses misères pour foncer dans la vie avec amour et courage.
S'oublier, la pire chose (2)

(Réf: "Châtelaine" de juin 2004 et "Quand le corps dit non" du Dr G.Maté)
Je viens de lire un texte de Lucie Dumoulin dans "Châtelaine" qui complète bien mon texte précédent sur le même sujet. Je vous en donne quelques extraits:
"Quand nous sommes incapables de dire non, notre corps le fait à notre place. Résultat: une maladie. C'est la thèse du docteur Gabor Maté."
"Les gens qui tombent gravement malades ont des points en commun:
   - Difficulté à exprimer la colère d'une manière saine, ou même à la ressentir.
   - Difficulté à dire non aux demandes émotionnelles de l'entourage.
   - Tendance compulsive à prendre soin des autres.
   - Tendance à préserver l'harmonie à tout prix.
   - Sens du devoir si poussé qu'il dépasse le sens du respect de soi."
"Les personnes qui étouffent de gentillesse se sentent souvent impuissantes et frustrées parce qu'elles n'osent pas s'affirmer, risquer de déplaire, prendre leur place ou remettre l'autre à sa place."
"Ce sont en quelques sortes des trahisons envers nous-mêmes. Notre intelligence et notre coeur nous suggèrent qu'il serait préférable d'agir d'une certaine manière : être en désaccord, nous fâcher, dire notre façon de penser : "C'est assez !", dire : "Non, je ne peux pas", etc. Mais quelque chose, au fond de nous, nous oblige contre toute logique à céder, à abdiquer, à laisser la place à l'autre, à dire : "Non, non, ça ne me dérange pas du tout de faire ça pour toi..." Nous sommes incapables de renoncer aux obligations que nous nous imposons."
Quand la personne ne sait pas où trouver ses limites, quand elle ne sait pas établir la frontière de son territoire privé, cette incapacité psychologique à distinguer le soi du non-soi s'étend aussi à ses fonctions physiologiques. Le système immunitaire lui-même devient trop confus pour distinguer le soi du non-soi..."
Le système immunitaire peut alors se retourner contre son hôte et attaquer ses propres cellules. Et il peut se développer des maladies comme le cancer (cancer de la prostate chez l'homme dépendant), l'asthme, l'arthrite rhumatoïde, la colite ulcéreuse, le syndrome du colon irritable, la sclérose en plaques et autres. Le docteur Maté le démontre, preuve scientifique à l'appui.
Il est possible de changer de comportement selon lui, mais ce n'est pas nécessairement facile. "Une fois qu'on a pris conscience de sa situation, on peut décider de se respecter davantage, à partir de maintenant. Ça s'appelle prendre la responsabilité de sa vie."

Le courage

Tout comme la volonté, le courage n'est pas quelque chose qu'on acquiert en travaillant et en forçant. Ce n'est pas une plume de plus qu'on accroche au chapeau de son ego. C'est une qualité qui un jour nous sera donné si on est prêt à la recevoir et si on a suffisamment confiance en soi.
Entre temps, on peut bien faire son fort, se faire un carapace et parler fort, mais cela ne correspond nullement au vrai courage. Plus notre carapace est épaisse, plus elle cache de peurs. La vraie force est ouverture, sensibilité et vulnérabilité.
Vouloir rejeter ses peurs et être courageux est un désir qui risque plutôt de nous maintenir dans la culpabilité et l'impuissance. Il faut plutôt commencer par accueillir ses peurs, les observer en action, apprendre à les connaître et voir comment elles nous amènent à nous renier et à souffrir. Et faire face à ses peurs demande déjà une bonne dose de courage.
La peur est ce qui fait obstacle au courage. Elle nous freine, nous paralyse et nous empêche d'être ce qu'on est tous fondamentalement, soit des êtres de courage et de force. Mais si on affronte la peur, on se rendra vite compte qu'elle n'est qu'une ombre ou une illusion qui se dissout sous le regard conscient.
La peur nous incite à faire ce qu'il faut pour se faire accepter et aimer, soit et à se conformer au regard des autres, à choisir les autres plutôt que de se choisir soi-même. Nous avons appris à être gentil et à agir en fonction des autres, mais nous n'avons pas appris à nous connaître, à nous accepter et à nous aimer. Le courage, c'est aimer sans désirer être aimé. C'est apprendre à se faire confiance et à s'aimer suffisamment pour agir en fonction de ce qu'on est et pense profondément. C'est la cohérence entre ce qu'on ressens, ce qu'on dit et ce qu'on fait.
L'amour est le carburant du courage. L'amour est élan du cœur qui nous propulse dans l'action. Il nous donne le courage de se surpasser, d'aller de l'avant malgré la peur. Être courageux, c'est toujours agir en fonction de ce que notre cœur nous dicte, de l'amour et de la vie qu'on porte en soi. Être courageux, c'est aussi continuer son chemin malgré le doute ou le découragement qui souvent nous assaillent.
Le courage, c'est choisir et décider. Et décider nous oblige souvent à mourir au connu et à l'acquis, soit à renoncer à la sécurité pour pour aller vers l'inconnu et naître au nouveau.
Le courage se manifeste dans de petites choses comme dans de grandes choses. Mais il nous amènera un jour à faire un grand saut, soit un virage à 180º, pour vraiment décider de prioriser l'être sur l'avoir, la vie sur la survie.
Il y a le vrai courage et le faux courage. Le faux courage origine de l'orgueil, orgueil qui n'est jamais satisfait et nous demande toujours plus pour impressionner la galerie. Le fait de vouloir gagner un championnat quelconque ou de performer sont des exemples de faux courage. Or ce faux courage nous demande énormément d'efforts et de renoncement. Il nous demande de s'oublier, de négliger sa famille et d'agir aux dépens de sa santé et parfois même de sa vie. Par ailleurs, le vrai courage est sain, naturel et facile. Il ne demande pas d'efforts, il correspond plutôt au lâcher prise. Il n'y a rien de spécial à faire, sinon laisser s'exprimer la force qui est déjà en soi, lorsque la peur n'y fait plus obstacle.
Nous sommes tous des êtres de courage, des êtres divins, mais nous en somme inconscients. Nous l'avons oublié, distrait que nous sommes par ce qui se passe autour de nous, anesthésié par nos habitudes, la publicité, nos relations, nos pensées toutes faites, nos connaissances et références et tout le tourbillon de la vie quotidienne.
Lorsque notre vraie force se manifestera, nous oserons alors avancer vers ce qu'on est et ce qu'on est en droit d'espérer de la vie. Nous nous tiendrons debout pour faire valoir nos opinions et faire ce qui s'impose dans l'instant. Il ne s'agit surtout pas de partir en guerre contre quelqu'un ou quoi que ce soit, mais simplement de s'affirmer, de se dire, de prendre sa place, d'être fidèle à soi, de sentir la passion et la vie qui coule en soi.

