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Mes
textes 2004 |
Métaphysique
et philosophie |
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En défrichant mon sentier sur le bord de
la rivière, dans un secteur abrupt et difficile, je me suis heurté
à une grosse pierre. Elle s'est placé en plein milieu de mon tracé
et m'a bloqué le chemin. Bien déterminé à suivre mes
plans, j'ai fait des pieds et des mains pour la tasser, j'ai même sorti
mes gros outils, ma colère aussi, mais rien à faire, elle s'est
imposé. Pourtant tout allait si bien jusque là ! Elle est venu en
trouble fête me contrarier et me frustrer. Cette pierre maudite voulait
me parler, à moi qui ne voulait rien entendre et ne voulait qu'aller droit
son chemin sans se faire déranger. Mais compte tenu de son poids, je n'avais
d'autre choix que de la considérer. Je l'ai d'abord écouté
distraitement, avec mauvaise humeur, puis m'adoucissant un peu avec le temps,
j'ai finalement entendu tant bien que mal son message, à savoir: -Qu'il
nous faut parfois accepter de contourner un obstacle, avec intelligence et imagination,
plutôt que de s'épuiser à vouloir le vaincre à tout
prix. Si on l'accepte, cet obstacle devient un atout qui met de la couleur, du
relief et de la vie sur sa route. -Qu'il nous faut accepter la réalité
telle qu'elle se présente. Remercions le Seigneur quand tout ne marche
pas comme on veut, car c'est justement là que la vie peut devenir intéressante.
-Que ce qu'on juge comme un obstacle dans sa vie n'en est pas un en fait, c'est
plutôt une occasion pour nous de sortir de notre isolement ou individualisme
pour rejoindre un temps soit peu le mouvement de vie universel qui est en soi
et les autres. -Que la richesse, le confort, la sécurité et
même la santé ne font pas partie des valeurs procurant la joie de
vivre. La crainte de les perdre ne doit pas faire obstacle à notre démarche
évolutive. -Que tout est égal, que tout m'est égal. Ce
qui est en haut est de même nature que ce qui est en bas et vice versa.
Les événements ne sont ni bons ni mauvais en soi, ce ne sont que
des occasions d'apprentissage. Remercions le Seigneur de nous les faire vivre,
remercions aussi les acteurs sur la scène de notre vie pour les rôles
de bons ou mauvais qu'ils doivent jouer pour soutenir notre évolution.
Avec
le recul, je vois bien que cette pierre m'a finalement forcé à réaliser
une des plus belles courbes de mon sentier et que cette pierre maudite s'est transmutée
en pierre précieuse, tout comme en alchimie le vil métal se transformant
en or. C'est avec joie que je la croise maintenant sur mon sentier, fier de
ce qu'elle m'a permis de réaliser, content de m'arrêter pour m'y
reposer ou lui demander conseil car elle sait me rappeler la vraie nature des
choses.
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'Tout
est pour le mieux dans le meilleur des mondes'
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C'était mon dicton quand je faisais mon cours classique. C'était
ma façon de dédramatiser et de faire face positivement à
la réalité, en me disant que toute chose avait sa place et arrivait
pour le mieux. Mais avec le temps, j'ai oublié cette maxime, me laissant
submerger par les soucis, préoccupations, obligations et idées négatives.
Qu'est ce qu'on attend pour être heureux? Si j'attends d'être évolués
et bien dans ma peau, ou que les êtres qui m'entourent et la planète
se portent bien, aussi bien en faire mon deuil. Le bonheur, maintenant, avec
mes imperfections, est-ce possible ? Est-il possible par exemple d'être
déprimé et d'être heureux ? D'être malade, pauvre, compulsif,
dépendant ou autre et d'être heureux ? Oui, parfaitement ! La
réponse a de quoi surprendre, surtout pour l'ego qui aspire à tant
de choses dans le futur pour se sécuriser et assurer enfin son bonheur.
Mais ce sont précisément ces aspirations que m'empêchent d'être
heureux dans le présent. La bonne nouvelle, c'est que le bonheur est
déjà en soi, en cet instant, peu importe mes conditions de vie.
Il ne se manifeste pas parce que l'ego lui fait ombrage. Le bonheur se trouve
précisément là où je suis maintenant, sous mes pas,
dans mes chaussures, pas ailleurs. Le bonheur est dans le cheminement et
non dans l'atteinte d'un but, ce qui fait qu'un être qui part de loin a
peut-être même un plus grand potentiel de bonheur devant lui. Tout
le plaisir est de s'accepter avec humour, de s'amuser à s'observer, à
observer toutes les forces obscures qui nous manipulent et font de nous ce que
nous sommes. Juste les observer et comprendre leurs modes d'action les désarçonnent.
Il n'y a rien à changer à notre réalité, il n'y a
rien à ajouter pour être heureux... aussi, relaxons-nous, calmons-nous,
respirons. Il y a plutôt à se délester de tout ce qui est
en trop, à lâcher prise et à s'émerveiller de ce qui
se passe en nous et hors de nous.
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| Le
doute me paralyse et m'empêche d'avancer. Trop souvent, le doute
me donne envie de renoncer ou même de détruire ce que j'ai entrepris.
Je me souviens étant jeune de mon cousin André. Il était
d'une grande habileté et construisait de très beaux camions en bois.
On était impressionné par son habileté et on l'enviait tous
beaucoup. Par contre, lui, ne trouvait jamais ses camions assez beaux et les démolissait
peu après à la hache. Il ne voulait même pas nous les donner,
les trouvant trop imparfaits. Il n'avait pas foi en son talent, possédé
qu'il était par le doute et par son oeuvre destructrice. Et si on regarde
dans nos propres vies, on se rendra vite compte jusqu'à quel point le doute
s'insère négativement dans tous les aspects de nos vies et nous
limite au plus petit dénominateur commun. On est des lions, mais on en
doute tellement qu'on en devient des moutons. Le doute m'aiguillonne
et me permet d'avancer. Le doute, s'il ne me décourage pas ou ne
m'éteint pas, m'incitera par ailleurs à me remettre en question,
à vouloir faire plus et mieux, tout comme mon cousin qui voulait construire
des camions toujours de plus en plus beaux. Le doute est ce qui nous empêche
de nous maintenir dans nos pensées toutes faites, d'arriver avec nos grosses
certitudes, d'être celui qui sait, qui a trouvé ou encore qui a réponse
à tout. Le doute est ce qui nous permet de rester ouvert et à l'écoute,
de continuer à se poser des questions, à chercher et à apprendre.
Le doute et la foi sont deux formes paradoxales et complémentaires de
la sagesse.
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Parler
ou se taire, quelle importance ?
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Parler est important, mais on pourrait tout aussi bien choisir de se taire, vu
qu'on peut très souvent affirmer le contraire de ce qu'on vient de dire
et ce, avec tout autant de justesse. Parler surtout pour soi car ce qui vaut
pour soi peut très bien ne pas correspondre à la réalité
de l'autre. Et si je parle parce que je me pense bon ou pense savoir la vérité
et pouvoir l'enseigner, mieux vaut me taire. Se taire pour ne pas risquer
d'ajouter aux nombreux stéréotypes ou croyances que nous avons tous
déjà en nous. Parler surtout pour aiguiser notre sens critique,
pour dénoncer nos préjugés et principes, pour ébranler
les fondations de nos belles connaissances et faire tomber toutes les inepties
inculquées par notre éducation et notre culture. Contentons nous
de nous libérer de tout ce qui sonne faux pour laisser fleurir la réalité
dans le nouveau, l'imprévu et l'émerveillement. Nous avons bien
plus à désapprendre qu'à apprendre. Parler pour entrer
en contact avec les autres, pour s'en rapprocher. Se taire pour les écouter,
pour leur faire de la place. Faire silence.. pour écouter ce qui se
passe en soi et autour de soi.
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L'ordre
et le chaos (2) | À
chaque jour, il me faut recommencer ma vie à neuf. Rien n'est jamais acquis.
Ce que j'avais construit hier pour me sécuriser, les balises que j'avais
plantées pour me guider, la morale que je m'étais établie,
les résolutions que j'avais prises, les guides spirituels que j'avais adoptés,
tout cela est dépassé et ne me sert plus à rien. Était-ce
perte de temps? Est-ce une perte de temps que de déjeuner ou de se refaire
une tête chaque matin. C'est une nécessité de la vie que de
faire à chaque jour ce qui dois être fait pour assurer sa continuité,
autant physique que spirituelle, du moins si on le désire. Je veux
saisir la réalité, l'appréhender, la fixer, lui donner un
certain statut de permanence, mais la réalité est par essence impermanence,
pure changement, vent qui emporte tout sur son passage. Elle se fait un malin
plaisir de tout jeter par terre pour m'obliger chaque jour à rebâtir
ma vie, à refaire ma vie et à lui redonner un sens. J'ai l'impression
de faire deux pas en avant, pour le lendemain faire deux pas en arrière,
ou encore de tourner en rond. Ce que j'ai construit de bien, le mal se charge
le lendemain de le défaire. Toujours le chaos me rappelle que tout est
éphémère et que malgré tous mes efforts pour me sécuriser,
me protéger, équilibrer ma vie, me stabiliser dans un chemin, tout
cela n'est que pure vent et que demain la mort m'attend, comme toute réalité
formelle. Ce que j'ai affirmé hier, pensant avoir compris ou saisi
une infime parcelle de réalité, aujourd'hui je serais prêt
à l'effacer, trouvant cela incomplet, ou puéril, sinon carrément
erroné. La réalité s'est chargé une fois de plus de
me défaire de mes illusions. C'est bien triste pour mon ego qui ne
voit que son nombril et aime tout contrôler, mais cela est rire et source
de joie pour la vie qui foisonne dans les prés.
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L'homme,
l'incréé | L'homme
existe à un certain niveau primaire, c'est évident car on peut le
voir et le toucher. Mais il est encore à mille lieux de son potentiel divin.
Bien que tout les éléments de sa divinité soient déjà
présents, ils ne se manifestent que très peu pour l'instant.
L'homme n'a pas été créé par dieu à son image.
L'homme est dieu, l'incréé, l'indéfini, celui qui est cause
de soi. Il est d'un potentiel illimité et infini. Il transcende tout ce
qui existe dans la manifestation. Il n'a pas de destin, de mission prédéfinie.
L'homme est libre et en voie de se créer lui même, en fonction de
ce qu'il voudra bien devenir. Il pourra soit se détruire, et on pourrait
croire qu'il est bien parti pour le faire, ou soit changer radicalement pour évoluer
vers sa divinité. De gros chambardements sont d'ailleurs prévisibles,
la planète ne pouvant supporter encore longtemps les torts qu'on lui cause.
Il est probable que ce ne soit qu'après un cataclysme majeur, où
des civilisations seront détruites et où mourront des millions d'hommes,
qu'une poignées de survivants, ébranlés et conscientisés,
décideront de se reprendre en main pour alors vraiment réaliser
leur potentiel divin. Un progrès très rapide de la conscience
est aussi possible, il est d'ailleurs déjà entrepris par un petit
nombre, mais pourra-t-il se généraliser à temps ?
Satan n'est pas une divinité en soi, ce n'est qu'une création
de Dieu ou de l'homme lui-même pour l'aider dans son évolution. Même
si les forces du mal gagnent de grandes batailles, comme on le voit présentement,
toujours les forces de la vie sont appelés, en dernier recours, à
l'emporter sur les forces du mal et de la mort. L'homme, de par sa divinité,
n'est pas un phénomène passager. Malgré les grandes difficultés
qui l'attendent sur son parcours évolutif, il est appel vers l'éternité.
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La
loi |
Si on suit un peu l'actualité, on se rend vite compte des limites d'une
loi fondé presque uniquement sur l'épée de la peur. La
loi, nécessaire protection dans un monde inconscient, ne sera plus utile
dans un monde évolué et conscient. L'homme saura se diriger par
sa propre lumière, en toute liberté, et n'aura plus besoin de la
loi pour lui dire quoi faire ou ne pas faire, pour lui imposer le bien ou lui
interdire le mal. Il n'y aura plus les bourgeois bien pensant et les hors-la-loi.
Il y aura seulement des êtres humains, dont parfois certains seront en difficultés
et qu'on soutiendra par notre compréhension, notre aide et notre amour.
On aura tout au plus besoin de quelques règles pour faciliter notre vie
sociale et nos échanges commerciaux.
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Le
lâcher prise | Je
me sens prisonnier de ma petite vie et rêve d'une vie meilleure, d'une vie
où je pourrais me défaire de toutes ces souffrances inutiles. Je
voudrais un bonheur qui soit plus solide, un état de paix et de joie plus stable,
qui ne se laisserait pas charrier par mes pensées, mes désirs et mes peurs.
Je voudrais vivre dans ma force, à la limite me réaliser, atteindre la
sagesse ou l'éveil, peu importe le terme utilisé. L'éveil
est-elle une réalité accessible, ou n'est-elle qu'un rêve
utopique ou une illusion ? Percevoir l'éveil comme possible et réel comporte tout un défi, sinon beaucoup de naïveté,
vu que, pour la plupart, nous n'avons jamais rencontré un sage en chair
et en os. Toutefois, l'enjeu est de taille et suscite espoir et convoitise, car
juste le fait d'y tendre et de s'en approcher pourrait déjà se traduire
par une nette amélioration de nos conditions de vie. De toute évidence,
au niveau d'évolution actuel, l'état d'éveil est
extrêmement rare et semble très difficile à obtenir. Cependant,
l'évolution future devrait générer plus de spiritualité
et de sagesse sur terre. La preuve de l'existence possible de l'état
d'éveil existe déjà en chacun de nous. En effet, si j'étudie
mon passé, je découvrirai que j'ai déjà expérimenté
l'état d'éveil et qu'il existe en moi à un état embryonnaire.
Si je fouille mon passé, je retrouverai de rares et courts instants où
je me suis senti dans une énergie, une lucidité, une présence
et un bien-être tellement intenses qu'ils se sont imprégnés
profondément dans ma mémoire. Serait-il possible de recréer
des conditions dans ma vie qui favoriserait à nouveau son émergence
? Je serais porté à croire que oui, surtout si on a les dispositions intellectuelles
et spirituelles requises et que l'on a la chance de rencontrer un enseignement
approprié. Mais par où commencer ? Je constate que tous les
efforts déployés à ce jour pour me réaliser m'ont plutôt
conduit à un résultat contraire. Comme dit le dicton: "Qui
veut faire l'ange fait le singe". Aussi, je commencerai par me demander ce
qu'il faut surtout ne pas faire. Je sais d'expérience que la volonté est
inefficace, qu'elle ne fait qu'opposer une partie de moi à une autre partie
de moi, créant encore plus de tension, de lutte et de confusion intérieure.
Je l'ai déjà tenté mille fois, pour mille échecs, et autant de coups portés contre
l'estime de moi. J'ai épuisé tous mes recours et ressources sans
résultat probant. Je sais aussi que je ne pourrai atteindre l'éveil
sans une grande lucidité, et que cette lucidité s'enracine généralement
dans une grande force mentale et une forte énergie. Or, je constate
que suis précisément sans force, à bout de souffle la plupart du temps, et ce
depuis presque toujours. Ce n'est donc pas une question d'âge, je me sentais
ainsi à 20 ans. Je vis selon le principe de l'alternance. Lorsque je
me sens très fatigué, un mécanisme de survie se met en branle pour me permettre
de récupérer et de me refaire minimalement une santé. Mais dès que je recommence
à me sentir un peu mieux, le désir embraye à nouveau et m'active jusqu'à
ce que le peu d'énergie accumulé soit épuisé. Comme un pile qui
dès qu'elle est un peu rechargée, est remise en service pour se vider à nouveau
de toute son énergie. En fait, je ne sais trop comment gérer cette énergie
qui me brûle les veines en quelques sortes, je ne sais trop quoi faire avec.
Aussi je me sens comme forcé de la dépenser en buvant trop, mangeant trop,
en travaillant trop ou autrement; je semble prêt à tout faire pour tuer cette
énergie que je ne sais gérer et pour, à mon insu, me ramener
au plancher. Tout se passe comme si, inconsciemment, je me sentais incapable ou
indigne de m'élever.
Plutôt que
de sans cesse flamber toute mon énergie, le défi consiste donc à réussir à engranger un peu de cette énergie, énergie
qui deviendrait alors disponible pour ma réalisation.
Mais comment éviter
la dispersion de mon énergie ? Mon réflexe habituel est de forcer
pour me discipliner en vue de faire le bien et d'éviter le mal, de vouloir
tout contrôler pour finalement glisser et tout échapper. Mais c'est d'une
démarche inverse dont j'ai plutôt besoin. Au lieu de chercher seulement
les choses que je juge bonnes et que j'aime tout en voulant m'interdire ou rejeter
celles que je juge mauvaises ou désagréables, je vais maintenant
tout m'autoriser, tout accueillir sur le même pied, sans chercher autre chose
que ce qui est. Au lieu de me concentrer, je me déconcentre, je m'ouvre et permet
à tout ce qui se présente en moi ou hors de moi d'être et
d'exister, sans rien privilégier. En fait, cela correspond au "lâcher
prise" dont en entend souvent parler. Je cesse de lutter, je ne mords plus
à rien de particulier, mais me nourris de tout se qui se présente, sans désir
et sans attente. En conséquence, les pensées et les émotions
perdent de leur emprise sur moi et de moins en moins de choses me troublent, me
dérangent ou me charrient de gauche à droite. Je me rends compte
que lorsque tout est autorisé, paradoxalement, rien ne se présente
ou presque, les choses ayant perdu de leur valeur et importance relative. Il se
passe moins de choses en moi, je me gaspille moins, je me calme progressivement
et mon énergie commence à s'engranger. Ma force s'accroît progressivement
et pourra éventuellement se manifester dans mon action.
Toutefois,
si je désire m'imposer le lâcher prise par la force de ma volonté,
je n'y parviendrai pas. Il me faut plutôt m'inviter à le faire, dans
le plus grand respect de tout mon être. Il me faut tenir compte de mes dispositions
mentales, émotives et physiques au moment où je me propose de lâcher
prise et attendre qu'elles soient favorables pour m'y exercer. Il s'agit de faire
mon éducation en quelque sorte et de visualiser les avantages du lâcher
prise afin d'en venir à le désirer de tout coeur.
La seule
discipline possible consiste seulement à me rappeler l'importance du lâcher
prise et de me le proposer le plus souvent possible, avec patience et compréhension.
|
La
force du regard | Et
si le regard des autres avait le pouvoir de me créer ou de me détruire,
et que mon propre regard avait autant d'impact sur les autres ! Malgré
ma prétention à ne pas vouloir être affecté par ce
qui est extérieur à mon être, je ne suis pas différent
des autres êtres ou formes existants. Sur la terre et dans la nature, tout
est en interdépendance et tout s'interpénètre. La nature
me crée à chaque instant et je la crée ou la détruit
par mon regard, ma perception et mon action. Tous les êtres ne cessent de
s'influencer et de se créer réciproquement. De même dans
mon enfance, le regard de mes parents ou des personnes significatives pour moi
m'ont créé et ont fait de moi ce que je suis. Mes caractéristiques
et qualités ont d'abord été perçues par les autres,
et c'est seulement grâce à leur regard qui j'ai pu les reconnaître
à mon tour et les actualiser. Le regard qu'on reçoit comme celui
que l'on porte est d'un force et d'une importance capitale, beaucoup plus qu'on
ne se l'imagine couramment. Un mot, un regard peuvent construire ou détruire
bien plus qu'on ne le pense. On pressent d'ailleurs inconsciemment le pouvoir
constructeur ou destructeur de notre regard et on s'en sert allègrement,
trop souvent pour faire mal ou se venger, dans le couple, au bureau ou ailleurs.