Un monde problématique

Arrêtons-nous un instant pour regarder en nous, autour de nous, ou pour simplement écouter les nouvelles. L'on se rendra vite compte que notre façon d'être et de vivre sont problématiques, tout comme notre monde.
Si je regarde autour de moi, j'y vois nombre d'abus et d'irrespect envers la nature et les êtres. J'y vois la pollution, l'orgueil en action et la violence, parfois très subtile et le plus souvent inconsciente, mais non moins pernicieuse. J'y vois la peur, le manque d'amour, les carences affectives et les dépendances. J'y vois la misère sous toutes ses formes et toutes nos tentatives de la fuir sous diverses diversions, déviations et compulsions. Si je regarde en moi, j'y vois tout cela. J'y vois tout ce dont je parle dans ces pages, car je suis ce monde, je le porte en moi.
Tant d'inconscience dont résultent tant de souffrances.
En parallèle, il y a aussi, heureusement, toutes les merveilles de la nature, des perles infinies en nombre et en beauté. Et c'est ce qui fait circuler la vie en moi. Comme par exemple les premiers canards sur ma rivière ce printemps ou encore mon petit fils qui aujourd'hui faisait ses premiers pas sur la planète des hommes.
Si on n'y prend garde, toutes ces merveilles risquent toutefois de s'éteindre sous les feux de l'orgueil, du désir et de l'ambition des hommes.
Mon petit-fils apprend à marcher, mais je me dis que nous aussi, tout comme lui, nous aurions à nous lever et à apprendre à marcher, comme des hommes, capables de se tenir debout et de faire face.
J'aurais bien aimé pouvoir laisser un plus bel héritage d'amour et une planète en santé à tous nos petits-fils.

Tout être sensible et intelligent n'échappe pas à la souffrance, à moins de s'être fait une carapace pour ne pas souffrir.
Tout être sensible et intelligent n'échappe pas à la joie de vivre, à moins de s'être fait une carapace pour ne pas souffrir.
En compagnie des épinettes

Je me demande pourquoi la compagnie des hommes me fatigue souvent alors que la compagnie des épinettes me repose et me régénère. Les hommes sont pourtant des êtres tout aussi naturels que les épinettes ou les écureuils. Mais, à l'exception des jeunes enfants, les hommes ont des ego fastidieux et épuisants, des ego qui se comparent, se confrontent et s'entrechoquent constamment. Et ce n'est jamais l'ego de l'autre qui est en cause, mais toujours mon propre ego; car s'il n'était pas si gros, celui des autres ne m'affecterait aucunement.
Par ailleurs, autant certaines relations peuvent m'épuiser, autant d'autres peuvent me ressourcer, me faire du bien et m'aider. C'est dans mes relations que se font et se défont toutes mes tensions.
Je rêve de relations entre hommes qui soient aussi pures, simples et fraîches que celles qu'on peut avoir avec des épinettes ou des écureuils.

Notre habitat

Chaque plante se développe dans un habitat qui lui est particulier, dans lequel elle se sent bien et peut prospérer. Certaines plantes poussent en sols acides, d'autres en sols alcalins, certaines exigent un sol humide, d'autres un milieu sec. Certaines aiment être exposés au soleil, d'autres ne poussent qu'à l'ombre, ou sur les caps, ou dans les tourbières, ou sur le bord des rivières, ou dans le sable, ou dans l'argile, et je pourrais continuer ainsi pendant des pages. Les types d'habitats sont multiples et les espèces diffèrent d'un milieu à l'autre. C'est ce qui fait la richesse, la diversité et l'infinie beauté de la nature.
L'important pour le jardinier est de découvrir l'habitat qui convient le mieux à une plante particulière et, dans la mesure du possible, de lui donner un habitat comparable, ou, ce qui est encore plus simple, de choisir des plantes en fonction de l'habitat disponible. Si on place une plante constituée pour vivre dans un sous-bois humide dans un endroit sec et ensoleillé, elle dégénérera rapidement.
Chaque plante a bien sûr une certaine capacité de s'adapter et le jardinier en tient généralement compte. Mais cette capacité d'adaptation à ses limites et il faut apprendre à bien les connaître, car plus on s'approche de la limite de sa zone d'adaptation, plus elle devient fragile, moins elle fleurit, moins elle prospère. La capacité d'adaptation est aussi très variable d'une plante à l'autre, certaine plante pouvant s'adapter à plusieurs milieux, alors que d'autres sont très exclusives.
Il en va de même pour chacun de nous. Nous avons à apprendre à nous connaître et à trouver les milieux de vie qui nous conviennent le mieux, milieux qui peuvent être très différents d'une personne à l'autre.
On s'acharne trop souvent à vouloir se conformer à une image, à son ego ambitieux, aux désirs des autres ou à ne je sais quoi d'autre, ce qui nous amène à faire des choses ou à vivre dans des milieux qui ne nous conviennent pas. Et on se sent mal et dégénère, sans trop comprendre pourquoi. Il faut s'observer dans toutes sortes de situations, voir comment on s'y sent, afin de privilégier les situations et milieux dans lesquels on se sent le mieux.
Et savoir dire non à ce qui ne nous convient pas demeure le défi la plus difficile.

La mise en objets

(Réf.: 'La personne en écho' de J.-C. Crombez, psychiatre)
Je vais parler ici d'une technique qui m'a été inspirée en 1998 par Jean-Charles Crombez, psychiatre à l'Hôpital Notre-Dame de Montréal, par son livre "La personne en écho". Je ne saurais trop recommander ce livre à tous, mais surtout à toute personne souffrant d'une maladie grave, vu qu'il traite principalement du processus de guérison. (Il a aussi écrit "La guérison en écho" mais ce livre s'adresse aux instructeurs travaillant auprès des malades). "La personne en écho" est un livre d'une richesse incroyable, je ne peux exprimer toute sa valeur en quelques mots, mais je sais que son approche vous surprendra et vous aidera.
"La mise en objets" ne constitue qu'un petit aspect de ce livre. Je n'ai pas l'intention de décrire la technique telle que conçue par le docteur Crombez, on pourra consulter le livre à cet effet. Il ne me reste d'ailleurs qu'une vague idée de la technique originale, et peut-être bien que ce dont je vais vous parler n'y correspond plus très bien. Mon intention est plutôt d'exprimer comment moi je l'ai comprise, l'ai adapté à mon besoin et l'ai mise en pratique au cours des dernières années.
Même si je ne comprends pas tous les processus cérébraux qui supportent cette technique, je sais qu'elle est efficace pour l'avoir pratiqué, bien qu'elle ait ses limites comme toute chose.
Dans mon cas, j'ai surtout pratiqué cette technique au coucher ou la nuit, vu que je souffrais souvent d'insomnie. Elle m'aidait à me calmer et à m'endormir. Elle m'a aussi aidé à gérer de grands moments de stress.
Cette méthode va précisément nous aider dans les situations où on se sent submergé par un malaise ou un mal-être qui nous emporte. Ces situations sont le plus souvent causées par le stress, par des émotions fortes ou par notre cerveau qui s'emballe. On peut par exemple se sentir perdu, dépassé, découragé, désespéré ou encore envahi par la culpabilité, la peur ou autre. On étouffe alors sous ce poids et on a plus d'espace pour respirer. On est trop pris dedans, trop embourbé et on ne voit plus rien. C'est comme si on était emporté par une vague trop forte et qu'on perde pied, qu'on perde contact avec le réel. Cette technique nous aidera alors à se sortir la tête de l'eau et à créer un peu d'espace en soi.
Il s'agit en fait de simplement devenir le témoin de tout ce qui se passe en soi, de nommer ce qui nous vient à l'esprit ou ce qu'on ressent à cet instant même, ce qui aura pour effet de le transformer en objet, de le concrétiser, de le sortir de l'inconscience pour le mettre sur la table et en faire une chose différente de soi. Il ne s'agit pas d'être rationnel, objectif ou précis, mais plutôt de nommer la chose telle qu'on la perçoit subjectivement, parfois seulement à partir d'une vague impression. Le processus doit s'opérer sans aucun but, sans aucune attente d'aucune sorte. On se laisse aller en toute liberté, sans aucun contrôle ou censure. Il ne s'agit pas de vouloir entrer profondément en soi-même, ou de se forcer pour atteindre un état quelconque, ni de vouloir se diriger dans une direction précise, on laisse plutôt venir tout ce qui se présente et on le note sans rien changer à quoi que ce soit. On peut noter la perception d'un bruit extérieur, d'une réaction ou sensation physique, d'un changement dans sa respiration, d'une émotion, d'un sentiment, d'une pensée ou autre. On observe comment les choses se passent en soi, comment tout est interrelié et comment, par exemple, la moindre pensée fait écho sur le corps émotif et physique. Il n'y a rien à faire, sinon laisser être ce qui est. Il ne faut pas chercher à comprendre, à expliquer, à se justifier ou à faire des liens, et que cela ait du sens ou non, ou soit réel ou non n'a aucune importance.
Il faut oublier tout ce qu'on sais ou connais. On fait simplement confiance et on s'abandonne au pouvoir de notre intelligence naturelle spontanée qui saura nous faire cheminer vers ce qui est bon pour soi ou faire survenir ce qui saura nous aider. On laisse travailler son imagination créatrice sans intervenir. Les objets perçus pourront prendre des formes imprévisibles qu'il nous sera possible de visualiser.
Je vais donner un exemple de cette pratique, mais comme elle est totalement imprévisible, elle sera différente d'une fois à l'autre, et encore plus d'un individu à l'autre. J'aime parfois en faire un jeux et décide de nommer 5, 10 ou 25 objets qui m'habiteront dans les prochains instants en les comptant avec mes doigts ou autrement dans le but de faire participer minimalement mon corps. Par exemple, 1: Je note une léger tiraillement dans le centre du genou droit. 2: Je baille et cela me fait du bien. 3: Oh, la gratte vient de passer, est-ce qu'il neige? 4: Je pense à mon fils et ressens une inquiétude .. 5: Il ne faut pas que j'oublie de dire cela à Marie. 6: Je me demande bien ce que le patron a pu en penser. 7: J'ai la tête qui bouille. 8: Je vais encore passer une nuit sur la corde à linge. 9: Mon cœur tire de la patte. Etc. Certains seront plus factuels, d'autres y mettront plus d'imagination, mais on laisse les choses prendre la forme qu'ils voudront bien prendre en fonction de ce qu'on est.
Le fait de mettre en objet tout ce qui se passe en soi aide à dédramatiser. Il y a soi, et il y a des choses qui se passe en soi. Par exemple, je ne suis plus un asthmatique et ne me définis plus comme tel, mais j'éprouve de la difficulté à respirer en ce moment, et je l'observe. Je ne suis plus possédé par une maladie, je la possède en moi, c'est tout. Je m'identifie moins aux choses qui se passe en moi, je m'en distancie un peu et cela m'aide à reprendre mon souffle, à revenir sur terre et à me 'grounder'. Les choses qui me troublent perdent de leur emprise sur moi.

Conditionnement du cerveau

Ma visite au salon de l'auto m'a sensibilisé à un phénomène captivant, soit le phénomène du conditionnement de notre cerveau.
Dans les jours, voire les semaines précédent ma visite à ce salon, je n'avais aucun intérêt pour les autos. Mais cet intérêt s'est développé de façon surprenante pendant ma visite et dans les jours qui ont suivis. Le lendemain, j'ai passé la journée à faire des recherches sur internet pour trouver l'auto correspondant le mieux à mes besoins, j'ai planifié des visites chez les concessionnaires et mon désir de changer d'auto à pris progressivement de l'ampleur. Alors qu'auparavant je ne remarquais aucunement les autos que je croisais sur ma route, maintenant je les observe avec attention et en parle régulièrement. J'ai soudainement développé un intérêt majeur pour les autos.
Le phénomène de conditionnement et de renforcement cérébral est déjà bien connu des agences de publicité. Elles s'en servent couramment pour nous exploiter, c'est bien connu. Ils sont passé maîtres dans l'art de créer de l'intérêt et des besoins pour promouvoir la vente de produits. Et ce n'est pas pour rien qu'on tient des événements comme le salon de l'auto, on connaît leur efficacité.
Par ailleurs, le fait de bien comprendre le processus de conditionnement cérébral pourrait me permettre de l'exploiter à mon avantage et ainsi m'ouvrir à de nouvelles possibilités. Je pourrais entre autres m'en servir pour favoriser chez moi l'adoption d'un comportement positif ou d'une bonne habitude.
Par exemple, je sais bien qu'il me faut faire plus d'exercices physiques, mais rien ne me dit rien en particulier. Mais il me faut faire quelque chose et il me faut me décider; je choisis finalement de bouger en jardinant et en faisant de la bicyclette. Au départ, il me faudra y mettre un minimum d'efforts, c'est certain. Mais je constate rapidement que plus je jardine, plus je me conditionne à jardiner, plus j'aime le jardinage et plus le jardinage prend de la place dans ma vie. De même, plus je pédale et plus j'ai le goût de pédaler. Il se peut toutefois que je développe un aversion pour une activité qui ira en s'amplifiant avec la pratique, mais cela est plus rare. On parlera alors d'un conditionnement négatif.
De la même façon, plus je vis avec une même personne, plus je me conditionne à vivre avec elle, jusqu'à ce que j'en vienne à penser ne plus être capable de m'en passer. Dans le sens contraire, plus je déteste quelqu'un, plus le cerveau en rajoute et plus je le déteste.
Le cerveau est comme un éponge qui s'imprègne de ses pensées et de son environnement. Si je jardine, il s'imprègne de jardinage. Si je vis dans un environnement très politisé, j'ai des chances de faire de la politique. Si j'écoute des films violents je deviens violent. Si je magasine, je m'imprègne de produits de consommation. Si je lis des romans Harlequin, mon cerveau s'imprègne de romantisme. Je peux même entrer dans un cercle vicieux, me concentrant de plus en plus sur un intérêt particulier jusqu'à en devenir prisonnier.
Le fait d'être attentif et de prendre conscience de ce puissant processus de conditionnement cérébral nous aidera à préserver notre liberté. On pourrait aussi s'en servir comme d'un outil, d'un levier pour implanter des changements positifs en soi.

Syntoniser le bon poste
C'est un vieux monsieur de 81 ans, au physique usé mais à l'esprit vif, qui m'a sensibilisé à la réalité que je vais tenter d'exprimer dans les lignes qui suivent.

Dans mon quotidien, sans trop m'en rendre compte, tout se passe comme si je vivais sous différentes longueurs d'ondes, sous différentes fréquences qui fluctuent dans le cours de ma journée. Chaque fois que je change de centre d'intérêt, il en découle un changement vibratoire, un changement de longueur d'onde. Pour faire image, on peut comparer cela au fait de changer de poste de radio ou de télévision ; l'atmosphère, le sujet, les couleurs, l'esprit, tout peut être fort différent d'un poste à l'autre.