La vision qu'on a de quelqu'un est un puissant agent de construction ou de destruction.
On peut toujours s'illusionner et se dire qu'on se fout de l'opinion ou du regard
que les autres portent sur soi, mais la réalité est que ce regard
nous affecte qu'on le veuille ou non, qu'on en soit conscient ou non. Si on a
déjà une bonne réserve de confiance en soi, on pourra tolérer
plus longtemps les regards négatifs, surtout s'ils sont compensés
par les regards positifs de gens qui nous aiment. Mais pour une personne démunie
et privée d'amour, un seul regard négatif pourrait détruire
tout ce qu'il lui reste d'amour propre, ou au contraire, s'il est positif, la
sauver de la mort. Par exemple, un regard empreint de confiance et d'amour peut
faire toute la différence pour une personne en difficultés et lui
donner l'impulsion dont elle a besoin pour se remettre sur les rails. C'est là
tout le pouvoir de l'amour et de la haine. Seul, on n'est rien. On est et
existe seulement par et avec les autres. Et les autres ont beaucoup plus de pouvoir
sur nous qu'on ne le voudrait.
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L'acte
de créer vs l'objet créé | C'est
ce que je suis en train de faire maintenant qui importe et non ce qui en résultera.
C'est mon travail en tant que tel qui compte et ce qu'il m'apprend et non pas
le fruit de mon travail. Cette idée me vient à l'esprit lorsque
je regarde en arrière pour voir mes réalisations passées.
Je me rends bien compte que toutes les réalisations pour lesquelles je
me suis morfondu dans le passé n'ont maintenant plus aucune importance
pour moi. Partant de là, je me dis que toutes celles pour lesquelles je
me morfonds maintenant n'auront aussi plus d'importance demain. Alors, pourquoi
me prendre au sérieux, m'en faire, tant forcer et tant désirer ?
Par exemple, en début de carrière, je m'étais construit une
belle maison sur un grand domaine au Sagnenay. Je le faisais avec énormément
d'ardeur, avec l'impression que j'y vivrais toute ma vie. Pourtant, quelques années
plus tard, je vendais cette propriété pour tout recommencer ailleurs.
Et je pourrais citer nombres d'exemples de ce genre. En général,
quand je fais quelque chose, je suis peu présent à ce que je fais,
ce qui importe étant d'en finir, de voir le résultat, de me satisfaire
ou de faire plaisir ou d'impressionner quelqu'un d'autre. Je ne vois pas que j'oublierai
très rapidement cette réalisation, et que les autres, pour qui je
travaille le cas échéant, l'oublieront encore dix fois plus vite.
Ce qu'on fait, du moins le résultat recherché, n'a pas toute l'importance
qu'on pense et rien ne sert de trop en faire et de s'user prématurément.
Rien ne presse, peu importe car tout sera oublié ou recouvert de poussière
sous peu. Toutefois, le paradoxe est que rien n'a aussi plus d'importance
que ce qu'on est en train de faire. Il faut donc y accorder toute son attention,
toute son énergie et s'y appliquer consciencieusement. Rien d'autre n'existe
que le moment présent, le passé est déjà oublié
et le futur n'existe que dans notre imagination. Lorsqu'on réalise
un travail, il faut donc rester tout aussi présent à notre corps
et à soi qu'au travail lui-même. Il faut s'observer, ne pas s'oublier
soi-même, sentir son corps, voir ses motivations, voir le plaisir qu'on
en tire et voir si cela sert bien sa vie et celle des autres. Ainsi, on risque
moins de se laisser emporter par l'orgueil ou le sentiment d'urgence. La
réflexion qui précède nous indique qu'il ne faut pas s'oublier
et se perdre dans l'action. Toutefois, une vérité complémentaire
nous rappelle qu'il faut aussi savoir se perdre et s'oublier. C'est souvent quand
on se perd qu'on trouve. Un facette de la réalité nous indique
que ce n'est pas tant l'objet de la création qui importe que l'acte de
création comme tel. Toutefois, une vérité complémentaire
nous rappelle qu'il faut aussi savoir aller jusqu'au bout de ce qu'on entreprend.
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Être
cause de soi ? | Sommes-nous
des êtres libres, c'est-à-dire des êtres de libre arbitre,
ayant la capacité d'être cause de soi, ou ne sommes-nous que des
êtres programmés? Si je m'observe objectivement, je constate
que je n'ai pas grande emprise sur ma vie. Le changement se fait tout seul en
moi, sinon malgré moi, suite à des relations ou à des événements
qui se présentent sur mon chemin, ou tout simplement quand le temps a fait
son uvre et que mes vieux schémas, à force de servir, finissent
par s'user et mourir par eux-mêmes, ou encore suite à la souffrance,
à la maladie ou au vieillissement. C'est ma situation de fait actuelle.
Il m'apparaît donc que je suis pour l'instant un être essentiellement
programmés, comme la plupart des gens. Par ailleurs, les sages de ce
monde ne nous font-ils pas la démonstration qu'il est possible de se libérer
de ses programmations et d'accéder à la liberté ? S'ils ont
réussi, pourquoi pas nous ? Et quel chemin ont-ils empruntés ?
Lorsque j'étudie le cheminement des sages, j'en viens toutefois à
me demander s'il se pourrait que la sagesse ait germé en eux en raison
du fait que les conditions propices à son enracinement y étaient
déjà présentes ? Je pense à des conditions pouvant
par exemple être liées à des traits de caractère, à
la famille, à l'éducation, à l'environnement, à la
société, à des événements impromptus, au hasard
même ou autres conditions hors du contrôle de ces derniers. En d'autres
termes, le sage pourrait-il être devenu sage bien malgré lui, la
sagesse s'étant implanté en lui sans qu'il n'y soit pour rien personnellement,
simplement parce que le milieu était propice ? Dans de telles circonstances,
le sage ne serait pas cause de sa propre sagesse, aussi ne pourrait-il connaître
le chemin de la sagesse et nous l'enseigner. Il ne pourrait que connaître
son histoire personnelle, laquelle par son essence n'est ni imitable ni reproductible.
Et s'il en était ainsi, ce serait un dur choc pour l'enseignement du sage
qui s'en trouverait en grande partie invalidé. Je ne remets pas ici
en cause la sagesse elle-même, qui est un fait réel en soi, mais
plutôt notre perception du chemin à emprunter pour y accéder.
Maître Eckhart Tolle raconte lui-même dans un de ses livres comment
sa vie s'est totalement transformée en une seule nuit, frappé soudainement
par une intense révélation. La vie de Hubert Benoît s'est
aussi radicalement transformée suite à un grave accident; cloué
au lit, il est devenu un grand sage d'inspiration zen. Si Krisnamurti n'était
pas né en Inde, dans un milieu d'intense questionnement spirituel, et n'avait
pas été éduqué en vue de devenir un prince spirituel,
il ne serait pas devenu Krisnamurti. Dans chaque cas, il y eu plusieurs conditions
préalables favorables à l'avènement de la sagesse, conditions
ne dépendant aucunement des personnes concernées. La sagesse
n'a donc absolument rien à voir avec l'ego, la volonté, le désir
ou les résolutions. Elle ne dépend pas de nous. Si les conditions
sont présentes, si le sol est fertile, elle pourra germer et croître,
sinon, notre vie se poursuivra dans l'inconscience habituelle. L'important
devient donc de discerner les conditions qui sont favorables à l'esprit
et de leur faire de la place dans sa vie. Et les conditions qui favorisent l'esprit
sont les mêmes que celles qui favorisent la vie, car l'esprit n'est qu'une
forme de vie plus subtile. Je reviendrai plus tard sur ce sujet afin de se rappeler
les conditions qui favorisent la vie, conditions déjà assez bien
connues même si de pratique limité. Présentement, il y
a beaucoup de semences spirituelles dans l'air provenant de sources de plus en
plus nombreuses. Des graines de spiritualité sont déjà certainement
présentes en nous, mais, sauf pour quelques exceptions, elle sont à
un état dormant ou latent. Elles sont même déjà présente
chez les enfants, et leurs questions existentielles si désarmantes en font
foi. Cependant, le milieu se prête guère pour l'instant à
l'enracinement et à au développement de notre spiritualité.
Tout comme on ne peut faire pousser une plante en tirant dessus, on ne peut donc
faire naître et faire croître l'esprit en soi. Et tout comme on peut
favoriser l'implantation et la croissance d'une plante en lui fournissant les
conditions qui lui sont favorables, on peut faire de même avec l'esprit.
On ne peut que préparer le terrain, sans but, sans désir et sans
attente. Et si Dieu le veut, l'esprit pourra un jour se manifester et se développer
naturellement en soi et autour de soi. Dans
l'histoire du temps, il y a eu l'avènement de la matière, puis de
la vie, puis plus tard de l'intelligence. Le dernier et plus récent saut
évolutif fut celui de l'esprit. Si les siècles passés
furent surtout voués à la vie et à l'intelligence, le siècle
à venir sera celui du rayonnement de l'esprit. Et lorsque l'esprit
se sera implanté et développé à large échelle,
rien n'exclut qu'advienne alors un autre saut évolutif encore inimaginable
pour l'homme d'aujourd'hui.
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Pourquoi
j'écris |
J'écris d'abord pour moi-même, pour prendre le temps de me pencher
sur la réalité et mieux l'appréhender. Et si je juge l'arbre
à ses fruits, je sais que le fait d'écrire m'aide. J'écris
pour être lu. C'est un genre de travail, comme ma participation à
l'évolution de la communauté des hommes; cela m'aide à me
sentir partie prenante à la grande aventure humaine. Écrire, c'est
une façon d'échanger ou de partager mon énergie spirituelle.
Je cherche aussi à être utile et pense naïvement pouvoir l'être,
sinon je ne le ferais pas. J'écris également parce que différentes
circonstances m'y obligent et que je ne peux faire autrement. Bientôt les
circonstances seront différentes et mes activités s'orienteront
aussi différemment.
|
Vivre
des expériences |
Dans sa jeunesse, on a besoin de vivre des expériences, de bouger,
de voyager, de faire des choses pour apprendre à se connaître, à
connaître les autres, le monde et son environnement. On s'expérimente
et on expérimente. Il doit se passer quelque chose dans notre vie, il nous
faut du matériel à expérimenter car nous avons un grand besoin
d'apprendre. C'est bien naturel. Mais en prenant de l'âge, ce besoin
diminue progressivement. Le désir d'une expérience nous vient-il
encore à l'esprit qu'on s'entend répondre: "À quoi bon!"
vu qu'on en connaît déjà les résultats probables. On
entre alors lentement dans le non faire. On a de moins en moins besoin qu'il se
passe quelque chose de particulier dans notre vie. Ce qui ne veut pas dire qu'on
ne bouge plus, qu'on ne fait plus rien. Tout au contraire, la force de notre action
s'en trouve même amplifiée. Mais on provoque de moins en moins de
choses. On a de moins en moins le goût de lancer des cailloux sur la surface
du lac pour faire des vagues. On se contente d'observer ce qui se passe sur le
lac et si besoin de faire face au vent quand il se présente. On a de moins
en moins besoin de se prouver, de prouver et d'éprouver. Et viendra
peut-être un jour où il ne se passera pratiquement plus rien dans
ma vie, et ce jour ne sera pas le jour de ma mort mais plutôt le commencement
de la vie. Il ne se passera plus rien dans le sens égoïste du terme,
mon ego n'étant plus là pour ainsi dire. Plus de vagues. Plus d'accumulation
de karma. Plus de pollution. Plus de gaspillage énergétique. Ce
sera calme parfait, retour à l'informel. Je me coulerai alors naturellement
dans la vie, en ferai partie. Comme une goutte d'eau qui se contente de suivre
le cours de la rivière sans forcer pour se démarquer, se faire remarquer.
Et paradoxalement, se manifestera alors une énergie que plus rien ne pourra
troubler et qui n'aura rien à voir avec les pauvres limites imposées
par mon ego. Une énergie qui n'aura rien de personnel et qui se transformera
spontanément et instantanément en action totale.
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Le
mot 'métaphysique' |
En cherchant des sites web traitant de métaphysique, je constate que ce
terme est utilisé à toutes les sauces, souvent pour impressionner
la galerie, faire de la promotion ou vendre un service. Moi de même,
je l'utilise à ma propre sauce. Mais le mot en soi n'a pas d'importance,
ce qui importe c'est la réalité qu'on tente de désigner en
l'utilisant. Le préfixe "méta" signifie ce qui englobe,
ce qui chapeaute, ce qui est au dessus de, ce qui est au-delà du physique.
J'utilise ce terme parce que je tente de voir au-delà des apparences, de
voir la réalité qui se cache sous une perception le plus souvent
fragmentaire et déformée. Je parle sur ce site web tout autant
de philosophie ou de psychologie, mais le terme métaphysique m'apparaît
plus englobant, plus général, moins limitant. Mon site se nomme
"metajardin" parce que je parle du jardinage comme tel, mais tout autant,
et sinon plus, de tout ce que j'apprends au contact de mon jardin et de la nature.
Ce n'est jamais au fond ce qu'on fait qui a de l'importance, mais ce qu'on
apprend en le faisant.
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Mouvement
vs rigidité |
Observez un corps vivant. Il est mouvement, changement, souplesse et chaleur.
Observez un corps mort. Il est immobilité, rigidité et froideur.
Les caractéristiques qui précèdent, lesquelles correspondent
à l'état de vie ou de mort, peuvent s'appliquer tout aussi bien
à nos attitudes intellectuelles et spirituelles.
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Un
os pour se faire les dents |
J'ai constamment besoin d'un os pour me faire les dents, quand je ne mords pas
dans la métaphysique, je me laisse prendre par l'horticulture, ou par une
quelconque autre activité. Ou je me laisse emporter par le rêve et
le désir, ou m'invente des mélodrames. C'est quasi impossible
de rester au neutre à ne rien faire, juste quelques minutes pour voir,
pour goûter un peu à l'oisiveté, à la liberté,
à la vie qui coule dans mes veines, à l'inconnu. Simplement rester
dans le présent, plutôt qu'être dans les projets ou les regrets.
L'ego veut tellement toujours plus qu'il ne ne me laisse pas une minute pour respirer.
Mes journées sont remplies à 100%. Je regarde ma grande épinette.
Elle ne s'énerve pas les aiguilles des branches pour rien, elle profite
du soleil à 100% et se contente de faire face au vent quand il y en a,
sans en rajouter. Elle ne sent pas le besoin de s'inventer du vent pour se sentir
vibrer.
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Le
plaisir |
Que représente le plaisir dans ma vie, au delà de ce que je connais
sur le sujet? Le plaisir est un moteur de mon organisme vivant. C'est un
pilier de la passion, du bonheur et de la joie de vivre. C'est le carburant qui
me maintient en vie, me motive et soutien ma création. Le plaisir me donne
de l'énergie et la fait circuler en moi. Il me détend et me régénère.
Le plaisir est d'une importance capitale pour mon équilibre. En cet
instant, si par exemple je n'éprouverais pas de plaisir à écrire
ce texte, je ne le ferais pas. Avoir du plaisir, avoir du 'fun', partir en
vacances, s'éclater, rire, rien de meilleur pour le moral et l'organisme.
Le plaisir nous allège de bien des fardeaux et peut même nous guérir.
Il vient faire contrepoids au sens du devoir, à la volonté, à
la vertu et finalement à l'ego. Il nous donne un peu d'air frais dans une
vie trop souvent axée essentiellement sur le travail et les responsabilités.
Ce qui surprend, c'est que le plaisir, source évidente de bien-être,
puisse aussi être généralement reconnu comme source de mal-être.
Pourquoi? - On peut souffrir de déficience du plaisir. On ne s'amuse
pas autant que l'on pense dans notre monde pourtant axé sur le plaisir.
On n'a pas appris et on ne sait pas s'amuser. On s'amuse trop peu, trop emporté
par l'ambition, le travail et les devoirs à faire. - Ou peut aussi
ressentir de la culpabilité lié au plaisir, résultante de
la culture catholique janséniste de notre enfance. Mais quand la pression
ou l'urgent besoin de plaisir fait éclater la vertu, alors on ne sait plus
se limiter et c'est le débordement. La déficience mène à
l'excès. - On peut aussi être trop stressé pour vraiment
goûter aux plaisirs de la vie. Rien de pire que le stress, la peur ou l'angoisse
peut nous aveugler ou nous couper de tout plaisir de vivre. - On souffre assez
généralement de nos excès dans le plaisir. Le plaisir, c'est
tellement bon qu'on en a jamais assez. On en fait l'assise, le centre de sa vie,
et on devient hédoniste ou épicurien. On l'utilise comme une drogue.
On le convoite, l'exploite et en abuse. À la limite, on se rend malade
et se détruit par excès. On mange trop, boit trop, joue trop, consomme
trop, etc. - Notre plaisir, nos fantasmes deviennent tellement importants
qu'on est prêt à tout pour se les procurer. Seul notre plaisir personnel
égoïste importe. Il devient plus important que le respect de soi,
des autres et de l'environnement. On en perd sa sensibilité et son sens
du discernement, on devient aveugle, on se durcit et on peut même tomber
dans la violence psychologique ou physique. Dans sa phase extrême, on verse
dans le fétichisme, le masochisme, le sadisme, la pédophilie ou
autres déviations. - Le plaisir peut prendre toute la place dans notre
vie, accaparant tout notre argent, temps et énergies. On y investit tout
ne laissant peu ou pas de place aux autres aspects de nos vies, soit à
l'amour, aux relations, à la famille, aux responsabilités, au travail
et autres. On y investit tout et on perd tout à la longue. - On ne
veut plus voir que l'aspect plaisant de la vie, soit ce qui est beau, bien ou
bon, tout en se coupant de ce qui cause du déplaisir. Ainsi on perd pied,
on perd contact avec la réalité. On s'isole, on crée un mur
autour de soi. Or, on ne peut percevoir la réalité qu'avec l'Amour
et l'amour véritable ne privilégie pas, ne choisit pas. Il accueille
tout ce qui est sans désir et sans attente. Ainsi, en voulant fuir ce qui
n'est pas plaisant, on se coupe de l'Amour, se sépare de la vie, s'illusionne
et se prépare inconsciemment à souffrir. Bien que l'excès
dans le plaisir puisse contribuer à créer ou amplifier nos problèmes,
le plaisir comme tel n'est jamais la source réelle de nos problèmes.
Le fait d'abuser ou de pervertir le plaisir nous révèle plutôt
que nous avons des problèmes, problèmes que nous cherchons à
oublier ou à noyer dans le plaisir. Plutôt que de fuir ainsi, nous
devrions y faire face, sinon notre vie risque fort de se briser un jour ou l'autre.