Quelques exemples nous éclaireront davantage:
1: Ce matin, je jardine, je suis très centré sur mon travail manuel et ne vis que pour mes plantes et mes fleurs. Vers 10 heures, je reçois à l'improviste un ancien ami. J'éprouve alors beaucoup plaisir à le revoir, je prends une bière avec lui et nous évoquons la nostalgie de nos 20 ans. Il se produit alors un changement évident de longueur d'onde; je viens de syntoniser un nouveau poste. Après le départ de mon ami, je n'aurai plus le goût de revenir au jardinage et je me brancherai probablement sur un tout autre poste. Cet exemple de changement de poste est assez flagrant, mais il y en existe de nombreux autres plus ténus et plus subtils, mais tout aussi réels.
2: Aujourd'hui, j'ai la vibration pour écrire des textes métaphysiques, la vibration est là sans trop que je sache pourquoi. Demain, mes centres d'intérêt seront probablement tout autre.
3: Quand j'entre dans une phase compulsive, de magasinage, de jeux de loterie, de collection d'objets ou autre, je me place sur une longueur d'onde très stable et qui sera difficile à déloger. Je peux par exemple être sur le poste "désir sexuel compulsif" pendant un bout de temps, pour tomber ensuite sur le poste "ressourcement spirituel". Je peux être sur le poste "joie de la vie familiale" pour plus tard me retrouver sur le poste "plaisirs de la liberté individuelle".
Il y a des milliers d'états d'être pouvant exister en nous. Ils peuvent être à prédominance physiques (ex: passion pour un sport), ou émotifs (ex: se sentir frustré), ou intellectuels (ex: l'informatique), ou encore spirituels. Mais, en pratique, ils seront généralement composé d'un mélange des éléments précités.

On aura aussi tendance à sélectionner certains postes ou fréquences ondulatoires en fonction de son âge, des jours de la semaine, des heures du jour, des événements extérieurs ou autres.
Il y a des longueurs d'ondes de basses fréquences, plus liés aux rythmes du corps physique, et des longueurs d'ondes de hautes fréquences, plus liés à la vie intellectuelle et spirituelle. Mais les basses fréquences ne sont pas moins nobles que les hautes fréquences.
Si je regarde dans ma vie, j'y retrouverai assez facilement les principaux postes que j'ai normalement tendance à syntoniser et qui reviennent régulièrement prendre l'antenne.
Dans l'inconscience, les postes se sélectionnent ou se changent d'eux-même, sans qu'on n'y peuvent rien et sans même qu'on s'en rendent compte. Un événement, la fin d'une activité, la fatigue, une exigence, le sens du devoir ou différentes dispositions intérieures ou extérieures vont nous amener malgré nous à se placer sur un certain poste. De même, nos émotions, nos pensées et nos désirs nous charrient et nous imposent généralement nos états d'âme et les postes sur lesquels on se stationnera.
Il n'y a pas nécessairement de bon poste ou de mauvais poste en soi. Il faut privilégier les postes qui sont bons pour soi, qui nous font du bien, et aussi diversifier le menu. Être toujours branché sur le même poste, ou ne désirer ou n'aimer qu'un ou deux postes nous indiquent que nous avons un problème, que nous sommes en déséquilibre.
Est-ce possible d'en venir un jour à pouvoir syntoniser consciemment les bons postes pour soi ? Cela ne va pas de soi et demande beaucoup de vigilance. Il faut beaucoup d'attention et de présence pour sentir venir une onde vibratoire et décider consciemment de l'accueillir ou de la rejeter pour lui privilégier un autre poste. Il faut agir en tout début du processus, dans les premiers instants, car une fois le poste sélectionné il pourra m'être très difficile sinon impossible de faire marche arrière. Il sera comme trop tard, le processus sera enclenché jusqu'à épuisement, un peu comme un balancier qui, une fois lancé, va devoir faire son cycle.
Par exemple, dès que je sens poindre en moi le moindre soupçon de frustration, je peux immédiatement agir et choisir de réfuter ce poste de frustrés pour le remplacer par un poste humoristique ou un autre plus positif. Cela se fait, je l'ai déjà testé quelques fois.
Pouvoir vraiment sélectionner les bons postes en toute conscience serait fort valable, mais nous n'en sommes pas là, sauf exception. Pour l'instant, l'important est plutôt de prendre conscience des postes qui occupent nos ondes la plupart de temps, surtout de ceux qui viennent polluer nos antennes et des limites et désagréments qu'ils nous causent. Les voir, les observer, les étudier leur fera perdre peu à peu de leur emprise sur soi, les relativisera en attendant qu'un jour se développe en contrepartie le goût pour autre chose, soit le goût de s'ouvrir à de nouvelles réalités encore inexplorées en soi.

Trouver un coupable

J'ai des opinions, je tranche et je juge.
J'écoute les nouvelles, on y parle de meurtres, de pédophilie, de scandales et autres faits croustillants dont je suis inconsciemment friands, malgré mes airs de vierges offensées, sinon je ferais autre chose.
Je fais le procès de tous et chacun, en condamne certains, en élève d'autres au rang de héros.
Au fond, je ne vois rien, sauf ce qui se passe en superficie. La réalité est bien plus complexe que ce que j'en comprends par mon regard superficiel. Je ne vois pas que les meurtres, déviations et scandales qu'on me montre ne sont que des conséquences de problèmes personnels et sociaux beaucoup plus vastes et profonds. On ne touche que rarement aux vraies problèmes, on ne parle que de symptômes qu'on prend pour le problème.
Et en trouvant un coupable, cela me donne bonne conscience, me permet de ne pas me sentir concerné, de m'élever au dessus de tout cela. Et, pendant ce temps, le problème continue d'exister, voire de s'amplifier.

Se faire prendre en charge

Je me demande parfois si nous finirons un jour par sortir de l'enfance ou de l'adolescence, tellement nous demeurons d'éternels enfants ou ados au fond de nous-mêmes. Nous venons au monde totalement dépendant, mais tout notre apprentissage et développement devrait tendre normalement à nous amener progressivement vers l'autonomie et la liberté. Mais, même si nous faisons tous un certain cheminement en ce sens, il n'en reste pas moins que nous demeurons presque tous des êtres très dépendants. Je ne parle pas ici de la nécessaire interdépendance, mais plutôt d'une dépendance malsaine.
Dès que nous lâchons notre mère, c'est pour chercher à la remplacer et se coller à quelqu'un d'autre. Nous nous trouvons alors un conjoint et lui demandons de nous prendre en charge. Et nous attendrons de lui qu'il s'occupe de nous, nous comble à souhait, et même devine nos besoins et désirs; sinon, nous lui retirerons notre amour et le remplacerons par une autre personne avec qui nous répéterons les mêmes scénarios.
Il en va de même lorsqu'on vit un problème personnel quelconque. On n'hésitera pas alors à remettre sa vie entre les mains des autres, professionnels de la santé, médecins, psychologues, associations ou autres. Je ne dis pas que les services professionnels ne soient pas parfois nécessaire, mais c'est une question de degré; il y a une différence entre se faire aider et s'en remettre totalement aux autres.
Nous demandons également à l'état de nous prendre en main et de s'occuper de nous, de nos enfants, de nos aînés et de la société en général. Nous rendons l'état responsable de notre santé, de notre éducation, de notre sécurité, de l'ordre et même de la morale. Encore une fois, ce n'est pas que l'état ne soit pas nécessaire, le problème vient plutôt du fait que nous n'en avons jamais assez, que nous en voulons toujours plus pour un minimum d'effort. Dès que nous vivons un problème, nous sortons nos pancartes et exigeons que l'état s'en occupe. Et c'est ainsi que l'état en vient à s'ingérer subrepticement dans tous les domaines de nos vies. Nous ne cessons de crier après l'état qui, élu par nous et à notre image, croule sous les déficits. Même un état riche comme la Californie se retrouve sous des milliards de déficits !
Et nous n'agissons pas différemment avec l'entreprise qui nous embauche ou dans les autres secteurs de nos vies.
Rares sont les êtres qui se prennent en main, réellement, fondamentalement et qui accepte de faire face à leur réalité.
Au lieu d'en pelleter de plus en plus dans la cour des autres et de l'état, faisons donc un effort pour nous prendre en main, pour nous responsabiliser, et nous gagnerons en estime de soi et joie de vivre.

Le miroir de moi-même
Je pense mon cas unique, et cela m'intimide, me rend honteux, ou me glorifie selon le cas.
Je me pense seul à vivre telle expérience, à ressentir telle émotion ou tel sentiment. Pourtant, si je décide de m'ouvrir aux autres, j'ai la surprise de constater que l'autre n'est pas différent de moi, qu'il passe par le même chemin que moi. Et si j'écoute les autres qui s'ouvrent à leur tour, je me rends compte qu'ils sont comme moi. Je me reconnais en tous et chacun, et tous et chacun se reconnaissent en moi. Les autres sont le miroir de moi-même et vice versa.
Un tel me dira qu'il n'a rien de commun avec cette personne ou ce comportement qu'il ne peut sentir ou tolérer. Mais si certaines choses nous dérangent chez les autres, c'est parce qu'elles nous reflètent quelque chose de nous-même, quelque chose qui nous appartient et que nous ne voulons voir, accepter ou reconnaître. Cela peut par exemple être une partie de moi qui est bien vivante mais que je contrôle et ne permet pas d'exister, ou quelque chose ou une qualité que je n'ai pas et qu'au fond j'aimerais bien posséder. Si je ne me sentais pas concerné personnellement, ou si cela ne réveillait pas en moi quelques réminiscences, ce serait l'indifférence.
Après avoir fait le constat que nous sommes tous semblables, je n'oublie pas qu'il y a aussi un monde de différences entre chacun de nous et que chacun vit sur une planète unique.
Sur un piédestal

Nous avons tendance à tout voir en noir et blanc. D'un côté il y a les gens que nous aimons et de l'autre ceux qu'on ignore ou qu'on déteste. Les "IN" et les "OUT". On catalogue et étiquette les gens rapidement et très cruellement.
On place certaines gens sur un piédestal et puis on se sent inférieur ou petit à côté d'eux. On se laisse alors facilement impressionner par ces derniers et leur accorde toute notre admiration.
Par ailleurs, on juge d'autres gens petits ou stupides et on les regarde de haut. On se sent cette fois supérieur à eux et cela vient conforter notre orgueil.
Pourtant, ce n'est qu'une question de perception car on est tous sur le même pied. On est tous égaux. Chaque personne a ses zones de grandeurs et de misères, ou ses forces et ses vulnérabilités. Et si nous percevons la réalité en noir et blanc, c'est simplement parce que notre regard est partiel et fragmenté. On ne juge qu'à partir d'un seul aspect qui nous semble important et non à partir d'une vision globale.
Ainsi, il n'est pas rare que, suite à un scandale, la fragile auréole de nos idoles se brisent tout d'un coup, qu'ils tombent de leur piédestal et passent instantanément du ciel à l'enfer.
De même, si je me regarde personnellement, objectivement, je verrai bien que moi aussi je suis capable de grandeurs et de bassesses et ce, parfois dans une même journée.
Ce sont les circonstances ou mon conditionnement qui font que je me retrouve d'un côté ou l'autre de la clôture du bien et du mal, bien plus que mon système de valeur ou ma conscience. Ce qui me scandalise, je pourrais très bien le faire moi-même si j'étais issu d'un autre milieu ou en d'autres lieux, en d'autres temps, en d'autres circonstances ou sous une autre culture.

Filer sur l'autoroute

Je file à 140 km/hr sur l'autoroute de la vie. À une telle vitesse, je ne vois presque rien autour de moi. Et je n'ai pas le temps de regarder les mouches s'écraser dans mon pare-brise, j'ai plutôt le goût d'écraser tout ce qui se met en travers de ma route. Ne venez surtout pas ralentir mon air d'aller.
Cela me donne le feeling de vivre, d'être important, d'avoir un certain pouvoir.

Or pour voir, il faut ralentir, il faut s'arrêter.
Dans le domaine psychologique, on ne peut faire l'économie du temps. Pour l'adepte de la gestion efficace qui décide de se prendre en main sur le plan psychologique et qui pense pouvoir régler ses problèmes comme on règle un problème matériel, soit avec rapidité et avec efficacité, ce sera une grande déception. Cela ne marche pas sur le plan psychologique.
Tout au contraire, il faut y mettre du temps, beaucoup de temps.

Parfaite indifférence et infinie tendresse

Il est très difficile de bien aimer ses enfants, ses proches, car on se sent trop concerné. C'est comme s'ils étaient le prolongement de nous-même. Ce qui leur arrive nous affecte, nous rend heureux ou nous afflige selon les circonstances. L'émotion qui en découle nous aveugle.
Ma voisine, ayant perdu récemment son mari, vit seule avec ses enfants. Je trouve sa situation pénible sous plusieurs aspects. Selon mon point de vue partial, je juge que cette famille vit de toute évidence des difficultés nettement supérieures aux nôtres. Pourtant, je ne me sens aucunement concerné par ce qui leur arrive. Par ailleurs, quand je les rencontre, j'éprouve beaucoup de plaisir, de chaleur, de présence et ressent une infinie tendresse à leur égard. Je n'hésite jamais à leur donner un coup de main au besoin. Dès qu'ils se retrouvent hors de ma perception, ils n'existent plus dans mon cerveau, qui demeure libre de toute préoccupation à leur égard. C'est au fond un amour d'une grande pureté, d'une grande légèreté, ne laissant aucune scories dans mon être.
Par contre, quand il s'agit de ma famille, tout se complique. Je me laisse facilement emporter dans un mouvement émotif qui me fatigue, m'use prématurément et qui parfois même me porte à l'ingérence. Pourquoi? La question est difficile, elle se rapporte aussi à soi-même. Comment prendre ses responsabilités face à ses proches et à soi-même sans se laisser emporter par les événements qui arrivent nécessairement? Le défi est de taille, soit de rester froid et indifférent face aux événements afin de conserver l'énergie et la lucidité requise pour pouvoir vraiment être aidant, pour pouvoir rester présent et disponible à l'égard des autres et de soi-même. Sinon, l'inquiétude, la colère et autres émotions viennent m'aveugler et me durcir.
L'infinie tendresse dont il est ici question est accueil, acceptation, pardon et lâcher prise face aux événements de la vie. Infinie tendresse qui n'est autre que l'Amour.
S'il m'est plus facile de bien aimer mes voisins que de bien aimer mes proches ou moi-même, c'est que dans l'amour de mes proches et de moi-même il y a un plus, un plus qui en fait est un trop, et ce trop est le trop fort intérêt que je leur porte et me porte. Avec mon voisin, c'est le désintéressement, voir le détachement qui me sert bien et me garde présent, énergique et lucide pour agir et faire ce qui doit être fait dans l'immédiat.
Parfaite indifférence et infinie tendresse sont deux forces paradoxales nécessaires à l'existence de l'Amour véritable.