Le plaisir pour le plaisir ne mène jamais au bonheur et ne peut à
lui seul donner un sens à notre vie. Le plaisir sain résulte plutôt
d'une vie qui a du sens, d'une vie axée sur l'amour et non l'inverse. Et
le plaisir issu de l'amour est bien plus grand et satisfaisant qu'on aurait pu
l'imaginer. Aucune culpabilité ne l'accompagne. Au contraire, il nous valorise
et souffle de la joie de vivre dans nos voiles. La voie du juste milieu, c'est
de savoir user de ce grand bien qu'est le plaisir sans se laisser abuser par lui.
|
Tout
a déjà été dit ou écrit | Alors
pourquoi se répéter ? Pourquoi dire la même chose ou presque
en d'autres mots ? Est-ce une perte de temps ? Est-ce justifié ?
En
fait, il ne s'agit pas vraiment d'une répétition, mais plutôt
d'une vision complémentaire d'une même réalité. La
réalité est d'une telle complexité, qu'elle ne peut être
décrite dans sa totalité, même si nous devrions y travailler
tous ensemble toute notre vie. En observant et en décrivant la réalité
selon mon point de vue personnel, je m'aide personnellement à mieux l'appréhender
tout en contribuant à enrichir son portrait global. Chaque fois qu'une
personne la regarde de son point de vue particulier, elle vient également
enrichir le tableau, et toutes nos visions rassemblées finissent par tisser
une trame ou une toile toujours plus précise et plus fiable de cette réalité.
Mais pour que l'apport soit valable, il doit nécessairement prendre racine
dans son vécu personnel, dans ses tripes. On doit parler de soi, de ce
qu'on vit. Sinon, c'est un simple exercice intellectuel désincarné
ou du plagiat sans intérêt. |
La
justice |
Plaçons-nous
dans la peau d'un criminel. Savons-nous que si nous avions exactement le même
bagage physique et psychologique que lui, nous serions alors exactement comme
lui ? Cela saisit n'est-ce pas !
Ce criminel n'est que le simple fruit de
la société, de son éducation déficiente, de ses relations
manquées, de l'amour qu'il n'a pas reçu, de nos jugements, de notre
dureté. Certains diront que c'est trop facile, que c'est un cliché.
Mais c'est pourtant bien la réalité toute crue. C'est une évidence,
ouvrons nos yeux. Et notre dureté continue à former des criminels
à tous les jours. Alors, comment les juger, comment faire leur procès,
comment les haïr et ajouter encore de la haine au poids de haine qu'ils portent
déjà ? J'ai vu des êtres inconscients, profondément
malheureux, désabusé, frustrés, mais je n'ai jamais rencontrés
d'êtres consciemment méchants. Sous la dure carapace que revêt
le motard, pour faire son fort, pour se protéger, il y a un humain faible
et rempli de peurs qui s'ignore. Un humain qu'on peut encore rejoindre par l'amour,
pour la plupart. Le meilleur moyen de lutter contre la criminalité
est de s'observer et d'éliminer la haine de son propre cur. Ce
qui ne veut pas dire ne pas se protéger au besoin contre l'inconscience
et la brutalité. Mais la seule protection valable et durable à long
terme demeure toujours et encore l'AMOUR.
|
Être
chanceux ou malchanceux |
On dira que certaines personnes sont nées sur une bonne étoile,
sont de bonnes familles, ont de l'argent, sont beaux et en plus sont intelligents.
Des chanceux qui ont tout, alors que d'autres, pauvres, malades et miséreux
n'ont rien. Bien que ce tableau de la réalité puisse sembler vrai
à première vue, il s'agit pourtant d'un faux. Il est dessiné
par l'ego qui constamment juge, compare et évalue. Mieux vaut être
riche et en santé que pauvre et malade, dit le proverbe. C'est bien certain, et
on vise tous une vie forte et de qualité. Mais la capacité d'être
heureux n'est aucunement lié au fait d'être riche ou pauvre, en santé
ou malade. D'ailleurs, j'ai vu plus de bonheur chez les gens pauvres et simples
que chez les gens riches et célèbres. Aussi, la souffrance est
bien souvent la seule ressource dont dispose le démiurge pour nous faire
évoluer, du moins la plus efficace, et vu sous l'angle évolutif,
elle devrait être perçue positivement. Si on ne se comparait
pas en fonction de valeurs préétablies, on se rendrait vite compte
qu'on a tous beaucoup de talents, des talents la plupart du temps non découverts,
non manifestés et différents d'une personne à l'autre.
Si on était plus humble, on n'aurait pas peur de se reconnaître vulnérable
sous certains aspects, ou à certains moments de notre vie, et de puiser
au besoin dans les ressources disponibles un peu partout, que ce soit sur le plan
matériel ou spirituel. Si on est riche, on éprouve de la joie à
donner, si on est pauvre, à recevoir. Le sentiment d'injustice n'aurait
pas sa raison d'être. Par exemple, pour une très jolie fille, dont
l'ego est gonflé à bloc par tout l'intérêt et les éloges
qu'elle reçoit, il lui sera très difficile de gérer cette
qualité sans s'y perdre, d'autant plus que bien des forces graviteront
autour d'elle, tentant de l'entraîner dans leurs girons. Une fille ordinaire
sera moins sollicitée et il lui sera plus facile de se réaliser.
On pourrait donc croire que cette dernière est privilégiée
sous cet aspect. Vu dans sa globalité, la beauté physique d'un
être est une qualité qui ne lui appartient pas personnellement, comme
toute autre qualité d'ailleurs, cette qualité appartient à
la communauté des hommes, et si cet être est bien relié à
sa communauté, il le vivra d'ailleurs ainsi naturellement, rayonnant de
toute sa beauté, semant joie et plaisir de vivre autour de lui, mais sans
orgueil et sans prétention. Tout comme une rose dans un jardin. La
justice ou l'injustice, cela n'existe pas, sauf en superficie de notre monde égoïste.
|
La
mort |
J'ai de l'aversion pour ce sujet. Il
me rebute, j'hésite à l'aborder. Bien des gens seront
peut-être aussi hésitants à le lire. Pourquoi en
parler ?
Aurais-je peur de la mort ? En surface, je penserais
que non, que c'est normal de mourir, qu'il n'y a pas lieu de s'en faire. Mais
je ne le sais pas vraiment, car je n'y pense jamais. Et si pour une fois je décide
de la regarder en face, je me rends bien compte que j'en ai infiniment plus peur
que je ne le pensais; une peur intense, inconsciente, permanente. J'en ai tellement
peur que je ne veux même pas en entendre parler et que je l'occulte totalement
de ma vie. De plus, je me sens révolté par le fait de devoir mourir
un jour. Est-il plus sage de ne pas s'en occuper, de vivre sans y penser,
d'en rire ? Ou encore vaut-il mieux en prendre conscience et sentir sa présence
dans son quotidien ? Il est certain qu'en vieillissant, qu'on le veuille ou non,
on sent notre forme se ramollir et la mort se rapprocher. Sur le plan physique,
notre force diminue progressivement et il nous faut renoncer à bien choses,
ce qui nous amène à s'ouvrir à des choses plus subtiles.
On vit quotidiennement de petites morts. On change. La mort au quotidien est le
plus grand facteur de changement. Vivre conscient de la mort ne veut pas dire
se sentir lourd et triste, perdre son sens de l'humour. Tout au contraire, on
vit plus légèrement, on se prend moins au sérieux, mais d'une
certaine façon on est plus sérieux face à la vie. On diffère
moins. J'ai vu des cancéreux plus joyeux et plus légers que des
personnes en pleine santé. La mort est un mystère qui nous dépasse
et sur laquelle on n'a aucune emprise. Cette réalité est très
angoissante pour l'ego, car il sait bien qu'il s'en trouvera anéanti un
jour. La sagesse populaire nous dit qu'il faut vivre chaque jour comme si
c'était le dernier jour. On est bien d'accord intellectuellement, mais
on ne réalise pas vraiment le sens de cette parole. C'est parce que
nous sommes si peu conscient de la mort, de notre mort prochaine, que nous sommes
si peu vivants. Autrement, nous aurions beaucoup plus d'intensité, nous
serions beaucoup plus ardents, plus vrais, plus passionnés, plus présents,
plus chaleureux, plus généreux et plus émerveillés
par la vie. Nous sentirions le besoin pressant et impératif de faire ce
qu'on aime, de pardonner, d'aimer, de sortir de notre solitude pour se rapprocher
des gens, pas demain mais maintenant. Prenons l'exemple de quelqu'un qui vient
d'apprendre qu'il a un cancer et qu'il ne lui reste que quelques mois à
vivre. Sa vie prend une couleur totalement différente, il dira qu'enfin
il commence à vivre, qu'il arrête de ne penser qu'à sa survie.
Notre société, la publicité, le cinéma cherche à
faire de nous des êtres immortels, des robots tout puissants, des êtres
insensibles, égoïstes et durs. On vit comme si on était éternel,
on cherche à se bâtir une sécurité à toute épreuve.
Pourtant, nous sommes tous des mourants, ce n'est qu'une question de mois, ou
tout au plus de quelques années, voire de quelques décennies. La
vie est très courte et passe comme un coup de vent. Les gens âgés
diront que leur vie s'est évaporée sans qu'ils aient eu le temps
de rien faire ou presque. Et 6 mois, 6 ans, 60 ans, ce sont tous des riens par
rapport à l'éternité du temps, c'est du pareil au même.
Dans le zen, on dit que la vie est aussi éphémère qu'une
goutte d'eau sur le bec d'un canard. La mort fait partie de la vie. Il n'y
a pas lieu de s'en attrister. Dans la nature elle est constamment présente.
C'est de l'énergie qui se transforme, c'est la fin d'une forme, c'est créer
de l'espace pour une autre forme et ainsi permettre à la vie de se renouveler.
Réaliser vraiment notre état de mortel, c'est se donner la vie.
Vivre l'instant présent, conscient de sa fragilité et de sa fugacité,
c'est cela l'éternité. La vie est à la fois éphémère
et éternelle. Éphémère dans les formes temporelles
qu'elle revêt mais éternelle dans son processus. |
La
masse vs quelques illuminés |
Cela se peut-il que la masse
vivent dans l'illusion, alors que seulement quelques illuminés perçoivent
la réalité ? À première vue, je serais porté
à croire que ces illuminés sont justement des illuminés et
que c'est impossible que la masse puissent ainsi errer. En y regardant de plus
près, c'est pourtant bien ce qui se passe. Pendant les dernières
décennies, nous nous sommes concentré sur la révolution technologique,
mais nous avons fort peu avancé sur le plan spirituel, à l'exception
de quelques êtres conscients. Sur le plan spirituel global, nous en sommes
presque au même point que dans le temps du Christ, à peu de choses
près. Le phénomène s'inversera dans les prochaines décennies,
les progrès technologiques seront moins éclatants, et ce sera surtout
la révolution spirituelle qui fera oeuvre dans nos sociétés.
La spiritualité viendra rejoindre la grande majorité des gens et
même colorer la technologie de plus de douceur et d'humanisme. Nous
pouvons d'ores et déjà sentir les germes de cette évolution
spirituelle. Elle est à sa phase de démarrage ou de semis, mais
une forte poussée de croissance pourrait survenir bientôt. Lentement
mais sûrement, la masse viendra prendre le pas avec les illuminés. |
Les
hautes sphères spirituelles |
Je sais beaucoup de choses. J'étudie depuis longtemps déjà
les écrits de ceux que je considère comme des sages. J'ai consommé
beaucoup de livres. Alors, pourquoi ma vie demeure-elle toujours aussi petite,
pourquoi suis-je toujours aussi coincé dans ma misère. Pourquoi
la connaissance ne devient-elle pas une connaissance appliquée, une pratique
? Je sais beaucoup, mais ne pratique rien. Je vogue dans les hautes sphères
de la spiritualité, je collectionne les belles idées comme on collectionne
les belles images. J'en veux toujours plus, toujours des nouvelles, en oubliant
très vite celles que j'ai déjà, dans l'espoir illusoire de
rencontrer un jour les mots qui me sauveront de tous les maux. Cela me donne un
"feeling", cela m'amuse et me divertit, cela me donne l'impression de
bien vivre, de m'élever au dessus de la masse, de voler bien haut pour
ne pas voir les misères de mon quotidien. Ainsi, n'ai-je plus de temps
de me regarder vivre, ce qui au fond fait bien mon affaire. Je me fuis dans la
spiritualité. Je suis atteint du virus de la compulsion spirituelle.
Pendant ce temps, sur terre, dans mon quotidien, je suis impatient, je suis colérique.
Je m'irrite contre tout et contre rien, me fâche, me scandalise ou me révolte.
J'ai des opinions sur tout. Je tranche, je juge et je prends parti. Je déprime
si tout ne se passe pas comme je veux. Je ne suis pas disponible pour rien, trop
occupé, entre autres, à mes plaisirs spirituels. Je suis égoïste
et ne pense qu'à mes petits plaisirs ou à ma sécurité,
et ne ressens que rarement de la compassion et de l'amour. Or, comment pourrais-je
véritablement connaître quoi que ce soit sans amour ? Redescendre
sur terre, c'est par là qu'il me faut commencer. Rester sur terre avec
ce que je suis, pour apprendre à me connaître, pour voir ce qui m'habite
et ce qui m'anime, c'est tout ce qui importe. Et faire de courtes et légères
incursions dans les hautes sphères spirituelles pour me ressourcer ou pour
m'inspirer, cela suffit.
|
Le
roi de la terre |
Je traverse la rivière
sur la glace, avec précaution, évaluant mon risque à chaque
pas, pour accéder à une forêt pratiquement jamais foulé
par l'homme. Mon intention est d'y méditer quelques instants. J'emprunte
les sentiers battus par les chevreuils, sous de grandes épinettes et feuillus.
Dans le ciel, des fenêtres d'un bleu foncé viennent contraster les
nombreux nuages blancs lumineux. J'en profite pour prendre un peu de vitamine
soleil malgré la fraîcheur du jour. L'air y est d'une grande pureté,
d'une grande fraîcheur, délicieuse à respirer. Un oiseau
prend son envol, une grâce indéfinie, un instant d'éternité.
Un écureuil s'amuse non loin de moi en toute indifférence. Pas
une seule épinette ne semble troublée ou impressionnée par
ma présence, par celui qui pourtant se prend pour le roi de la terre. Je
fais simplement partie du paysage, au même titre que le cèdre, l'if,
le sapin ou l'épinette, tous égaux. Mon regard les fait naître
et être, leur présence en fait tout autant pour moi, nous nous interpénétrons
et nous créons en toute égalité dans l'instant. Si je
tourne mon objectif vers les montagnes, vers le ciel, je me sens minuscule dans
cette immensité. Je me sens seul, presque abandonné. C'est le silence.
Personne ne répond à mes questions. Est-ce qu'un dieu quelque part
dans cet univers se préoccupe de moi, de ma destinée? Si je ne me
prends pas en main, je sens bien qu'on me laissera crever ici. Je visualise
ces millions d'étoiles dans un univers infini où même notre
système solaire n'est rien comparé à l'immensité du
tout. J'en ai le vertige. Comment croire que ma petite planète soit privilégiée,
ou puisse jouir d'un statut, d'une protection ou d'une vocation particulière?
Pourtant, moi, homme, dans mon petit coin de terre, je me prends au sérieux,
je me donne de l'importance, je me donne des droits, je me prends pour le nombril
du monde ! Quelle inconscience! |
Tout
est égal |
Vouloir en finir avec ce qu'on fait pour pouvoir passer à autre chose.
Vouloir être ailleurs. Vouloir en faire plus. Être pressé.
Avoir un sentiment d'urgence quasi permanent. Vouloir se prouver, vouloir
s'améliorer, vouloir être autre chose que ce que l'on est, vouloir
changer les choses, le cours du temps, notre destinée. Tous ces sentiments
nous sont familiers. Aussi ne pouvons-nous trouver la paix, ou tout simplement
nous sentir bien. Viendra un jour où nous réaliserons enfin
que rien n'a d'importance en soi, que rien ne presse, que tout est égal.
Faire une chose à la fois, une chose après l'autre, ou ne rien faire
parfois, dans une totale présence. C'est trouver la paix, l'éternité.
Je suis riche, je suis riche. Je suis pauvre, je suis pauvre. Cela n'a aucun rapport
avec ma capacité de trouver le bonheur. Aucune importance. Ce qui importe,
c'est de bien vivre avec ce que je suis. Je lave la vaisselle, je lave la
vaisselle, je suis au cinéma, je suis au cinéma. Je travaille ou
je suis en vacances, peu importe. L'activité présente est la seule
qui importe, rien d'autre n'existe. Rien n'a d'importance, ou aucune chose n'a
plus d'importance qu'une autre, ou encore tout est important. Je suis avec
Marie, je suis avec Marie. Peu importe l'être avec qui je suis; ce qui importe
c'est d'être avec l'être avec qui je suis. Et si j'avais été
avec Pauline, ma vie aurait-elle pu être plus belle? La question ne mériterait
pas d'être posée. Ma vie aurait été différente
au niveau de l'esthétique seulement, l'essentiel n'en aurait pas été
affecté d'un iota. Remonter dans le temps pour y changer une virgule,
un coup de téléphone par exemple, pourrait venir modifier totalement
les circonstances entourant ma vie présente. Mon cadre d'évolution
pourrait donc être fort différent de ce qu'il est, mais mon processus
d'évolution, vu dans sa globalité espace-temps, n'en serait aucunement
affecté.
|
La
raison et l'émotion |
Il est bien évident que
l'émotion peut facilement avoir raison de la raison. Il n'est pas nécessaire
de le démontrer, on le constate tous à tous les jours. Mais
la raison peut-elle avoir raison de l'émotion ? C'est moins évident.
Le plus souvent, c'est le contraire qui se passe, la raison venant amplifier l'émotion.
Un cercle vicieux s'engendre, l'émotion stimulant le cerveau qui se met
à révolutionner, qui se met en émoi, en rajoute et vient
accroître l'émotion. Le cerveau, travaillant principalement au passé
et au futur, est même à l'origine de la plupart de nos émotions,
émotions qui n'ont le plus souvent aucun rapport avec la réalité.
L'émotion, c'est comme tirer un caillou sur un lac calme. Un réseau
d'ondes ou de vagues s'ensuit, ondes que seulement le temps peut calmer si on
n'en rajoute pas. La raison peut seulement agir au niveau "ne pas en rajouter",
le plus souvent en n'intervenant pas, en n'étant pas. Tenter de vouloir
régler son problème avec son cerveau demeure généralement
vain, s'il ne l'amplifie pas. Je constate parfois que le seul moyen de calmer
mon cerveau, vu qu'il est quasi impossible de le faire taire, est de le "court-circuiter"
en l'occupant à des jeux qui requièrent toute son attention, ou
en me laissant emporter par des rêves ou des fantasmes, donc en fuyant.