La dépression

Contrairement aux désirs de notre ego, la vie n'est pas une ligne droite ascendante. La vie est plutôt une courbe sinueuse faite de hauts et de bas. Quoi qu'on veuille et quoi qu'on fasse, malgré tous nos efforts pour croître et s'améliorer, on se dirige tous vers une mort certaine.
On recherche le plaisir, la joie de vivre, le confort, et c'est bien naturel. Mais que se présente un sentiment de tristesse, de faiblesse ou de fatigue, et on le prends mal. On fera tout pour dissimuler à soi et aux autres ces sentiments qu'on dit et juge négatifs, on fera tout pour s'en défaire.
On se laisse dire ou ou se dit: Sois positif, ne te laisse pas submerger pas le négatif, prends toi en main, brasse toi un peu. Or tous ces conseils sont loin d'être aidants.
La dépression est liée à une grande fatigue dont nous sommes souvent inconscients tellement on s'y est habituée.
Il y a la marée haute et la marée basse. Il y a le soleil et les nuages, parfois même de gros nuages sombres et lourds qui s'installent pour un temps. Même si on désire le soleil, on n'y peut rien. Les nuages sont aussi essentiels à la vie que le soleil.
Il faut accueillir les sentiments de tristesse et de déprime et non les refouler. Les laisser être et les vivre, les laisser nous dire ce qu'ils ont à nous dire car ils nous envoient des messages importants à écouter. Et toute l'énergie qu'on ne gaspillera plus pour lutter contre les sentiments dits négatifs sera alors récupéré pour notre régénération.
Si on accueille ces sentiments de tristesse, on se rend compte qu'ils sont moins souffrants que l'on pense, qu'ils ont même leurs couleurs et leur lumière. Ils nous révèlent de nouvelles perspectives et nous aide à voir et changer ce qui ne va pas en soi.
C'est en général une période intense de changement et de remise en question. Il faut en profiter pour communiquer, s'ouvrir aux autres, et ne pas hésiter à se faire aider au besoin.
Ne pas s'apposer le qualificatif de "dépressif", ne pas en faire un mélodrame. Il y a moi et il y a en ce moment un sentiment de tristesse qui est en moi. Je l'accepte et m'y laisse flotter doucement, sans attente.
Et, un jour ou l'autre, au moment où je m'y attends le moins, le soleil reviendra enjoliver ma vie.
N.B. : - Il existe différentes formes de dépression dont certaines sont sans rapport avec ce que j'exprime ici et qui requièrent un traitement médical, hormonal ou autres.
          - Le jardinage constitue, entre autres, un excellent remède contre la dépression.

Je suis possédé

À la naissance, nous sommes des êtres de pure spontanéité, d'imagination, d'expérimentation et de création. Nous sommes totalement ouvert et présent. Et grâce à cette présence, nous avons alors une capacité incroyable d'apprentissage et de développement. Le moi occupe alors toute la place. Pour fin de discussion, appelons cet état "l'enfant créatif" en soi.
Mais assez rapidement, au contact de mon environnement, se mettra en place une autre partie du moi. Il s'agit d'un genre de mécanisme d'adaptation et de survie qui entre en fonction, prend forme et se développe pour devenir ce que nous appellerons "la personnalité". C'est comme si une deuxième personne, formé et adapté selon les goûts des parents ou personnes significatives de mon enfance, ou encore en réaction à ces derniers, prenait forme en moi. Que je me conforme et m'adapte pour me faire aimer, ou que je sois en réaction contre, c'est du pareil au même, mon milieu original étant dans les deux cas à la racine même de ma programmation.
Il y a donc comme deux entités en moi, mon moi réel (l'enfant créatif), et mon surmoi adaptatif et programmé (ma personnalité).
Plus le milieu dans lequel je suis né et ai grandi dans mon enfance aura été évolué et m'aura fourni un amour inconditionnel (ce qui ne veut pas dire permissif) et un bon cadre de référence, plus la partie "enfant créatif" restera présente et pourra se manifester plus tard dans l'âge adulte. Mais au niveau d'évolution où nous en sommes, la personnalité risque fort de prendre beaucoup de place, sinon toute la place aux dépens du moi réel.
Si, par exemple, je suis une personne sur adaptée, rationnelle, structurée, disciplinée ou ambitieuse, cette forte personnalité va avec le temps éteindre ou presque l'enfant créatif en moi, du moins pour de nombreuses années.
Les types de personnalité sont multiples bien qu'on puisse les catégoriser. Je peux posséder une belle personnalité positive et structurée qui me permet de me faire apprécier, je peux aussi avoir une personnalité sombre et triste, voir détestable. Elle peut être fondée sur un excès de confiance en moi, ou sur la timidité (le timide n'a pas moins de personnalité qu'un autre, la timidité n'est pas humilité, elle origine de l'orgueil).
Chaque personnalité est complexe et peut cacher plusieurs visages. Elle présentera le plus souvent une façade joyeuse. Mais si je creuse et regarde de très près ce qui se passe en moi, j'y découvrirai aussi probablement une sorte de grosse masse sombre, un amas de souffrances qui, selon les circonstances, sera très présent, ou encore sera masqué et ne se manifestera que lors d'un contretemps. D'ailleurs, je m'agite, consomme et me divertit énormément pour ne pas la sentir et ne pas avoir à y faire face.
Je m'identifie souvent inconsciemment à ma souffrance (ex: je suis un faible, un cardiaque, un malade, un pauvre..) souffrance qui n'a pourtant absolument rien à voir avec ce que je suis profondément. L'orgueil peut m'amener momentanément à me sentir fort et puissant, mais l'orgueil n'est qu'une prétention sans assise qui me fera planter au prochain détour pour mieux me remettre le nez dans ma souffrance.
La personnalité peut me posséder presque complètement et prendre possession de mon corps, de mon coeur et de mon esprit. Je deviens à la limite totalement à son service. Elle me fait marcher, travailler, me presser, m'énerver, suer, gesticuler, me fâcher,.. Elle occupe mon cerveau, contrôle mes pensées et dirige la barque. Elle me mène comme un pantin. Pourtant, même si j'ai tendance à m'y identifier, elle n'est pas moi. C'est une structure inconsciente qui me vient de l'extérieur et qui d'une certaine façon a été placé en moi lors de mes relations passées.
Si je plonge en moi, j'y verrai peut-être assez facilement la super structure de ma personnalité, si je suis prêt pour cela. En y regardant encore de plus près. je pourrai peut-être aussi découvrir ce qui reste en moi de l'enfant créatif. Tout tassé et écrasé qu'il soit par la personnalité, il est pourtant toujours vivant, oui bien vivant. Car s'il n'était plus là, je serais devenu un être totalement cynique, ou désespéré, ou violent ou encore suicidaire. Cet enfant en moi, même écrasé, est tout ce qu'il me reste d'humanité.
Il est bon de faire l'exercice de regarder en arrière, pour voir et comprendre les mécanismes de formation de sa propre personnalité et ce qui l'a amené dans mon cas à prendre telle forme particulière. Mais il n'y a pas lieu de trop creuser, restons dans les grandes lignes, car cet exercice peut être sans fin. Juste comprendre le mécanisme est suffisant.
Il ne s'agit pas de vouloir évacuer de moi mon ego ou ma personnalité. Ce serait peine perdu, ce vouloir ou ce désir serait encore l'ego qui revient subtilement par la porte d'en arrière. Il faut l'accepter, l'accueillir, car sa mise en place fut nécessaire pour assurer ma survie dans le monde inconscient et imparfait dans lequel j'ai grandi et évolué. Et elle va rester présente tant que j'en sentirai le besoin pour me sécuriser, pour me sentir exister et tant que je m'identifierai à elle comme étant moi. C'est un lent cheminement, on ne sort pas facilement de soi une structure qu'on a pris 30 ou 50 ans à former. Il faut mainte fois la regarder, l'observer en action et voir ses effets parfois dévastateurs sur son corps, ses émotions, ses sentiments et sa créativité.
Il faut surtout reprendre contact avec l'enfant créatif en soi, lentement lui redonner un peu d'air, lui refaire un peu de place, lui permettre de grandir pour un jour, peut-être, si dieu le veut, il puisse redevenir l'être créatif original et parfait qu'il a toujours été et qui malgré son vécu difficile demeure intact.