Faire face, affronter la réalité demande pourtant toute la vigilance
et l'intelligence du cerveau. Le cerveau demeure le plus bel outil, mais il n'est
pas facile de bien s'en servir. Il peut même causer notre perte. Le cerveau
doit apprendre à travailler au présent. Le problème n'est
jamais aussi grave au présent qu'on ne l'imagine, si on ne se laisse pas
emporter par le passé (regrets et culpabilité) ou par le futur (inquiétudes
et anxiété). Seulement regarder, observer, étudier les forces
en jeux, sans espoir et sans attente de solution, comme si on n'était pas
concerné, comme un biologiste étudie une grenouille. Comprendre
et prendre conscience sont deux choses qui vont dans le même sens, mais
il y a un hiatus entre les deux. La raison et l'intelligence sont deux choses
qui vont dans le même sens, mais il y a un hiatus entre les deux. L'intelligence
et l'esprit sont deux choses qui vont dans le même sens, mais il y a un
hiatus entre les deux. Cet hiatus, bien que se présentant sous une
mince différence, constitue en fait un large fossé qu'il n'est pas
facile de franchir.
|
Le
bonheur au conditionnel |
Le
bonheur au conditionnel n'est pas le bonheur. Un bonheur conditionné par
ce qui est extérieur à soi, soit entre autres par la reconnaissance,
l'appréciation ou l'amour des autres, par sa réussite matérielle,
par ses possessions, par la réussite ou le bonheur de ses proches, ce n'est
pas le bonheur. Il est pour le moins excessivement fragile.
C'est comme un
bonheur lié à la température extérieure, s'il fait
beau, je vais bien, sinon je suis malheureux. Si la bourse et mes placements vont
bien, je suis heureux, sinon cela va mal.
Mon bonheur est ainsi lié
à de multiples facteurs sur lesquels je n'ai aucune prise.
Intellectuellement,
je comprends bien que je n'ai pas à me laisser troubler par ce qui ne dépends
pas de moi. L'expérience me montre bien d'ailleurs que ce n'est pas la
réalité comme telle qui m'afflige mais plutôt les jugements
que je porte sur une prétendu réalité qui, dans les faits,
ne se concrétise pratiquement jamais.
Mais émotivement, ce n'est
pas aussi simple, et qu'un malheur touche mes proches et je risque de virer sur
le top.
Un petit remède est la lecture du "Manuel
d'Épictète" dont j'ai tiré des extraits sur mon
site web.
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La
métaphysique, est-ce utile ? |
La
métaphysique, la philosophie et les connaissances en général
peuvent-elles nous aider à mieux vivre ? Oui et non, cela n'est pas
évident. Elles vont généralement nous aider, mais elles peuvent
parfois nous nuire. Ce sont des outils limités qui ne nous aident pas autant
que l'on voudrait. Elles peuvent nous donner de la perspective, soit un autre
façon de voir et percevoir les choses et ainsi nous aider à s'améliorer,
mais jusqu'à une certaine limite. Pourquoi ? 1-
Parce qu'en fait on ne sait rien, ou presque. Nos connaissances sont très
fragmentaires, très sommaires et vouloir leur accorder trop d'importance
peut nous mettre sur une fausse piste ou nous donner de faux espoirs. 2- Nos
mots et nos phrases peuvent bien tenter de cerner la réalité, mais
rien n'est aussi simple, la réalité est mille fois plus complexe.
Même le fait d'y mettre des mots est une façon de l'étiqueter
qui nous limite dans notre appréhension directe de celle-ci, c'est-à-dire
qui nous empêcher de la percevoir sans aucun préjugé, dans
un esprit neuf, totalement présent et ouvert. 3- L'on constate avec
le temps que tout est relatif, et que lorsque je viens d'affirmer une vérité,
je ne dois pas oublier que je peux également affirmer la vérité
contraire. 4- On en vient avec l'expérience à désirer
cesser de se poser des questions, de s'en faire inutilement, d'arrêter de
chercher à vouloir comprendre, parce que la réalité est d'une
telle complexité qu'il n'y a rien à y comprendre. Pourquoi alors
ne pas se contenter de simplement vivre, profiter de la vie et faire ce que dois
à chaque instant ? 5- Entre posséder des connaissances et les
mettre en pratique, il y a aussi une marge très difficile à franchir.
Cette question à elle seule mériterait une réflexion particulière.
Tous les fumeurs savent que fumer est néfaste, mais ils continuent de fumer.
Et cela est vrai dans tout. 6- Notre cerveau est limité et ne peut
percevoir à lui seul toute la réalité. Il faut utiliser aussi
tous nos sens et tout notre corps. Souvent, la meilleur façon de régler
un problème est de ne plus y penser, de faire taire notre cerveau en d'entrer
dans nos sens. On écoute, on touche, on goûte, on jardine et tout
à coup, comme par magie, une solution nouvelle et adaptée nous apparaît.
7- La connaissance intuitive amène un vision plus globale et est plus apte
à bien saisir la réalité. Notre cerveau procède par
déduction et ses longs raisonnements peuvent nous embourber. Quand c'est
trop long, trop songé, trop rationnel, il faut se méfier. 8-
L'expérience directe est nettement plus efficace que les connaissances
pour nous changer. On a beau enseigner à un enfant les risque du feu, il
comprendra vraiment seulement lorsqu'il se sera brûlé. 9- Selon
les circonstances, on peut à un certain moment avoir davantage besoin d'un
outil ou d'une discipline que d'un autre. Un outil peut également être
bon pour une personne et d'aucun intérêt pour une autre. Et
juste regarder nos comportements compulsifs et l'inefficacité de nos connaissances
à les juguler nous aide à rester humble devant les moyens dont on
dispose. Et quoi qu'on sache, un jour arrive un événement, une
émotion, une maladie, la proximité de la mort, où on est
emporté par quelque chose de trop fort et où plus rien n'y fait.
On se retrouve alors seul, sans aide, sans aucun recours possible devant les forces
de la vie et de la mort. Mais, malgré tout, il m'apparaît essentiel
de se questionner sur qui on est, ce qu'on fait ici et vers où on s'en
va. Et c'est pourquoi je continue, mais avec légèreté de
touche, sans me prendre au sérieux et sans oublier le moment présent.
La métaphysique et le jardinage ne m'empêcheront pas un jour d'être
malade et de mourir, mais entre temps ce sont des moyens complémentaires
qui contribuent à améliorer ma qualité de vie active, des
moyens parmi d'autres. |
L'ego,
un frein à la création
|
Pour notre ego, rien n'est jamais assez beau, assez bon, assez parfait. Il ne
cesse de critiquer, d'évaluer et de comparer. Et il craint le jugement
des autres par dessus tout. S'il fallait que je sois dans l'erreur, que je sois
pris en faute, je le prendrais fort mal. Il oublie qu'on apprend principalement
par essais erreurs, soit en s'expérimentant. Notre ego, d'où
origine la plupart des peurs, nous paralyse et nous empêche d'être
réellement créatif. Il nous pousse dans le faire pour se prouver
ou se sécuriser, mais empêche notre imagination et notre esprit créatif
naturel de vraiment se manifester. Notre ego cherche la stabilité et
la sécurité alors que la vie est changement et création.
|
Un
soleil ou un satellite ? |
On se sent mal, insécure, déprimé, désespéré
ou encore perdu. C'est bien ce qui pourrait nous arriver de mieux si on était
paré à faire face à cet inconfort ou souffrance et à
profiter de ce riche enseignement pour grandir. Mais on va plutôt rapidement
chercher des solutions hors soi pour en calmer les symptômes. C'est bien
naturel et justifié de vouloir accéder au bonheur, au paradis terrestre
ou céleste. On cherche alors la potion, le guide, le chemin, le livre
ou la religion en vue de s'y accrocher, un chemin déjà tout tracé
qu'on aurait qu'à emprunter pour trouver le nirvana. On se met alors à
tourner ou graviter autour d'une idée, d'un maître, d'une technique,
d'une philosophie ou d'une religion, comme un satellite en orbite. On devient
un adepte, un partisan ou un disciple. On se tourne vers les autres, s'y colle
pour se réconforter, marche dans leur ombre. Et souvent un aveugle guide
un autre aveugle. Malgré tous ces efforts, on finit toujours un jour
ou l'autre par se retrouver confronté à sa solitude, face à
soi-même, à ses souffrances et à sa mort éventuelle.
On peut fuir dans diverses compulsions de type spirituel ou autre, mais toujours
la vie et la mort nous rattrapent. Marcher dans l'inconnu avec sa seule lumière
pour guider ses pas nous fait bien trop peur; bien que ce serait pourtant la seule
façon de se connaître et de trouver son chemin. Un jour, parfois
sur le tard de sa vie, on finira par faire ce constat d'évidence: il n'y
a pas de guide ni de chemin extérieur à soi-même. On a à
trouver sa propre vérité et à rayonner sa propre lumière.
On est soleil. Aucune autre issue possible que de se tourner vers soi, de
regarder en soi et de se relier à la source universelle et divine d'énergie
et de lumière auquel tous les êtres vivants sont reliés.
Il est bien sûr capital de visiter d'autres planètes pour apprendre,
s'enrichir et s'ouvrir l'esprit, comme le Petit Prince l'a fait, mais sans s'y
installer, sans se laisser impressionner ni commencer à graviter autour.
Voyager, s'ouvrir sur le monde, pour mieux revenir chez soi, en soi afin de développer
sa propre identité, sa propre vision du monde.
|
Pour
l'épinette, pas de problème |
J'ai abattu une immense épinette. En étudiant les cercles de croissance,
je constate qu'elle a plus de 100 ans. La largeur des cercles de croissance m'indique
qu'elle était à l'ombre et a poussé très lentement
pendant les 30 premières années de sa vie, atteignant alors à
peine 10 cm de diamètre. Est survenu ensuite un événement
qui lui a permis d'entreprendre une croissance phénoménale dans
les 50 années suivantes, passant à plus de 50 cm de diamètre.
Probablement la chute ou la mort d'arbres avoisinants lui ont alors permis de
prendre sa place au soleil. À 80 ans, la croissance s'est de nouveau mise
à ralentir progressivement jusqu'à presque s'annihiler avec le temps.
L'âge et un attaque de fourmis gâte-bois à sa base en sont
des causes probables. Pour une épinette, pas de problème. Si
les conditions lui sont favorables, elle pousse. S'ils lui sont moins favorables
ou défavorables, elle pousse au ralenti ou encore disparaît pour
laisser la place à d'autres végétaux mieux adaptés.
Elle accepte totalement ses conditions de vie. Elle sait vivre et mourir sans
faire de la vie et de la mort un problème. Pas de mélodrame
du genre: Pauvre de moi ! Je n'ai pas de chance ! Pas d'orgueil du genre: Je veux
être grande et belle ! Pas de désir d'impressionner. Elle est ce
qu'elle est. Pourtant, qu'elle soit grande ou petite, au soleil ou à
l'ombre, forte ou faible, ou même morte, elle est toujours en parfaite harmonie
avec son environnement et pure beauté. Les épinettes sont des
êtres de grande sagesse que j'aurais avantage à côtoyer plus
souvent.
|
Je
vis rarement au présent |
Et c'est pourquoi je ne me sens rarement bien. Mes pensées me ramènent
constamment dans le passé, faisant l'évaluation ou le procès
de mes faits et gestes. La plupart du temps, je suis insatisfait de moi et ressens
de l'insatisfaction ou de la culpabilité. Dans le cas contraire, je verse
dans l'orgueil. Ce malaise intérieur, cette insatisfaction par rapport
à mon passé va m'amener à vouloir changer, à désirer
m'améliorer, à faire des projets et à rêver d'un futur
meilleur. Je vais aussi développer des inquiétudes, préoccupations
et angoisses par rapport à ce qui pourrait survenir dans le futur.
Ma vie se passe donc en alternance entre le passé et le futur et, en conséquence,
je suis presque continuellement habité par un certain malaise intérieur
et de la tension nerveuse. Et ainsi mon présent file sans que je le
vois, le sentent. J'existe mais ne vis pas, ne suis pas présent ici ou
si peu. Pourtant rien d'autre n'existe que l'instant présent. On peut
rien faire par rapport au passé et au futur. On ne peut agir que sur ce
qu'on vit dans l'instant présent. Et dans le présent, le plus souvent,
il n'y a pas vraiment de problème auquel on ne peut faire face. Souvent
même, si on est attentif à ce qui se passe en nous et à l'extérieur,
le présent se révélera d'une grande beauté.
|
Psychologie,
relations humaines, art de vivre |
À
la fois si proche et si loin |
Ils forment un jeune couple,
mais il est parti au bout du monde pour une mission militaire pendant
qu'elle reste seule au pays à s'occuper des enfants. Il lui manque
beaucoup, elle pense constamment à lui et prie pour qu'il revienne
le plus vite possible. Lui s'ennuie à mourir et ne pense qu'au
jour où il rentrera au pays retrouver sa famille. Ils se portent
dans leurs coeurs.
À la fois si loin et si proche.
Ils ont pris leur retraite et vivent à demeure dans la même
demeure. Le plus souvent, lui est dehors, elle en dedans, ou lui en bas,
elle en haut, ou elle écoute la TV pendant qu'il navigue sur internet,
ou il bricole pendant qu'elle fait autre chose. Leurs activités
et centres d'intérêts sont bien différents. Ils se
croisent à l'heure des repas mais ne se parlent plus que de la
pluie et du beau temps. Ils ne font plus de projets ensemble, ou si peu.
Ils se tombent souvent sur les nerfs. Seulement un pas à faire
pour se rapprocher mais ce pas semble infranchissable. On s'est perdu
de vue dans la même maison.
À la fois si proche et si loin.
Usé par le temps, il décède subitement, emporté
par une crise côté coeur. Elle reste seule, pleure son départ
et le porte aux nues. Il suffisait donc qu'il s'éloigne pour attiser
à nouveau la flamme de l'amour et que l'on puisse redire :
À la fois si loin et si proche.
|
L'important,
c'est la rose |
Comme il faut en avoir fait de chemin et de détours avant de se rendre
compte que le bonheur ne résidait pas si loin, qu'il était à
portée de main, sous ses pieds. Comme il me faudra m'en avoir
imposé de souffrances avant de me rendre compte que l'important n'est ni
la carrière, ni l'argent, ni le pouvoir, ni le plaisir. Ces biens ont leur
place, mais si on en fait un but en soi, elles seront éventuellement sources
de souffrances et de désillusions. Or, ce n'est malheureusement que
sur le tard de sa vie, alors qu'on s'est déjà rendu malade, ou qu'on
a perdu sa femme et ses enfants et se retrouve seul, ou qu'on est simplement usé
par la vie, qu'on prend conscience que l'on a négligé l'important
pour se laisser attirer par des miroirs aux allouettes. Le bonheur ne s'achète
pas, il est tout simple, tout près, on le bâtit au jour le jour dans
l'amour, l'attention et le respect de soi et de ses proches, dans le pardon, dans
la tendresse. Comme une rose qu'on aime et qu'on arrose à tous les jours,
même si elle pique parfois. J'aurai beau avoir acquis la notoriété,
la richesse et être capable de me payer tout ce que je désire, si
je n'ai pas l'amour, je n'ai rien et ressentirai le vide sous mes pieds.
|
Tomber
en vacances |
Je me rappelle mon enfance, les sentiments de joie et de liberté qui m'envahissait
au dernier jour d'école... Mais cela ne durait jamais longtemps, mon
père me récupérait rapidement, il fallait bien entretenir
les immenses propriétés de la Fabrique de St-Honoré, les
plus prospères de la paroisse. Et nous passions le reste de l'été
dans le champ de bleuets à se faire des sous pour pouvoir s'acheter des
vêtements et des fournitures scolaires. Je n'ai pas appris à
m'amuser, mais j'ai appris à travailler. On ne valorisait alors que le
travail et disait de l'oisiveté qu'elle était la mère de
tous les vices. Se sentir léger, en vacances, être enjoué,
être heureux, profiter de la vie, c'est à la fois si simple et si
difficile. Être détendu, de bonne humeur, se sentir libre, ressentir
la joie de vivre, tellement de choses s'y opposent. En général,
nous nous sentons plutôt lourd, lourd de responsabilités, d'engagements,
d'habitudes, d'acquis, de biens et connaissances accumulés. Tout cela nous
pèse et nous alourdit. Notre vie est si compliquée. Nos têtes
sont pleines de projets, de désirs, d'ambitions, et aussi de tracas, d'inquiétudes,
de peurs et de besoins de toutes sortes, besoins qui sont d'ailleurs le plus souvent
de faux besoins. Notre quotidien est tissé d'attentes, petites et grandes,
d'où originent nombre de frustrations, petites et grandes. Prenons
vacances de tout cela, de nos rôles, des personnages qui nous habitent,
oublions ce que nous sommes et perdons-nous dans la vie. Donnons-nous des permissions,
disons oui à tout ce qui se présente, sans attente ou désir.
Partons en vacances. Pas nécessaire de se saouler ou de se doper pour
fuir quoi que ce soit, plutôt se saouler d'oxygène, de beauté
et d'émerveillement. Pas nécessaire de quitter qui ou quoi
que ce soit, pas besoin de partir au loin, plutôt prendre conscience de
la beauté de la vie qui nous entoure déjà et des personnes
que nous côtoyons quotidiennement. Profitons de l'abondance qui nous entoure
de partout sans vouloir posséder. Rien ne sert de changer de cadre, il
s'agit plutôt de changer d'attitude, de s'ouvrir les yeux. Changer d'attitude
dans son cadre de vie. Le plus beau voyage, c'est lorsque le quotidien devient
source de joie et d'émerveillement, et il ne coûte rien. Renonçons
à nos mélodrames, aux coups d'éclats, aux grands voyages
et décidons d'aimer simplement ce que nous avons et ce que l'on côtoie,
avec bonne humeur. Soyons soleil et réchauffons le cur de tout ce
qui nous entoure. Optons pour la tranquillité, la sérénité,
la quiétude dans l'instant. Reposons-nous dans la présence à
l'instant, l'ici maintenant. Jouons, oublions nos montres, profitons de la
vie, respirons à plein poumons. Retombons en enfance.
|
Les pinsons et les moineaux |
Dans nos relations quotidiennes, on rencontre généralement deux
types de personnalités, l'une s'apparente aux pinsons tandis que l'autre
s'apparente aux moineaux. Les pinsons ou les pincés se donnent de l'importance
et veulent s'élever au-dessus de la masse. Ils volent haut et regardent
les autres de haut. Les moineaux quant à eux se voient petits, volent bas
et se pensent nés pour un petit pain. Les pinsons font tout ce qu'ils peuvent
pour impressionner les moineaux, et les moineaux le sont parce qu'ils se laissent
impressionner par les pinsons. Si on est né moineaux, on a très
peu de chance de se muter en pinson et vice versa. C'est un gène héréditaire
qui se transmet de génération en génération. Toutefois,
le même volatil peut se prendre pour un pinson dans une situation et par
ailleurs se sentir moineau dans un autre contexte. Les pinsons qui se donnent
un genre supérieur ne sont souvent ni plus riches, ni plus brillants et
ni plus sûrs d'eux que les autres, ils prennent cette attitude inconsciente
pour se sécuriser et cacher leur insécurité. Ils peuvent
parfois être durs et froids envers les moineaux, et ne voulant rien avoir
de commun avec les moineaux, ils s'isolent dans leurs nids qu'ils veulent le plus
dorés possible. Les timides moineaux ne sont ni moins talentueux ni
moins intelligents que les autres. Toutefois, ils ne le savent pas, manque de
confiance en eux, ont souvent honte et cherchent à se terrer dans leur
petit nid. Ces rôles se jouent sur la scène d'un théâtre
comique, presque loufoque, ou les deux espèces, en même temps qu'ils
cohabitent difficilement, sont fort dépendantes pour soutenir leurs jeux.