Religion et spiritualité
La religion, le sacré
À un certain moment de l'évolution des sociétés, la religion a joué son rôle pour faire connaître l'enseignement des sages et prophètes et pour aider les hommes à avancer et à se civiliser.
Mais elle a aussi son côté sombre, les guerres de religion ayant causés plus de 50% des morts violentes dans l'histoire des sociétés. C'est bien loin de l'esprit de paix et d'amour qu'elle est censé véhiculer. On a tous aussi en tête les abus de pouvoir causés par des religieux.
Chaque religion possède la vérité, sa vérité. Pourtant la vérité est une et universelle.
La religion est croyance. Croire, c'est se soumettre à une autorité spirituelle, à un maître, c'est mettre quelqu'un au dessus de soi. C'est se laisser embrigader, c'est devenir aveugle, c'est perdre sa créativité et laisser à d'autres la responsabilité qu'on a de développer sa propre vision du monde.
Le disciple a trouvé la vérité. Emporté par son mouvement, il tentera de convaincre d'autres disciples. Et plus on est de monde qui pense pareil et plus on se pense dans le droit chemin. Avoir trouvé, rien de plus effroyable, car l'être qui a trouvé perd sa capacité à discerner, il perd tout sens critique, il ne cherche plus, il stagne et dépérit. C'est la mort spirituelle. La mort physique n'est rien comparativement à la tristesse qu'engendre la mort spirituelle.
Même si cela peut sembler ténue, y a un monde de différence entre croire et s'enrichir au contact des sages et des prophètes. Mais si on se laisse impressionner par quelqu'un qu'on étiquette "sage" ou reconnu "sage", on est cuit. Les sages ne se pensent ni se disent sages. Ils ne possèdent pas la vérité et n'ont pas la prétention de l'enseigner. Ils nous indiquent tout au plus vers où regarder pour la voir. Car la vérité est universelle et en ce sens elle est déjà en chacun de nous. Quand on entend une parole sage, il faut toujours se centrer et se demander si cette parole correspond bien à ce qu'on ressent en soi. On ne nous apprend jamais rien, on ne fait que nous révéler ce qu'on sait déjà, ce qui est déjà en nous et qui est accessible à tous.
Il y a aussi une immense différence entre avoir la foi et croire, entre la foi et la croyance.
La religion a fait son temps ou presque. Elle sera remplacé progressivement par la conscience individuelle d'hommes libres, d'hommes libérés de tout joug, maîtres d'eux-mêmes. Des hommes qui auront la sensibilité, donc l'intelligence de comprendre au plus profond de leur être ce que signifie vraiment avoir le sens du sacré. Des êtres respectueux et émerveillés devant la vie et tout ce qui la soutient.
Avoir le sens de sacré, serait bien la seule véritable religion universelle qui ait un fondement, mais ce n'est pas une religion, c'est un sentiment naturel qui se développe parallèlement à la conscience.
La religion (2)

En assistant au service anniversaire de ma belle-mère, je me suis rappelé que, dans le passé, la religion avait l'avantage de nous relier, de nous rassembler pour nous enseigner les valeurs et la sagesse des évangiles. L'atmosphère créé par le temple, le sens du sacré qui l'accompagnait, tout cela se perd.
La religion catholique, trop prisonnière de sa tradition, n'a pas su évoluer suffisamment pour faire contrepoids à notre société matérialiste.
Par la publicité, les incitations et images qu'elle véhicule constamment, notre société de consommation influence et module grandement les jeunes d'aujourd'hui. Je m'inquiète un peu pour eux, mais en même temps je leur fais confiance, car ils ont l'esprit beaucoup plus libre que nous et sont plus créatifs dans leur façon d'être.
Quant à nous, l'église nous a bien autant brimée qu'elle nous a libérée. Si je regarde ce que nous sommes devenus, avec tous nos travers, je me dis que la religion est bien loin d'avoir fait de nous des saints. C'est quand même nous qui, malgré la religion, l'avons monté cette société matérialiste.

Le zen

Je m'intéresse au zen depuis de nombreuses années. Le zen est très ancien, il origine du Chan et remonte aux années 300 après Jésus-Christ. Il a donc beaucoup de vécu et une sagesse longuement accumulée au cours des siècles. On y retrouve entre autres des préceptes pratiques de vie, souvent assez désarmants dans leur approche, surtout pour les occidentaux. L'enseignement qu'on y trouve est donc fort intéressant et peut sûrement être aidant, mais il est bon de garder une certaine distance. Il n'y a pas de quoi se faire moine ou devenir bouddhiste. Ce n'est pas la Vérité, encore moins notre Vérité, bien qu'on y retrouve des vérités.
Plusieurs adeptes du zen se sont convertis en maîtres et ont formé un peu partout dans le monde de petites sectes en vue d'enseigner le zen et de méditer en zazen. Ils se défendront bien sûr d'être des sectes, on me dira que je n'ai rien compris. Mais entre l'objectif et comment cela se vit dans la réalité quotidienne, il y a une grande marge.
J'ai déjà participé à un groupe zen et juste le fait de revêtir le kesa (grande soutane noire) et d'entrer dans des rituels très anciens et devenus bizarres aujourd'hui m'a rebuté. J'avais l'impression d'entrer en religion. Il me semble qu'on pourrait faire évoluer le zen et continuer de l'enrichir, car tout change dans la réalité.
Je n'y ai pas trouvé nécessairement plus d'humanité qu'ailleurs et au moins autant d'orgueil spirituel.