Quand on perçoit le ridicule de la comédie, cela donne envie de
sourire et même d'en rire. Mais cela donne aussi envie de rire jaune
tellement le spectacle fait triste à voir, cause des souffrances inutiles
tout en faisant obstacle aux vraies relations. Quelques spécimens d'une
nouvelle espèce commencent à émerger de la nuit des temps,
soit ceux qui se perçoivent et perçoivent les autres tels qu'ils
sont, mais ce sont encore des oiseaux rares.
|
Épisode
143 du roman-feuilleton |
L'épouse va faire du ménage dans l'atelier de son mari, elle
jette quelques objets qu'elle juge sans intérêt, sans lui demander
son avis. Son intention originale était de lui faire une surprise agréable,
mais celui-ci le prends très mal, choqué qu'elle soit venu jouer
dans ses plates-bandes sans sa permission.
La colère monte progressivement
en lui et l'importance accordée à cet événement prend
de l'ampleur et s'enfle avec le temps. Un mélodrame s'amorce. "Comment
a-t-elle pu faire une telle chose ? Il n'y a plus de place pour moi dans cette
maison !"
Il s'emballe de plus en plus, dramatise et finit par tirer
de grandes conclusions du genre: "Cette femme est un monstre qui prend toujours
toute la place et ne me considère pas! Je ne peux plus vivre avec elle!
..." Il profite de l'erreur de l'épouse pour construire un bel
épisode de télé-roman où il pourra se sentir vibrer
et vivre. Peu importe s'ils en souffrent ! C'est quand même mieux qu'une
petite vie plate et monotone, non ! "Pauvre de moi, je souffre à
cause d'elle, elle est la cause de mes malheurs!" Et pendant ce temps, je
n'ai pas besoin de regarder le nombril pour comprendre ce qui se passe en moi
et y changer quoi que ce soit, car ce n'est pas de ma faute... et ce scénario
se répétera sûrement dans le temps. Pourquoi est-il si
difficile de s'en tenir au fait ? "Elle est venu faire du ménage dans
mon atelier. Elle a jeté deux vieux outils que j'utilise rarement, mais
qui aurait pu me servir éventuellement. Je peux la remercier pour le beau
ménage tout en l'informant que je n'accepte pas qu'elle jette des choses
qui m'appartiennent sans me consulter. Je peux m'en tenir là comme je peux
lui demander de réparer son erreur si cela est possible. Ainsi, je m'affirme,
définit mon territoire et permet à l'autre de connaître mes
limites. On peut se servir de tout ce qui arrive dans nos relations pour
apprendre et enseigner, mais on aime bien mieux les romans-feuilleton.
|
Forces
et vulnérabilités |
Certaines plantes sont solides et résistent aux vents et aux intempéries.
D'autres s'écrasent au moindre coup de vent et s'en relèvent difficilement.
Ces dernières ont besoin de tuteurs ou encore d'être bien entouré
et supporté par les plantes environnantes pour s'épanouir. Une
plante résistante au vent peut s'avérer sensible aux maladies alors
que celle sensible au vent peut se montrer résistante aux maladies. Chaque
plante a ses forces et vulnérabilités. Comme le chêne fort
qui peut pourtant se casser sous le vent alors que le roseau ploiera sans jamais
se casser. Il en va de même des humains. Certains résistent à
la critique et vont droit leur chemin, quoi qu'il advienne. D'autres ont besoin
d'être entouré de personnes attentionnés et affectueuses pour
bien fonctionner. Plutôt que de vouloir nous changer, apprenons à
nous connaître, acceptons-nous tel que nous sommes et plaçons-nous
dans la mesure du possible dans des conditions qui nous sont favorables. (N.B.:
Le texte "Notre habitat" porte sur ce même
thème)
|
|
J'aime les fleurs, j'aime jardiner. Je commence par me faire une petite plate-bande
en bordure de la maison. Cela me procure beaucoup de plaisir. L'année
suivante, j'en veux plus. Aussi, je développe un autre secteur de mon terrain
et m'achète d'autres fleurs, bien plus qu'il ne m'en faut. Et d'années
en années, j'en veux toujours plus, ne cessant de tasser la nature afin
de développer d'autres plates-bandes. Je m'ambitionne et prend de
l'expansion jusqu'à ce que je ne sache plus où donner de la tête.
La mauvaise herbe commence à prendre le dessus, je deviens impatient
et débordé. Je n'ai plus de temps pour moi et ma famille. Je perds
le contrôle. Ce qui était un grand plaisir au début, devient
progressivement source de préoccupations, de fatigues, voire de déception
et de frustration. Pourquoi est-il si difficile de se contenter, de rester
dans ses limites ? Petite
question liée aux grandes questions relatives à l'orgueil, au plaisir
compulsif et autres. Tout est lié, la plus petite question peut nous mener
à la grande question fondamentale du sens de la vie.
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Les
éclopés de l'amour |
Nous le sommes tous, ce n'est qu'une question de degré. C'est notre
état d'être habituel, nous ne connaissons pas autre chose, aussi
ne le remarquons-nous plus, à moins d'être en crise. Que voulez-vous,
personne n'a eu de parents parfaits ou n'a vécu dans un environnement idéal.
Et celui qui aurait vécu dans un monde idéal ne comprendrait peut-être
rien à la vie. Je regardais l'autre jour une émission de TV
ou des filles cherchaient à vendre le service de conversations téléphoniques
érotiques en se trémoussant devant l'écran, avec pour objectif
ultime de vider le portefeuille d'hommes esseulés.
Peut-être
que certaines filles peuvent y trouver du plaisir et leur compte, mais pas celles
que j'observais. Elles dansaient de façon malhabile, sans motivation, sans
intérêt et sans présence. On aurait dit des pantins sans âme.
Et ce qui me frappa le plus, ce fut leur regard vide et triste. On sentait leur
désolation à faire un travail qui au fond leur répugnait.
C'était des filles qui avaient un grand potentiel de beauté, mais
qui l'avaient perdu par leur façon d'être déconnectée
de leur nature, avec leur seins gonflés, leur masque de maquillage et leurs
habits de vinyle.
Il faut être sérieusement éclopés
pour en venir à se perdre ainsi pour de l'argent, ou par désir de
charmer ou de plaire aux autres. Et je pourrais en dire tout autant de nous les
hommes qui utilisons leurs services, car ces filles ne sont que le miroir de nos
désirs. Mais pas besoin de regarder la TV pour voir des éclopés
de l'amour, juste à se regarder le nombril ou pas bien loin autour de soi.
Nous y trouverons facilement des êtres décentrés, perdus ou
à la remorque des autres; des êtres se conformant aux désirs
et aux quatre volontés des autres ou de la société. On
est tellement dépendant et vulnérable qu'on place son pouvoir, sa
vie, entre les mains des autres et on se laisse manipuler et façonner comme
des marionnettes. On est tellement sensible à l'opinion des autres qu'un
rien peut nous frustrer ou nous jeter par terre. On est prêt à
tout pour plaire, se faire remarquer, faire plaisir, se faire aimer et accepter,
même à se faire violence, à se percer la langue s'il le faut
ou encore à prendre des risques inconsidérés. On se durcit,
se fait une carapace pour résister à un tel régime, et l'on
devient tout aussi dur pour les autres que pour soi. Sans compter que le manque
d'amour est responsable de la plupart de nos maladies, autant physiques que psychologiques,
de même que la plupart des problèmes sociaux. En réalité,
on se fait mal, on se fait soi-même mal, se rend soi-même malade,
en toute inconscience. Et tous ces éclopés de l'amour, ne pouvant
donner ce qu'ils n'ont pas reçus, continuent à faire prospérer
le règne des éclopés autour d'eux. On ne s'en rend pas
compte, mais au fond, on est sérieusement en manque, et on cherche à
combler ce manque de façons mésadaptées. On est en manque
d'amour, pas d'amour passion mais d'amour vrai, une denrée si essentielle
et pourtant plus rare que l'or, la seule pourtant capable d'étancher le
grand vide, le grand trou qui est au coeur de soi. L'amour, toujours l'amour,
l'amour de soi, des autres et de tous les êtres demeure la seule thérapie
possible. Rien ni personne, à jamais, ne pourra réparer le tort
qui nous fut causé par le manque d'amour, faisons-en notre deuil et acceptons
de continuer à vivre comme des êtres tordus. Mais si nous en sommes
conscients, cela pourra nous aider à comprendre et à progresser
dans la vie. Et ne parlons pas de tort et ne faisons pas de recours collectif,
parlons plutôt d'un nécessaire processus d'évolution.
Il faudra du temps pour briser le cycle infernal du manque d'amour, mais entre
temps, voyons comme il nous mine et nous brise et mettons un peu de patience,
de tolérance et de tendresse dans nos curs. Nous, les grands
éclopés de l'amour, pensons nos plaies et soyons davantage sensible
à soi et aux autres.
|
On
ne se parle plus |
Je vois souvent des gens qui ne se parlent plus ou même ne se regardent
plus, des êtres pourtant proches comme des parents, des voisins ou des confrères
de travail. Et c'est très courant. Cela me surprend toujours qu'on
puisse cesser de parler à son frère, à sa mère, à
son fils ou par exemple à un confrère de travail qu'on croise plusieurs
fois par jour. Et cette situation peut perdurer des semaines, des mois, des années,
voire presque toute une vie dans certains cas. Vous comprendrez qu'un tel
comportement comporte une forte dose de violence psychologique.
Si je discute
avec ces gens, ce sont pourtant des gens informés, intelligents et structurés;
on pourrait même dire des gens évolués ou comme on dit des
gens très bien. Alors, pourquoi et comment en sont-ils venus à adopter
un tel comportement ?
C'est toujours parce qu'une personne m'a frustré
ou blessé dans mon orgueil que j'en viens à la bouder. Et je suis
bien déterminé à ne pas faire les premiers pas car, bien
entendu, ce n'est pas de ma faute. Je voudrais bien que l'autre reconnaisse ses
torts, viennent s'excuser ou encore change de comportement. Moi, je n'y suis pour
rien, je suis correct, je suis normal. Et c'est ainsi que nos egos, bien gonflés
d'orgueil, continuent à s'entrechoquer durement. Ne plus se parler
est une situation extrême, il existe bien d'autres formes de violence psychologique
dans les relations de couple, de travail ou autres. On n'y est tellement habitué
qu'on ne les voit pas, on pense que c'est normal; mais si on était très
près de son cur et de ses émotions, on verrait leurs effets
dévastateurs. La violence psychologique n'est pas moins dommageable que
la violence physique, elle est plus insidieuse, plus difficile à percevoir
et on sait déjà que c'est tout ce qu'on ne voit pas qui fait le
plus de ravages. Chaque fois que je me sens frustré par le comportement
ou les paroles d'un de mes proches, ma colère fait uvre destructrice
et je manifeste une certaine forme de violence, souvent de manière très
subtiles et inconscientes, ne serait-ce que par les ondes que je dégage.
La frustration survient quant l'autre ne réponds plus à mes
attentes, à ce que je désire qu'il soit ou qu'il fasse ou encore
à l'image que je m'en fais. Mon ego veut toujours tout contrôler,
moi d'abord, les autres bien sûr et souvent ses enfants qu'on perçoit
comme le prolongement de son propre ego. Quand on ne parle plus à l'un
de ses fils par exemple, c'est bien évident qu'on se fait tout autant de
mal qu'on en fait au fils qu'on boude. Tout l'entourage et même l'atmosphère
en sont affectés. Quand le bonheur de retrouver l'un de ses fils ne
se retrouve qu'à portée du téléphone mais qu'on choisit
malgré tout de s'entêter dans son malheur et sa souffrance, je me
dis que l'orgueil est d'une force incroyable ! Nous sommes vraiment curieux, nous,
les êtres qu'on dit 'humains'. On en vient là parce qu'en fait
on ne sait pas aimer. Aimer, c'est accueillir et accepter l'autre tel qu'il est
sans vouloir le changer ou le posséder d'aucune façon. Si on savait
aimer, l'autre n'aurait jamais le pouvoir de nous frustrer. Nous n'attendrions
rien de lui et le voudrions libre, nous contentant de l'épauler au besoin
dans sa démarche. Facile à dire, mais combien difficile à
mettre en pratique.
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Faire
le vide autour de soi |
Comment se fait-il qu'on soit si peu relié aux autres, du moins pour
beaucoup d'entre nous ? C'est qu'on a peur des autres. On craint d'abord pour
sa propre sécurité ou pour celle de ses possessions, possessions
composées de biens ou d'êtres. On a un grand sens de la propriété
voyez-vous, et ne venez surtout pas mettre le pied sur mon terrain ! Aussi, on
est égoïste et on recherche constamment le plaisir personnel; on ne
veut pas être embêté ou dérangé par personne.
On étiquette les gens et les rejette du revers de la main. On accepte bien
mal tout ce qui est différent de soi. Et on pose des gestes ou porte des
jugements qui font que les gens se sentent mal à l'aise, sinon blessés,
et finissent par s'éloigner. Avec le temps, on s'isole en élevant
des barrières de plus en plus hautes autour de soi. Et on souffre de cette
situation sans trop comprendre ce qui se passe, pensant bien sûr que ce
sont les autres qui sont de travers. Et un jour un voisin ne nous parle plus,
et puis un autre, et un ami s'en va, et bientôt nos frères et surs
ne viennent plus nous voir et on est juste pour appeler sa vieille mère
deux fois par année. La peur, le désir de sécurité
et la recherche du plaisir ont gagné une fois de plus la partie. On conserve
parfois des relations polies, mais sans chaleur. Et avec le départ
de ces personnes qu'on a jugés indignes de soi, s'est aussi envolé
la joie de les découvrir, d'apprendre à les connaître et de
grandir avec eux. Il ne nous restera bientôt que la solitude et, son inséparable
compagnon, la souffrance. On peut bien vivre dans un beau château ou
une tour de verre bien gardée, mais s'il n'y a pas l'amour, il n'y a que
désolation. Et je ne parle pas ici de l'amour sélectif, conditionnel
ou possessif qui n'est pas Amour.
|
S'oublier,
la pire chose (1) |
On ne rend service à personne en s'oubliant pour se dévouer
pour les autres. On ne se rend pas service, c'est évident, mais on ne rend
pas plus service aux autres comme nous le verrons. Notre ego, par désir
d'être quelqu'un de bien ou de se faire aimer, nous incite constamment à
s'oublier pour faire plaisir aux autres. C'est aussi ce qu'on nous a appris étant
jeune. Mais, avec cette attitude, on
risque fort de trop en faire et d'affecter sa santé physique et morale
et même, à la limite, de se ruiner physiquement et financièrement.
À la longue, on en vient à ne plus savoir qui on est et quelles
sont nos limites, à ne plus se sentir, à ne plus exister. On devient
fatalement malheureux, fatigué, harassé, de mauvaise humeur ou malade
et cela déteint sur toutes nos relations et tout notre environnement. Et
si on est malheureux dans ce qu'on fait, on ne pourra jamais être aidant,
malgré nos bonnes intentions, tout au contraire. Penser à soi,
se respecter, respecter ses limites, c'est une clé du bien-être.
Observons le comportement des autres à notre égard car il est le
parfait miroir de notre propre comportement envers nous-même. Si les autres
ne me respectent pas, c'est que je ne me respecte pas. Si je me respecte, les
autres me respecteront, cela se fait tout seul, naturellement, en fonction des
ondes que je dégage. Gabrielle, une jeune femme, me racontait un jour
son histoire. Cinq ans auparavant, elle s'était amouraché de Pierre,
un jeune étudiant en première année de médecine. Elle
l'aimait aveuglément, comme on le fait tous à cet âge. Ils
décidèrent de vivre ensemble et, comme elle travaillait, elle le
prit en charge, allant jusqu'à payer ses études, le nourrir, le
laver et prendre un peu pas mal la place de sa mère. Plus tard, ils firent
aussi deux enfants dont elle s'occupait. Elle s'oublia et se perdit de vue dans
cette relation, cherchant par son comportement inconscient à se l'attacher,
à sécuriser sa relation. Aujourd'hui, elle m'exprime sa tristesse
et son malheur, car Pierre vient de la quitter. Il est tombé amoureux d'une
consur de travail et l'a plaqué là pour partir avec elle,
la laissant ainsi seule avec les enfants, face à sa solitude.
Notre ego se leurre quand il pense que l'autre
nous manifestera de la reconnaissance, cela ne se passe pas ainsi dans la réalité.
Si on cherche la reconnaissance de l'autre, on place son pouvoir entre ses mains
et on court le risque qu'il s'en serve à nos dépens. Ce qui ne veut
pas dire que la reconnaissance ne se manifeste jamais, elle se manifestera le
plus souvent au moment où on ne fait rien pour la rechercher, sinon en
étant soi et en étant bien avec soi. Je ne veux pas prêcher
ici pour l'égoïsme, le narcissisme ou le nombrilisme. Je ne dis pas
de ne pas aider les autres ou de ne pas faire de bénévolat, je dis
d'aider les autres en se respectant, dans les limites de ses capacités
et surtout aider seulement si on a le goût de le faire et qu'on y trouve
une certaine forme de plaisir ou de joie de vivre. Sinon, il y aura nécessairement
un effet pernicieux sur moi et sur l'autre. N'oublions
pas toutefois la vérité paradoxale complémentaire qui nous
dit que savoir s'oublier est tout aussi important. Savoir prendre des risques,
savoir oublier ses limites et ses misères pour foncer dans la vie avec
amour et courage.
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S'oublier,
la pire chose (2) | (Réf:
"Châtelaine" de juin 2004 et "Quand le corps dit non"
du Dr G.Maté)
Je viens de lire un texte de Lucie Dumoulin dans "Châtelaine"
qui complète bien mon texte précédent sur le même sujet.
Je vous en donne quelques extraits: "Quand nous sommes incapables
de dire non, notre corps le fait à notre place. Résultat: une maladie.
C'est la thèse du docteur Gabor Maté." "Les gens qui
tombent gravement malades ont des points en commun: - Difficulté
à exprimer la colère d'une manière saine, ou même à
la ressentir. - Difficulté à dire non aux
demandes émotionnelles de l'entourage. - Tendance
compulsive à prendre soin des autres. - Tendance
à préserver l'harmonie à tout prix. - Sens
du devoir si poussé qu'il dépasse le sens du respect de soi."
"Les personnes qui étouffent de gentillesse se sentent souvent
impuissantes et frustrées parce qu'elles n'osent pas s'affirmer, risquer
de déplaire, prendre leur place ou remettre l'autre à sa place."
"Ce sont en quelques sortes des trahisons envers nous-mêmes. Notre
intelligence et notre coeur nous suggèrent qu'il serait préférable
d'agir d'une certaine manière : être en désaccord, nous fâcher,
dire notre façon de penser : "C'est assez !", dire : "Non,
je ne peux pas", etc. Mais quelque chose, au fond de nous, nous oblige contre
toute logique à céder, à abdiquer, à laisser la place
à l'autre, à dire : "Non, non, ça ne me dérange
pas du tout de faire ça pour toi..." Nous sommes incapables de renoncer
aux obligations que nous nous imposons." Quand la personne ne sait pas
où trouver ses limites, quand elle ne sait pas établir la frontière
de son territoire privé, cette incapacité psychologique à
distinguer le soi du non-soi s'étend aussi à ses fonctions physiologiques.
Le système immunitaire lui-même devient trop confus pour distinguer
le soi du non-soi..." Le système immunitaire peut alors se retourner
contre son hôte et attaquer ses propres cellules. Et il peut se développer
des maladies comme le cancer (cancer de la prostate chez l'homme dépendant),
l'asthme, l'arthrite rhumatoïde, la colite ulcéreuse, le syndrome
du colon irritable, la sclérose en plaques et autres. Le docteur Maté
le démontre, preuve scientifique à l'appui. Il est possible
de changer de comportement selon lui, mais ce n'est pas nécessairement
facile. "Une fois qu'on a pris conscience de sa situation, on peut décider
de se respecter davantage, à partir de maintenant. Ça s'appelle
prendre la responsabilité de sa vie."
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Le
courage |
Tout comme la volonté, le courage n'est pas quelque chose qu'on acquiert
en travaillant et en forçant. Ce n'est pas une plume de plus qu'on accroche
au chapeau de son ego. C'est une qualité qui un jour nous sera donné
si on est prêt à la recevoir et si on a suffisamment confiance en
soi. Entre temps, on peut bien faire son fort, se faire un carapace et parler
fort, mais cela ne correspond nullement au vrai courage. Plus notre carapace est
épaisse, plus elle cache de peurs. La vraie force est ouverture, sensibilité
et vulnérabilité. Vouloir rejeter ses peurs et être courageux
est un désir qui risque plutôt de nous maintenir dans la culpabilité
et l'impuissance. Il faut plutôt commencer par accueillir ses peurs, les
observer en action, apprendre à les connaître et voir comment elles
nous amènent à nous renier et à souffrir. Et faire face à
ses peurs demande déjà une bonne dose de courage. La peur est
ce qui fait obstacle au courage. Elle nous freine, nous paralyse et nous empêche
d'être ce qu'on est tous fondamentalement, soit des êtres de courage
et de force. Mais si on affronte la peur, on se rendra vite compte qu'elle n'est
qu'une ombre ou une illusion qui se dissout sous le regard conscient. La peur
nous incite à faire ce qu'il faut pour se faire accepter et aimer, soit
et à se conformer au regard des autres, à choisir les autres plutôt
que de se choisir soi-même. Nous avons appris à être gentil
et à agir en fonction des autres, mais nous n'avons pas appris à
nous connaître, à nous accepter et à nous aimer. Le courage,
c'est aimer sans désirer être aimé. C'est apprendre à
se faire confiance et à s'aimer suffisamment pour agir en fonction de ce
qu'on est et pense profondément. C'est la cohérence entre ce qu'on
ressens, ce qu'on dit et ce qu'on fait. L'amour est le carburant du courage.
L'amour est élan du cur qui nous propulse dans l'action. Il nous
donne le courage de se surpasser, d'aller de l'avant malgré la peur. Être
courageux, c'est toujours agir en fonction de ce que notre cur nous dicte,
de l'amour et de la vie qu'on porte en soi. Être courageux, c'est aussi
continuer son chemin malgré le doute ou le découragement qui souvent
nous assaillent. Le courage, c'est choisir et décider. Et décider
nous oblige souvent à mourir au connu et à l'acquis, soit à
renoncer à la sécurité pour pour aller vers l'inconnu et
naître au nouveau. Le courage se manifeste dans de petites choses comme
dans de grandes choses. Mais il nous amènera un jour à faire un
grand saut, soit un virage à 180º, pour vraiment décider de
prioriser l'être sur l'avoir, la vie sur la survie. Il y a le vrai courage
et le faux courage. Le faux courage origine de l'orgueil, orgueil qui n'est jamais
satisfait et nous demande toujours plus pour impressionner la galerie. Le fait
de vouloir gagner un championnat quelconque ou de performer sont des exemples
de faux courage. Or ce faux courage nous demande énormément d'efforts
et de renoncement. Il nous demande de s'oublier, de négliger sa famille
et d'agir aux dépens de sa santé et parfois même de sa vie.
Par ailleurs, le vrai courage est sain, naturel et facile. Il ne demande pas d'efforts,
il correspond plutôt au lâcher prise. Il n'y a rien de spécial
à faire, sinon laisser s'exprimer la force qui est déjà en
soi, lorsque la peur n'y fait plus obstacle. Nous sommes tous des êtres
de courage, des êtres divins, mais nous en somme inconscients. Nous l'avons
oublié, distrait que nous sommes par ce qui se passe autour de nous, anesthésié
par nos habitudes, la publicité, nos relations, nos pensées toutes
faites, nos connaissances et références et tout le tourbillon de
la vie quotidienne. Lorsque notre vraie force se manifestera, nous oserons
alors avancer vers ce qu'on est et ce qu'on est en droit d'espérer de la
vie. Nous nous tiendrons debout pour faire valoir nos opinions et faire ce qui
s'impose dans l'instant. Il ne s'agit surtout pas de partir en guerre contre quelqu'un
ou quoi que ce soit, mais simplement de s'affirmer, de se dire, de prendre sa
place, d'être fidèle à soi, de sentir la passion et la vie
qui coule en soi.
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Un
monde problématique |
Arrêtons-nous un instant pour regarder en nous, autour de nous, ou pour
simplement écouter les nouvelles. L'on se rendra vite compte que notre
façon d'être et de vivre sont problématiques, tout comme notre
monde. Si je regarde autour de moi, j'y vois nombre d'abus et d'irrespect envers
la nature et les êtres. J'y vois la pollution, l'orgueil en action et la
violence, parfois très subtile et le plus souvent inconsciente, mais non
moins pernicieuse. J'y vois la peur, le manque d'amour, les carences affectives
et les dépendances. J'y vois la misère sous toutes ses formes et
toutes nos tentatives de la fuir sous diverses diversions, déviations et
compulsions. Si je regarde en moi, j'y vois tout cela. J'y vois tout ce dont je
parle dans ces pages, car je suis ce monde, je le porte en moi. Tant d'inconscience
dont résultent tant de souffrances. En parallèle, il y a aussi,
heureusement, toutes les merveilles de la nature, des perles infinies en nombre
et en beauté. Et c'est ce qui fait circuler la vie en moi. Comme par exemple
les premiers canards sur ma rivière ce printemps ou encore mon petit fils
qui aujourd'hui faisait ses premiers pas sur la planète des hommes.
Si on n'y prend garde, toutes ces merveilles risquent toutefois de s'éteindre
sous les feux de l'orgueil, du désir et de l'ambition des hommes. Mon
petit-fils apprend à marcher, mais je me dis que nous aussi, tout comme
lui, nous aurions à nous lever et à apprendre à marcher,
comme des hommes, capables de se tenir debout et de faire face. J'aurais bien
aimé pouvoir laisser un plus bel héritage d'amour et une planète
en santé à tous nos petits-fils.
Tout
être sensible et intelligent n'échappe pas à la souffrance,
à moins de s'être fait une carapace pour ne pas souffrir.
Tout être sensible et intelligent n'échappe pas à la joie
de vivre, à moins de s'être fait une carapace pour ne pas souffrir.
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En
compagnie des épinettes |
Je me demande pourquoi la compagnie des hommes me fatigue souvent alors que la
compagnie des épinettes me repose et me régénère.
Les hommes sont pourtant des êtres tout aussi naturels que les épinettes
ou les écureuils. Mais, à l'exception des jeunes enfants, les hommes
ont des ego fastidieux et épuisants, des ego qui se comparent, se confrontent
et s'entrechoquent constamment. Et ce n'est jamais l'ego de l'autre qui est en
cause, mais toujours mon propre ego; car s'il n'était pas si gros, celui
des autres ne m'affecterait aucunement. Par ailleurs, autant certaines relations
peuvent m'épuiser, autant d'autres peuvent me ressourcer, me faire du bien
et m'aider. C'est dans mes relations que se font et se défont toutes mes
tensions. Je rêve de relations entre hommes qui soient aussi pures,
simples et fraîches que celles qu'on peut avoir avec des épinettes
ou des écureuils.
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Notre
habitat |
Chaque plante se développe dans un habitat qui lui est particulier, dans
lequel elle se sent bien et peut prospérer. Certaines plantes poussent
en sols acides, d'autres en sols alcalins, certaines exigent un sol humide, d'autres
un milieu sec. Certaines aiment être exposés au soleil, d'autres
ne poussent qu'à l'ombre, ou sur les caps, ou dans les tourbières,
ou sur le bord des rivières, ou dans le sable, ou dans l'argile, et je
pourrais continuer ainsi pendant des pages. Les types d'habitats sont multiples
et les espèces diffèrent d'un milieu à l'autre. C'est ce
qui fait la richesse, la diversité et l'infinie beauté de la nature.
L'important pour le jardinier est de découvrir l'habitat qui convient le
mieux à une plante particulière et, dans la mesure du possible,
de lui donner un habitat comparable, ou, ce qui est encore plus simple, de choisir
des plantes en fonction de l'habitat disponible. Si on place une plante constituée
pour vivre dans un sous-bois humide dans un endroit sec et ensoleillé,
elle dégénérera rapidement. Chaque plante a bien sûr
une certaine capacité de s'adapter et le jardinier en tient généralement
compte. Mais cette capacité d'adaptation à ses limites et il faut
apprendre à bien les connaître, car plus on s'approche de la limite
de sa zone d'adaptation, plus elle devient fragile, moins elle fleurit, moins
elle prospère. La capacité d'adaptation est aussi très variable
d'une plante à l'autre, certaine plante pouvant s'adapter à plusieurs
milieux, alors que d'autres sont très exclusives. Il en va de même
pour chacun de nous. Nous avons à apprendre à nous connaître
et à trouver les milieux de vie qui nous conviennent le mieux, milieux
qui peuvent être très différents d'une personne à l'autre.
On s'acharne trop souvent à vouloir se conformer à une image,
à son ego ambitieux, aux désirs des autres ou à ne je sais
quoi d'autre, ce qui nous amène à faire des choses ou à vivre
dans des milieux qui ne nous conviennent pas. Et on se sent mal et dégénère,
sans trop comprendre pourquoi. Il faut s'observer dans toutes sortes de situations,
voir comment on s'y sent, afin de privilégier les situations et milieux
dans lesquels on se sent le mieux. Et savoir dire non à ce qui ne nous
convient pas demeure le défi la plus difficile.
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La
mise en objets |
(Réf.: 'La personne en écho' de J.-C. Crombez, psychiatre)
Je vais parler ici d'une technique qui m'a été inspirée en
1998 par Jean-Charles Crombez, psychiatre à l'Hôpital Notre-Dame
de Montréal, par son livre "La personne en écho". Je ne
saurais trop recommander ce livre à tous, mais surtout à toute personne
souffrant d'une maladie grave, vu qu'il traite principalement du processus de
guérison. (Il a aussi écrit "La guérison en écho"
mais ce livre s'adresse aux instructeurs travaillant auprès des malades).
"La personne en écho" est un livre d'une richesse incroyable,
je ne peux exprimer toute sa valeur en quelques mots, mais je sais que son approche
vous surprendra et vous aidera. "La mise en objets" ne constitue
qu'un petit aspect de ce livre. Je n'ai pas l'intention de décrire la technique
telle que conçue par le docteur Crombez, on pourra consulter le livre à
cet effet. Il ne me reste d'ailleurs qu'une vague idée de la technique
originale, et peut-être bien que ce dont je vais vous parler n'y correspond
plus très bien. Mon intention est plutôt d'exprimer comment moi je
l'ai comprise, l'ai adapté à mon besoin et l'ai mise en pratique
au cours des dernières années. Même si je ne comprends
pas tous les processus cérébraux qui supportent cette technique,
je sais qu'elle est efficace pour l'avoir pratiqué, bien qu'elle ait ses
limites comme toute chose. Dans mon cas, j'ai surtout pratiqué cette
technique au coucher ou la nuit, vu que je souffrais souvent d'insomnie. Elle
m'aidait à me calmer et à m'endormir. Elle m'a aussi aidé
à gérer de grands moments de stress. Cette méthode va
précisément nous aider dans les situations où on se sent
submergé par un malaise ou un mal-être qui nous emporte. Ces situations
sont le plus souvent causées par le stress, par des émotions fortes
ou par notre cerveau qui s'emballe. On peut par exemple se sentir perdu, dépassé,
découragé, désespéré ou encore envahi par la
culpabilité, la peur ou autre. On étouffe alors sous ce poids et
on a plus d'espace pour respirer. On est trop pris dedans, trop embourbé
et on ne voit plus rien. C'est comme si on était emporté par une
vague trop forte et qu'on perde pied, qu'on perde contact avec le réel.
Cette technique nous aidera alors à se sortir la tête de l'eau et
à créer un peu d'espace en soi. Il s'agit en fait de simplement
devenir le témoin de tout ce qui se passe en soi, de nommer ce qui nous
vient à l'esprit ou ce qu'on ressent à cet instant même, ce
qui aura pour effet de le transformer en objet, de le concrétiser, de le
sortir de l'inconscience pour le mettre sur la table et en faire une chose différente
de soi. Il ne s'agit pas d'être rationnel, objectif ou précis, mais
plutôt de nommer la chose telle qu'on la perçoit subjectivement,
parfois seulement à partir d'une vague impression. Le processus doit s'opérer
sans aucun but, sans aucune attente d'aucune sorte. On se laisse aller en toute
liberté, sans aucun contrôle ou censure. Il ne s'agit pas de vouloir
entrer profondément en soi-même, ou de se forcer pour atteindre un
état quelconque, ni de vouloir se diriger dans une direction précise,
on laisse plutôt venir tout ce qui se présente et on le note sans
rien changer à quoi que ce soit. On peut noter la perception d'un bruit
extérieur, d'une réaction ou sensation physique, d'un changement
dans sa respiration, d'une émotion, d'un sentiment, d'une pensée
ou autre. On observe comment les choses se passent en soi, comment tout est interrelié
et comment, par exemple, la moindre pensée fait écho sur le corps
émotif et physique. Il n'y a rien à faire, sinon laisser être
ce qui est. Il ne faut pas chercher à comprendre, à expliquer, à
se justifier ou à faire des liens, et que cela ait du sens ou non, ou soit
réel ou non n'a aucune importance. Il faut oublier tout ce qu'on sais
ou connais. On fait simplement confiance et on s'abandonne au pouvoir de notre
intelligence naturelle spontanée qui saura nous faire cheminer vers ce
qui est bon pour soi ou faire survenir ce qui saura nous aider. On laisse travailler
son imagination créatrice sans intervenir. Les objets perçus pourront
prendre des formes imprévisibles qu'il nous sera possible de visualiser.
Je vais donner un exemple de cette pratique, mais comme elle
est totalement imprévisible, elle sera différente d'une fois à
l'autre, et encore plus d'un individu à l'autre. J'aime parfois en faire
un jeux et décide de nommer 5, 10 ou 25 objets qui m'habiteront dans les
prochains instants en les comptant avec mes doigts ou autrement dans le but de
faire participer minimalement mon corps. Par exemple, 1: Je note une léger
tiraillement dans le centre du genou droit. 2: Je baille et cela me fait du bien.
3: Oh, la gratte vient de passer, est-ce qu'il neige? 4: Je pense à mon
fils et ressens une inquiétude .. 5: Il ne faut pas que j'oublie de dire
cela à Marie. 6: Je me demande bien ce que le patron a pu en penser. 7:
J'ai la tête qui bouille. 8: Je vais encore passer une nuit sur la corde
à linge. 9: Mon cur tire de la patte. Etc. Certains seront plus factuels,
d'autres y mettront plus d'imagination, mais on laisse les choses prendre la forme
qu'ils voudront bien prendre en fonction de ce qu'on est. Le fait
de mettre en objet tout ce qui se passe en soi aide à dédramatiser.
Il y a soi, et il y a des choses qui se passe en soi. Par exemple, je ne suis
plus un asthmatique et ne me définis plus comme tel, mais j'éprouve
de la difficulté à respirer en ce moment, et je l'observe. Je ne
suis plus possédé par une maladie, je la possède en moi,
c'est tout. Je m'identifie moins aux choses qui se passe en moi, je m'en distancie
un peu et cela m'aide à reprendre mon souffle, à revenir sur terre
et à me 'grounder'. Les choses qui me troublent perdent de leur emprise
sur moi.
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Conditionnement
du cerveau |
Ma visite au salon de l'auto m'a sensibilisé à un phénomène
captivant, soit le phénomène du conditionnement de notre cerveau.
Dans les jours, voire les semaines précédent ma visite à
ce salon, je n'avais aucun intérêt pour les autos. Mais cet intérêt
s'est développé de façon surprenante pendant ma visite et
dans les jours qui ont suivis. Le lendemain, j'ai passé la journée
à faire des recherches sur internet pour trouver l'auto correspondant le
mieux à mes besoins, j'ai planifié des visites chez les concessionnaires
et mon désir de changer d'auto à pris progressivement de l'ampleur.
Alors qu'auparavant je ne remarquais aucunement les autos que je croisais sur
ma route, maintenant je les observe avec attention et en parle régulièrement.
J'ai soudainement développé un intérêt majeur pour
les autos. Le phénomène de conditionnement et de renforcement
cérébral est déjà bien connu des agences de publicité.
Elles s'en servent couramment pour nous exploiter, c'est bien connu. Ils sont
passé maîtres dans l'art de créer de l'intérêt
et des besoins pour promouvoir la vente de produits. Et ce n'est pas pour rien
qu'on tient des événements comme le salon de l'auto, on connaît
leur efficacité. Par ailleurs, le fait de bien comprendre le processus
de conditionnement cérébral pourrait me permettre de l'exploiter
à mon avantage et ainsi m'ouvrir à de nouvelles possibilités.
Je pourrais entre autres m'en servir pour favoriser chez moi l'adoption d'un comportement
positif ou d'une bonne habitude. Par exemple, je sais bien qu'il me faut faire
plus d'exercices physiques, mais rien ne me dit rien en particulier. Mais il me
faut faire quelque chose et il me faut me décider; je choisis finalement
de bouger en jardinant et en faisant de la bicyclette. Au départ, il me
faudra y mettre un minimum d'efforts, c'est certain. Mais je constate rapidement
que plus je jardine, plus je me conditionne à jardiner, plus j'aime le
jardinage et plus le jardinage prend de la place dans ma vie. De même, plus
je pédale et plus j'ai le goût de pédaler. Il se peut toutefois
que je développe un aversion pour une activité qui ira en s'amplifiant
avec la pratique, mais cela est plus rare. On parlera alors d'un conditionnement
négatif. De la même façon, plus je vis avec une même
personne, plus je me conditionne à vivre avec elle, jusqu'à ce que
j'en vienne à penser ne plus être capable de m'en passer. Dans le
sens contraire, plus je déteste quelqu'un, plus le cerveau en rajoute et
plus je le déteste. Le cerveau est comme un éponge qui s'imprègne
de ses pensées et de son environnement. Si je jardine, il s'imprègne
de jardinage. Si je vis dans un environnement très politisé, j'ai
des chances de faire de la politique. Si j'écoute des films violents je
deviens violent. Si je magasine, je m'imprègne de produits de consommation.
Si je lis des romans Harlequin, mon cerveau s'imprègne de romantisme. Je
peux même entrer dans un cercle vicieux, me concentrant de plus en plus
sur un intérêt particulier jusqu'à en devenir prisonnier.