Environnement, nature, jardin ..
Remisons tondeuse et râteau et relaxons

Je n'en reviens jamais de la force de nos paradigmes. Un des plus tenace est bien celui du gazon autour de la maison et de ce qui va avec, soit la tondeuse et le râteau.
J'ai vu des gens s'acheter de beaux grands terrains à la compagne pour ensuite les déboiser, en faire presque des terrains de golf et s'astreindre à tondre et râteler continuellement. C'est bien triste de les voir détruire en toute inconscience un environnement merveilleux, un équilibre naturel qui a pris des décennies à se construire, pour faire place au vide ou presque, et tondre et râteler de mai à octobre.
Nous les québécois, nous sommes terribles, c'est comme si l'arbre et la nature étaient des ennemis à abattre. Nous ne cessons de défricher pour les éloigner le plus possible de notre environnement, oubliant qu'ils soutiennent pourtant la vie.
Imaginez un quartier résidentiel où tout le monde remiserait la tondeuse pour laisser place à la nature. Ce serait le plus beau quartier. Il serait plein de vie et d'oxygène. Les enfants pourraient y jouer dans la fraîcheur et y découvrir un milieu naturel varié et riche.
Sans compter que les arbres et la nature nous relaxent, nous reposent, nous rendent nettement moins agressif et qu'il y aurait donc plus de paix dans nos quartiers.
On ne se rend pas compte de toute la richesse des feuilles et branches qu'on brûlent, jettent aux ordures ou déversent dans la rivière comme plusieurs le font autour de moi. La vie se reconstruit pourtant sur un lit de feuilles mortes; celles-ci font obstacle aux graminées et assurent l'implantation des trilles, petits prêcheurs et autres merveilleuses plantes indigènes.
Observons la nature, voyons ses merveilles et jamais plus nous n'oserons sortir la tondeuse, ou presque.
Faisons place à la nature. Respectons là, c'est une question de survie.

'La richesse ne donne pas le bonheur'
('Le Soleil' du 30/3/04)
J'ai lu ce matin un petit article sur le journal qui m'a touché. Il traduit mes préoccupations, mieux que je pourrais le faire. Je le place dans la section "Mes écrits" car j'aurais le goût d'écrire la même chose. Il est court, mait dit beaucoup. Les auteurs sont Pascal Grenier, Roch Côté, Josée Grignon, Mario Denis, George Auger et Loriane Thibodeau de l'Atelier d'introdution à la simplicité volontaire de Beauport. Je les remercie et vous livre ci-après le gros de son contenu :
"Bien que nous ne valorisons pas la pauvreté, nous ne croyons pas qu'il soit souhaitable de se fixer comme principal objectif collectif, l'augmentation du niveau de vie et la création de la richesse, et ce pour trois raisons principales:
1-..notre niveau de vie actuel n'est pas atteignable par l'ensemble des humains de la planète (il faudrait 4.7 planètes pour ce faire..). De même, notre niveau de vie n'est pas soutenable à long terme, car, même actuellement, dans bien des domaines, nous puisons dans le capital-nature plutôt que de ne prélever que nos intérêts. N'a-t-on pas déjà surexploité, à maints endroits, les pêches, les forêts, l'agriculture, etc?
2-..la richesse ne donne pas le bonheur. En effet, il est démontré, par de très nombreuses études, qu'au delà d'un niveau de vie permettant de satisfaire ses besoins de base et un peu plus, il n'y a pas de corrélation entre l'accroissement de richesse et bien-être des individus. Les milliardaires cupides sont-ils plus heureux ? ..
3- La troisième raison à trait à l'importance de maintenir les valeurs des Québécois principalement du côté humain plutôt que de les déplacer sur le plan prioritairement économique et matériel. Vous savez ce qui arrive dans un couple quand un des deux conjoints déplace sa priorité de l'amour de son partenaire et de ses enfants vers l'argent et le travail.. L'esprit matérialiste n'a-t-il pas déjà suffisamment envahi les valeurs ?
Ne devrions-nous pas plutôt nous fixer comme objectif collectif, l'accroissement du BNB (Bonheur national brut) plutôt que de l'augmentation du PNB ?
L'urgence d'agir doit être faite de juste mesure en toute chose, de recherche de simplicité, de modération, de respect de l'environnement physique et humain, de justice sociale, de priorité accordée à la famille et aux relations humaines et de place importante donnée à l'éthique, la morale et la spiritualité dans nos vies et dans nos sociétés."
La méditation naturelle

L'orient a mis en place plusieurs techniques de méditation. Par exemple, on peut pratiquer la méditation zen, soit rester 15, 30 voir 90 minutes en zazen, assis en position de lotus, sans aucun mouvement, centré sur sa respiration et attentif à ce qui se passe en soi et autour de soi. Pour l'avoir pratiqué, je sais que cette pratique est bénéfique à ses adeptes. Mais moi, j'ai besoin aussi de bouger et de toucher pour me détendre et me connecter au monde.
Je pourrais alors opter pour le yoga, avec ses diverses postures et attitudes mentales. C'est sûrement un autre moyen efficace et à la mode pour s'assouplir, se détendre et se recentrer.
Mais il existe aussi un autre moyen naturel pour se connecter à soi et au monde, pour se refaire et reconstruire ses forces. Un moyen à la portée de tous, peu importe son âge et ses dispositions. C'est la méditation naturelle. La méthode la plus simple et la plus facile qui soit. Ce n'est pas une méthode au fait, les jeunes enfants la pratiquent constamment sans s'en rendre compte.
Mais le plus simple est paradoxalement aussi ce qui est le plus compliqué à exprimer et à comprendre, et il faut souvent faire de longs détours pour y revenir.
Je vais donc procéder par des exemples:

-Je pénètre en forêt, y marche ou m'y arrête, tous mes sens en éveil. Je respire et suis attentif aux odeurs, aux milliers de végétaux, aux bruits environnants, à l'atmosphère qui y règne ... J'y caresse respectueusement plantes, arbres et rochers. J'observe toute la vie qui y fourmille. Je m'observe aussi en tant que vivant parmi d'autres êtres vivants et me laisse imprégner de toute cette nature.
-Je suis citadin et je me promène en ville. Au lieu d'être insensible et perdu dans mes pensées comme d'habitude, je me tourne vers l'extérieur. Je deviens attentif aux arbres dans les rues et les parcs, m'émerveille devant les fleurs qu'on plante un peu partout, et même y observe la faune, oiseaux et nombreux animaux que nous sommes tous et qui peuplent cette ville, à commencer par moi-même.
-Je suis dans un appartement, au dixième étage bien loin de toute nature. J'y garde des plantes. Au lieu d'y être indifférent, ou même de sentir le poids de devoir m'en occuper, je prends conscience de leur présence, de leur effet sur moi, de l'atmosphère qu'elles créent. Je prends conscience que chaque plante est à elle seule un monde merveilleux d'une grande complexité et contenant toute la nature.
S'arrêter devant une fleur pour la regarder attentivement, la toucher délicatement, la sentir, l'étudier, c'est une merveilleuse forme de méditation. Cela aide à se reconnecter à la nature, à sa nature. Nous sommes cette nature, en faisons partie. En retrouvant la nature, c'est soi que l'on retrouve.
Jardiner est aussi une merveilleuse forme naturelle de méditation et de yoga.

Se promener en tout-terrain ou prendre une marche ?

Ces engins motorisés sont pollution par le bruit, pollution de l'air. On devient imprégné de l'odeur d'essence. Et au lieu d'avoir profité de son temps pour prendre une bonne marche ou bouger et se sentir mieux, on on sort plus stressé. Sans parler des bris, de l'entretien, des dépenses financières que l'investissement encours et des risques d'accident.
Et certain propriétaires de ces engins n'ont aucun respect pour la nature, écrasant tout sur leur passage.
Comme vous voyez, je n'ai pas une haute estime de ces machines. Je ne cherche pas à être objectif et sais bien que ces merveilles de la technologie ont leur utilité, mais pour l'instant je dépose une plainte.
La marche, la bicyclette, le ski de fond et la raquette sont des bonnes façons de faire de l'exercice et de prendre contact avec la nature tout en la respectant. Mais j'ai des réserves pour le ski de patins qui exige une piste très large et la destruction de trop de forêt.