Le fait d'être attentif et de prendre conscience de ce puissant processus
de conditionnement cérébral nous aidera à préserver
notre liberté. On pourrait aussi s'en servir comme d'un outil, d'un levier
pour implanter des changements positifs en soi.
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Syntoniser
le bon poste | C'est
un vieux monsieur de 81 ans, au physique usé mais à l'esprit vif,
qui m'a sensibilisé à la réalité que je vais tenter
d'exprimer dans les lignes qui suivent.
Dans mon quotidien, sans trop m'en rendre compte, tout se passe comme si je vivais
sous différentes longueurs d'ondes, sous différentes fréquences
qui fluctuent dans le cours de ma journée. Chaque fois que je change de
centre d'intérêt, il en découle un changement vibratoire,
un changement de longueur d'onde. Pour faire image, on peut comparer cela au fait
de changer de poste de radio ou de télévision ; l'atmosphère,
le sujet, les couleurs, l'esprit, tout peut être fort différent d'un
poste à l'autre. Quelques
exemples nous éclaireront davantage: 1: Ce matin, je jardine,
je suis très centré sur mon travail manuel et ne vis que pour mes
plantes et mes fleurs. Vers 10 heures, je reçois à l'improviste
un ancien ami. J'éprouve alors beaucoup plaisir à le revoir, je
prends une bière avec lui et nous évoquons la nostalgie de nos 20
ans. Il se produit alors un changement évident de longueur d'onde; je viens
de syntoniser un nouveau poste. Après le départ de mon ami, je n'aurai
plus le goût de revenir au jardinage et je me brancherai probablement sur
un tout autre poste. Cet exemple de changement de poste est assez flagrant, mais
il y en existe de nombreux autres plus ténus et plus subtils, mais tout
aussi réels. 2: Aujourd'hui, j'ai la vibration pour écrire
des textes métaphysiques, la vibration est là sans trop que je sache
pourquoi. Demain, mes centres d'intérêt seront probablement tout
autre. 3: Quand j'entre dans une phase compulsive, de magasinage,
de jeux de loterie, de collection d'objets ou autre, je me place sur une longueur
d'onde très stable et qui sera difficile à déloger. Je peux
par exemple être sur le poste "désir sexuel compulsif"
pendant un bout de temps, pour tomber ensuite sur le poste "ressourcement
spirituel". Je peux être sur le poste "joie de la vie familiale"
pour plus tard me retrouver sur le poste "plaisirs de la liberté individuelle". Il
y a des milliers d'états d'être pouvant exister en nous. Ils peuvent
être à prédominance physiques (ex: passion pour un sport),
ou émotifs (ex: se sentir frustré), ou intellectuels (ex: l'informatique),
ou encore spirituels. Mais, en pratique, ils seront généralement
composé d'un mélange des éléments précités.
On
aura aussi tendance à sélectionner certains postes ou fréquences
ondulatoires en fonction de son âge, des jours de la semaine, des heures
du jour, des événements extérieurs ou autres. Il y a
des longueurs d'ondes de basses fréquences, plus liés aux rythmes
du corps physique, et des longueurs d'ondes de hautes fréquences, plus
liés à la vie intellectuelle et spirituelle. Mais les basses fréquences
ne sont pas moins nobles que les hautes fréquences. Si je regarde dans
ma vie, j'y retrouverai assez facilement les principaux postes que j'ai normalement
tendance à syntoniser et qui reviennent régulièrement prendre
l'antenne. Dans l'inconscience, les postes se sélectionnent ou se changent
d'eux-même, sans qu'on n'y peuvent rien et sans même qu'on s'en rendent
compte. Un événement, la fin d'une activité, la fatigue,
une exigence, le sens du devoir ou différentes dispositions intérieures
ou extérieures vont nous amener malgré nous à se placer sur
un certain poste. De même, nos émotions, nos pensées et nos
désirs nous charrient et nous imposent généralement nos états
d'âme et les postes sur lesquels on se stationnera. Il n'y a pas nécessairement
de bon poste ou de mauvais poste en soi. Il faut privilégier les postes
qui sont bons pour soi, qui nous font du bien, et aussi diversifier le menu. Être
toujours branché sur le même poste, ou ne désirer ou n'aimer
qu'un ou deux postes nous indiquent que nous avons un problème, que nous
sommes en déséquilibre. Est-ce possible d'en venir un jour à
pouvoir syntoniser consciemment les bons postes pour soi ? Cela ne va pas de soi
et demande beaucoup de vigilance. Il faut beaucoup d'attention et de présence
pour sentir venir une onde vibratoire et décider consciemment de l'accueillir
ou de la rejeter pour lui privilégier un autre poste. Il faut agir en tout
début du processus, dans les premiers instants, car une fois le poste sélectionné
il pourra m'être très difficile sinon impossible de faire marche
arrière. Il sera comme trop tard, le processus sera enclenché jusqu'à
épuisement, un peu comme un balancier qui, une fois lancé, va devoir
faire son cycle. Par exemple, dès que je sens poindre en moi le moindre
soupçon de frustration, je peux immédiatement agir et choisir de
réfuter ce poste de frustrés pour le remplacer par un poste humoristique
ou un autre plus positif. Cela se fait, je l'ai déjà testé
quelques fois. Pouvoir vraiment sélectionner les bons postes en toute
conscience serait fort valable, mais nous n'en sommes pas là, sauf exception.
Pour l'instant, l'important est plutôt de prendre conscience des postes
qui occupent nos ondes la plupart de temps, surtout de ceux qui viennent polluer
nos antennes et des limites et désagréments qu'ils nous causent.
Les voir, les observer, les étudier leur fera perdre peu à peu de
leur emprise sur soi, les relativisera en attendant qu'un jour se développe
en contrepartie le goût pour autre chose, soit le goût de s'ouvrir
à de nouvelles réalités encore inexplorées en soi.
|
Trouver
un coupable | J'ai
des opinions, je tranche et je juge. J'écoute les nouvelles, on y parle
de meurtres, de pédophilie, de scandales et autres faits croustillants
dont je suis inconsciemment friands, malgré mes airs de vierges offensées,
sinon je ferais autre chose. Je fais le procès de tous et chacun, en
condamne certains, en élève d'autres au rang de héros. Au
fond, je ne vois rien, sauf ce qui se passe en superficie. La réalité
est bien plus complexe que ce que j'en comprends par mon regard superficiel. Je
ne vois pas que les meurtres, déviations et scandales qu'on me montre ne
sont que des conséquences de problèmes personnels et sociaux beaucoup
plus vastes et profonds. On ne touche que rarement aux vraies problèmes,
on ne parle que de symptômes qu'on prend pour le problème. Et
en trouvant un coupable, cela me donne bonne conscience, me permet de ne pas me
sentir concerné, de m'élever au dessus de tout cela. Et, pendant
ce temps, le problème continue d'exister, voire de s'amplifier.
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Se
faire prendre en charge |
Je me demande parfois si nous finirons un jour par
sortir de l'enfance ou de l'adolescence, tellement nous demeurons d'éternels enfants
ou ados au fond de nous-mêmes. Nous venons au monde totalement dépendant, mais
tout notre apprentissage et développement devrait tendre normalement à nous amener
progressivement vers l'autonomie et la liberté. Mais, même si nous faisons tous
un certain cheminement en ce sens, il n'en reste pas moins que nous demeurons
presque tous des êtres très dépendants. Je ne parle pas ici de la nécessaire interdépendance,
mais plutôt d'une dépendance malsaine. Dès que nous lâchons notre mère, c'est
pour chercher à la remplacer et se coller à quelqu'un d'autre. Nous nous trouvons
alors un conjoint et lui demandons de nous prendre en charge. Et nous attendrons
de lui qu'il s'occupe de nous, nous comble à souhait, et même devine nos besoins
et désirs; sinon, nous lui retirerons notre amour et le remplacerons par une autre
personne avec qui nous répéterons les mêmes scénarios. Il en va de même lorsqu'on
vit un problème personnel quelconque. On n'hésitera pas alors à remettre sa vie
entre les mains des autres, professionnels de la santé, médecins, psychologues,
associations ou autres. Je ne dis pas que les services professionnels ne soient
pas parfois nécessaire, mais c'est une question de degré; il y a une différence
entre se faire aider et s'en remettre totalement aux autres. Nous demandons
également à l'état de nous prendre en main et de s'occuper de nous, de nos enfants,
de nos aînés et de la société en général. Nous rendons l'état responsable de notre
santé, de notre éducation, de notre sécurité, de l'ordre et même de la morale.
Encore une fois, ce n'est pas que l'état ne soit pas nécessaire, le problème vient
plutôt du fait que nous n'en avons jamais assez, que nous en voulons toujours
plus pour un minimum d'effort. Dès que nous vivons un problème, nous sortons nos
pancartes et exigeons que l'état s'en occupe. Et c'est ainsi que l'état en vient
à s'ingérer subrepticement dans tous les domaines de nos vies. Nous ne cessons
de crier après l'état qui, élu par nous et à notre image, croule sous les déficits.
Même un état riche comme la Californie se retrouve sous des milliards de déficits
! Et nous n'agissons pas différemment avec l'entreprise qui nous embauche ou
dans les autres secteurs de nos vies. Rares sont les êtres qui se prennent
en main, réellement, fondamentalement et qui accepte de faire face à leur réalité.
Au lieu d'en pelleter de plus en plus dans la cour des autres et de l'état,
faisons donc un effort pour nous prendre en main, pour nous responsabiliser, et
nous gagnerons en estime de soi et joie de vivre.
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Le
miroir de moi-même |
Je pense mon cas unique, et cela m'intimide, me rend honteux, ou me glorifie selon
le cas. Je me pense seul à vivre telle expérience, à
ressentir telle émotion ou tel sentiment. Pourtant, si je décide
de m'ouvrir aux autres, j'ai la surprise de constater que l'autre n'est pas différent
de moi, qu'il passe par le même chemin que moi. Et si j'écoute les
autres qui s'ouvrent à leur tour, je me rends compte qu'ils sont comme
moi. Je me reconnais en tous et chacun, et tous et chacun se reconnaissent en
moi. Les autres sont le miroir de moi-même et vice versa. Un tel me
dira qu'il n'a rien de commun avec cette personne ou ce comportement qu'il ne
peut sentir ou tolérer. Mais si certaines choses nous dérangent
chez les autres, c'est parce qu'elles nous reflètent quelque chose de nous-même,
quelque chose qui nous appartient et que nous ne voulons voir, accepter ou reconnaître.
Cela peut par exemple être une partie de moi qui est bien vivante mais que
je contrôle et ne permet pas d'exister, ou quelque chose ou une qualité
que je n'ai pas et qu'au fond j'aimerais bien posséder. Si je ne me sentais
pas concerné personnellement, ou si cela ne réveillait pas en moi
quelques réminiscences, ce serait l'indifférence.
Après
avoir fait le constat que nous sommes tous semblables, je n'oublie pas qu'il y
a aussi un monde de différences entre chacun de nous et que chacun vit
sur une planète unique.
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Sur
un piédestal |
Nous avons tendance à tout voir en noir et blanc. D'un côté
il y a les gens que nous aimons et de l'autre ceux qu'on ignore ou qu'on déteste.
Les "IN" et les "OUT". On catalogue et étiquette les
gens rapidement et très cruellement. On place certaines gens sur un
piédestal et puis on se sent inférieur ou petit à côté
d'eux. On se laisse alors facilement impressionner par ces derniers et leur accorde
toute notre admiration. Par ailleurs, on juge d'autres gens petits ou stupides
et on les regarde de haut. On se sent cette fois supérieur à eux
et cela vient conforter notre orgueil. Pourtant, ce n'est qu'une question
de perception car on est tous sur le même pied. On est tous égaux.
Chaque personne a ses zones de grandeurs et de misères, ou ses forces et
ses vulnérabilités. Et si nous percevons la réalité
en noir et blanc, c'est simplement parce que notre regard est partiel et fragmenté.
On ne juge qu'à partir d'un seul aspect qui nous semble important et non
à partir d'une vision globale. Ainsi, il n'est pas rare que, suite
à un scandale, la fragile auréole de nos idoles se brisent tout
d'un coup, qu'ils tombent de leur piédestal et passent instantanément
du ciel à l'enfer. De même, si je me regarde personnellement,
objectivement, je verrai bien que moi aussi je suis capable de grandeurs et de
bassesses et ce, parfois dans une même journée. Ce sont les circonstances
ou mon conditionnement qui font que je me retrouve d'un côté ou l'autre
de la clôture du bien et du mal, bien plus que mon système de valeur
ou ma conscience. Ce qui me scandalise, je pourrais très bien le faire
moi-même si j'étais issu d'un autre milieu ou en d'autres lieux,
en d'autres temps, en d'autres circonstances ou sous une autre culture.
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Filer
sur l'autoroute |
Je file à 140 km/hr sur l'autoroute de la vie. À une telle vitesse,
je ne vois presque rien autour de moi. Et je n'ai pas le temps de regarder les
mouches s'écraser dans mon pare-brise, j'ai plutôt le goût
d'écraser tout ce qui se met en travers de ma route. Ne venez surtout pas
ralentir mon air d'aller. Cela me donne le feeling de vivre, d'être
important, d'avoir un certain pouvoir.
Or pour voir, il faut ralentir, il faut s'arrêter. Dans le domaine psychologique,
on ne peut faire l'économie du temps. Pour l'adepte de la gestion efficace
qui décide de se prendre en main sur le plan psychologique et qui pense
pouvoir régler ses problèmes comme on règle un problème
matériel, soit avec rapidité et avec efficacité, ce sera
une grande déception. Cela ne marche pas sur le plan psychologique.
Tout au contraire, il faut y mettre du temps, beaucoup de temps.
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Parfaite
indifférence et infinie tendresse |
Il est très difficile de bien aimer ses enfants, ses proches, car on se
sent trop concerné. C'est comme s'ils étaient le prolongement de
nous-même. Ce qui leur arrive nous affecte, nous rend heureux ou nous afflige
selon les circonstances. L'émotion qui en découle nous aveugle.
Ma voisine, ayant perdu récemment son
mari, vit seule avec ses enfants. Je trouve sa situation pénible sous plusieurs
aspects. Selon mon point de vue partial, je juge que cette famille vit de toute
évidence des difficultés nettement supérieures aux nôtres.
Pourtant, je ne me sens aucunement concerné par ce qui leur arrive. Par
ailleurs, quand je les rencontre, j'éprouve beaucoup de plaisir, de chaleur,
de présence et ressent une infinie tendresse à leur égard.
Je n'hésite jamais à leur donner un coup de main au besoin. Dès
qu'ils se retrouvent hors de ma perception, ils n'existent plus dans mon cerveau,
qui demeure libre de toute préoccupation à leur égard. C'est
au fond un amour d'une grande pureté, d'une grande légèreté,
ne laissant aucune scories dans mon être. Par contre, quand il s'agit
de ma famille, tout se complique. Je me laisse facilement emporter dans un mouvement
émotif qui me fatigue, m'use prématurément et qui parfois
même me porte à l'ingérence. Pourquoi? La question est difficile,
elle se rapporte aussi à soi-même. Comment prendre ses responsabilités
face à ses proches et à soi-même sans se laisser emporter
par les événements qui arrivent nécessairement? Le défi
est de taille, soit de rester froid et indifférent face aux événements
afin de conserver l'énergie et la lucidité requise pour pouvoir
vraiment être aidant, pour pouvoir rester présent et disponible à
l'égard des autres et de soi-même. Sinon, l'inquiétude, la
colère et autres émotions viennent m'aveugler et me durcir.
L'infinie tendresse dont il est ici question est accueil, acceptation, pardon
et lâcher prise face aux événements de la vie. Infinie tendresse
qui n'est autre que l'Amour. S'il m'est plus facile de bien aimer mes voisins
que de bien aimer mes proches ou moi-même, c'est que dans l'amour de mes
proches et de moi-même il y a un plus, un plus qui en fait est un trop,
et ce trop est le trop fort intérêt que je leur porte et me porte.
Avec mon voisin, c'est le désintéressement, voir le détachement
qui me sert bien et me garde présent, énergique et lucide pour agir
et faire ce qui doit être fait dans l'immédiat. Parfaite indifférence
et infinie tendresse sont deux forces paradoxales nécessaires à
l'existence de l'Amour véritable.
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La
dépression |
Contrairement aux désirs de notre ego, la vie n'est pas une ligne droite
ascendante. La vie est plutôt une courbe sinueuse faite de hauts et de bas.
Quoi qu'on veuille et quoi qu'on fasse, malgré tous nos efforts pour croître
et s'améliorer, on se dirige tous vers une mort certaine.
On recherche
le plaisir, la joie de vivre, le confort, et c'est bien naturel. Mais que se présente
un sentiment de tristesse, de faiblesse ou de fatigue, et on le prends mal. On
fera tout pour dissimuler à soi et aux autres ces sentiments qu'on dit
et juge négatifs, on fera tout pour s'en défaire.
On se laisse
dire ou ou se dit: Sois positif, ne te laisse pas submerger pas le négatif,
prends toi en main, brasse toi un peu. Or tous ces conseils sont loin d'être
aidants.
La dépression est liée à une grande fatigue
dont nous sommes souvent inconscients tellement on s'y est habituée.
Il y a la marée haute et la marée basse. Il y a le soleil et les
nuages, parfois même de gros nuages sombres et lourds qui s'installent pour
un temps. Même si on désire le soleil, on n'y peut rien. Les nuages
sont aussi essentiels à la vie que le soleil.
Il faut accueillir les
sentiments de tristesse et de déprime et non les refouler. Les laisser
être et les vivre, les laisser nous dire ce qu'ils ont à nous dire
car ils nous envoient des messages importants à écouter. Et toute
l'énergie qu'on ne gaspillera plus pour lutter contre les sentiments dits
négatifs sera alors récupéré pour notre régénération.
Si on accueille ces sentiments de tristesse, on se rend compte qu'ils sont moins
souffrants que l'on pense, qu'ils ont même leurs couleurs et leur lumière.
Ils nous révèlent de nouvelles perspectives et nous aide à
voir et changer ce qui ne va pas en soi.
C'est en général une
période intense de changement et de remise en question. Il faut en profiter
pour communiquer, s'ouvrir aux autres, et ne pas hésiter à se faire
aider au besoin.
Ne pas s'apposer le qualificatif de "dépressif",
ne pas en faire un mélodrame. Il y a moi et il y a en ce moment un sentiment
de tristesse qui est en moi. Je l'accepte et m'y laisse flotter doucement, sans
attente.
Et, un jour ou l'autre, au moment où je m'y attends le moins,
le soleil reviendra enjoliver ma vie.
N.B. : -
Il existe différentes formes de dépression dont certaines sont sans
rapport avec ce que j'exprime ici et qui requièrent un traitement médical,
hormonal ou autres.
-
Le jardinage constitue, entre autres, un excellent remède contre la dépression.
|
Je
suis possédé |
À la naissance, nous sommes des êtres de pure spontanéité,
d'imagination, d'expérimentation et de création. Nous sommes totalement
ouvert et présent. Et grâce à cette présence, nous
avons alors une capacité incroyable d'apprentissage et de développement.
Le moi occupe alors toute la place. Pour fin de discussion, appelons cet état
"l'enfant créatif" en soi. Mais assez rapidement,
au contact de mon environnement, se mettra en place une autre partie du moi. Il
s'agit d'un genre de mécanisme d'adaptation et de survie qui entre en fonction,
prend forme et se développe pour devenir ce que nous appellerons "la
personnalité". C'est comme si une deuxième personne, formé
et adapté selon les goûts des parents ou personnes significatives
de mon enfance, ou encore en réaction à ces derniers, prenait forme
en moi. Que je me conforme et m'adapte pour me faire aimer, ou que je sois en
réaction contre, c'est du pareil au même, mon milieu original étant
dans les deux cas à la racine même de ma programmation. Il y
a donc comme deux entités en moi, mon moi réel (l'enfant créatif),
et mon surmoi adaptatif et programmé (ma personnalité). Plus
le milieu dans lequel je suis né et ai grandi dans mon enfance aura été
évolué et m'aura fourni un amour inconditionnel (ce qui ne veut
pas dire permissif) et un bon cadre de référence, plus la partie
"enfant créatif" restera présente et pourra se manifester
plus tard dans l'âge adulte. Mais au niveau d'évolution où
nous en sommes, la personnalité risque fort de prendre beaucoup de place,
sinon toute la place aux dépens du moi réel. Si, par exemple,
je suis une personne sur adaptée, rationnelle, structurée, disciplinée
ou ambitieuse, cette forte personnalité va avec le temps éteindre
ou presque l'enfant créatif en moi, du moins pour de nombreuses années.
Les types de personnalité sont multiples bien qu'on puisse les catégoriser.
Je peux posséder une belle personnalité positive et structurée
qui me permet de me faire apprécier, je peux aussi avoir une personnalité
sombre et triste, voir détestable. Elle peut être fondée sur
un excès de confiance en moi, ou sur la timidité (le timide n'a
pas moins de personnalité qu'un autre, la timidité n'est pas humilité,
elle origine de l'orgueil). Chaque personnalité est complexe et peut
cacher plusieurs visages. Elle présentera le plus souvent une façade
joyeuse. Mais si je creuse et regarde de très près ce qui se passe
en moi, j'y découvrirai aussi probablement une sorte de grosse masse sombre,
un amas de souffrances qui, selon les circonstances, sera très présent,
ou encore sera masqué et ne se manifestera que lors d'un contretemps. D'ailleurs,
je m'agite, consomme et me divertit énormément pour ne pas la sentir
et ne pas avoir à y faire face. Je m'identifie souvent inconsciemment
à ma souffrance (ex: je suis un faible, un cardiaque, un malade, un pauvre..)
souffrance qui n'a pourtant absolument rien à voir avec ce que je suis
profondément. L'orgueil peut m'amener momentanément à me
sentir fort et puissant, mais l'orgueil n'est qu'une prétention sans assise
qui me fera planter au prochain détour pour mieux me remettre le nez dans
ma souffrance. La personnalité peut me posséder presque complètement
et prendre possession de mon corps, de mon coeur et de mon esprit. Je deviens
à la limite totalement à son service. Elle me fait marcher, travailler,
me presser, m'énerver, suer, gesticuler, me fâcher,.. Elle occupe
mon cerveau, contrôle mes pensées et dirige la barque. Elle me mène
comme un pantin. Pourtant, même si j'ai tendance à m'y identifier,
elle n'est pas moi. C'est une structure inconsciente qui me vient de l'extérieur
et qui d'une certaine façon a été placé en moi lors
de mes relations passées. Si je plonge en moi, j'y verrai peut-être
assez facilement la super structure de ma personnalité, si je suis prêt
pour cela. En y regardant encore de plus près. je pourrai peut-être
aussi découvrir ce qui reste en moi de l'enfant créatif. Tout tassé
et écrasé qu'il soit par la personnalité, il est pourtant
toujours vivant, oui bien vivant. Car s'il n'était plus là, je serais
devenu un être totalement cynique, ou désespéré, ou
violent ou encore suicidaire. Cet enfant en moi, même écrasé,
est tout ce qu'il me reste d'humanité. Il est bon de faire l'exercice
de regarder en arrière, pour voir et comprendre les mécanismes de
formation de sa propre personnalité et ce qui l'a amené dans mon
cas à prendre telle forme particulière. Mais il n'y a pas lieu de
trop creuser, restons dans les grandes lignes, car cet exercice peut être
sans fin. Juste comprendre le mécanisme est suffisant. Il ne s'agit
pas de vouloir évacuer de moi mon ego ou ma personnalité. Ce serait
peine perdu, ce vouloir ou ce désir serait encore l'ego qui revient subtilement
par la porte d'en arrière. Il faut l'accepter, l'accueillir, car sa mise
en place fut nécessaire pour assurer ma survie dans le monde inconscient
et imparfait dans lequel j'ai grandi et évolué. Et elle va rester
présente tant que j'en sentirai le besoin pour me sécuriser, pour
me sentir exister et tant que je m'identifierai à elle comme étant
moi. C'est un lent cheminement, on ne sort pas facilement de soi une structure
qu'on a pris 30 ou 50 ans à former. Il faut mainte fois la regarder, l'observer
en action et voir ses effets parfois dévastateurs sur son corps, ses émotions,
ses sentiments et sa créativité. Il faut surtout reprendre contact
avec l'enfant créatif en soi, lentement lui redonner un peu d'air, lui
refaire un peu de place, lui permettre de grandir pour un jour, peut-être,
si dieu le veut, il puisse redevenir l'être créatif original et parfait
qu'il a toujours été et qui malgré son vécu difficile
demeure intact.
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Religion
et spiritualité |
La
religion, le sacré | À
un certain moment de l'évolution des sociétés, la religion
a joué son rôle pour faire connaître l'enseignement des sages
et prophètes et pour aider les hommes à avancer et à se civiliser.
Mais elle a aussi son côté sombre, les guerres de religion ayant
causés plus de 50% des morts violentes dans l'histoire des sociétés.
C'est bien loin de l'esprit de paix et d'amour qu'elle est censé véhiculer.
On a tous aussi en tête les abus de pouvoir causés par des religieux.
Chaque religion possède la vérité, sa vérité.
Pourtant la vérité est une et universelle.
La religion est croyance.
Croire, c'est se soumettre à une autorité spirituelle, à
un maître, c'est mettre quelqu'un au dessus de soi. C'est se laisser embrigader,
c'est devenir aveugle, c'est perdre sa créativité et laisser à
d'autres la responsabilité qu'on a de développer sa propre vision
du monde.
Le disciple a trouvé la vérité. Emporté
par son mouvement, il tentera de convaincre d'autres disciples. Et plus on est
de monde qui pense pareil et plus on se pense dans le droit chemin. Avoir trouvé,
rien de plus effroyable, car l'être qui a trouvé perd sa capacité
à discerner, il perd tout sens critique, il ne cherche plus, il stagne
et dépérit. C'est la mort spirituelle. La mort physique n'est rien
comparativement à la tristesse qu'engendre la mort spirituelle.
Même
si cela peut sembler ténue, y a un monde de différence entre croire
et s'enrichir au contact des sages et des prophètes. Mais si on se laisse
impressionner par quelqu'un qu'on étiquette "sage" ou reconnu
"sage", on est cuit. Les sages ne se pensent ni se disent sages. Ils
ne possèdent pas la vérité et n'ont pas la prétention
de l'enseigner. Ils nous indiquent tout au plus vers où regarder pour la
voir. Car la vérité est universelle et en ce sens elle est déjà
en chacun de nous. Quand on entend une parole sage, il faut toujours se centrer
et se demander si cette parole correspond bien à ce qu'on ressent en soi.
On ne nous apprend jamais rien, on ne fait que nous révéler ce qu'on
sait déjà, ce qui est déjà en nous et qui est accessible
à tous.
Il y a aussi une immense différence entre avoir la foi
et croire, entre la foi et la croyance.
La religion a fait son temps ou presque.
Elle sera remplacé progressivement par la conscience individuelle d'hommes
libres, d'hommes libérés de tout joug, maîtres d'eux-mêmes.
Des hommes qui auront la sensibilité, donc l'intelligence de comprendre
au plus profond de leur être ce que signifie vraiment avoir le sens du sacré.
Des êtres respectueux et émerveillés devant la vie et tout
ce qui la soutient.
Avoir le sens de sacré, serait bien la seule véritable
religion universelle qui ait un fondement, mais ce n'est pas une religion, c'est
un sentiment naturel qui se développe parallèlement à la
conscience.
|
La
religion (2) |
En assistant au service anniversaire de ma belle-mère, je me suis rappelé
que, dans le passé, la religion avait l'avantage de nous relier, de nous
rassembler pour nous enseigner les valeurs et la sagesse des évangiles.
L'atmosphère créé par le temple, le sens du sacré
qui l'accompagnait, tout cela se perd. La religion catholique, trop prisonnière
de sa tradition, n'a pas su évoluer suffisamment pour faire contrepoids
à notre société matérialiste. Par la publicité,
les incitations et images qu'elle véhicule constamment, notre société
de consommation influence et module grandement les jeunes d'aujourd'hui. Je m'inquiète
un peu pour eux, mais en même temps je leur fais confiance, car ils ont
l'esprit beaucoup plus libre que nous et sont plus créatifs dans leur façon
d'être. Quant à nous, l'église nous a bien autant brimée
qu'elle nous a libérée. Si je regarde ce que nous sommes devenus,
avec tous nos travers, je me dis que la religion est bien loin d'avoir fait de
nous des saints. C'est quand même nous qui, malgré la religion, l'avons
monté cette société matérialiste.
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Le
zen |
Je m'intéresse au zen depuis de nombreuses années. Le zen est très
ancien, il origine du Chan et remonte aux années 300 après Jésus-Christ.
Il a donc beaucoup de vécu et une sagesse longuement accumulée au
cours des siècles. On y retrouve entre autres des préceptes pratiques
de vie, souvent assez désarmants dans leur approche, surtout pour les occidentaux.
L'enseignement qu'on y trouve est donc fort intéressant et peut sûrement
être aidant, mais il est bon de garder une certaine distance. Il n'y a pas
de quoi se faire moine ou devenir bouddhiste. Ce n'est pas la Vérité,
encore moins notre Vérité, bien qu'on y retrouve des vérités.
Plusieurs adeptes du zen se sont convertis en maîtres et ont formé
un peu partout dans le monde de petites sectes en vue d'enseigner le zen et de
méditer en zazen. Ils se défendront bien sûr d'être
des sectes, on me dira que je n'ai rien compris. Mais entre l'objectif et comment
cela se vit dans la réalité quotidienne, il y a une grande marge.
J'ai déjà participé à un groupe zen et juste le fait
de revêtir le kesa (grande soutane noire) et d'entrer dans des rituels très
anciens et devenus bizarres aujourd'hui m'a rebuté. J'avais l'impression
d'entrer en religion. Il me semble qu'on pourrait faire évoluer le zen
et continuer de l'enrichir, car tout change dans la réalité.
Je n'y ai pas trouvé nécessairement plus d'humanité qu'ailleurs
et au moins autant d'orgueil spirituel.
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Environnement,
nature, jardin .. |
Remisons
tondeuse et râteau et relaxons |
Je n'en reviens jamais de la force de nos paradigmes. Un des plus tenace est bien
celui du gazon autour de la maison et de ce qui va avec, soit la tondeuse et le
râteau. J'ai vu des gens s'acheter de beaux grands terrains à
la compagne pour ensuite les déboiser, en faire presque des terrains de
golf et s'astreindre à tondre et râteler continuellement. C'est bien
triste de les voir détruire en toute inconscience un environnement merveilleux,
un équilibre naturel qui a pris des décennies à se construire,
pour faire place au vide ou presque, et tondre et râteler de mai à
octobre. Nous les québécois, nous sommes terribles, c'est comme
si l'arbre et la nature étaient des ennemis à abattre. Nous ne cessons
de défricher pour les éloigner le plus possible de notre environnement,
oubliant qu'ils soutiennent pourtant la vie. Imaginez un quartier résidentiel
où tout le monde remiserait la tondeuse pour laisser place à la
nature. Ce serait le plus beau quartier. Il serait plein de vie et d'oxygène.
Les enfants pourraient y jouer dans la fraîcheur et y découvrir un
milieu naturel varié et riche. Sans compter que les arbres et la nature
nous relaxent, nous reposent, nous rendent nettement moins agressif et qu'il y
aurait donc plus de paix dans nos quartiers. On ne se rend pas compte de toute
la richesse des feuilles et branches qu'on brûlent, jettent aux ordures
ou déversent dans la rivière comme plusieurs le font autour de moi.
La vie se reconstruit pourtant sur un lit de feuilles mortes; celles-ci font obstacle
aux graminées et assurent l'implantation des trilles, petits prêcheurs
et autres merveilleuses plantes indigènes. Observons la nature, voyons
ses merveilles et jamais plus nous n'oserons sortir la tondeuse, ou presque.
Faisons place à la nature. Respectons là, c'est une question de
survie.
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'La
richesse ne donne pas le bonheur' | ('Le
Soleil' du 30/3/04) J'ai lu ce matin
un petit article sur le journal qui m'a touché. Il traduit mes préoccupations,
mieux que je pourrais le faire. Je le place dans la section "Mes écrits"
car j'aurais le goût d'écrire la même chose. Il est court,
mait dit beaucoup. Les auteurs sont Pascal Grenier, Roch Côté, Josée
Grignon, Mario Denis, George Auger et Loriane Thibodeau de l'Atelier d'introdution
à la simplicité volontaire de Beauport. Je les remercie et vous
livre ci-après le gros de son contenu :
"Bien
que nous ne valorisons pas la pauvreté, nous ne croyons pas qu'il soit
souhaitable de se fixer comme principal objectif collectif, l'augmentation du
niveau de vie et la création de la richesse, et ce pour trois raisons principales:
1-..notre niveau de vie actuel n'est pas atteignable par l'ensemble des humains
de la planète (il faudrait 4.7 planètes pour ce faire..). De même,
notre niveau de vie n'est pas soutenable à long terme, car, même
actuellement, dans bien des domaines, nous puisons dans le capital-nature plutôt
que de ne prélever que nos intérêts. N'a-t-on pas déjà
surexploité, à maints endroits, les pêches, les forêts,
l'agriculture, etc? 2-..la richesse ne donne pas le bonheur. En effet, il
est démontré, par de très nombreuses études, qu'au
delà d'un niveau de vie permettant de satisfaire ses besoins de base et
un peu plus, il n'y a pas de corrélation entre l'accroissement de richesse
et bien-être des individus. Les milliardaires cupides sont-ils plus heureux
? .. 3- La troisième raison à trait à l'importance de
maintenir les valeurs des Québécois principalement du côté
humain plutôt que de les déplacer sur le plan prioritairement économique
et matériel. Vous savez ce qui arrive dans un couple quand un des deux
conjoints déplace sa priorité de l'amour de son partenaire et de
ses enfants vers l'argent et le travail.. L'esprit matérialiste n'a-t-il
pas déjà suffisamment envahi les valeurs ? Ne devrions-nous
pas plutôt nous fixer comme objectif collectif, l'accroissement du BNB (Bonheur
national brut) plutôt que de l'augmentation du PNB ? L'urgence d'agir
doit être faite de juste mesure en toute chose, de recherche de simplicité,
de modération, de respect de l'environnement physique et humain, de justice
sociale, de priorité accordée à la famille et aux relations
humaines et de place importante donnée à l'éthique, la morale
et la spiritualité dans nos vies et dans nos sociétés."
|
La
méditation naturelle | L'orient a mis en place plusieurs
techniques de méditation. Par exemple, on peut pratiquer la méditation
zen, soit rester 15, 30 voir 90 minutes en zazen, assis en position de lotus,
sans aucun mouvement, centré sur sa respiration et attentif à ce
qui se passe en soi et autour de soi. Pour l'avoir pratiqué, je sais que
cette pratique est bénéfique à ses adeptes. Mais moi, j'ai
besoin aussi de bouger et de toucher pour me détendre et me connecter au
monde. Je pourrais alors opter pour le yoga, avec ses diverses postures et
attitudes mentales. C'est sûrement un autre moyen efficace et à la
mode pour s'assouplir, se détendre et se recentrer. Mais il existe
aussi un autre moyen naturel pour se connecter à soi et au monde, pour
se refaire et reconstruire ses forces. Un moyen à la portée de tous,
peu importe son âge et ses dispositions. C'est la méditation naturelle.
La méthode la plus simple et la plus facile qui soit. Ce n'est pas une
méthode au fait, les jeunes enfants la pratiquent constamment sans s'en
rendre compte. Mais le plus simple est paradoxalement aussi ce qui est le
plus compliqué à exprimer et à comprendre, et il faut souvent
faire de longs détours pour y revenir. Je vais donc procéder
par des exemples: -Je pénètre
en forêt, y marche ou m'y arrête, tous mes sens en éveil. Je
respire et suis attentif aux odeurs, aux milliers de végétaux, aux
bruits environnants, à l'atmosphère qui y règne ... J'y caresse
respectueusement plantes, arbres et rochers. J'observe toute la vie qui y fourmille.
Je m'observe aussi en tant que vivant parmi d'autres êtres vivants et me
laisse imprégner de toute cette nature. -Je suis citadin et je me promène
en ville. Au lieu d'être insensible et perdu dans mes pensées comme
d'habitude, je me tourne vers l'extérieur. Je deviens attentif aux arbres
dans les rues et les parcs, m'émerveille devant les fleurs qu'on plante
un peu partout, et même y observe la faune, oiseaux et nombreux animaux
que nous sommes tous et qui peuplent cette ville, à commencer par moi-même.
-Je suis dans un appartement, au dixième étage bien loin de toute
nature. J'y garde des plantes. Au lieu d'y être indifférent, ou même
de sentir le poids de devoir m'en occuper, je prends conscience de leur présence,
de leur effet sur moi, de l'atmosphère qu'elles créent. Je prends
conscience que chaque plante est à elle seule un monde merveilleux d'une
grande complexité et contenant toute la nature. S'arrêter devant
une fleur pour la regarder attentivement, la toucher délicatement, la sentir,
l'étudier, c'est une merveilleuse forme de méditation. Cela aide
à se reconnecter à la nature, à sa nature. Nous sommes cette
nature, en faisons partie. En retrouvant la nature, c'est soi que l'on retrouve.
Jardiner est aussi une merveilleuse forme naturelle de méditation et de
yoga.
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Se
promener en tout-terrain ou prendre une marche ? |
Ces engins motorisés sont pollution par le bruit, pollution de l'air.
On devient imprégné de l'odeur d'essence. Et au lieu d'avoir profité
de son temps pour prendre une bonne marche ou bouger et se sentir mieux, on on
sort plus stressé. Sans parler des bris, de l'entretien, des dépenses
financières que l'investissement encours et des risques d'accident.
Et certain propriétaires de ces engins n'ont aucun respect pour la nature,
écrasant tout sur leur passage. Comme vous voyez, je n'ai pas une haute
estime de ces machines. Je ne cherche pas à être objectif et sais
bien que ces merveilles de la technologie ont leur utilité, mais pour l'instant
je dépose une plainte. La marche, la bicyclette, le ski de fond et
la raquette sont des bonnes façons de faire de l'exercice et de prendre
contact avec la nature tout en la respectant. Mais j'ai des réserves pour
le ski de patins qui exige une piste très large et la destruction de trop
de forêt.
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